mercredi 30 juin 2010

Le colis Swap jeunesse 2010 ouvert : nature et philosophie

Bien-sûr que j'ai déjà ouvert mon colis Swap jeunesse 2010. En effet, nous l'avions ouvert l'une devant l'autre avec Thalie, dans le parc.


Mais pour vous, le voilà:
Thalie a axé le colis sur la nature, le biologique et la philosophie... elle a bien vu. De quoi partir des produits que l'on utilise et revenir aux origines et à l'explication avec le lutin.

Déjà les objets:
- un gel lavant fait maison aux produits biologiques et naturels, un délice d'onctuosité, de parfum doux aux huiles essentielles et pas du tout chimique et à la douceur... une vraie découverte pour moi qui n'utilisais plus de gel lavant ou de savon mais juste le pain d'aleph... malheureusement la miss m'a juste indiqué en gros les ingrédients (dont le superbes produits que je connais séparément: millepertuis, He de lavande et de Tea tree, entre autres) sans le dosage. En tous cas, je suis ravie d'être une autre victime ! Mon tiroir d'huiles essentielles, d'huiles végétales, a envie d'être à nouveau ouvert et pas seulement pour de l'aromathérapie... quelques expériences et lutinages suivront....
- un photophore avec sa passiflore à faire germer... j'adore les fleurs de la passion, en espérant que la découverte du jardinage et des plantations par le lutin pousseront la maman à des attentions plus poussées... vous l'aurez image par image...

La gourmandise blanche douce et fondante: des guimauves maison qui n'ont malheureusement (heureusement) fait qu'une heureuse: moi, en quelques heures... oui mais bon, c'était tellement bon et elles fondaient... et puis Thalie nous a mis la recette là.

Et parce que le Swap est littérature jeunesse, de quoi lire et expliquer plein de choses:
- dans la collection "Les goûters philo" que je voulais absolument découvrir: "La nature et la pollution" de Brigitte LABBE et Michel PUECH et illustré par Jacques AZAM: de nombreux thèmes abordés, une mise en place sous forme de dialogue mais aussi en fin de livre des portes ouvertes pour de vrais goûters philosophiques avec les enfants (à partir de 8 ans disent-ils mais nous allons commencer à découvrir à deux dès maintenant sur certains sujets).
- une nouvelle édition qui me tentait énormément sans que je puisse mettre la main dessus, "Les petits platons" avec cette superbe proposition "Le meilleur des mondes possibles d'après G.W.LEIBNIZ" de Jean-Paul MONGIN et illustré par Julia WAUTERS. Je suis ravie, parce que je reprendrais ainsi mes bases de philosophie universitaire de manière je crois beaucoup plus didactique et parce que je vais pouvoir proposer au petit d'homme de vraies réflexions. J'en parlerais c'est sûr.

Oui, oui j'avais proposé cette voie sur les questionnements philosophiques des enfants et Thalie est allée encore plus loin! Merci encore. Merci aussi aux organisatrices d'avoir pris le relais pour cette nouvelle cuvée, merci Oriane et Charlotte.
Et de mon côté, le colis qui leur était réservé est ouvert chez elle là.

mardi 29 juin 2010

Le bizarre incident du chien pendant la nuit


« Tous les autres enfants de mon école sont idiots. Normalement, je ne devrais pas dire qu’ils sont idiots, pourtant, ils le sont. On doit dire qu’ils ont des difficultés d’apprentissage ou que ce sont des enfants déficients. Mais c’est idiot, parce que tout le monde a des difficultés d’apprentissage et que c’est difficile d’apprendre le français ou de comprendre la Relativité. Et puis tout le monde a des déficiences, comme Père qui a toujours sur lui un petit paquet d’édulcorant artificiel pour arrêter de grossir, ou Mme Peters qui a un Sonotone beige, ou Siobhan qui a des lunettes dont les verres sont si épais qu’elles vous donnent mal à la tête quand on les lui emprunte. Pourtant, on ne dit pas d’eux qu’ils sont Déficients, même s’ils ont des déficiences.
Siobhan dit que nous devons utiliser ces mots-là parce que avant on appelait les enfants qui sont comme ceux de l’école des tarés, des débiles ou des mongols et que ce sont de vilains mots. Mais c’est idiot aussi parce que, des fois, quand ils nous voient descendre du bus, les enfants de l’école qui est au bout de la rue nous crient : « Ouh, les déficients. » Moi, je n’y fais pas attention, parce que je n’écoute pas ce que disent les autres. »
(extrait de "Le bizarre incident du chien pendant la nuit" de Mark HADDON)

samedi 26 juin 2010

La Galette et la Grande Ourse

© Anne HERBAUTS/ Casterman

Et voilà, un autre Anne HERBAUTS, une merveille, plus accessible aussi que "Lundi" : que demander de plus pour foncer l'acheter, bah rien! C'est fait!
Nous suivons un groupe d'amis à la tombée de la nuit, au clair de lune. Mais justement, de la lune pas de croissant juste un cil, les amis sont inquiets. Que peut-il se passer? Mais bien-sûr c'est la grande ourse, cette constellation dans le ciel (animal fait d'étoiles), prise de gloutonnerie. Il leur faut alors trouver une solution.© Anne HERBAUTS/ Casterman

Tout est beau: la présentation des personnages, où la description est elle-même une aventure, une poésie... Une sensibilité comme du Arnold LOBEL avec en particulier son hibou Hulul bien-sûr (c'est un hommage officiel) mais aussi semblable à cette nouvelle génération d'illustrateurs et de poètes, les personnages de Kitty CROWTHER (Jérémie la grenouille, Jim la mouette) ou ceux de Mélanie RUTTEN (Mitsu, Öko). Ainsi les personnages ont un physique, un habit et une maison qui donnent une idée de leur conception de la vie. Les détails ont leur saveur, le bric-à brac aussi.

© Anne HERBAUTS/ Casterman

L'histoire est toute douce. Tialouli le merle, Quenouille le crapaud, Anton le gourmand, Domino le domino et Crabistouille le "paquet de sucre" aiment dire au revoir au jour et bonjour à la nuit... et tous les soirs la lune leur répond de son œil rond. Mais dans cette obscurité, pas moyen de se laisser aller à la nuit. C'est une solution conviviale, respectueuse, poétique et lente (comme les moments de vie intenses et les partages tous doux) qui est choisie.

© Anne HERBAUTS/ Casterman

L'arrivée de la nuit après le jour, la recherche de moments d'amitié, de petits bonheurs... il y a de la chaleur humaine (euh animal ou bricàbracesque) dans l'histoire d'Anne HERBAUTS. Le dialogue entre les êtres imaginaires et la lune, personnifiée pour l'occasion, a toujours la saveur des moments avant les rêves, entre la réalité et le féérique. On retrouve "Hulul et la lune" d'Arnold LOBEL bien-sûr mais surtout cette récupération poétique et imaginaire des éléments extérieurs animant les enfants: la nuit, le jour, la lune (ou l'hiver de Hulul)... et une chaise rouge. Du miel dans l'étincelant des étoiles, des crêpes imaginaires comme autant d'astres...

Et puis les illustrations sont toujours une merveille: des aquarelles "piquetées de sel", des rajouts de texture... J'aime. A chaque fois, c'est comme une nouvelle expérience de texture que cette artiste nous propose.

Gaëlle propose un billet enthousiaste. Malice vous entraine dans l'univers de l'artiste.

23/24

jeudi 24 juin 2010

Swap littérature jeunesse 2010, une rencontre

*source photo de Philip GENDREAU

Hier c'était la date limite d'envoi du colis Swap littérature jeunesse. Et oui Oriane et Charlotte, les organisatrices, nous l'avaient rappelé mais nous avons préféré nous remettre les colis en main propre, aujourd'hui (parce qu'hier le lutin avait une fièvre assez inexpliquée).
Quoi, je ne vous l'avez pas dit, mais si, sur la colonne de droite, je m'étais inscrite in extremis à ce Swap mettant en avant la littérature jeunesse. J'avais été repêchée après désistement, autant dire qu'il a eu du succès. Alors ce fut dur de gâter (comme toujours j'ai l'impression d'être passée à côté). J'espère que Thalie, c'est elle ma swappée-swappeuse à qui j'ai pensé, à elle et ses deux trésors, a aimé...
Le principe du Swap a toujours cela de fabuleux: une découverte d'un nouvel univers. Thalie nous offre un monde très attachant, de couture, de cuisine, d'amour, de petits et grands moments. Il y a de la créativité dans l'air.

Alors nous nous sommes rencontrées, les lutins aussi... un beau moment dans un parc parisien, à l'ombre, près du sable et des manèges. Nous avons partagés des réflexions sur la maternité, la parentalité, l'éducation... mais là n'est pas le sujet. Et nous avons échangé les paquets et j'ai été gâtée, beaucoup, mais je vous en dirais plus le mercredi 30 juin. Un indice: la gourmandise était blanche et délicieuse!

Hulul et la lune

© Arnold LOBEL/École des Loisirs

"Hulul et compagnie" d'Arnold LOBEL est dans notre bibliothèque familiale depuis bien 1 an. Ce livre, recueil compilant des histoires toutes douces "Sept histoires de souris", "Porculus", "Ranelot et Bufolet", "La soupe à la souris", "Oncle Eléphant" et "Hulul" bien-sûr, est une référence en littérature jeunesse. Une de celles qui se transmettent de génération en génération, une de celles qui restent en mémoire.
Ce sont des histoires courtes, pour les plus jeunes, avec une dose de poésie autant dans les illustrations que dans les textes.

"Hulul" est peut-être mon préféré. Ce petit hibou solitaire, un peu naïf ou tout du moins d'une curiosité sur les choses très émouvante. Ou ses moments très poétiques, avec son thé aux larmes par exemple. Des larmes venues en pensant aux objets cassés pour déguster cette boisson chaude et salée, un peu nostalgique mais si chaude au cœur. "Hulul et la lune" est aussi une belle conversation sur la nature, la nuit, la solitude et l'amitié...

© Arnold LOBEL/École des Loisirs

voici une vidéo vous présentant cette histoire.

mardi 22 juin 2010

Le ballon de Zébulon

© Alice BRIERE-HAQUET et Olivier PHILIPPONNEAU/Auzou

Un nouveau coup de cœur! Un de plus me direz-vous! Oui bien-sûr un de plus et quel bonheur de découvrir ici et là de petites merveilles pour tous les lecteurs (tous les âges devrais-je dire). "Le ballon de Zébulon" d'Alice BRIERE-HAQUET et illustré par Olivier PHILIPPONNEAU est de ces livres pour les plus jeunes qui peuvent suivre l'évolution et ne se démodent pas avec l'âge du lecteur. Du direct mais aussi beaucoup de poésie, un propos non bêtifiant mais juste, entre autre.

© Alice BRIERE-HAQUET et Olivier PHILIPPONNEAU/Auzou

Zébulon est ce petit animal, mi-chien mi-"souriceau zébré", qui joue avec son ballon de baudruche: un superbe ballon rouge, un ballon qui l'accompagne partout, un ballon doudou. Mais il s'envole laissant Zébulon seul dans le noir. Et là, trompé par manque de luminosité et la couleur rouge, il part à sa recherche pour découvrir le rouge ailleurs. Ce rouge aussi important pour les autres occupants des lieux. De cette perte, des rencontres, des soutiens et réconforts, Zébulon cherche, se fait câliner, va de l'avant... pour découvrir qu'il n'a plus peur de la nuit et que avancer amène à rencontrer des amis.
Le texte d'Alice BRIERE-HAQUET est comme une comptine "Petit Zébulon, arrête de pleurer, ton ballon, on va le chercher. Un de perdu, dix de retrouvés!" Par la répétition douce, ce va et vient des yeux (en-haut, en bas) et ces animaux, rencontrés par hasard offrant leur affection, la lecture est douce et permet de regarder l'obscurité et l'aventure de la vie, la nouveauté, comme une étape toute en sensibilité.

© Alice BRIERE-HAQUET et Olivier PHILIPPONNEAU/Auzou

Sans oublier que le contact avec les autres apparait là rassurant et soutenant dans les étapes de vie: chouette, colombes, escargots ou asticots, tous ensemble.
Le travail de cette auteure est à suivre .

© Alice BRIERE-HAQUET et Olivier PHILIPPONNEAU/Auzou

Les gravures d'Olivier PHILIPPONEAU sont de véritables merveilles: du noir, du blanc et du rouge. Le résultat est stylisé et permet aussi vraiment une approche de la nuit, une approche des contours, des matières, des illusions d'optique. La ligne directive (ou le rond rouge directeur) permet aussi d'entrer dans une image, de découvrir les autres par un point reconnu, rassurant.
Qu'est-ce que ces gravures sur bois sont belles... allez donc voir le travail de cet artiste à suivre sur son blog.

*source blog d'Olivier PHILIPPONEAU

Le superbe billet d'Emmyne
Celui non moins intéressant de Papier de soie ici
22/24

lundi 21 juin 2010

Under ground

© Shimako OKAMURA/La joie de lire

"Under ground" de Shimako OKAMURA est arrivé bien grâce à internet. C'est Kimiko contes qui m'avait donner envie et c'est vrai que j'ai acheté les yeux fermés (le goût de la demoiselle est sûr!). Ce livre est l'histoire d'une taupe et de ses galeries en sous-sol.
Le livre n'a pas de parole, pas de commentaire. Nous suivons une par une les illustrations pleine page (voir double ou quadruple). La taupe avec sa lampe frontale creuse ses galeries et nous invite à un voyage dans le temps, un voyage géologique, un voyage parmi les trésors enfouis: trésors archéologiques, trésors de savoirs, trésors écologiques aussi.

© Shimako OKAMURA/La joie de lire

Elle semble insensible et continue son travail continuellement, même si des situations inattendues l'amène à tout recommencer... entre les racines de l'arbre, encore plus profond, plus profond. Un voyage au cœur du silence... en perpétuelle et mystérieuse recherche.

© Shimako OKAMURA/La joie de lire

Certains détails sont très accrocheurs: un squelette de dinosaure, des pierres précieuses mais aussi deux rabats à ouvrir, comme un circuit à recontruire. Grâce à ce livre, la géologie prend forme et provoque des explications sur le cœur de la terre... un éternel recommencement.
"La taupe est considérée par bien des hommes comme un ravageur de cultures. C'est un tout autre rôle que lui attribue Shimako Okamura dans "Under ground". En suivant ce mammifère fouisseur dans les galeries souterraines qu'il creuse, l'illustratrice nous offre une visite géologique des plus intéressantes : vestiges antiques, squelettes de dinosaures, grottes souterraines dont les cristaux aux mille couleurs scintillent sous la lampe frontale et autre couche magmatique sont les merveilles que l'on découvre au détour des galeries que creuse notre petite taupe besogneuse. Mais gare à l'eau ! ou tout est à recommencer. Derrière cette balade géologique, on notera la symbolique de la naissance. En effet, l'histoire de cette petite taupe qui creuse le giron de la Terre pour s'en faire chasser à grandes eaux relève bien d'une naissance, et même d'une naissance obligée car la petite taupe semble bien décidée à retourner " sous la Terre "." (extrait du site du Museum de Genève sur une exposition en 2007/2008)
Une version de ce livre est très colorée. Nous avons, pour notre part, la version aux couleurs ocres et terres, très ombrées. Les couches géologiques ont vraiment une "matière", encre et couleur, la texture est presque grattée et le papier de qualité offre une lecture presque mystérieuse. © Shimako OKAMURA/La joie de lire

Cette visite souterraine donne envie d'aller rejoindre les spéléologues, de faire des carottes géologiques ou une collection de terres à la manière de Koichi Kurita.

Avis très argumenté dans le Quoi de neuf dans les livres pour les tout-petits n°48/49

21/24

dimanche 13 juin 2010

La vie bercée

"La vie bercée" de Hélène DORION et illustré par Janice NADEAU est un livre riche. Un livre jeunesse pas forcément, un livre sur la jeunesse, un livre à offrir à un enfant qui en sort, à relire aussi quand nous attendons une autre vie à naître, pour se rappeler ce don de vie, ce don d'angoisses et de grands bonheurs.

© Hélène DORION et Janice NADEAU/Les 400 coups

Le texte emprunt de poésie n'est pas simple. Il demande un effort mais si vous le faites, l'enfance et l'adolescence, comme étapes, sont décrites dans ce qu'elles ont de majeures.
Il s'agit presque d'une lettre ouverte à tout enfant à naître, des mots pour réconforter, des mots pour expliquer l'indicible mystère des premières années, des mots pour prévenir les grandes peurs. Le texte s'adresse à lui et déroule le fil du temps qui là, avec l'aide de l'illustratrice, prend différents états: corde à linge où la layette sèche, vague de bercement, fil de laine, boule de neige et fil d'équilibriste.
"D'abord tes yeux s'ouvriront,
un visage s'approchera du tien,
amour et peur, pour la première fois..."
La naissance, cette première fois (et non la dernière) : "cela passera très vite, tu verras" laisse la place aux premières années floues, au bercement, à cet amour parental.
Hélène DORION propose un décryptage tendre, lucide et parfois cinglant des premières fois, amenant vers les désirs et ce que la vie en fait. Il est beau de s'imaginer être adulte avec une profession correspondant aux valeurs de cœur d'un enfant: docteur contre la douleur, avocate pour la justice et la vérité. Il est plus difficile de poser ses ambitions de vie pour aller de l'avant... dans la vraie vie, celle qui offre les merveilles mais aussi les désillusions.
Le petit enfant, dans la joie des premiers apprentissages, des jeux. © Hélène DORION et Janice NADEAU/Les 400 coups

Ce beau moment de la découverte de la lecture, aussi "Le petit prince". Cet émerveillement de la nature, ce goût de l'enfance pour le sport... et tout le développement physique et psychologique.© Hélène DORION et Janice NADEAU/Les 400 coups

Mais aussi les grandes angoisses, le corps qui change, les passions, l'amour comme des papillons (presque une référence à "Un million de papillons" de Edward VAN DE VENDEL).

"Puis la mer sera trop salée,
les vagues trop puissantes,
tu tourneras plus de sept fois
dans sa bouche, mais sur le rivage,
tu échoueras."
Et puis cette enfance, prise dans un généalogie, une enfance veut dire aussi des parents, une famille, des non-dits, des jalousies, de la solitude, du partage mais aussi des silences, des manques, des portes qui claquent, qui se ferment, de l'absence et de la distance... pour revenir.

Ce livre n'est pas simple car je pense qu'il doit être lu et relu, offert et lu encore, parce qu'il offre beaucoup d'allusions. Il ne donne pas de clef aux peurs, aux peines, aux deuils, si ce n'est que la vie reprendra son cours et qu'elle est faite de promesses, de rêves, de flux et de reflux... de mémoire mais aussi de passion.

© Hélène DORION et Janice NADEAU/Les 400 coups

Les illustrations de Janice NADEAU offrent une fraicheur, une lecture enfantine mais pas dénuée de sens aux allusions et désillusions. Les aquarelles sont magnifiques, fines et ensoleillées. Elles donnent aussi un autre sens à l'écrit et permet de voir de l'espoir. Le texte, ainsi paré, peut s'offrir aux nouvellement parents comme aux enfants.

Pour vous faire une idée, je vous incite à lire le billet de Clarabel et du ressenti de sa pitchoune

samedi 12 juin 2010

Prix Landerneau 2010

Un soir de la semaine j'ai été à la remise du prix Landerneau décerné par les Espaces culturels E.LECLERC.
"Il est attribué à un "auteur d'expression française dont le talent n'a pas encore rencontré un large public". L'objectif est de "favoriser la découverte de nouveaux talents et l’accessibilité, par le choix d’un texte développant une vraie histoire, forte de ses enjeux et de l’originalité de ses thèmes"."
(extrait du dossier de presse)
L'année dernière j'avais eu l'honneur d'y être conviée aussi, dans un espace fabuleux: un salon privé au dessus d'un cinéma. La sélection avait été fabuleuse, au moins ce que j'en avais lu:
"Un Dieu un animal" de Jérôme FERRARI
"Les mains nues" de Simonetta GREGGIO
"L'attente du soir " de Tatiana ARFEL
"L'origine de la violence" de Fabrice HUMBERT
"A l'angle du renard" de Fabienne JUHEL
"L'homme barbelé" de Béatrice FONTANEL

"Un Dieu un animal" de Jérôme FERRARI avait reçu le prix Landerneau 2009. J'avais lu ce livre puissant, fort, j'en parlais là brièvement avant de le faire en mettant en avant toute sa densité, lu aussi le GREGGIO dont je parlais ici et avais eu un coupe de cœur immense pour le ARFEL, tellement à la limite de la folie que je voulais le relire avant de faire un billet (qui attend toujours). Je m'étais arrêtée en cours malgré la densité et l'intérêt de lecture du HUMBERT.
Nous avions alors notre part à cet événement, celui de choisir notre lauréat, le lauréat des bloggeurs littéraires.

Cette année, la sélection semble aussi prometteuse, malheureusement nous n'avons pas pu nous en faire un idée :
"La Mer Noire" de Kéthévane DAVRICHEWY
"HHhH" de Laurent BINET
"Les derniers jours de Stefan Zweig" de Laurent SEKSIK
"Le Londres-Louxor" de Jakuta ALIKAVAZOVIC

"Quai des enfers" d'Ingrid ASTIER
"Fourrure" d'Adelaïde de CLERMONT-TONNERRE
"Je n'ai pas dansé depuis longtemps" d'Hugo BORIS

"Kéthévane DAVRICHEWY se voit décerner le Prix Landerneau 2010 pour son roman La mer noire (Sabine Wespieser). « Pour moi, La mer noire est un livre qui représente
tout ce que j’aime dans la littérature : faire tenir le monde dans un poing. Un récit qui concentre en une journée une vie entière. Il m’a ému au plus haut point, je suis ravi que les libraires des Espaces culturels E.Leclerc aient vibré comme moi à cette évocation nostalgique… » a déclaré à l’issu de la délibération Philippe GRIMBERT, président du jury de cette troisième édition." (extrait du dossier de presse)

Mais la soirée de remise a été moins placée sous le signe du partage. Je suis un peu de mauvaise foi, je n'ai pas pu arriver à la remise mais après (problème de garde d'enfant). Sans avoir pu lire la sélection ou une partie, sans avoir aussi un accueillant nous parlant de ses coups de cœur de la sélection de l'année, nous avons déambulé dans un lieu magique où les conversations devaient être littéraires mais plus professionnelles: Est-ce dû à une proportion de journalistes ou d'attachés de presse plus conséquente et celles de lecteurs n'ayant rien à gagner moindre ? Il ne nous reste plus qu'à jouer des coudes pour lire ces livres par nos propres moyens.
Ne vous méprenez tout de même pas. Nos accueillantes ont fait de leur mieux et le buffet a été sublime.
Sans parler d'une découverte stupéfiante aux détours des toilettes: une exposition dans un "coffre fort", celle de Marie ORENZAC: Tout ce qui se voit et tout ce qui est caché.
Quel enchantement de slalomer et de se baisser pour lire à qui l'artiste adressait ses honneurs, puis cette salle de marbre presque au sol ou pris en photos avec des lignes de dessins industriels, des axes, des indices comme sur une carte topographique... et d'autres si petits mais si précieux: un aigle dans un coin, une feuille, une bicyclette...

Je vous laisse lire le billet de Lily, beaucoup plus consciencieuse, sur le prix Landerneau 2010 et sur l'exposition de l'artiste, ici

vendredi 11 juin 2010

Lectures du lutin à 4 ans

Et bien voilà, après 9 mois d'ouverture officielle de ce blog (sachant que certains billets présents ici ne sont que des archivages d'autres faits depuis 2007 sur mon blog principal), j'inaugure une autre catégorie... peut-être plus consensuelle mais aussi peut-être plus pertinente pour ceux qui cherchent des lectures ciblées (et vendues) pour un certain âge.

J'avais réparti différemment: la catégorie "Maman ou papa lit" sont bien les livres que je propose au lutin depuis ses 3 ans comme je le disais là.
Je vous mettrais toutes les lectures choisies en lecture du soir par le lutin en fonction de son âge. Se rajouteront aussi bien-sûr mes propres choix qui sont plébiscités par lui. Commençons donc les "lectures du lutin à 4 ans" !

mercredi 9 juin 2010

Le journal intime de Benjamin Lorca


« Le journal intime de Benjamin Lorca » d’Arnaud CATHRINE est un livre riche, aux mots justes… un livre à relire.

Benjamin LORCA, trentenaire, s’est donné la mort. Il était un auteur à succès et ses dernières années de vie, il a arrêté de produire pour le public et a accepté de jouer ses textes avec un ami. Le roman nous livre les confidences de quatre de ces proches. A 15 ans de sa mort, 10 ans, 5 ans et juste après, les paroles prennent sens, nous livrent un portrait en creux de cet auteur. La présence d’un journal intime, resté secret (mais pas pour tous), révèle ou obscurcit encore le mystère et la pudeur de l’homme derrière l’écrivain.
Edouard l’éditeur amouraché, ressasse une histoire d’amour qui n’a pas eu lieu et cherche à tous prix à éditer encore du Benjamin Lorca, pour ressusciter l’auteur et faire que son œuvre lui survive encore et encore. Il y a aussi une vision de cette mise en publique des œuvres, une charogne de la vie d’autrui et presque de l’intimité avec une mise en lumière potentielle d’un écrit resté secret et découvert après sa mort : le journal intime de « celui dont on s’était habitué à ne rien savoir ».
Martin, le petit frère, maintenant professeur d’histoire, revient sur son insatisfaction de la relation fraternelle. Il dépeint les retours au nid parental et géographique de ce grand-frère prodige. Un ainé monstrueusement présent dans la vie de ses parents et cruellement absent dans la vie présente. Ce sont ses émotions qui arrivent en flot, sentiments d’un jeune homme qui veut être quelqu’un et être reconnu par son grand frère, les émotions aussi face aux autres, ceux qui connaissent l’homme ou l’auteur, il leur parle en « connaisseur complice » et ne se sent pas crédible. En plus de cette jalousie face à la reconnaissance de ses parents, Martin amène là le tragique de la vie de Benjamin, les failles qui auraient pu être visibles. Les livres et les intermédiaires culturels sont autant de paroles dans cette famille. Benjamin partage les livres en arrivant chez ses parents, les prête en pâture, offre de lui. « Emballements, agacements : Benjamin écoute les avis sans sourciller ; la littérature doit finir au milieu de l’arène, c’est sa vocation. » Le visionnage entre frères, une nuit, du documentaire, cinéma vérité « Chronique d’un été » de Rouch et Morin, est le passage apothéose. Une interrogée dans la rue, Marilou répond à la question êtes-vous heureuse : « Avoir un métier qui ne me fait pas peur… (…) C’est… c’est surtout… sortir de moi, c’est vivre, crever même, pourvu que ça me met en relation avec quelque chose qui… qui me fasse sortir de moi, c’est tout (…) … je n’ai même pas le droit… même pas le droit de me tuer, tu comprends, ça serait faux, absolument faux. »
Ronan, le nouvel ami, nous présente la fin de Benjamin Lorca. Il le ramène à Paris, avec les copains. Et c’est sa vie qui apparait : une vie de solitaire, une vie d’accompagnateur. Benjamin est présent et pourtant s’absente de ses propres confidences et des moments où il pourrait être soutenu. C’est toute la présence, toute l’amitié qui est décryptée. Le soutien et l’encouragement n’étant pas suffisants pour consoler et ramener à la vie.
Ninon ramène à la souffrance du deuil, à l’absence physique. Malgré que sa relation amoureuse avec Benjamin soit entre les lignes d’un livre, malgré cette présence des mots de cet être aimé et pourtant relégué en observateur, en accompagnateur de la vie familiale, elle souffre de l’absence des sons, de l’absence de présence, de l’absence des émotions.

Benjamin apparait en creux et bosses à travers ses monologues. Le malaise de Lorca est palpable. La différence entre l’écrivain et l’homme : l’un est public et l’autre souhaite passer inaperçu. Mais aussi cette impression de ne pas vivre : la vie n’aurait démarré qu’à son arrivée à Paris, Caen étant synonyme de l’ennui d’adolescent, de retour en terres intimes (casino et mélancolie), mais cette vie à Paris n’est qu’une façade… lui présent dans une famille, celle de Ninon, où il ne vit pas, lui mal accompagné parce que volontiers triste (un « garçon égaré » qui se laisse conduire, accompagné et aimé jusqu’au prochain intermédiaire d’affection), lui copain et ami mais qui se mure dans le silence et entre les murs de son appartement et boit pour ne pas dire son mal ‘être.
Quelques pages du journal intime apparaissent mais derrière les confidences de l’intéressé, ce sont encore plus les lacunes, les culpabilités des autres qui rendent ce livre si profond. La vision des uns télescopées par celles des autres donnent une densité à la vie de cet homme, qui n’était décidément pas « disponible à »… vivre.
C’est Lily par la finesse de son avis, cette présentation de ce livre triste et construit, qui m’avait donné envie de le lire, merci Lily. Si vous souhaitez plus d’extraits, allez donc la lire.

mardi 8 juin 2010

Walden


"Quelqu'un me dit:
- Je sais bien que l'argent ne t'intéresse pas. Tu adores voyager: pourquoi ne pas prendre une voiture pour aller visiter Fitchburg et ses environs ?
Mais j'étais trop avisé pour cela. J'avais compris que le plus rapide des voyageurs, c'était celui qui marche à pied.
- Si on jouait à celui qui arrive le premier là-bas ? proposai-je à un ami. Il y a quarante kilomètres à parcourir; le billet vaut 90 cents.... Je me mets en route tout de suite et j'y parviendrais avant la nuit... Toi, pendant ce temps, tu gagneras le prix du billet et tu arriveras demain, ou peut-être ce soir si tu as la chance de trouver du travail en cette saison. Au lieu de te rendre à Fitchburg, tu vas passer la plus grande partie de la journée à travailler."
(extrait de "Walden" de Henry David THOREAU)

Le voyage d'Henry

Je ne suis pas toujours conquise par les livres que le lutin ramène de l'école en prêt. Il faut avoué qu'ils conviennent plus à son âge mais je les trouve plus "binaires". Ce n'est pas tant péjoratif qu'une autre vision de l'enfant, en devenir mais qui serait en demande d'une histoire simple. Enfin la question de la littérature jeunesse, et de quelle littérature jeunesse, fera l'objet de bon nombres de billets sur ce média.

© D.B. JOHNSON/Casterman

Là, j'ai failli passé à côté, cela aurait été dommage, d'une part pour l'illustration et d'autre part pour cette sagesse dans l'histoire. "Le voyage d'Henry" de D.B.JOHNSON est l'histoire d'Henry, ours sage et taquin qui propose à son ami d'aller à Fitchburg (l'histoire est tirée du livre "Walden" de Henry David THOREAU, citée ici). Henry marchera et son ami travaillera pour s'acquitter du prix du billet de train et arriver par ce moyen de locomotion.

Henry marche, prend le temps de regarder la nature (faire un herbier ou regarder les oiseaux), d'aller au rythme des paysages (traverser, naviguer, grimper) et de jouir des moments offerts (récolte de miel ou cueillette de mûres). De l'autre côté, l'ami d'Henry travaille, pour la mairie, la poste ou les particuliers ( de menues besognes mais utilisation d'un temps) et arrive bien-sûr avant Henry.© D.B. JOHNSON/Casterman

Autant la temporalité est au centre du livre, comme succession d'actes mais aussi utilisation de ce temps, jouissance d'un moment. Le travail semble quelque chose de subalterne, pourquoi donc pourvoir à des besoins en travaillant pour en avoir les moyens financiers, quand la satisfaction d'autres, peut-être plus insignifiants pour certains, offre de vrais moments de bonheur. Je soupçonne les illustrations de nous offrir tout de même des activités rémunérées joyeuses quand le texte pourrait être plus tranché!
Bien-sûr c'est aussi une fable écologique, la nature a une place de choix et les détails véridiques sur les randonnées d'Henry David THOREAU sont un plus: "Il adorait se promener dans les bois et dans les champs : les plantes et les animaux qu'il croisait au cours de ses balades étaient ses meilleurs sujets d'inspiration. Dans ses poches, il y avait en permanence un crayon et du papier, un couteau, de la ficelle, une lunette d'approche, une loupe et une flûte. Il parcourait facilement cinquante kilomètres par jour, un vieux livre de musique sous le bras pour lui servir d'herbier et un bâton à encoches pour mesurer les choses."
(postface de l'édition Casterman, les albums Duculot). Cela donne envie d'aller lire l'original.

"Le voyage d'Henry" n'est qu'une des propositions sur ce thème offert par Henry David THOREAU, ainsi D.B.JOHNSON nous offre la cabane en forêt et d'autres passages. Ce que j'ai aimé aussi ce sont les multiples références mises dans les illustrations et les textes l'air de rien. Des références à des auteurs amis ou penseurs sympathisants : Ralph Waldo EMERSON (la bibliothèque déménagée lui appartient), Nathaniel HAWTHORNE (le jardin désherbé est à lui), Bronson ALCOTT (petit bois rentré dans sa cuisine)...
Les illustrations sont magnifiques. Des couleurs en demi-teintes, la nature ou l'urbanité sous des aspects plus géométriques, un peu cubiques. Vraiment une découverte à confirmer.

20/24

La nuit d'Henry

*source D.B.JOHNSON

lundi 7 juin 2010

Jorn RIEL, rencontre qui donne envie d'autres

La semaine dernière, un soir avait été volé au quotidien. Une rencontre avec un auteur, ce n’était pas la première fois, même si, seule celle-ci était officielle. J’étais arrivée dans ce café un peu branchouille et bruyant. Au fond, dans cet espace sombre, pas encore très calme, se trouvaient Jorn RIEL, sa femme et Béatrice des éditions Gaïa.

*source blog Mollat

Pour l’occasion j’avais découvert cet auteur. Et pourtant, souvent, j’avais eu ses livres entre les mains sans tenter.
Sa version illustrée de « Le garçon qui voulait devenir un être humain » m’avait enchantée l’œil et j’attends encore le prétexte de quelques années de plus du lutin pour l’acheter. J’avais aussi beaucoup pris ses trilogies fictives incluant aussi des détails sur le peuple inuit, les reposant parce que justement trilogie et que, jusqu’à peu, un livre de plus de 300 pages me faisait fuir.
Mais quelle perte de temps, cet auteur rassemble bon nombre d’éléments qui m’interpellent, me donnent envie de lire et surtout me séduisent : une certaine ethnologie d’un peuple que j’apprécie beaucoup, de l’humour (beaucoup) et une certaine sagesse.

Mais ce rendez-vous alors ? Très bon-enfant (même un peu trop…). Mr RIEL patiemment attendait nos réactions. Il semblait impassible ou plutôt rêveur et regardait une à une les interlocutrices.
Bon nombre d’entre elles avaient lu son dernier écrit « Le naufrage de la Vesle Mari et autres racontars », moi pas. Je n’ai pu lire avant cette rencontre que « La maison de mes pères, tome 1: un récit qui donne un beau visage ». Le premier tome d’une saga sur cet enfant élevé par 5 hommes. J’en parlerais plus dans un billet précis. Elles avaient en tête ses racontars en priorité, moi sa plume d’une histoire complète, dont je n’avais lu que le premier tome.
En effet, l’auteur propose deux sortes d’écrits : ses romans au long court présentant une épopée et ses nouvelles très courtes, les racontars, sur le ton très humoristique et anecdotique.

Un écrivain (au même titre que n’importe quel artiste), qui donne de son temps et s’investit auprès de ces lecteurs/spectateurs, m’attendrit. Ce moment pris au quotidien et au rythme de la création est vraiment un honneur. Intimidée je n’ai pas osé poser toutes les questions que j’avais en tête. Le faux bond de la traductrice m’a ramené à des questions plus « rudimentaires », moins argumentées ou presque dépourvues de sens sorties de leur contexte non explicables avec si peu de mots. Merci encore aux traductrices improvisées !
Ces écrits fictifs et pourtant nimbés dans un contexte très ethniques me parlent. Je pensais, à tort, que ce monsieur était parti au Groenland pour apprendre un peu plus de ce peuple, les Inuits mais la formation, esquimaulogie, a précédée. Le départ a suivi comme une évidence, suite d’une éducation très emprunte de navigation maritime et de pilotage d’avion, pour explorer avec des compétences en navigation et en télégraphie… Pour des raisons professionnelles (entre autres) il y est resté. 16 ans de rapports scientifiques pour les expéditions internationales.
Le seul récit lu m’avait laissé une peinture de la femme très délimitée. La promiscuité est souvent décrite et le premier tome de « La maison de mes pères » présentait une femme très libérée, s’offrant aisément, très sexuée, et une autre, plus vieille, la nounou, humble et réservée aux tâches domestiques (et sauvages : elle est capable de tuer un ours en préparant la soupe). J’avais voulu connaître le vrai du faux, était-ce une représentation des traits de femmes Inuits ou juste une réinterprétation de l’auteur. La question est restée en suspend, seule cette promiscuité, l’absence d’inhibition et de pudeur et liberté sexuelle ont été confirmées et aussi la présence de peu de femmes dans ses livres. Mr RIEL indiquant même que pour avoir des racontars au féminin ou parlant de femmes, il fallait une femme écrivain.
L’auteur ne souhaite faire aucune concession à ses envies : ces moments, anecdotes de vie, moments vrais ou vrais mensonges, sont pour lui des évidences, des moments vécus réinterprétés (sûrement) qui poussent à la porte de sa plume. Jorn RIEL expliquait aussi n’avoir aucune censure. Ses lecteurs choisissent de le lire alors il ne s’arrête nulle part, même quitte à choquer.
Entre les mots, il confirme se reconnaitre plus dans le peuple inuit qu’au sein des européens et même s’il n’a plus de contact avec ce peuple et ce pays, il ne serait pas surpris de se retourner et de les voir apparaître derrière lui. De ses racontars, il se sent le plus proche de Valfred et Anton, son alter-ego. De quoi me donner envie de lire… La spiritualité des Inuits apparait encore le suivre, le fantôme ce grand tout, mais aussi cette idée de liberté (le peuple inuit n’a pas de chef, la liberté est totale avec des règles pourtant strictes : pas d’incestes, ni de meurtre au risque d’être banni !).
Jorn RIEL nous a parlé aussi de ses écrivains favoris. Des français, BALZAC et PROUST côtoient SIMENON et aussi ANDERSEN (autre que conteur), BLIXEN et CONRAD. Sa nouvelle préférée est « Au cœur des ténèbres » de CONRAD, un lent éloignement de la civilisation
Je ne peux qu’être heureuse de sa mise à l’honneur en France, à Caen, Cherbourg, dans quelques temps à Colmar, de savoir qu’un 13ième livre de racontars sortira (le dernier : chiffre fétiche du 13) et qu’il n’a pas fini de proposer des écrits pour enfants. Nous pourrons aussi le retrouver en film chez ISUMA, allez donc regarder ici leur actualité très documentaire.

J’aurais tant aimé apprendre plus. La dédicace n’était qu’un trait, qu’une éraflure quand sa présence était si propice aux discussions. Le temps fera peut-être les choses : plus de livres lus, des questions plus fines, une traduction et l’honneur de recevoir ce don de temps. En attendant, j’écoute, lis et regarde les interviews plus poussés faits ailleurs :
Son autoportrait lu par Dominique PINON : « Jorn RIEL, par lui-même »
L’interview de Lire m’avait harponnée : de l’ethnologie mais aussi de l’humour même dans la vie, un moment très intense
L’interview d’Evene est elle, plus tournée vers ce dernier livre « Le naufrage de la Vesle Mari et autres racontars »
La lettrine, bloggeuse présente à cette rencontre, nous proposait un interview fait il y a deux ans, cela vous donnera une idée de ses réponses et de sa disponibilité.

Merci en tous cas à Mr Jorn RIEL de sa disponibilité et à Béatrice des éditions Gaïa pour cette fabuleuse rencontre. En espérant que les autres bloggeurs nous offriront leur regard sur cette rencontre...

mercredi 2 juin 2010

Super (- super) gloupi

© Edward VAN DE VENDEL et Fleur VAN DE WEEL/ Être

Il a suffit que je m'intéresse aux éditions Être pour que cet auteur que je connais pourtant pour "Un million de papillon" illustré par Carll CNEUT... et après pour "Petit lapin stupide" illustré par Gerda DENDOOVEN pour que j'ai envie de suivre quelques autres propositions. Et que ne fut pas ma surprise de découvrir des poèmes en prose, frais et pour enfants, qui mériteraient de faire partie de toutes lectures redondantes, au sens positif du terme (pour prévenir un dysfonctionnement) et dans notre cas pour pérenniser une douceur de vivre. J'avais expliqué là en quoi je recherchais une transmission des lectures jeunesse et j'aimerais vraiment partager aussi (si accord) ce ton humoristique tendre et intelligent avec notre lutin, en faire une référence. © Edward VAN DE VENDEL et Fleur VAN DER WEEL/ Être

"Super gloupi" et "Super super gloupi" de Edward VAN DE VENDEL et illustrés par Fleur VAN DER WEEL sont de vrais petits bijoux. Chaque recueil propose 51 et 49 petites histoires, de la poésie de vie. Gloupi est un poisson dans un bocal mais ce ne sont pas ses histoires, il s'agit bien de celles de son propriétaire, un petit chien en maillot marin, coquin, taquin et curieux.
Le langage est précis, le vocabulaire parfois pointu, les histoires sont intelligentes et quelque fois un peu philosophiques. Alors pour certains ce serait une lecture adolescente et adulte. Mais ce serait dommage car là, ce petit chien nous propose la vie à hauteur de Tom pouce et des préoccupations de petit garçon avec une philosophie d'adulte.© Edward VAN DE VENDEL et Fleur VAN DER WEEL/ Être

Des activités en plein air et de l'émerveillement autour de la nature ("La neige dépose un flocon dans mon oreille. Trop facile de glisser de nouvelles pièces dans la machine!"), © Edward VAN DE VENDEL et Fleur VAN DER WEEL/ Être

des bêtises assumées où les ustensiles du quotidien changent de fonction, © Edward VAN DE VENDEL et Fleur VAN DER WEEL/ Être

des détails d'une vie d'enfant qui prennent un air d'autre monde ("on entend les ascenseurs. Ils soufflent et respirent. J'entends leurs chants tristes, graves et lents de baleines captives."). Entre les histoires, une philosophie de vie, quelques ironies: © Edward VAN DE VENDEL et Fleur VAN DER WEEL/ Être

piquer à la fourchette les bruns et blondes qui cuisent au soleil, être heureux d'avoir de l'argent de poche encore à son âge quand l'homme assis mendie dans la rue sans que personne ne le voit. Et puis il y a aussi toutes les petites et grandes émotions (être malheureux d'une dépouille de merle sans sépulture) et une vision de la vie et de la vieillesse.
Un délice de lecture!!! Je vous mettrais une ou deux histoires plus tard.

Mais ces petites scènettes ne seraient rien sans les illustrations de Fleur VAN DER WEEL. Elles apportent un pendant à l'action, une manière de constater ce qui se passe vraiment quand les mots, eux, rappellent une vision d'enfant. Et puis ce chien a une gueule, une esthétique, il est lui-même très drôle avec pourtant si peu de traits de la face (visage). J'aime aussi beaucoup le parti-pris de ne montrer que l'action et d'opter pour une bichromie... le chien toujours noir, le décor noir et blanc et le détail de l'histoire surligné par une couleur. Verte pour le premier recueil (Super gloupi) et bleu pour le second (Super super gloupi).

Mes lectures jeunesse

*source Franz EYBL

J'avais écrit sur mon blog principal, avant d'ouvrir celui-là plus "spécialisé", que ma vie de lectrice, même jeunesse, n'est pas un héritage... c'est un peu faux : un peu de Comtesse de SEGUR pour palier à un manque grand-maternel, un peu de "Astérix et Obélix" ou de "Tintin" pour ce qui est de la bande dessinée (les seules proposées), « Le merveilleux voyage de Nils Holgersson » de Selma LAGERLOF, les contes du monde regroupés au éditions Gründ et puis c'est à peu près tout. J'en parlais sans avoir encore une vraie lecture adulte (comme on peut le voir au cours du billet cité).

Mes affinités avaient poussées mes lectures sur les lectures concernant les enfants "Poil de Carotte" de Jules RENARD, "L'enfant" de Jules VALLES, "Vipère au poing" d'Hervé BAZIN n'ont pas été que des obligations scolaires. Et les animaux (ainsi que l'entrée d'un huskie dans ma vie très jeune, venu de là-bas, de Laponie, plus sauvage qu'un chien, presque un loup) ont apporté l'autre pendant. Mes animaux imaginaires dont je parlais et les lectures :"Le lion" de Joseph KESSEL, « Le livre de la jungle » de Rudyard KIPLING, « Croc blanc » de Jack LONDON etc...

En fait, l'école a été mon prescripteur de livres. Avant d'ouvrir mon premier blog je n'avais pas encore une démarche de lecture, un peu de tout, dans l'ordre et dans le désordre, en passant par du juste lisible, je n'avais aucun repère. En rencontrant des personnes plus avisées, je me suis fait un panel d'auteurs que je pense aimer. L'arrivée du blog a précicpité les choses, des contacts se sont faits, des sensibilités se sont partagées et je me délecte de l'intertextualité.
Mes "lectures jeunesses" ne sont presque que lecture sur la jeunesse et non une lecture pour enfant (je suis trentenaire!). Devenir maman a été ce facteur clef, déterminant, dans cette découverte et redécouverte de la littérature jeunesse. Et j'ai envie de transmettre ces lectures, de transmettre des livres bien-sûr et le lutin (et frère et soeur potentiels) sera servi. Je vous parlais ici de mes fantasmes de lecture à vois haute et ce blog, dont la plupart des livres billettés font partie de la librairie usuelle du soir du lutin, vous donne une idée des lectures faites le soir. Mais surtout j'avais envie de transmettre une sensibilité, des repères, une forme d'humour.
Une forme d'humour, une approche de la vie... un billet sur mes personnages pour jeunesse "qui me font un beau visage" (me font rire) arrive. Et le prochain billet sur "Super gloupi" parle d'une autre intertextualité fabuleuse, qui me donne envie de garder ce genre de livre dans ma bibliothèque et en faire comme une marque de fabrique (euh je veux dire de lecture!)...