Igor se prépare à retrouver des amis pour le week-end dans leur maison de campagne. Il prend le train et les indications de son hôtesse sont claires: ne pas prendre le premier mais le second train. Sous pression ou lassitude, Igor se trompe et découvre qu'il ne peut pas s'arrêter à son arrêt. Le contrôleur lui indique la marche à suivre: dormir dans un compartiment couchette et repartir avec lui quand ce même train ferait marche arrière. Et puis ne pas s'effrayer de la cohue et de la brutalité des voyageurs qui montent et vont se déverser à l'arrêt de l'Hôtel Receptor.
Mais rien ne marche comme prévu. Le contrôleur n'est plus, le train ne part plus, destination final ce fameux hôtel.
Avec les premières pages, le lecteur comprend que les règles ne sont pas les mêmes, que le héros se retrouve dans un espace régi pour lui seul. L'hôtel est la destination rêvée de nombreuses personnes. Les réservations se font des années auparavant, les clients viennent avec toute leur famille... et ne repartent pas. Aucun transport n'est prévu pour lier ce lieu à la ville la plus proche, si éloignée.
Mais Igor n'est pas attendu, n'est sur aucune liste. Il faut faire quelque chose: l'hôtesse d'accueil le fait passer pour un membre du personnel. Très peu de personne seront au courant, les services travaillent en complète autonomie. Mais Igor lui ne veut qu'un entretien avec le directeur, parti. Pour où, personne ne sait, pour longtemps, personne ne sait non plus.
Alors Igor commence à travailler dans un service, plus l'autre. Mais tout est loufoque. Il faut retrouver les pêcheurs qui n'ont pas ramener la livraison de poissons. Sont-ils morts? Ont-ils rencontrer le monstre? Et cet homme qui l'accompagne aux pouvoirs étranges. Ou vigile au théâtre mais comme un spectateur de choix. Ou accompagnateur de sortie pour enfants. Il faudrait les perdre.
Ce lieu est mystérieux, connu, sujet de reportage mais il est comme un espace de vie à part. Des services exceptionnels, des transports individuels ou en commun internes, des écoles.
Une magie oppressante opère. Le lieu, face client ou pile personnel, est tentateur. Les personnages aussi.
De l'envie, du mécontentement, des vocations latentes, une précipitation des employés et pourtant un temps lent et volontairement assoupi ou mis à profit pour ce qui pourrait compter: l'art, la création en devenir (la Résidence des livres accueillent les livres en cours de création, rendus autonomes ou destinés à être conservés à la postérité. "Ici, les oeuvres prennent forme, se déploient et s'épanouissent, chacune à sa manière, dans des conditions optimales. Elles respirent l'air de Receptor."
Le roman de Raia Del VECCHIO est un peu bancal mais les touches de folie restent en tête, par exemple cette autruche. Le règlement officiel et officieux de l'Hôtel Recpetor me manque pour découvrir encore plus les zones sombres.
Merci à l'opération Masse critique de Babelio et aux éditions Phébus.