C'est assez complexe de parler du travail de Jens HARDER. Il y a trop à dire... Sans vous les commenter vraiment, j'ai acquis "Alpha... directions" et "Béta... civilisation, tome1". Puis ce "Léviathan", écrit bien avant. Ses albums sont sans parole. Celui-ci aussi à part des extraits mystérieux en exergue de chaque chapitre.
© Jens HARDER/ l'an 2
"Léviathan" est un exercice de style du dessinateur fou, une déclinaison d'un thème sur 140 pages. En suivant des références littéraires et d'actualités diverses, il propose un album aux pages bi-chromiques alliant dynamique, emphase et encyclopédie.
Le léviathan est ce monstre mythique des mers profondes, un temps cette créature imaginaire inventée par les premiers explorateurs, puis le nom désignant la baleine avant de mieux la connaître. C'est surtout un cachalot que nous suivons là. Le cétacé s'en prend aux pécheurs, se venge d'un navire de croisière remplis de touristes à la beaufitude hébétée, nage avec un éléphant retournant à l'Arche de Noé ou fait chavirer le navire Pequod comme la baleine blanche Moby Dick. Il est le témoin privilégié du naufrage du Titanic, des jours de cauchemars des survivants sur le radeau de la Méduse.
A travers cette histoire, discontinue, le cachalot nage, danse, se cabre, saute, virevolte. Il passe en fluidité à travers des vignettes disparates et des références éclectiques: bestiaire catholique, conte fabuleux, Léviathan personnage du pouvoir créé par Thomas HOBBES et illustré par Abraham BOSSE.
© Jens HARDER/ l'an 2
D'ailleurs c'est aussi cela les albums de Jens HARDER: des emprunts stylisés d'une iconographie mondiale, anthologie d'un bestiaire marin, selon par exemple le religieux Olaus MAGNUS, le monstre marin en habit d’évêque, Gustave DORE mais aussi d'autres références de la bande dessinée moderne. Le dessinateur montre aussi une rigueur importante quand au détail de la faune marine.
Le Léviathan apparait, mange le bestiaire fantastique, se réinscrit dans une réalité de la chaine alimentaire des abysses, se délecte d'un plésiosaure puis s'idéalise ailleurs.
© Jens HARDER/ l'an 2
Cette bande-dessinée offre de multiples lectures, juste pour les yeux, après avoir pris connaissance des références littéraires, dans sa contestation sociale, sociétale, religieuse ou simple et géniale accumulation iconographique.
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Une très bonne nouvelle, l'album "Moby Dick" d'après Herman MELVILLE, adapté par Fouca DABLI et illustré par Jame's PRUNIER a été réédité et ce avec une nouvelle couverture: