Il y a encore quelques années, je vous aurais dit ne lire aucune biographie. C'est, en fait, avec la littérature jeunesse que j'en ai découvert l'intérêt. J'avais lu avec beaucoup de plaisir quelques propositions des éditions Au Diable Vauvert, collection "A 20 ans". D'ailleurs, il me faudra y revenir. J'avais découvert que la trame d'une vie donnait à lire et à relire encore mieux leur œuvre (à regarder aussi pour les artistes). Ce n'est pas un scoop mais jusqu'à présent le livre pris seul (l’œuvre) était un objet suffisant pour moi. Depuis, vous l'aurez compris, je prends plaisir à suivre les vies des auteurs, surtout quand le lectorat ciblé est la jeunesse: le texte n'est alors pas grandiloquent et ce n'est qu'une porte ouverte proposant ainsi d'avoir encore le choix subjectif d'une autre vie qui n'est finalement pas toute la réalité mais romancée.
"Moi, Stevenson, l'aventure de ma vie" de Jean RENÉ et quelques illustrations de Zaü (dont la couverture) est une belle proposition pour les jeunes lecteurs.
Ce livre part d'une invention, celle que RLS, comme il aime signer, aurait laissé un journal intime à sa mort. "A toi qui rêves d'être un vagabond, un voyageur, un écrivain." offrirait ainsi une page ouverte sur certains moments de sa vie.
RLS est un enfant chétif, malade. Il ne peut pas suivre l'école et est très solitaire. Il trouve cependant un réconfort dans les livres, il se créé ses propres aventures imaginaires. L'aventure en suivant Alexandre DUMAS mais bien avant sa nurse Cummy qui chante et raconte les légendes d’Écosse. Pour sa santé, il partira en France, momentanément, comme tous ses voyages sauf le dernier. Sa jeunesse est faite de cela, de départs, de lectures et d'écritures.
Il ne souhaite pas devenir constructeur de phare comme son père ni avocat comme ce dernier le voudrait. Il veut dès le début être écrivain mais suit des études scientifiques puis de droit. Toute sa vie, il va chercher à être reconnu pour son écriture, à subvenir aussi aux besoins de sa famille et ne plus être redevable à son père.
Sa vie est liée à celle de Fanny OSBOURNE, américaine mariée et mère. Pour elle, il part à Paris puis aux États-Unis. Pour son fils qu'il finira par adopter, il écrit "L’ile au trésor".
C'est aussi du voyage, thérapeutique, déménagement mais aussi pour le voyage lui-même. "Celui qui a aussi respiré la poussière de la route, eu mal au dos en portant son sac à dos, celui-ci avancera peut-être jusqu'à découvrir son île au trésor." Mais souvent, ses textes parlent de son Écosse natale.
Il finira sa vie dans les îles Samao, soutenu par le roi Mataafa, qu'il soutiendra à son tour lors de la guerre civile entre les blancs, Anglais, Allemands, Américains, et les Samoans.
Cette courte biographie permet d'
entrevoir sous le caractère littérature jeunesse une plus grande profondeur aux œuvres de STEVENSON. Il reste un
romancier d'aventure mais qui peut aussi prendre position, par exemple pour les Samoans, et a une réflexion poussée sur le voyage, l'exotisme (voir
ici son île Ulufanua), la vie et aussi la place si important des livres "seuls professeurs" pour lui.
"Et ce que [Walt WHITMAN] dit dans ses poèmes va diriger ma vie à venir: il dit que réussir sa vie, c'est la mettre en danger. C'est remettre en question ce qu'on a appris, ne faire la révérence devant personne, vivre libre avec la nature, mépriser la richesse."
Je ne peux qu'encourager la maison d'édition Bulles de savon pour nous fournir d'autres biographies. Merci d'ailleurs à elle et à l'opération Masse critique de Babelio.