mardi 16 février 2016

Devant la tente, le regard d'Ulysse se posa sur le bouclier d'Achille - Le feuilleton d'Ulysse


"Héphaïstos s'était surpassé, jamais on n'avait vu ouvrage plus finement sculpté. Son regard fut attiré d’abord par une scène cruelle: la Mort tirait un cadavre par les pieds. Juste à côté, plusieurs berges tombaient sous les coups d'ennemis. Une ville semblait en proie aux attaques d'une armée d'assaillants. Ulysse ne pouvait plus détacher ses yeux des scènes représentées sur le bouclier. A côté de cette ville en guerre, une cité en paix surgissait du bronze. Un splendide champ était en train d'être labouré, des moissonneurs au travail fauchaient les céréales avec habilité, dans le champ voisin un immense vignoble était chargé de lourdes grappes. Des jeunes gens emportaient le raisin dans de grands paniers d'osier. Et voilà un vallon où des troupeaux de moutons paissaient paisiblement. "C'est cela, murmura Ulysse, c'est bien cela le bonheur. La vie et la paix. Héphaïstos nous indique le chemin..." C'est alors que surgit une grande farandole. C'était une scène de noces! Les filles qui dansaient portaient des couronnes en or. Les garçons qui leur tenaient la taille avaient de beaux habits. Le travail du dieu forgeron était si fin qu'Ulysse eu l'impression de voir la danse villageoise s'animer!
"Tu aimes ce bouclier, valeureux Ulysse, n'est-ce pas?" Perdu dans sa contemplation, Ulysse n'avait pas vu Agamemnon arriver. "Par ton courage au combat, par la manière vaillante dont tu n'as pas laissé le corps d'Achille aux ennemis, tu as mérité que ce bouclier te revienne." Ulysse, ému, accepta en silence ce précieux héritage. "C'est un bouclier de paix, murmura-t-il. Les quatre saisons et le bonheur de vivre y sont gravés..."

(extrait du "Feuilleton d'Ulysse" de Murielle SZAC, Bayard jeunesse; source image)

dimanche 14 février 2016

Troie, la guerre toujours recommencée

En profitant du "Feuilleton d'Ulysse" de Murielle SZAC avec le lutin, j'avais envie de relire la proposition d'Yvan POMMAUX sur l'Ililiade. De la mythologie grecque, il s'agit bien de la partie qui me plait le moins. Moins de bestiaires fabuleux, peut-être des héros que je n'appréhendais que peu. Lire différentes versions de la guerre de Troie ne me tentait pas. Et puis voilà, Murielle SZAC a déclenché l'envie de revenir à Yvan POMMAUX, comme "Troie, la guerre toujours recommencée" provoquerait le même effet.
Je vous rappelle que les bandes-dessinées mythologiques de cet auteur sont maintenant en format poche et à prix mini: aucune raison de s'en passer. Je vous parlais là d'"Oedipe, l'enfant trouvé" et de "Thésée, comment naissent les légendes". Vous trouverez aussi en version poche "Ulysse aux mille ruses".

© Yvan POMMAUX/ École des loisirs

Yvan POMMAUX met en situation: gros plans sur les personnages importants, cartes et petite explicitation aux néophytes. Et à Troie de nombreux chefs de guerre sont rassemblées. Nous connaissons plus facilement ceux acquis à la cause grecque - Agamemnon, Ménélas, Achille, Nestor ou Ulysse - mais beaucoup moins le camp des Troyens - Priam bien-sûr, ses deux fils Hector et Pâris mais aussi les Thraces, Pandare -.

© Yvan POMMAUX/ École des loisirs

Troie est une ville dans l'actuelle Turquie où va se dérouler une guerre de 10 ans. Le prétexte est amoureux: Hélène la femme de Ménélas, roi de Lacédémone, a été kidnappée par Pâris, fils du roi de Troie. Fidèle en honneur, les guerriers grecs partent demander justice avec le roi bafoué. Mais cette guerre n'est en fait qu'un désir de conquête pour les hommes et une revanche pour les dieux.
Une déesse aigrie, n'est pas conviée à une fête des dieux. Elle décide de se venger auprès des trois plus grandes déesses, Héra, Aphrodite et Athéna, en proposant une pomme à la plus belle. Mais il faut un juge, ce sera Pâris, un humain. Aphrodite gagne par tricherie en offrant au juge l'amour de la plus belle femme du monde, Hélène.
A partir de là se joue une guerre sans merci entre la mer Égée et la ville de Troie. Des duels, Pâris et Ménélas ou Hector et Achille. Des ruses, espionnages, renforts, magouilles des dieux. Pâris, Achille, Agamemnon, Hector prennent ici de la consistance. Ulysse n'est ici qu'un participant, sa ruse finale n'arrivant qu'après la fin de l'Iliade.

© Yvan POMMAUX/ École des loisirs

Ce "roman graphique" présente l'envie d'en découdre des hommes et des dieux. Ils leur faut du sang, de l'honneur et de la vengeance, chacun de manière assez égoïste. Le tout est fourni, plein de détails sur les costumes, les armes, les navires. Les caractères sont trempés, les actions très réactives aux présages des dieux.
L'auteur nous offre 10 ans en 70 pages. C'est assez succinct tout en proposant les différents revirements des dieux et des hommes. Pari réussi!

Faire l'amour - Aimer

Non, non, je ne saute pas d'étapes...



"L'expression " faire l'amour" ne désignait pas, il y a quelques siècles, la relation sexuelle, mais le fait de courtiser, de faire la cour : de belles déclarations et de grands serments d'amour, des poèmes, des chansons le soir sous le balcon de sa fiancée...
Le fait de parler, le langage de l'amour avec des mots et aussi le langage des gestes d'amour, ce sont les actions qui donnent un contenu actif au verbe aimer. Presque toujours, aimer commence vraiment... quand on se le dit.
[...]
Parce que c'est le commencement de l'engagement de la volonté."
(extrait de "Aimer" de Michel PUECH, éditions Le Pommier; illustration de Sergio TOPPI extraite de "Sharaz de", interprétation des Milles et une nuits)

Ceci est de circonstance: je vous enjoins à faire l'amour, pour les plus jeunes à découvrir les papillons dans le cœur (ici petite sélection) et pour les plus grands à aboutir l'action du verbe aimer, par les paroles, les intentions, les gestes.
Pour les plus grands, suivre quelques versions exotiques, sensuelles et amenant le désir des "Mille et une nuits", du "Kamashastra" (et son fameux kamasutra) ou du tantrisme... avec quelques images, des shunga ou des Ai Yang Hua... Mais c'est vous qui voyez...

vendredi 12 février 2016

Des histoires de chevaliers - Des pirates et corsaires (- pour réfléchir)

Je vous présente deux autres titres de la collection "Des mots pour réfléchir" des éditions Oskar. Si vous me suivez depuis quelques temps, vous savez que je vous les recommande tous! Je vous parlais ici des "Mythes grecs" et de "L'odyssée d'Homère", par exemple.

© Isabelle WLODARCZYK, Christine RICHARD, Manu BOISTEAU et Yann AUTRET/ Oskar

"Des histoires de chevaliers pour réfléchir" d'Isabelle WLODARCZYK et illustré par Yann AUTRET met en avant Lancelot, le Cid, Don Quichotte Myamoto Musashi mais encore un autre chevalier "des temps modernes" Dark Vador.

© Isabelle WLODARCZYK et Yann AUTRET/ Oskar
 
"Des pirates et corsaires pour réfléchir" de la même Isabelle WLODARCZYK, Christine RICHARD et illustré par Manu BOISTEAU présente Barbe-Noire, La Buse, John King ou des fictifs comme le Capitaine Crochet et même des pirates tout à fait contemporain, les cyber pirates.

Comme à chaque fois, les personnages fictifs ou réels sont le prétexte à se poser des questions. Ce sont de petits livres très accessibles.

© Isabelle WLODARCZYK et Yann AUTRET/ Oskar

Vous pouvez ne lire que les histoires des chevaliers ou des pirates ou choisir d'aller plus loin. En effet, une mise en scène du personnage et une illustration comique et décalée précèdent deux pages de questionnements. Une question philosophique qui pourrait être très abstraite est ici lue à travers l'exemple célèbre puis dans un quotidien d'enfant. C'est toujours une argumentation présentée puis son pendant permettant de ne pas être aussi catégorique. Enfin l'enfant peut se positionner, ensuite arrive un petit jeu, une devinette, une interaction.
Ces deux propositions offrent des références culturelles (et pas seulement occidentales), des histoires et aussi de quoi se poser des questions en connaissance de cause.

© Isabelle WLODARCZYK et illustré par Yann AUTRET/ Oskar

Il y a bien-sur les thèmes attendus: la bravoure, les causes, la mise au service d'autrui, la mise en danger pour le premier livre; l'appel du trésor, l'aventure et la liberté pour le second.

 © Isabelle WLODARCZYK, Christine RICHARD et Manu BOISTEAU/ Oskar

Oui mais il y a aussi d'autres approches bien plus difficiles à appréhender: la peur de vieillir, de changer en grandissant, le passage à l'âge adulte, la méchanceté ou le rôle de l'éducation.

© Isabelle WLODARCZYK et illustré par Yann AUTRET/ Oskar

Mais aussi l'esclavage, la féminisation ou l'obéissance civile.

© Isabelle WLODARCZYK, Christine RICHARD et Manu BOISTEAU/ Oskar

Bon, un bémol tout de même, je ne suis pas si friande que ça des illustrations, elles sont volontairement caricaturales et aux traits acerbes. Je comprends qu'elles sont aussi là pour tenir le lecteur en éveil avec des images vives. Les illustrations sont efficaces même si je les préfère presque comme alerteurs d'actualité.

lundi 8 février 2016

"- Je me disais qu'aujourd'hui, on a rien pour accompagner le riz... - Pense que le riz s'accompagne tout seul!" - Une sacrée mamie

"Fuite d'eau... épicerie de la rivière... pyjama en bouts de tissu... Il parait qu'on mène une vie hyper-pauvre mais ça va merci! Je mange tous les jours quand même!"

"- Euh... Mamie! Est-ce que nous sommes pauvres?
- Quoi?! Tu ne le savais pas?
- Ah! Je m'y attendais!
- Écoute-moi bien, Akihiro! Il y a deux sortes de pauvreté: la sombre et la gaie. Et nous, nous sommes pauvres gaiement! Alors ne t'inquiète pas!
- ...
- En plus, nous sommes des pros de la pauvreté!
- Quoi?!
- Oui, nous sommes pauvres depuis des générations, alors... Aie confiance en toi! Ha ha ha ha!"

(extraits de "Une sacrée mamie" de Yoshichi SHIMADA et illustré par Saburo ISHIKAWA; éditions Delcourt)