mercredi 28 octobre 2009

Une passion dans le désert


Sur l’étalage d’une librairie j’ai vu ce livre, "Une passion dans le désert" de BALZAC illustré par Paul JOUVE.
Qu’elle ne fut pas ma surprise en découvrant une nouvelle très courte : une scène de domptage d’une hyène et une rencontre avec un vétéran de la campagne d’Egypte qui confit le souvenir de sa proximité, échappant à ses ennemis dans le désert, avec une panthère. Cette fascination pour l’animal, cette délectation entre le spectacle de la toute puissance animale et la peur de ne pas y réchapper m’a fait oublier un temps que le récit était tendancieux.


En suivant ces quelques jours dans la grotte en compagnie de cette bête féroce, nous sommes invités à vivre dans le désert, son immobilité, sa chaleur, ses tempêtes de sables, sa faune et ses délices…dattes gonflées… . La seule présence étant animale, la solitude humaine apparait dans toute sa noblesse : « La solitude lui révéla tous ses secrets, l’enveloppa de ses charmes. Il découvrit dans le lever et le coucher du soleil des spectacles inconnus au monde. Il sut tressaillir en entendant au dessus de sa tête le doux sifflement des ailes d’un oiseau, – rare passager ! – en voyant les nuages se confondre, – voyageurs changeants et colorés ! Il étudia pendant la nuit les effets de la lune sur l’océan des sables, où le simoun produisait des vagues, des ondulations et de rapides changements. Il vécut avec le jour de l’Orient, il en admira les pompes merveilleuses ; et souvent, après avoir joui du terrible spectacle d’un ouragan dans cette plaine où les sables soulevés produisaient des brouillards rouges et secs, des nuées mortelles, il voyait venir la nuit avec délices, car alors tombait la bienfaisante fraîcheur des étoiles. Il écouta des musiques imaginaires dans les cieux. Puis la solitude lui apprit à déployer les trésors de la rêverie. Il passait des heures entières à se rappeler des riens, à comparer sa vie passée à sa vie présente. Enfin, il se passionna pour sa panthère. »

*source Mignonne, Paul JOUVE

Le français apprivoisa la férocité de la panthère, du moins en apparence, elle jouait comme un jeune chien : « Il essaya de jouer avec les oreilles, de lui caresser le ventre et de lui gratter fortement la tête avec ses ongles ; et, s’apercevant de ses succès, il lui chatouilla le crâne avec la pointe de poignard, en épiant l’heure de la tuer ; mais la dureté des os le fit trembler de ne pas réussir. La sultane du désert agréa les talents de son esclave en levant la tête, en tendant le cou, en accusant son ivresse par la tranquillité de son attitude. »
Mais il y avait un malaise dans la lecture, une sorte de sensualité hors de propos…et les ambigüités étaient nombreuses : Mignonne, la panthère, était aussi belle qu’une femme, le français avait appris à reconnaître toutes ces mimiques et son rourou aux caresses de son invité. Une passion dans le désert peut être vue comme une passion (pourquoi n’avais-je pas compris dès le titre ?), l’unique passion de cet homme, une sensualité aboutie, sexuée… une passion quand la vie se trouve en dehors des hommes.

Il y avait bien cet incipit : « - Ce spectacle est effrayant ! » et cette accroche sur le pouvoir du dompteur : « - Connu ! –Comment connu ? ». Il m’a fallu lire la postface de Philippe BERTHIER pour mieux comprendre. Il reprend ce texte :

«(…)

Peut-être avez-vous vu dans le cirque hippodrome
Martin, l’imitateur de l’Androclès de Rome,
Entre ses deux lions s’avancer triomphant ;
Son œil fascinateur domptait les bêtes fauves,
Il entrait, sans pâlir, dans leurs sombres alcôves
Comme dans un berceau d’enfant.

Aujourd’hui, nous avons la clef de ces mystères ;
Il se glissait, la nuit, au chevet des panthères,
Sous le linceul du tigre il étendait sa main ;
Il trompait leur instinct dans la nocturne scène
Et l’animal sans force à ce jongleur obscène
Obéissait le lendemain.

Voilà par quel moyen l’Onan du ministère
Enerve de sa main l’homme le plus austère,
Du tribun le plus chaste assouplit la vertu…
(…) »

(quelques strophes du poème de BARTHELEMY, « Le Député ministériel »)

L’accueil de cette nouvelle avait été bon même pour le premier public puritain… car il n’avait pas lu entre les lignes cette obscénité des méthodes de domptage, cette infériorité de l’homme sur l’animal… et ce passage à l’acte sous-entendu. La passion charnelle comme un acte divin sans les hommes…je vous laisse découvrir le reste seuls.

Cette nouvelle me plut même si cette deuxième lecture me perturba un peu, moi qui comprends la sensualité mais peu le passage à l’acte nécessaire. Elle me plut d’autant plus qu’elle était accompagnée par les dessins de Paul JOUVE. Et puis elle a eu le mérite de reprendre la réflexion sur ce qui fait notre attraction quelque fois charnelle aux animaux sauvages. De quoi reprendre le billet sur les animaux féroces imaginaires d’une autre manière aussi. Cela ne m’empêchera pas de frissonner au rourou de ses félins, moi, connaissant le secret de ce ronronnement rauque et chaud propre aux grands félins.

*source Mignonne, Paul JOUVE (couverture de mon édition)

Vous pouvez lire la nouvelle complète ici et vous délecter du travail de Paul JOUVE très légèrement . Mignonne est à considérer comme un personnage féminin de l’œuvre de BALZAC à part entière nous dit-on. A vous de lire!

Le chat qui venait du ciel

« Le chat qui venait du ciel » de Takashi HIRAIDE est un petit livre largement autobiographique qui pourrait se lire comme une histoire plate, uniquement intéressante pour un de ses héros, le chat Chibi.

Un couple habite une maison louée, en voisinage d’un grand pavillon japonais traditionnel occupé par les propriétaires, entouré d’un immense jardin. Le chat du voisin vient par hasard chez eux, libre à jamais, et le couple adopte ce visiteur du quotidien qui rythme leur vie. Le déroulement des jours, des saisons et des années entre cette maison, le grand pavillon laissé à l’abandon suite aux vicissitudes de la maladie et de la mort, le jardin et le nouvel appartement.

Mais voilà, il s’agit de bribes de vie d’un poète et les personnages se retrouvent bien plus nombreux que nous pouvions le croire. Le chat, bien sûr, « J’avais même fini par croire qu’il était sensible aux métamorphoses invisibles du vent ou de la lumière», mystérieux, évanescent, visiteur éphémère du foyer de l’auteur.
Mais aussi ce jardin majestueux, à côté, en attente de l’attention d’un homme prêt à s’occuper de lui ou cette sente en zigzag, « le passage de l’éclair », chemin délimitant le voisinage et cloisonnant ces quelques maisons du quartier complet.
Et la maison occupée par l’écrivain est une véritable « boite noire qui ne reflète que les éléments essentiels », une maison japonaise aux panneaux de papier translucides ou opaques, mobiles ou fixes, aux ouvertures qui donnent accès à la lumière ou au vent. La vie s’y voit à l’intérieur et à l’extérieur, par le truchement des fenêtres, des fusuma (cloison mobile tendue de papier épais) ou des shôji (cloison coulissante dont le fin grillage de bois est tendu de papier) et le passage des vivants dans la sente. La tradition apparait avec ces rites : une pièce, anciennement dédiée à être un pavillon de thé, permet par sa fenêtre ronde d’admirer la lune… J’aime cette image d’habitat poétique, où l’intérieur et l’extérieur sont imbriqués, l’humain et la nature, les saisons, les contes aussi. J’ai eu une fugace hilarité en pensant à cet auteur en prise avec la contemplation du lapin battant la préparation de mochi et ne peux pas m’empêcher de penser à cet autre chat, sans nom, se battant, lui, avec le mochi confectionné .


*source d’un lapin (usagi) et son mochi sur la lune

Ou encore la vision de ce chat, venant dans la salle de bain pendant le bain de l'écrivain, qui devient le Sansuke (désigant autrefois le domestique chargé de chauffer l'eau du bain public ou encore de frictionner le dos des clients) "qui rince le dos et s'enfuit à la première goutte...".


Et puis ce rythme de vie, ce destin humain, est à lui seul un être à part. « Machiavel, dit-on, concevait le destin de la façon suivante : la Fortune règne sur plus de la moitié de la vie humaine, l’autre moitié, ou plutôt ce qu’il en reste, tente de faire front et c’est ce qu’il nomme virtù (…) « virtù », qu’on pourrait rendre à l’aide de vingt mots ou plus – courage, vertu morale, génie, habilité, bravoure, persévérance, élan-, ou encore « nécessité » (…). ». Un geste spontané, dans sa répétition, devient comme allant de soi. Un déménagement, un changement de cap professionnel, une transmission (à défaut d’enfant), sont des équilibres à trouver, des attentes et des silences, même dans l’écriture : en parlant d’un de ses amis écrivains l’auteur nous dit, « Il n’avait presque rien publié. Les êtres nobles ne songent pas à écarter les autres pour s’ouvrir un chemin. Il devait lui sembler que les temps allaient dans le sens d’une mise à l’écart des purs. »

Sous ses airs de nonchalance, de nostalgie, c’est une pensée pour l’ancien Japon, loin du béton, et de la poésie au quotidien : capturer un éclair (j’y reviendrais), faire de la géométrie pour ailier l’œil et le ressourcement, la consolation, choisir la liberté humaine et animale (qui comprend le fait de ne pas faire d’enfant).

Tout est déclenché par ce chat, Chibi, mi diablotin, mi dieu :
« Je me suis alors souvenu d’un passage du Nihonshoki décrivant le dieu de la chasse : Au pied d’un arbre à côté du puits, devant le portail, se tient un beau visiteur. Nul ne peut se douter qu’il n’appartient pas au commun des mortels. S’il venait du ciel, il aurait le visage céleste. Celui qui vient de la terre doit avoir un visage de la terre. Il était d’une telle beauté, serait-ce lui qu’on nomme Soratsuhiko ? ». Petit animal devenant fou pour des squilles, comme un enfant ou un animal sauvage…


*source neko et squilles de Benjamin SIEGEL

Et puis rien ne finit avec lui, si ce n’est que le chat (neko en japonais) est le protecteur de l’enfance au Japon…à vous de savoir lire entre les lignes si cela vous chante !

Vous voulez d’autres mises en bouche : Katell vous ouvre la porte de cette poésie, Arlette nous y parle de fragilité de l'instant et de non possession, Cathulu poursuit et ici, et encore vous aurez d’autres chemins de lecture.

mercredi 21 octobre 2009

Le syndrome Godzila

J’ai beaucoup aimé « Le syndrome Godzilla » de Fabrice COLIN, même si j’aurais bien suivi l’auteur encore plus loin, vous verrez.

Il est question de Daniel, adolescent solitaire, qui suit son père dans ses mutations professionnelles à travers le monde. Son emploi du temps est monotone, son investissement, dans les nouveaux lieux de vie, minimal. La maman, absente, suicidée, laisse les deux hommes seuls avec leur vie, sûrement sans repère et en tous cas sans communication. Le jeune enfant devient un adolescent au gré des paysages : « Chaque fois, l’océan devient plus sombre et tourmenté. Comme moi. »
Mais dans cette ville de bord de mer, abandonnée aux éléments plus qu’aux hommes, un homme est assis sur un banc public un sac sur la tête et tout commence : « Dans un monde idéal, je me tournerais vers mon père et je lui montrerais : hey, t’as vu ça ? Ce type qui reste tout seul sous la pluie ? Seulement il y a certaines choses qu’il vaut mieux garder pour soi. Non pas qu’on ne puisse rien expliquer. Non pas que la communication soit définitivement impossible. Mais le fait est que ce type à enfiler un sachet en papier sur sa tête. »
Ce type s’appelle Godzilla en référence à son rôle d’acteur dans les films de série B du père. L’histoire racontée de cet homme au visage caché représente une mise en abimes des errements adolescents. Est-ce un être imaginaire ? Un vrai monstre ? En tous cas, la rencontre arrive au bon moment : « Je me sens gamin, adulte, apaisé, en colère. Je me sens prêt pour l’aventure. » N’est ce pas ce qu’il faut pour déplacer des montagnes ?
La mort est abordée mais surtout l’absence, la mort vue par ceux qui restent. Une jeune femme accompagnée de son père mourant fait tous les enterrements, pour se préparer, le temps serait immuable, nous seuls serions en partance, les morts seraient alors libérés des entraves (desquelles ?). Pour les vivants, une seule tristesse possible : rater le présent !
Notre venue au monde, le cataclysme que peut être notre arrivée pour ces parents peu préparés, est ici face à la vie de l’individu en devenir : est-ce qu’il en a qui sont fait pour vivre, pour mourir ? Est-ce qu’il y a un temps pour arriver au monde ?
La vie en bilan, de ce monstre caché, le Godzilla, concentré de toutes les erreurs humaines, fait défiler les propositions de fuite d’une vie, des manières pour devenir, soi, un monstre. Un élan vital nous prend alors, peut-être pas à ce point là : « Je comprends soudain (une pensée qui me semblera aberrante au réveil, et dont je peinerai en vain à retrouver le sens profond) que pour devenir le plus fort, pour faire peur aux gens, pour que les gens vous respectent & vous craignent & vous vénèrent & vous fuient, il faut avoir beaucoup souffert, être parti sur les chemins brûlants –être revenu. »
…mais au moins de ce dire que chaque adolescent peut revenir de ce néant. Juste pour ne pas dire : « Il s’est trompé de vie- ou sa vie s’est trompée. »
Lily nous offre aussi une belle proposition de lecture de ce livre . Merci Lily de ce livre voyageur. Cathulu a aussi été emballée par ce roman sur la souffrance des êtres en devenir.

Juste un regret, j’étais prête à aller plus avant inspecter mes monstres intérieurs. La peur de la décrépitude, le regard des autres, la difformité physique ou le hors-norme intellectuel. Ce livre propose un passage de l’adolescence à l’âge adulte… j’aurais aimé aller encore plus loin dans l’idée d’une vie sans choix possible : l’adolescence est un passage à vide ou tellement confus que souvent nous ne voyons pas d’avenir à cet adulte que nous ne sommes pas encore. Cela permet alors de chercher par soi-même ses propres réponses ou comment nous sommes passés de ce monstre en devenir à un autre (monstre humain) ou tout simplement un individu en 3D, avec de la substance.

Un rêve pour toutes les nuits

« Un rêve pour toutes les nuits » de Lisa BRESNER, illustré par Frédérick MANSOT, calligraphié par Dong QUIANG, est, avant tout, un conte.

Petit Tang a du mal à dormir, il part à la recherche de rêves. En suivant la grande muraille de Chine, des gardes royaux lui donneront des pistes, des ancrages au rêve. Mais pour rentrer chez lui, il lui faut demander au roi. Il a disparu et quand, enfin, il est retrouvé, ce dernier lui demande d’aller au sud pour trouver le pêcheur qui l’emmènera jusqu’au dragon de l’est. Au fil des pages, la Chine s’offre à nous, par son paysage (rizières, jardins de thé, élevages de bombyx à soie), par ses traditions explicitées par les idéogrammes (le ciel est rond pour les chinois comme leur ombrelle, la terre est carrée comme leurs chaussures). Puis ce sont les couleurs (le mélange) et la formation d’un paysage à l’asiatique : une montagne et une cascade, avec une carpe, un pêcheur et un enfant… d’un certain côté j’y retrouve bien les personnages chers à la peinture chinoise : le sage et l'enfant que je vous présentais avec Fang ZENG ici
La poésie, une certaine philosophie et une initiation à la culture chinoise sont là, à portée de main… et même à portée de petites mains toutes prêtes à écrire les idéogrammes.
Les illustrations sont superbes, coups de pinceaux fluides, couleurs et aplats de « papier peint » sur les habits ou la terre. Le livre permet, par la suite, une belle découverte des idéogrammes chinois.
En cours (et au cours) de lectures, les idéogrammes prennent la place du mot français. A chaque fois, la méthode de calligraphie est inscrite pour permettre à l’enfant (j’en suis encore une) de le reproduire.

A la fin, cela donne cela…

Mais remarquez tout de même le marque page, rappel (ainsi que les dernières pages où tous les idéogrammes sont repris).

mardi 20 octobre 2009

Kitchen et Moonlight shadow

J’avais eu envie de lire “Kitchen” de Banana YOSHIMOTO avec ce souhait d’aller voir derrière le deuil ce que la jeunesse japonaise avait reconnu y mettre.



Dans la première nouvelle qui a donné son nom au titre du livre, nous suivons Mikage, jeune femme de 20 ans, les mois qui suivent la perte de sa grand-mère, unique personne restante de sa famille. Prostrée dans la cuisine, car pièce où toute son affection se porte, elle va progressivement reprendre goût à la vie et aux mets savoureux en habitant chez une mère et son fils, les TANABE. Nous pourrions avoir peur de s’embourber dans une atmosphère glauque et triste, et pourtant non. YOSHIMOTO nous offre un panel de sensations au dessus de la seule souffrance. Ici les paroles, les gestes du quotidien, les attentions sont d’une extrême importance. Que la maman, Eriko, de ce jeune homme, Yûichi, initiateur de l’hébergement, soit en réalité une femme est ici un détail anatomique. Pas de puritanisme, ni de tabou. Les personnes ne sont que leurs personnalités et elles rayonnent.
Mais quel rapport avec la cuisine ? Tout d’abord un rapport comme fraternel. Mikage aime les cuisines, cette pièce où les produits bruts vont devenir des mets pour elle, pour ses proches. Se nourrir c’est se garder en vie, c’est offrir aussi. De végétative, seule dans la maison de sa grand-mère défunte, à dormir à côté du réfrigérateur, Mikage devient une active cuisinière, centre d’un foyer déjà entier. De plus les repas sont choisis, sélectionnés, savourés et offerts comme un présent de choix. Et là, faire la cuisine est un art d’être au monde et à l’autre: “Dans l’ascenseur qui montait, Yûichi m’a dit: “Il doit bien y avoir un rapport, non?
- De quoi tu parles.
- Par exemple, quand tu viens de voir un superbe clair de lune, ça doit bien se répercuter sur la cuisine que tu fais? … Attention, je ne parle pas d’un rapport indirect, comme l’envie de préparer des tsukimi-udon [littéralement, “nouilles où on voit la lune”. Il s’agit d’une soupe aux nouilles coiffée d’un œuf sur le plat]…”
L’ascenseur s’est arête avec un tintement métallique, et j’ai eu soudain la sensation que mon Cœur se vidait. En marchant dans le couloir, j’ai demandé:
- Tu veux dire: un rapport plus fondamental?
- C’est ça! Quelque chose de plus personnel…
- Oui, c’est tout à fait vrai! Ca existe!” me suis-je écriée immédiatement.”

*source saveurs du Japon

“Kitchen” a une suite, “Kitchen 2” ou “La pleine lune”. YOSHIMOTO offre là un nouveau sursaut de vie après la mort. Que faire quand le rayon de soleil d’une famille part en plein vol? Se raccrocher à ce que nous pouvons, au passé, pour aller de l’avant. Redéfinir les relations dans cet espace nouveau. Est-ce un lien fraternel ou amoureux qui va découler de cette nouvelle perte? Dans ce second volet, la cuisine (en tant qu’art) prend une nouvelle place. Il s’agit maintenant d’un métier, d’une profession, d’une rigueur. C’est toujours prendre goût à la vie mais aussi aimer.

Dans la seconde nouvelle “Moonlight shadow”, Satsuki a perdu son petit ami dans un accident de voiture. Elle est encore avec les repères d’avant, en continuant à fréquenter le frère de ce dernier, atteint à double niveau (perte de son frère et de sa petite amie présent aussi dans le véhicule). Nous allons de l’avant d’une autre manière, active. Satsuki se nourrit moins et part courir tous les matins pour se décrasser l’esprit.
Une rencontre sur un pont va chambouler le cours monotone des jours. Urara, cette autre demoiselle japonaise, à l’aura lumineuse, dispose comme des petits cailloux blancs d’éveil et laisse envisager un rendez-vous fantastique, un lien entre le ciel et la terre, entre le monde des vivants et celui des morts, le phénomène de Tanabata.
Ici point trop de cuisine mais bien un thermos, un contenant de thé, pour se réchauffer. Parti dans le fleuve, réoffert aussi comme un don précieux, un lien amical, la boisson chaude comme une sève de vie.

Le deuil est ainsi le sujet mais d’un côté, comme une base à se recréer, de l’autre comme un adieu à faire, ce roman offre alors une nouvelle mesure aux conventions du deuil, la nourriture et le fleuve ont leur importance mais autrement. Les personnes accompagnantes sont précieuses, de véritables soleils, personnes incarnées et rayonnantes, à l’identité trouble aussi (sexuée ou autre). Le deuil est alors remis au cœur du cycle de vie, comme une souffrance, grande, importante, et pourtant surmontée.
“Ta grippe, a dit calmement Urara en baissant un peu les paupières, est en ce moment dans sa phase la plus dure. C’est sans doute même plus pénible que la mort. Mais après, les choses ne vont sans doute plus empirer. Parce que les limites de chacun ne variant pas. Peut-être que tu attraperas encore des tas de grippes, et que tu auras à affronter d’autres moments comme ceux-ci, mais si tu t’accroches, ce ne sera jamais plus éprouvant que cette fois. Les choses fonctionnent toujours de cette façon. Bien sûr, on peut se décourager à l’idée que les ennuis vont se répéter, mais on peut aussi penser que ce n’est pas plus grave que ça, et alors les choses deviennent moins pénibles, non?” Et elle m’a souri.
Les yeux ronds, je suis restée muette. Est-ce qu’elle me parlait uniquement de la grippe? Est-ce qu’elle essayait de me dire autre chose? …”


Les personnages très jeunes, pas encore sortis de chez leurs parents, sont aussi à une étape particulière de leur vie, là où les choix permettent de se trouver. Comme si cela se passait en une nuit, éveillée, de pleine lune, et qu’au lever de soleil, la vie d’adulte, la vie avec et sans, se réveillait.

Rose nous livre sa vision, entre fantastique et brouillage d’identité pour illuminer encore la vie, je ne peux qu’être d’accord et adoré aussi cet incipit.
Katell nous livre un peu plus de cette sensation de rentrer dans les cuisines et de cette sérénité d’être là aux petites choses
Un très bel avis est proposé , reprenant les thèmes chers à Banana YOSHIMOTO
Dans cet avis , l’amour et la mort prédominent, ici le deuil et enfin pour avoir une petite idée de l’auteure. Ce sont là, en effet, deux histoires pour continuer à vivre, pour passer de la douleur foudroyante de la perte à celle lancinante des mois du deuil et enfin à la nostalgie du souvenir: merci encore Lily

lundi 19 octobre 2009

Le bonheur des petits poissons


Simon LEYS, dans ses chroniques littéraires, prend à part la culture, la digère et se la réapproprie avec sagacité et pertinence. Il est vrai que l’auteur fait continuellement références aux écrivains, philosophes ou artistes et que pour comprendre en profondeur sa position il nous (me) faudrait chercher plus loin. Seulement, la juxtaposition des pensées d’autrui se mêle à la qualité de la réflexion de LEYS. J’ai pris un malin plaisir à cette lecture de "Le bonheur des petits poissons, Lettres des Antipodes".



D’une part, car il marque un reflet de certaines de mes préoccupations du moment : il ne faut pas oublier que Simon LEYS, ou Pierre Ryckmans, sinologue, est aussi connu pour ses traductions d’artistes chinois, et en cela, je retrouve des prolongements à mon billet sur la pensée avant l'action de peindre. J’ai encore plus envie de m’offrir « Shitao : Les propos sur la peinture du moine Citrouille-amère », dans mes mains un jour et reposé, repris un autre jour et encore reposé.
Mais aussi, parce que ses « lettres aux antipodes », courtes, rappellent une méditation sur la création tout entière. Loin des sentiers battus, cette lecture est salutaire, elle fait le pont entre toutes les formes de création (musicales, littéraires ou artistiques) et allie pensées occidentales et asiatiques. Quelques anecdotes, des incongruités prises ici et là, rendent vivant le rapport de la création au réel : du bon goût, apanage des personnes sensible au beau et non à la proximité créative, des rapports vitaux des écrivains à leurs critiques littéraires (comme une femme nue offerte à la vue, même laide, l’on se surprend à désirer la regarder), aux vies des écrivains non décalquées dans leurs œuvres, en passant par le manque d’inspiration. Soit la recette d’Hemingway, « écrire chaque jour quelques lignes comme on tire de l’eau d’un puits ; après un seau, disait-il, la nappe souterraine reprend son niveau. Mais si vous pompez trop d’eau d’un coup, vous risquez de vous retrouver à sec. » Qu’il est bon de suivre l’auteur dans son plaidoyer pour la lecture salvatrice de romans. Œuvre d’imagination mais aussi œuvre d’un historien du présent, LEYS nous rappelle avec une joie communicative ce qui est sain en considérant, à juste titre, que déjà la conscience humaine est une maladie : « Ce que je voulais souligner est simplement ceci : notre équilibre intérieur est toujours précaire et menacé, (…) et finalement c’est peut-être un personnage de Mario Vargas Llosa qui a donné la meilleure description de notre commune condition : « La vie est une tornade de merde, dans laquelle l’art est notre seul parapluie. » »




Lire d’un seul tenant est jouissif, je n’ai qu’une seule envie, reprendre la lecture pour tous les apports de cet auteur : sa magnifique éloge de la paresse loin de l’oisiveté pourtant ou encore sa philosophie de vie : « Samuel Butler compare la vie à un solo de violon qu’il nous faut jouer en public tout en apprenant la technique de l’instrument au fur et à mesure de l’exécution. » et « quiconque, en fin de parcours, a le sentiment d’avoir réussi sa vie, ne devait pas avoir visé bien haut au départ. » ou encore toutes les miscellanées sur les écrivains, musiciens ou artistes évoqués, ses envies de fumer rien que parce que c'est interdit (et bien plus que cela).

livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com


Un superbe billet sur les compétences de ce sinologue et un retour sur ce livre, c'est ici sur le blog de Littérature chinoise & traduction. Vous y trouverez les noms des artistes chinois cités et la mentalité de cet auteur. De quoi donner envie d'aller encore plus loin.... mais oui j'ai maintenant « Shitao : Les propos sur la peinture du moine Citrouille-amère ".

Mon frère nocturne

Il avait un petit papier dessus. Un petit mot laissé là par l’un des libraires. « Une révélation ! » En proie aux doutes existentiels, à un manque de confiance en moi chronique et à un état fébrile, j’ai eu envie de me laisser guider et je suis partie avec « Mon frère nocturne » de Joanna HELLGREN, petit roman en bédé.
Jakob va avoir 10 ans dans un mois. Toutes les nuits, il rêve de son frère. Il ne sait pas s’il s’agit en fait de lui-même ou de cet autre, mort à 10 ans, avec le même prénom, tout juste 9 mois avant sa naissance.

« Il est mon frère, son nom était Jakob, comme le mien. Comment savoir sa fin et mon début. Il n’y a pas de différence, croit maman. » Sa maman en est sûr il s’agit bien d’un retour du premier fils sur terre et les affinités de ce second sont tellement identiques à celles du premier qu’il n’y a pas de doute possible. Ils écrivent des chansons au piano… les mêmes.
Jakob sait que, comme son double, 10 ans plus tôt, il mourra à son dixième anniversaire. Et nous voilà dans la tête de ce garçon.


Ce roman dessiné est magnifique, les illustrations en noir et blanc sont quelque fois austères, très travaillées, fouillées ou juste stylisées. Des détails sont suivis d’amas d’encre noire. Des fulgurances et des idées noires comme celle du garçon. Loin d’être une histoire glauque, il y a de la vie sous les lignes et les croquis ! Derrière la culpabilité de cet enfant à n’être même pas tout à fait l’autre pour sa mère, à être transparent ou un boulet pour ce frère rêvé, il y a toute la symbolique de l’arrivée d’un enfant dans une famille. "Elle parlait du chagrin dans tes yeux. Elle te parlait comme à quelqu'un de grand alors que tu venais de naître."
Un prénom choisi plein de sous-entendu, de secrets, de drames non digérés. Une enfance pris en étau par les désirs des grands. L’éclatement familial. Mais aussi toute cette douleur et cette naissance pour guérir, ainsi que la différence chez l’enfant.

Il y a toute cette vie en l’enfant, cette créativité et cet investissement à se construire une identité… les mots et les illustrations se répondent, l'écriture elle-même, manuscrite, nous emmène comme à la lecture d'un journal intime. Et la lecture est salvatrice… pour une maman en quête de parentalité non-autothérapeutique.
N’hésitez pas à lire les billets suivants pour ne pas tarder à vous le procurer : ici, et encore .

jeudi 15 octobre 2009

Annie du lac

"C'est l'histoire d'Annie et d'autres choses encore que je vous raconterais après.
La voici, assise sur une chaise. Pas très jolie, ni trop vilaine. Elle a un grand nez et de grands pieds. Si on pend une ficelle au bout de son nez, elle arrive à la pointe de ses orteils très exactement."

Voici le tout début de "Annie du lac" de Kitty CROWTHER, pour vous donner envie de suivre ce personnage, encore singulier, humain, fragile, dans un monde réel ou onirique mais qui ne laisse pas indemne.

Rajout du 27/01/2013: J'en parle ici.

Enfants des sables, une école chez les Touaregs


« Enfants des sables, Une école chez les Touaregs » de Moussa AG ASSARID et Ibrahim AG ASSARID est un livre plein de sagesse.



Cela aurait pu être un récit de vie, beau mais simple, ou mièvre, il n’en est rien. Nous suivons l’aventure réelle de deux frères Touaregs du Mali vers l’instruction (ou comment lire « Le petit prince » de Saint-Exupéry tombé des mains d’une journaliste du Paris-Dakar) et le passage du flambeau de l’école à leur communauté. C’est l’histoire d’un projet de vie mais aussi d’un tournant dans le mode de vie de ces nomades. Au départ, les deux voix s’entremêlent, nous contant leur périple vers des études secondaires. Puis c’est un don de soi qui prend la suite, les deux frères vont ouvrir une école pour les enfants Touaregs et, comble d’un certain paradoxe (qui se délie au fil des pages) pour que leur culture ne disparaisse pas. L’étincelle du projet, les solutions trouvées, les sensibilisations, les motivations à donner aux acteurs, aux familles, la réalité hors des campements (vie et mort), la pérennité de l’entreprise, tout cela nous amène loin, de nous, de notre scolarité mais aussi de notre culture…et nous y ramène. Il est dit du premier livre de Moussa AG ASSARID qu’il s’agissait d’une confidence au coin du feu faite en buvant les trois thés des nomades, ce livre-ci nous apporte aussi dans le désert avec cette sincérité des amis.

Et là est toute la richesse du livre. J’ai aimé le récit de vie de ces deux frères mais plus encore toute leur réflexion sur leurs traditions, leurs voies pour l’avenir de leur ethnie et leur sagesse dans l’éducation.
Ce livre est très fort pour nous montrer ce que l’éducation des enfants amène comme dangers dans la vie des nomades. Dans le désert, tout le monde est mis à contribution pour survivre, les enfants y compris. La seule richesse est le nombre de chèvres et la vie en groupe, solitude et entraide mêlées. Les enfants après leurs études peuvent ne pas vouloir revenir et subvenir aux besoins des plus âgés. Les Touaregs sont aussi un peuple réuni, important dans leur groupe et non dans leur individualité. L’ouverture vers l’occident est aussi un potentiel déracinement, une perte des repères, de l’être même (élément indissociable du groupe). ...
Tout s’oppose à l’éducation : l’éloignement des familles élargies, le rassemblement très près de cet autre peuple avec qui l’histoire les a opposés, les Songhaïs (un des peuples noirs, les Touaregs ont la peau plus claire, pour le plus visuel). Le conflit Touareg est expliqué ici et la suite .


Le poids des traditions reste très présent, l’avancée est difficile. Pour motiver les parents, il faut les référents de la culture, en plus des initiateurs du projet. La sensibilisation aux menaces dû à la sécheresse et au contexte démocratique des pays (nomadisme voué à disparaitre dans la forme connue, non-représentation des minorités si ce n’est par elles-mêmes) doit s’appuyer sur les traditions même : l’Imam (pilier de la culture), une femme (l’âme des campements) et un père de famille, le père d’Ibrahim et de Moussa (porteur de l’autorité). L’éducation est un risque. Le père des deux frères apporte sa première pierre d’achoppement à cette sagesse de vie : « Il estime qu’il faut prendre le risque d’évoluer. Mais évoluer, ce n’est pas renier. Il sait que, où que nous soyons, nous reviendront toujours boire avec lui le thé sous la tente. Il nous a appris à respecter le passé sans pour autant le subir. ».

La vie nomade est condamnée, Moussa AG ASSARID le confirme ici ou lors d’un discours à l’ONU (dans le cadre d’un Forum des Peuples Autochtones FIPAU en tant que membre de l’Indigenous4earth): vous pouvez le lire ici. Si le FIPAU (belle entreprise dans l’idéologie, moins bien desservie par leurs dirigeants et leurs budgets) vous intéresse et que vous souhaitez suivre les débats, c’est ici.

Le livre montre aussi la force de caractère des deux frères, l’un investi en France pour rechercher les financements, mobiliser des personnalités et au Mali pour sensibiliser les familles dans les campements, l’autre investi à l’école en tant que professeur, directeur, crédible car soutien des traditions et soutien de famille. Leur destin marque une opiniacité, une ouverture vers les autres d’une sagesse désarmante. « Je suis leur professeur, ils m’enseignent la vie. »
Même leurs vies amoureuses se trouvent mobilisées, comme dit Ibrahim, « Nous n’avons pas le temps de la légèreté. », il faut tout de suite se souder et croire en l’avenir ou comment faire des enfants pour soi mais aussi pour crédibiliser une position, pour perpétuer l’espoir d’un peuple.

Quelques portraits d’élèves montrent le rapport, particulier, du peuple nomade à l’éducation. Des exemples multiples et infinis de cette difficulté à suivre la voie de l’éducation mais aussi cette attirance du savoir, cette volonté de représenter son peuple, d’être l’instructeur de sa famille, d’être libre de son avenir. Loin d’être une scolarisation obligatoire, là se dévoile une éducation pour la liberté.
Et puis pour compléter cette belle lecture, tellement instructive, quelques différences majeurs de pédagogies familiales entre les Touaregs du Mali et les parents français. Entre autre : la responsabilisation des enfants, très tôt, peu de limites même prudentielles (éprouver soi-même le danger pour faire sienne la directive), professeurs comme véritable guides, en écho de l’éducation parentale, inculquer comment se défendre contre les attaques, sans l’aide d’un tiers, la débrouillardise mise au rang principal pour ne pas avoir l’illusion d’être soutenu à vie.


livres, critiques citations et bibliothèques en ligne sur Babelio.com Merci à Babelio et aux éditions Presse de la Renaissance.

L’école des sables de Taboye au Mali existe vraiment, pour avoir l’impression de rendre visite à Ibrahim et à son internat, c’est ici. Et n’hésitez pas à lire les dernières nouvelles, les suivantes seront à suivre sur le blog d’ENNOR ou celui de Moussa AG ASSARID ou encore celui de La Caravane du Coeur. Le projet est superbe et mérite bien le support de la Succession Saint-Exupéry, l’école est décrite dans cette lettre. Si cette fratrie AD ASSARID vous intéresse, le blog Awanekkinnan vous livre billet par billet un peu de leur sagesse et nous amène à reconsidérer la scolarité des enfants au Mali.




Alors? ou Le bain d'Elias : merveilles dès 2 ans



Souvent je trouve les livres de toute petite enfance bien mièvres. Heureusement Kitty CROWTHER en a proposé qui ont fait mon ravissement et celui de mon fils. 2 ans, 3 ans: oui, oui, même avant. Même dans ce cas, ses livres sont fins, sensibles et ouvrent tellement de portes.

« Le bain d’Elias » est un livre cartonné sur le bain…


« 1.2.3 je prends mon bain… 4.5.6 maman m’essuie », rien de plus simple et pourtant… le grain de folie est là, une pirouette de la vie que seuls nos petits diablotins savent faire… (indice)

sans compter un doudou grenouille comme Jérémie la grenouille de « Scritch Scratch Dip Clapote ! »


*source Alors

Et « Alors ? » alors ?

J’ai hésité à le prendre celui-là, comme le bain, le trouvant plus simple. Et en fait, il n’en ai rien. Une salle de jeu avec ballon, coffre à jouets, cube de construction, livre et table où prendre le thé (ou le café salé…clin d’œil à « Mon ami Jim »).

Un premier personnage rentre, déguisé, animal ou humain, peu importe. Il s’installe et va être suivi de nombreux autres personnages, doudous, animaux de compagnie ou jouets… tous en attente d’un événement fort. L’illustration est encore magnifique, très réaliste et pourtant très fantastique. J’aime énormément ses stylisations, ses détails, le choix des objets, des personnages, de l’histoire jamais si simple. La part de rêve est conservé, les mystères non résolus et pourtant identifiable. L’histoire se poursuit même sans le héros. Cela ne vous dérange pas de connaître le mystère, alors vous avez un billet très complet ici.

Vous n’êtes pas convaincus, regardez donc la vidéo sur le site des éditions L’école des loisirs… ici en recherchant entretiens vidéo avec les auteurs, Kitty CROWTHER… alors ?

lundi 12 octobre 2009

Nouveaux arrivants

... tous deux très poétiques, à leur manière:"Basho, le fou de poésie" de Françoise KERISEL et Frédéric CLEMENT
"Mon jardin" de ZIDROU et Marjorie POURCHET.

Les billets suivront parce qu'ils le méritent.

Pas belle

© Claude K.DUBOIS / Pastel

« Pas belle » est un vrai coup de cœur ! Je persiste et signe: Claude K.DUBOIS est à suivre.

Stéphanie ne se sait pas belle. Oui, elle y a réfléchit, elle n’est pas aussi jolie que sa copine de classe, pas du tout comme les femmes/filles des magazines. Bien sûr son père dit que si mais c’est un papa, il l’aime et n’est pas objectif. Et les qualités de cœur ? Oui importantes, mais est-ce suffisant ?

© Claude K.DUBOIS / Pastel

Ce petit livre retrace la réflexion de Stéphanie. Le vague à l’âme est constant avec les prises de conscience d’une société tournée vers une norme de beauté, avec les facilités, l’attention que toute personne jolie provoque. Cette déconsidération de soi, de son image par rapports aux canons de la société, de la télévision que peut avoir toute petite fille à la puberté et juste après. Est-ce que ce serait mieux d’échanger ses qualités contre la beauté, plus « visible ». Est-ce que les parents préfèreraient une petite fille jolie ? Est-ce que les amis, la maîtresse et les garçons la prendraient alors en affection ?

© Claude K.DUBOIS / Pastel

Il faut toute la patience d’un père, toute la finesse des propos et quelques petites mises sur la voie pour que Stéphanie retrouve le sourire : un coucher de soleil, une vieille poupée… enfin pour se sentir bien avec soi et le regard des autres. © Claude K.DUBOIS / Pastel

Le graphisme est tout en subtilité, noir et blanc pour les flash back, sépia pour la vie.

L’autre, son apparence comme « un pays à découvrir », pas une plage ouverte aux touristes, un endroit rien qu’à soi où l’on aime revenir. Partout les mots sont justes, pertinents, poétiques. Ce petit livre dégage une philosophie qui me touche énormément, je le recommande à toutes les petites filles, en particulier, aux femmes aussi pour réapprivoiser leurs reflets, aux petits garçons qui vont être aussi pris dans le jeu des images de société et aux hommes, futurs papas ou simples amateurs de femmes pour se conforter, aussi, à leurs dire des mots doux.

Le nuage

© Claude K.DUBOIS / Alice jeunesse

J'en parle : Claude K.DUBOIS est une auteure/illustratrice à suivre. J'ai aimé ce tout petit livre "Le nuage".

« Le nuage » est l’histoire de cet enfant sur qui un nuage de tristesse s’abat tous les jours. Le garçon se fâche, est triste et reste seul. Seule avec ce malaise, ce mal-être. Seul et sans amis, parce que c’est dur de l’oublier ce nuage, parce que cela fait peur aux autres. A tous les autres… peut-être pas.

© Claude K.DUBOIS / Alice jeunesse

C’est une histoire très courte, le graphisme en est le langage, accompagné de très peu de texte. Alors si la magie des dessins de K.DUBOIS opère aussi sur vous, vous y verrez de la finesse, de la sensibilité.

Le grand désordre

J'attend son nouveau livre alors pour vous donner l'eau à la bouche, voici un de mes anciens billets sur Kitty CROWTHER. Un livre sur le bazar dans la maison.


Mais « Le grand désordre » de Kitty CROWTHER me convient pour de nombreuses autres raisons. Cette auteure/illustratrice jeunesse m’interpelle, me ravit, m’emmène comme dans une maison ou j’aime me blottir. Vous me savez fane, oui, oui, je parlais de sa petite mort et de ses livres pour tous petits ici… et je parlerais de tous ses livres ! Et celui-là donc ! Et bien une jeune femme, Emilienne, laisse chez elle un grand désordre. Elle vit seule avec son chat et cela ne la dérange que peu mais son amie, elle, se sent de plus en plus incommodée par sa façon d’être et ne prend plus plaisir à lui rendre visite. Alors les soupirs arrivent, il faut faire le grand ménage.


Une histoire belle et poétique mais bien plus. C’est toute une spiritualité de vie qui se dégage. Le désordre n’est pas diabolisé, la remise en ordre est comme une forme de ressourcement, pour se remettre en ordre aussi. L’utilisation du temps a aussi la part belle. Cette oisiveté de l’éveil, de la curiosité, est mise en valeur autant par de petites créatures qui dérangeraient l’intérieur d’une maison et cette notion de marée nocturne qui apporteraient son lot d’objets, que par la place importante des activités d’évasion : herbier sauvage, premier rayon de soleil, dernier de lune, baignade sauvage.
Emilienne est une jeune personne entre enfance et âge adulte. Les amis, comme les objets, ont une place importante dans sa vie… les discussions, les confidences, l’attention aux autres… la nostalgie et la transmission.
Par les objets, l’amitié se dessine, les affections se créent. Et l’histoire d’un caillou peut devenir une vraie aventure. Ou comment recycler de l’amour, des objets, du créatif et de l’imaginaire. Clarabel nous livrait ici son avis sur le rangement proposé par Emilienne de nos bibliothèques personnelles. Lily nous offrait sa vision d'un livre plein de sagesse, très adulte en fait.

J’aime ce livre, le lis et le relis pour toute la poésie, pour cette impression subtile d’être chez une amie, entourée, enlacée par des mots, des paroles, des ressourcements divers et je donnerais cher pour transmettre moi aussi cette saveur à mes enfants, petits-enfants… un livre sur les soupirs : quelle belle idée « 2 soupirs : un souci ; courir trois fois autour de la maison et suivre la première idée qui vous vient. 3 soupirs : mettre les pieds en hauteur et lire les 100 meilleures blagues de l’année ou « Moumine le Troll » de Tove JANSSENS. »
Une lecture qui laisse une atmosphère dense et loin d’être fugace qui nous permet de suivre quelques petits bonheurs quotidiens et de voir en notre désordre aussi des trésors. Le chat d’Emilienne s’appelle Daguerréotype… cette innocence et cette pertinence dans l’hygiène de vie de l’héroïne est faite de ce procédé là « L'image produite par cette méthode est si fragile qu'elle ne supporte pas la plus légère manipulation, et doit être protégée contre tout contact. » (extrait tiré d’ici )

Et me croirez-vous mais l’intertextualité me plait, j’aime à suivre certaines façons d’être et de vivre, alors les pieds en l’air je lis « Moomin et les brigands" de Tov JANSSENS, j’en reparlerais… et que dire de ces capucines si importantes pour moi, de ces baignades de minuit et petits bonheurs…

vendredi 9 octobre 2009

Les cerfs-volants de Kaboul

J’ai lu « Les cerfs-volants de Kaboul » de Khaled HOSSEINI et je l’ai aimé.



A travers les confidences d’Amir, afghan pachtoun, nous suivons son enfance, liée à son domestique, ami, Hassan, afghan du peuple Hazara. Dans une Afghanistan aux tensions entre les différentes ethnies, Amir nous dévoile ses parts d’ombre, son exil de ce pays en guerre, sa construction identitaire et professionnelle ainsi que son retour en terres d’enfance pour se pardonner lui-même d’être ce qu’il est. L’histoire m’a happée mais aussi et surtout les thèmes abordés.
Les relations père-fils sont décrites entre tradition, culpabilité, besoin de reconnaissance et désabus. Baba, le père d’Amir, homme d’honneur, de force musculeuse et mentale, ne se reconnait pas dans son fils. Ce dernier est plus adroit au jeu de sherjangi « la bataille des poèmes », qu’au sens héroïque et animal demandé par le tournoi annuel de buzkashi « polo attrape chèvre » (dont vous trouverez un très beau billet ). Il est littéraire et faible et ne doit sa tranquillité d’enfant qu’à son complice, ami, domestique, Hassan, plus prompt à la bagarre de défense. « Les enfants ne sont pas des livres de coloriage ».

*source de Buzkashi


Les tensions ethniques au centre du livre, entre Hazara, chiite, et Pachtoun (achtou, pathan ou afghan), sunnite. Cette incompréhension, ignorance ou désaveu, qui plane dans l’éducation : les uns obligatoirement domestiques des autres. Amir, enfant, découvre comme seul élément d’éducation institualisée un livre : « Il avait été écrit par un Iranien nommé Khorami. Je soufflai dessus pour en ôter la poussière, l’emportai discrètement dans mon lit ce soir-là et découvris avec surprise un chapitre entier consacré à l’histoire des Hazaras. Un chapitre entier sur le peuple d’Hassan ! (…) Il expliquait une foule de choses que j’ignorais, des choses que mes professeurs n’avaient jamais évoquées. Ni Baba d’ailleurs. En revanche, il ne m’apprenait rien en ajoutant par exemple que les gens traitaient les Hazaras de « mangeurs de souris » et de « mulets de bât au nez plat ». J’avais déjà entendu des enfants crier ces insultes à Hassan. » Pour vous faire une idée des ethnies afghanes, c’est ici.
L’esprit critique du père sur sa religion, l’islam, religion d’état, nous permet de se positionner de l’intérieur dans une société traditionnelle mais aussi sur une histoire. Les traditions s’en trouvent recolorées mais aussi toute la tragédie afghane depuis 1978. Vous ne voyez pas de quoi je parle : ici vous aurez un beau résumé. L’histoire nous permet de suivre l’exil vers l’Amérique, les nouveaux comportements, toujours codés mais différents et de retrouver la petite Afghanistan entre brocantes et marchés, secteur biens d’occasion. Les traditions perdurent, les mentalités restent autant pour les fiançailles, mariages, funérailles mais l’exil a apporté un peu de légèreté à la vie. « - Je constate que l’Amérique t’a insufflé l’optimisme qui lui a permis de devenir une grande puissance. Tant mieux. Nous autres Afghans sommes trop mélancoliques. Nous avons trop tendance à sombrer dans le ghamkhori, à nous apitoyer sur nous-mêmes. Pour nous, non seulement le deuil et la souffrance vont de soi, mais ils sont nécessaires. Zendagi migzara, affirme le proverbe. « La vie continue. » »
Et puis ces rêves prémonitoirs, ces vies parallèles aux envies d’enfants et de pardons. Cette guerre des enfants, commune entre générations, souvenir et résurgence des relations : la bataille hivernale de cerfs-volants. Il faut être le dernier en l’air et, grâce à son fil encollé au verre pilé, couper tous les fils des autres cerfs-volants : le roi est celui qui tient en main le sien, le dernier dans le ciel et celui du dernier vaincu, cerf-volant source d’une course poursuite dans les rues de Kaboul. Vous retrouverez ici des extraits du livre, des photos et explications reprenant cette activité d’enfants : à lire ! Nous imaginons alors Kaboul, ville florissante d’une enfance et ville détruite d’un adulte. Pour vous faire une idée de cette ville après l’histoire, c’est ici.

Cette lecture est assez salvatrice. En dehors de l’histoire, troublante, émouvante, nous suivons un personnage pas si bien sous tous rapports, menteur, égoïste, lâche. Coupable de ne pas être un enfant innocent mais courageux de retourner vers son passé. Comme le dit son ami, lui-même ami de son père, Rahim khan, pour ses débuts de romancier : « Ton récit témoigne d’une grammaire maîtrisée et d’un style intéressant. Cependant, sa qualité la plus impressionnante réside dans son ironie. Cette notion t’est peut-être inconnue, mais tu la comprendras un jour. C’est une chose que certains écrivains cherchent à acquérir tout au long de leur carrière sans jamais y parvenir. ». L’ironie d’une vie apparait là et même si le leitmotiv du livre dicté aussi par Rahim khan est « Il existe un moyen de te racheter », je trouve que le courage principal de ce livre, de ce héros, est de ne pas chercher le pardon, mais de revenir sur les traces de ses culpabilités pour aller de l’avant, ouvrir des possibles.


Rajout: Un extrait sur le folklore .

Katell l’avait aimé et moi je n’ai qu’une envie, voir le film, assez fidèle d’après Khaled HOSSEINI, et lire les BD « Photographe » de Didier LEFEVRE et Emmanuel GUIBERT. Le site de cette série en BD vous donnera peut-être l’eau à la bouche ou plutôt l’œil au cœur : elles reprennent les voyages de Didier LEFEVRE comme reporter photographique en Afghanistan à partir de 1986.

Je m'appelle Asher Lev


J’avais lu de lui "Le maître de lecture" et j’étais restée un peu en deçà. Et pourtant, là, j’ai été subjuguée, envahie par les considérations artistiques et religieuses de “Je m’appelle Asher Lev” de Chaïm POTOK.




Nous suivons les réflexions de ce jeune garçon de 10 ans, juif hassidique, épris de dessin. Un jour, cette forme d’expression devient naturelle, comme une respiration. Cependant, les orthodoxes juifs, et à fortiori les hassidims, ne voient pas d’un bon augure cette nouvelle passion.


*source Atelier Schlum (regardez donc les vidéos...cela donne envie d'y mettre nos enfants)


Cela fait quelques temps que rentrer dans une famille juive me touche et dans ce qui construit leurs particularités. J’aime y reconnaitre les différences à être juif, cette distance des ashkénazes par rapport à la religion due à une souffrance familiale extrême, cette soumission des femmes dans la partie orthodoxe traitée par certains, cette philosophie de vie entre réappropriation d’une histoire, orgueil et indifférence et cette transmission réelle, cette communauté non moins présente et la vocation de certains à revenir vers plus de religieux (devrais-je dire plus de spiritualité). Ici nous nous retrouvons dans la communauté fermée des hassidims américains et pouvons nous rendre compte de l’importance du Rèbbe, chef spirituel aux attributs charismatiques et le plus souvent thaumaturgiques. Et puis, grâce au personnage d’Asher, enfant en pleine déchirure entre sa foi et sa passion, nous suivons de manière très explicite les réflexions sur la vocation à être juif, sur les préceptes à retenir.


Loin de certains textes très fermés sur la tradition, ici, POTOK ouvre une fenêtre plus libérale. Les parents, choqués, opposent une répression puis une distanciation douloureuse. Mais plus paradoxalement, c’est le Rèbbe lui-même qui offre une compréhension encore plus large.
Oui, je sais que peindre le corps humain est défendu par la religion et que leur Dieu ne doit pas être représenté donc encore moins peint. Je sais que l’acte de dessiner peut être vu comme une perte de temps, alors considérer qu’être artiste est aussi une profession cela me paraissait assez surprenant dans de telles conditions. Et pourtant…
Voilà bien la force de ce livre…décortiquer le mal, l’acte de peindre, redéfinir ce qui fait d’une occupation enfantine un risque pour la foi et aussi une déchirure indéniable entre l’apprenti peintre et le reste de sa communauté. Jusqu’à quel point son entourage peut suivre les divagations manuelles d’Asher? Et à partir de quel moment Asher devient un mauvais juif? “Selon lui, il y avait trois catégories de juifs: le rosho, celui qui lutte contre le péché et les pensées mauvaises et qui s’efforce de vivre droitement – nous faisons Presque tous partie de cette catégorie, disait-il tristement; le benoni, dont les actes sont irréprochables mais qui n’est pas maître de ses pensées – très peu d’entre nous atteignent ce haut niveau; et le tzaddik. C’est la plus grande grâce que Dieu puisse nous faire; on naît tzaddik, on ne le devient pas. Seuls les tzaddikim sont maîtres de leur Cœur, disait-il en citant le Midrash.”

Ainsi nous suivons le parcours de cet enfant, à travers sa famille, son école, et son entourage plus ou moins attentive à sa passion. Il va aussi devoir faire des choix comme le lui rappelle son maître de peinture : “Comprends-tu ce que tu vas faire? Comprends-tu maintenant ce qu’à fait Picasso? Même Picasso, le païen, a dû le faire! On ne peut pas y échapper. Tu me comprends, Asher Lev? Ce n’est pas un jeu. Il ne s’agit plus de barbouillages enfantins sur les murs. C’est une tradition, une religion, Asher Lev. Tu vas devoir te convertir à une religion qui s’appelle l’art. Elle a ses fanatiques et ses rebelles. (…) Asher Lev, c’est une tradition de goyim et de païens. Ses valeurs sont celles des goyims et des païens. Ses concepts aussi. Son mode de vie également. Dans toute l’histoire de l’art en Europe, on ne trouve pas un seul juif observant qui ait été un grand peintre.” Une belle leçon de tolérance est offerte par les mots même du chef spirituel, de la compréhension du destin affiché et aussi un soutien vers une autre forme de vocation, accompagnée et initiée par le peintre juif Jacob Kahn.

Le second point fort de ce livre est de nous entraîner dans les considérations intimes de l’artiste. Du barbouillage à l’expertise, de l’occupation à l’initiation et au passage en professionnel. J’ai pris beaucoup de plaisir à lire sur cet aspect de l’artiste: son regard vers les choses. Tous les sujets sont à peindre: Asher et sa maman, en portrait, en silhouette, en situation… en matières et formes, en ombre… en vie et humeurs. L’œil est averti, pertinent, et sait regarder derrière le monde en points, courbes, lignes, ombres et lumières, effets. L’initiation de Jacob Kahn devenu son maitre de peinture me rappelle celle de Fabienne VERDIER : reprendre les anciens, copier, travailler, prendre modèle, puis vivre, transpirer ainsi…
Mais plus encore, retrouver la respiration derrière l’acte: “- (…) Des millions de gens savent dessiner, mais il n’y a pas d’art sans un cri jaillissant d’une façon particulière.
- Sans un éclat de rire aussi. Picasso sait rire.
- Sans un éclat de rire”.
Le matériel, l’atelier, les séances de travail, les attentes professionnelles, les attentes personnelles et les retours des spectateurs sont ici finement saisis. Et derrière les premiers émois en tant qu’artiste d’Asher, nous devenons nous aussi adulte. Les choix de vie mais aussi les rapports familiaux, rapports père/fils mais surtout mère/fils
Chaïm POTOK a eu un rôle important dans la communauté juive, en dehors de son parcours de romancier, rabbin mais aussi apprenti peintre. Il a donc connu au fond de lui ces tiraillements, et c’est sans doute pour cela qu’il a placé dans son œuvre des personnages clefs, juifs observants ou juifs “déchus”, plus inspirés par le respect des aspirations que le maintien de toutes les règles religieuses, soutien de la religion mais aussi ouverts vers le reste du monde. Des maîtres de lecture (cf "Le maître de lecture" ), de peinture, de vie, des soutiens, des accompagnateurs, des guides, des ouvertures aussi, vers la foi et vers l'ailleurs...

“Un jour quelqu’un a demandé comment on pouvait communiquer avec le Maître de l’Univers. On lui répondit ceci : c’est à l’homme de faire le premier pas. Pour qu’il y ait communication, il faut d’abord une ouverture, un passage, aussi petit soit-il. Cette ouverture dépend de l’homme seul : c’est à lui de faire le premier pas. Alors le Maître de l’Univers pourra se glisser en quelque sorte dans cette ouverture et l’agrandir.” Est-ce que peindre en ajoutant des références au christianisme est un cadenas à toute porte ouverte vers le Maitre de l’Univers juif? Vous pouvez ainsi lire ce billet pour retrouver un des points forts du livre et une œuvre artistique en particulier, celle ci-dessous …je vous recommande cependant d’aller le lire après avoir lu le livre.

*source oeuvre de Chaïm POTOK, Asher...

Si vous voulez en savoir plus sur le rapport à la religion, l’importance des écrits de Chaïm POTOK sur ce qui fait du judaïsme une vocation et non une soumission, sur le déchirement entre aspiration et foi n’hésitez pas à lire ce billet. Et retrouver l'extrait sur la différence d'impressions entre la visite d'un atelier et celle d'un musée ici.