lundi 30 septembre 2013

La mer et lui

Le duo Henri MEUNIER et Régis LEJONC avait déjà fait des merveilles, leur nouvelle proposition aux éditions Notari nous emmène encore dans une poésie fine.

© Henri MEUNIER et Régis LEJONC/ Notari

"La mer et lui" nous parle d'un amour, d'une aventure, d'une vie, d'une solitude: celle d'un marin et de la mer. Le capitaine part à la retraite, il descend sur terre et fait une demande folle à la mer, de le suivre. Toute guillerette, elle accepte, se vide et remplit un verre.

D'une solitude en mer, la retraite amène au marin un dialogue. La mer raconte tous les exploits que les hommes ont fait sur son dos, elle parle aussi de son intimité, les abysses et les trésors enfouis, mais aussi de sa curiosité. Le capitaine la fascine par la mythologie inventée sur elle et par le récit de sa vie à son bord.
Tous les deux forment un couple, vivent une vie, y mettent leur "sel". Mais la mer manque, aux autres marins, aux enfants épris de baignades. Elle était aussi tout ou beaucoup pour eux.

© Henri MEUNIER et Régis LEJONC/ Notari

"Dans un meublé modeste il est un petit verre qui contient toute la mer, la mer et ses fidèles, poissons, moutons, tempêtes, vagues et hauts-fonds, étoiles, alizés, phares, brumes et sirènes en grande conversation avec le capitaine."

Le texte d'Henri MEUNIER est poétique à souhait, nous suggère plus qu'il nous dit les merveilles, les légendes, les mystères et cette complicité entre les deux.

© Henri MEUNIER et Régis LEJONC/ Notari

Les illustrations de Régis LEJONC, véritables petits tableaux, parlent d'une autre voix. Peu de mer et d'océan en fait mais beaucoup de paysages et d'urbanité, de ce que l'homme a construit, avant d'y réintégrer ce qui était avant lui, qui nous manque... la nature dans ce qu'elle a d'indomptable, de fascinant et de réconfortant.
Une autre lecture peut aussi se faire, écrite en dernière page : une ouverture picturale à l'art, à d'autres œuvres de HOPPER, BOUDIN, HOKUSAI ou DE CHIRICO et j'en passe. Ce qui fait une magnifique ouverture à cet amour de la mer!

"La mer est brave fille. Romantique et naïve, on lui doit de gentilles trouvailles comme la vie ou l'horizon."

Merci infiniment aux éditions Notari.

dimanche 22 septembre 2013

Il était une fois... Jihad DARWICHE

En attendant de lire les sagesses et malices d'un certain Nasrredine, je me laisse porter par la voix de son conteur, Jihad DARWICHE...

mardi 17 septembre 2013

L'enfant du jeudi


"[...] Tin vint s'accroupir à côté de moi, les poignets posés au bord du trou. Il fléchit les coudes - faisant saillir ses omoplates comme des ailes -, tendit le nez au-dessus du puits et renifla, comme s'il évaluait l'humeur du terrain. Ensuite, il plaqua son oreille contre le sol et ferma les yeux pour écouter la mélodie muette de la terre. Après s'être rassis, il effrita une boulette, puis passa ses doigts terreux sur ses lèvres et son menton. Enfin il se leva, recula avec la prudence d'un funambule, et s'arrêta à plus d'une douzaine de pas de nous et du puits. Il fit une marque dans le sol du bout de son pied. Sans un mot, sans nous regarder ni nous dire comment il pouvait nous aider, il se dépouilla de ses peaux de lapin et, nu, se mit à creuser."
(extrait "L'Enfant du jeudi" de Sonya HARTNETT, couverture de la version originale)

lundi 16 septembre 2013

Un palais - L'Enfant du jeudi


"Si la maison scintillait, c'est parce que le bois dont elle était faite avait été poli pendant un demi-siècle par de la paille, qui lui avait donné non seulement sa teinte luisante de miel foncé, mais aussi son odeur, douce, qui vous réchauffait le cœur. Sur certaines des planches, on distinguait encore des entailles laissées par les fourches de garçons qui devaient être des hommes à présent, ou par des hommes entre-temps devenus des vieillards. On pouvait lire leur écriture, les chiffres qu'ils avaient griffonnés à la craie en comptant les bottes de paille. On pouvait voir où ils avaient sorti leur couteau de poche pour taillader le bois dans un moment d'oisiveté. Mais surtout, on voyait la brillance de toute cette paille, aveuglante au coucher du soleil, sublime à l'aube. La nouvelle maison était bien un palais."
(extrait de "L'Enfant du jeudi" de Sonya HARNETT, peinture de Jamie WYETH)