Christine rentre de l'école et son papa vient de la prévenir que Patchouli, son chat, est mort. Elle se précipite dans sa chambre pour pleurer. Du tiroir de la commode elle entend du bruit et une énooorme panthère en sort.
Panthère est coloré, plein de taches, immense. Il est aussi prince héritier de son royaume. Il connait l'enfant, elle non. Il vient juste à côté d'elle sur son lit et lui décrit son monde. Est-ce une peluche qui, en rêve, prend vie, comme son chien en peluche Bonzo? Le félin lui change les idées, elle ne pleure plus, elle est curieuse et rit même. Panthère devient un confident, un ami.
Leurs rendez-vous sont secrets. Elle rit, danse, propose un tea time, se fait chatouiller. Entre les jeux, quelques détails perturbent. Les gestes sont tendres, amicaux, mais aussi sensuels et passionnés. Il l'a mordu là, non? Et puis Panthère a tendance à changer son histoire en cours en fonction des avis de la fillette. Moui. Ils s'apprivoisent. Peut-être.
"- Ah oui, on façonne des joyaux de chocolat. Et on mange les lingots d'or, pour faire briller notre fourrure.
- Ouais! Et les gâteaux à la cerise?
- Munitions parfaites pour les batailles de nourriture. POUF!
- Ah oui!"
© Brecht EVENS/ Actes Sud
"Panthère" de Brecht EVENS est un huit-clos sur l'enfance. Panthère console et offre des récits, de l'imaginaire. C'est merveilleux. A travers lui, l'enfant découvre une autre forme d'amitié, pas simplement une relation d'une fillette à un animal de compagnie (non, non, décidément il ne l'est pas!). Mais Panthère est entreprenant et majestueux. Il amadoue Christine, il la manipule peut-être aussi. D'un magnifique rêve de fillette, plein d'émerveillements et de partages, la relation va devenir un petit cauchemar. Le danger guette, il est tapi dans le tiroir de la commode. Bonzo prend même vie pour lui dire de se méfier. Aurait-elle perdu toute vigilance? Serait-elle moins innocente? Panthère a de grandes dents, une grande langue. Et puis il ne mange pas que des brocolis ou mentirait-il un peu? Sur tout. Sur le principal.
Ce roman graphique parle de cette confiance que l'enfant peut accorder sans jugement. Le papa, débordé par les événements et par l'âge de sa fille, est presque absent. Il ne reste que Panthère et les convives qu'il invite.
Il est aussi question de pudeur et d'émois, d'une forme d'apprentissage de la séduction mais aussi de culpabilité et de réconfort, de prises de conscience.
© Brecht EVENS/ Actes Sud
Panthère est polymorphe, superbement multicolore et diablement séducteur. Brecht EVENS nous le propose en interaction perpétuelle avec Christine, d'une proximité chaleureuse, étouffante. Et puis il est autant panthère, que chien, que viande décharnée, que serpent, que dragon. Il est réalsite puis symbolique, texturée ou translucide, malin toujours.
Le père n'est qu'une silhouette à côté. La maison une boite colorée avec des pièces comme des tapisseries, aux formes imbriquées, géométriques, sans ombre ou justement dans la pénombre.
© Brecht EVENS/ Actes Sud
Une merveille de roman graphique pour jeunes, accompagnés, et pour plus vieux! N'hésitez pas à lire le billet de Fabrice COLIN par qui l'envie est arrivée.
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