"Brise glace" de Jean-Philippe BLONDEL est un roman pour adolescent avec tout ce qu'il faut de sensibilité. J'ai suivi l'auteur après une lecture très émue de son "Baby-sitter", roman pour adulte. Et je viens de finir "G229"... il me fallait bien écrire sur au moins un de ses livres.
Aurélien a 17 ans et tente de longer les murs pour ne pas se faire repérer dans cette nouvelle ville. Il est à la limite, depuis 4 ans. Il se veut transparent mais aussi comme tout le monde.
Thibaud, le gars le plus cool de la classe, vient un jour à sa rencontre. Il l'invite, le côtoie, provoque la discussion. Il ne lâche pas le morceau. C'est sûrement un recruteur de secte, il a dû ressentir l'adolescent en plein désarroi. Et pourtant non. Il veut devenir son ami et mieux, ou pire, il veut devenir son brise-glace... un effet de style de son texte de slam.
"- C'est différent du tableau de Friedrich. Le mec, il était en haut de sa montagne, et il allait redescendre, découvrir une autre existence, bonne ou mauvaise, il n'en savait rien.
- Et alors? Où est la différence?
- Nous, quand on va redescendre, on va reprendre notre vie où on l'a laissée.
- Je n'y crois pas une seconde.
- Comment ça?
- A partir du moment où on est présent dans l'existence de l'autre alors qu'avant, on n'existait pas, tout est modifié. Tu veux une cigarette?"
"- C'est différent du tableau de Friedrich. Le mec, il était en haut de sa montagne, et il allait redescendre, découvrir une autre existence, bonne ou mauvaise, il n'en savait rien.
- Et alors? Où est la différence?
- Nous, quand on va redescendre, on va reprendre notre vie où on l'a laissée.
- Je n'y crois pas une seconde.
- Comment ça?
- A partir du moment où on est présent dans l'existence de l'autre alors qu'avant, on n'existait pas, tout est modifié. Tu veux une cigarette?"
Comme souvent, Jean-Philippe BLONDEL entre dans l'univers des adolescents, des désillusions mais aussi des espoirs. Il incise, donne de la consistance mais aussi des couleurs et une bolée d'air.
Aurélien survit. Il n'est plus le roi de son monde, le meilleur ne reste pas à venir. Il est seul, le seul, et survit. Il est empêtré dans la culpabilité, celle d'être resté, celle d'être le témoin, la marque d'un drame. L'oppression, les émotions qui glacent, le frisson qui arrive par vague et le rire qui n'est plus dans la gorge comme le symbole de l'enfance et de la vie. Ce court roman est fait de tout cela.
Mais l'amitié reprend, la confiance comme les possibles trahisons. Les émotions retrouvent vie, redonnent de la pulsation, le sang recircule. L'amitié et l'amour peuvent sauver de la solitude adolescente. Il ne suffit pas toujours de relativiser les drames mais plutôt de donner corps, de donner de la voix (des mots), de s'engager... à nouveau.
Je ne reste pas indemne après la lecture des œuvres de BLONDEL. Il y a toujours entre les lignes des vagues d’émotions, des ombres du passé, des histoires de survivance. Le billet d'"In cold blog" présente les thématiques de l'auteur et tout ce qui m'interpelle, me saisit.