Tu ris quand sonne l'heure
De rentrer au pays
Oh ma douce, oh ma fleur..."
© Vincent CUVELLIER et Charles DUTERTRE/ Gallimard jeunesse
Cette maman chante tout doucement à sa dernière fille, encore un bébé. C'est doux, c'est beau. Le reste de la famille, endimanché, attend. Il est l'heure. Ils vont sortir profiter du parc. Le papa rappelle les consignes "- [...] dedans, nous faisons ce que nous voulons. Dehors, nous devons être transparents, gris comme les murs... et, rappelle-moi, que dois-tu faire si nous croisons des soldats allemands? Schlomo baissa les yeux et dit: - Baisser les yeux. - C'est bien, mon fils." Oui mais cette fois-ci ils ont le droit d'en profiter. Une ombre est là, un vent mauvais. Et quand ils rentrent cela se confirme, la concierge referme la porte de sa loge trop vite, des bruits de bottes dans l'escalier. La maman pose le couffin du bébé dans l’ascenseur. Et c'est le drame.
Et puis la vieille dame d'en haut sort faire ses courses et trouve le bébé. La petite d'en dessous, de cette famille juive. Elle lui donne du lait et sait ce qu'elle en fera le lendemain. Clara, petit bébé survivant, passera ainsi de bras en bras, abandonnée ici, confiée là.
© Vincent CUVELLIER et Charles DUTERTRE/ Gallimard jeunesse
"L'histoire de Clara" de Vincent CUVELLIER et illustré par Charles DUTERTRE fait partie de la trilogie sur la seconde guerre offerte par l'auteur. Je n'ai pas encore lu "Je suis un papillon mais je vous parlais là de "J'aime pas les clowns" de Vincent CUVELLIER et illustré par Rémi COURGEON. Clara est l'innocence, la joie de vivre même dans un pays en guerre. Ici elle sera juste nourrie, là mise à l'abri, ici elle va pouvoir grandir un peu, encore un peu.
Et ce sont ces adultes aux prises avec la grande histoire dans ce qu'ils ont d'humains. Un reliquat d'envie de vivre, une surprise revigorante, un paquet passé des ennemis aux partisans, une joie de grands-parents, une maternité fantasmée. L'histoire de Clara n'est pas linéaire, ses sauveurs ne se connaissent pas et pourtant l'enfant grandit de cet amour offert à la dérive, parce que non, on ne peut tout de même pas faire ça à une enfant.
Clara chemine entre le meilleur de l'homme jusqu'à une enfance possible.
"- Je sais ce qu'ils font aux Juifs, moi. Je sais ce qu'ils font aux Juifs !
Je jette une pierre contre la croix. La pierre se brise.
- N'aie pas peur. Tu pleures. N'aie pas peur, bébé, n'aie pas peur d'Otto. Tu vois, je te prends dans mes bras. Je ne vais pas te faire de mal. Quand on prend dans les bras, c'est qu'on veut pas faire de mal. Tu crois que je fais la guerre aux enfants ? Non, bébé, tu vois, tu n'as rien à craindre, je te dépose sur la croix. Tu vois, je ne te fais pas de mal. Quelqu'un va venir te chercher. Tu vois, je ne fais pas la guerre aux enfants, bébé juif... "
"- Je sais ce qu'ils font aux Juifs, moi. Je sais ce qu'ils font aux Juifs !
Je jette une pierre contre la croix. La pierre se brise.
- N'aie pas peur. Tu pleures. N'aie pas peur, bébé, n'aie pas peur d'Otto. Tu vois, je te prends dans mes bras. Je ne vais pas te faire de mal. Quand on prend dans les bras, c'est qu'on veut pas faire de mal. Tu crois que je fais la guerre aux enfants ? Non, bébé, tu vois, tu n'as rien à craindre, je te dépose sur la croix. Tu vois, je ne te fais pas de mal. Quelqu'un va venir te chercher. Tu vois, je ne fais pas la guerre aux enfants, bébé juif... "
© Vincent CUVELLIER et Charles DUTERTRE/ Gallimard jeunesse
Encore ici, l'auteur offre une vue de l'intérieur, à auteur de bambin. Ce n'est pas tant la fibre maternelle qu'il interpelle mais le choix de la vie. Les hommes, les femmes, les vieux, même les soldats se retrouvent un instant à prendre une décision, elle ne va être qu'une négligence, un appel au secours ou un réel investissement mais chacun fait un pas... et au final une vie continue de s'épanouir.
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