"En jetant les yeux sur la mer, je ne vis que de l'eau et le ciel; mais, ayant aperçu du côté de la terre quelque chose de blanc, je descendis de l'arbre, et, avec ce qui me restait de vivres, je marchai vers cette blancheur, qui était si éloignée que je ne pouvais pas bien distinguer ce que c'était.
Lorsque j'en fus à une distance raisonnable, je remarquai que c'était une boule blanche d'une hauteur et d'une grosseur prodigieuses. Dès que j'en fus près, je la touchai et la trouvai fort douce. Je tournai à l'entour pour voir s'il n'y avait point d'ouverture; je n'en pus découvrir aucune, et il me parut qu'il était impossible de monter dessus, tant elle était unie. Elle pouvait avoir cinquante pas en rondeur.
Le soleil alors était prêt à se coucher. L'air s'obscurcit tout à coup comme s'il eût été couvert d'un nuage épais. Mais, si je fus étonné de cette obscurité, je le fus bien davantage quand je m'aperçus que ce qui la causait était un oiseau d'une grandeur et d'une grosseur extraordinaires, qui s'avançait de mon côté en volant. Je me souvins d'un oiseau appelé roc dont j'avais souvent ouï parler aux matelots, et je conçus que la grosse boule que j'avais tant admirée devait être un oeuf de cet oiseau. En effet, il s'abattit et se posa dessus, comme pour le couver."
"- Je pense qu'il ne manque qu'une chose à ce palais pour être le plus beau du monde. On m'a dit que sur le mont Caucase vivait le rokh, un oiseau d’une grandeur prodigieuse, et que ses œufs étaient d'une splendeur inouïe...
[....] Aladdin [...] sortit de ses habits la lampe qui désormais ne le quittait plus et la frotta. Le génie apparut.
- Il manque à ce dôme un oeuf de rokh. Apportes-en un et suspends-le.
Contrairement aux fois précédentes, le génie ne partit pas exécuter l'ordre. Il entra dans une épouvantable colère:
- Sois maudit pour ton ingratitude! Le rokh est mon maître! Quoi? Tu voudrais que je t'apporte mon maître qui t'a couvert de bienfaits et que je le pende pour décorer ton palais? Tu mériterais d'être réduit en cendres, toi, ton palais et toute ta descendance!"
(1er extrait correspond au second voyage de Sindbad le marin, de la 73ème nuit, issu des "Mille et une nuits" traduction d'Antoine GALLAND, Maxilivre; le 2d extrait de "Sur les traces d'Aladdin" de Thierry APRILE; Gallimard jeunesse; premier tableau de Robert Swain GIFFORD, deuxième d'Elihu VEDDER)
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