mardi 28 avril 2015

Bouche au vent

Oui, j'aime le travail de Rémi COURGEON! J'ai retrouvé un de ses anciens albums et, comme à chaque fois, le charme opère. Gageons qu'il soit réédité, pourquoi pas à prix doux ou avec d'autres histoires.

© Rémi COURGEON/ Mango jeunesse

Giacomo suit son père sur les chantiers. Son père est artiste-peintre-en bâtiment. Comme bon artiste italien, il chante aussi ou plutôt il siffle de l'opéra. Giacomo n'y arrive pas. Il faut sûrement qu'il attendent d'avoir les dents d'adulte. Mais non, rien.

Il lui faudra une émotion (voir extrait) pour que le vent lui ouvre la voie. Giacomo sait qu'il veut vivre avec et de la musique. Puis il rencontrera les autres bouches au vent pour poursuivre sa vie, fonder sa famille, inspirer son humeur et son quotidien.

"Puis il y eut d'autres voyages, sous d'autres vents. Blizzard, föhn, tramontane, simoun, sirocco, alizé, melteme, autan."

© Rémi COURGEON/ Mango jeunesse

Rémi COURGEON proposait là un album sur deux de ses thèmes favoris.
La musique comme pratique rigoureuse d'un instrument mais aussi expression de soi, chrysalide complète. Grâce à ce son de souffle, de vent, Giacomo grandit, se découvre, pratique une profession et trouve un sens à sa vie.
Le partage intergénérationnel n'est jamais loin non plus. Le père de Giacomo veut partager et transmettre sa passion, son fils le fera aussi en vivant.

Et puis j'adore le vent!

"Giacomo n'avait jamais vu la mer. " - Bouche au vent



- Rassure-toi, la mer ne t'a jamais vu non plus, plaisantait sa grand-mère.
La blague faisait rire tout le monde, sauf Giacomo. Pour ses sept ans, ses parents lui firent la surprise. Il l'emmenèrent en Normandie, les yeux bandés. Il faisait un froid de mouette. Quand il eut droit de regarder: merveille! Il n'avait jamais rien vu d'aussi grand... Giacomo resta bouche bée devant toute cette eau que le sable n'arrivait pas à boire. Le vent en profita pour souffler dans sa bouche comme le goulot d'une bouteille. Un long sifflement puissant. Un soufflement."

(extrait de "Bouche au vent" de Rémi COURGEON, Mango jeunesse, dont je parle là)

jeudi 23 avril 2015

Emile invite une copine

Vous vous souvenez d’Émile? Ce garçon taciturne qui ne sait pas se faire d'amis. Bah, justement, aujourd'hui il invite une copine. Il prépare sa chambre pour son arrivée.

© Vincent CUVELLIER et Ronan BADEL/ Gallimard jeunesse

Sa mère est ravie: enfin son fils a des amis. Elle est de ton école? Elle vient avec ses parents? Émile répond évasivement aux questions de sa mère. Elle est bien curieuse d'ailleurs... comme toutes les mamans qui s'informent à la première invitation. Oui mais Émile n'attend pas n'importe qui et pas pour faire n'importe quoi.

© Vincent CUVELLIER et Ronan BADEL/ Gallimard jeunesse 

"- Hi hi!
- Ha ha!
- Ça va, les enf... euh... ça va?... vous ne faites pas de bêtises au moins..."

© Vincent CUVELLIER et Ronan BADEL/ Gallimard jeunesse

Le duo CUVELLIER/ BADEL revient ici avec autant d'humour et de dérision. Émile est toujours aussi attachant dans sa différence et ce court album donne encore à penser. Superbe!

Yacouba

Thierry DEDIEU est un auteur illustrateur très prolifique. Je ne parle pas beaucoup de lui car le plus souvent ses albums ont un âge de cible plus jeune que celui de mon lutin. Mais je ne passe pas à côté tout de même. Surtout que ses grands formats ressortent en petit format souple!

 © Thierry DEDIEU/ Seuil jeunesse

Avec "Yacouba", l'auteur entame ces petites morales africaines. La fête se prépare dans ce village africain, bientôt les garçons prêts à être des hommes seront initiés et prendront leur place dans la société. Il leur faut affronter la brousse seul et surtout... le lion.
"Sous un soleil de plomb, marcher, franchir les ravins, contourner les collines, se sentir rocher, forcément, herbe, bien sûr, vent, certainement, eau, très peu."
Yacouba part lui aussi et rencontre ce lion magnifique, puissant. Il tient sa lance et bande des muscles mais le lion semble fatigué.

© Thierry DEDIEU/ Seuil jeunesse

Le courage est une marque des plus sages. Est-il aussi l'attribut de tous les hommes? Est-ce que Yacouba trouvera sa place parmi les hommes.
C'est court mais fort! Et avec Thierry DEDIEU, vous serez toujours surpris et admiratif de ses illustrations. Il se joue des styles: des dessins naturalistes ici, des croquis, des encres , des aplats de couleurs ou encore ici des traits noirs comme au charbon qui donnent une puissance et une nervosité aux visages, corps et animaux.

© Thierry DEDIEU/ Seuil jeunesse

mercredi 22 avril 2015

Adieu Chaussette

Nous suivons Benjamin CHAUD quand il donne vie à un éléphant rose minuscule avec Ramona BADESCU. Ici point de "Pomelo" mais un petit garçon qui veut devenir un grand dans cet album solo.

© Benjamin CHAUD/ Hélium

"Adieu Chaussette", oui il faut lui dire adieu. De toutes façons ce lapin buffle n'est même pas un copain convenable, regardez donc ses oreilles, sa mollesse.

© Benjamin CHAUD/ Hélium

Oui c'est son seul copain mais il faut bien grandir et avoir des enfants comme amis. C'est décidé il va aller l'égarer dans la forêt.

© Benjamin CHAUD/ Hélium

Mais il est trop lent, pas moyen d'arriver à un endroit que le lapin ne connait pas à cette allure-là. Ah ba si, cette partie de forêt est inconnue.
Et puis il faut réussir à s'en débarrasser, le faire courir derrière une carotte, l'attacher... fuir. Fuir dans ce coin de forêt mystérieux. Mais il est maintenant tout seul... Chaussette lui manquerait-il?

© Benjamin CHAUD/ Hélium

Chaussette est-il un doudou? Se défaire de ces éléments d'enfance, aller de l'avant, vers les autres, renier son doudou, devenir grand en sécurité.
Chaussette est-il un vrai lapin, un animal de compagnie? L'histoire devient beaucoup plus glaçante. Mais la fin est belle même si l'acte d'abandon est là. La solitude, la culpabilité mais aussi les attentes déçues, la surévaluation de nos satisfactions.
Sous ses aspects d'album, ce livre offre une réflexion allant plus loin que ce que nous pouvions imaginer.
Cet album est initialement sorti en très grand format, maintenant il est disponible en format souple et tout petit, et prix réduit: à ne pas manquer!

Lily vous offre une lecture en duo ici

lundi 20 avril 2015

Où le petit Thésée s'attaque à un lion - Le feuilleton de Thésée


"Thésée allait abattre son arme sur le fauve lorsque trois hommes firent irruption dans la salle du banquet. Les cris et les appels au secours des enfants les avaient alertés. Au lieu de se jeter sur l'animal, ils éclatèrent de rire. L'un d'entre eux, un homme immense aux muscles énormes, attrapa la hache de Thésée au vol avant qu'elle ne frappe le lion. " Hé, mon gars, arrête, tu vas abîmer mon manteau!", s'exclama-t-il. Étonné, Thésée laissa retomber son bras. Le grand homme se pencha vers le lion, le saisit par la peau du cou, comme il l'aurait fait avec un petit chat, et le jeta sur ses épaules. La tête du lion retomba comme un capuchon sur celle de l'homme!"

(extrait du second épisode intitulé "Où Thésée rencontre son cousin Héraclès", "Le feuilleton de Thésée, la mythologie grecque en cent épisodes" écrit par Muriel SZAC et illustré par Rémi SAILLARD, Bayard jeunesse)

jeudi 16 avril 2015

Jane, le renard & moi

Une magnifique couverture mêlant cette jeune fille, un beau renard roux, le visage d'une héroïne de littérature et cette plante d'un beau vert tendre. Hum, j'avais envie de lire "Jane, le renard et moi" d'Isabelle ARSENAULT et illustré par Fanny BRITT.

© Isabelle ARSENAULT et Fanny BRITT/ La pastèque

Elle est toute seule, toute seule dans les couloirs de l'école, toute seule dans le bus. Avant elle était accompagnée de ses copines et, un jour, l'une d'elles a décrété qu'elle n'aurait plus d'amie. Elle les voit se moquer d'elle. Et puis il y a les mots griffonnés dans les toilettes.
Oui, elle est persuadée qu'elles ont raison: elle est grosse comme une saucisse et puis ça se trouve elle pue comme elles le disent.
Il va falloir pourtant partir en Angleterre avec la classe. Bien-sûr elle se retrouve avec les sans bande. Seule encore parmi les esseulées... 

© Isabelle ARSENAULT et Fanny BRITT/ La pastèque

Encore heureux qu'elle a Jane Eyre. Elle lit le livre de Charlotte Brontë et découvre cette pauvre enfant orpheline qui jeune femme se mettra au service d'une famille. Et il y a la rencontre avec le renard.

"Il a le regard tellement doux que j'explose presque. Le même regard dans l'oeil d'un humain : je lui offre mon âme, garanti."
© Isabelle ARSENAULT et Fanny BRITT/ La pastèque

Et il y a ces yeux bleus qui clignent tout le temps. Le malaise va s'effacer.

Ce roman graphique, entre bande-dessinée et album, est la confidence de cette gamine au début de l'adolescence.
Elle est mal dans sa peau, dénigrée et même harcelée par les autres. Tout est gris autour d'elle, elle n'a plus le goût à rien. Sauf en ce roman, cette histoire de fille, Jane, qui devient quelqu'un, "adulte et brillante et mince et sage". Elle se reconnait en elle et pourtant ce double fictif, lui, est apprécié. Ou presque... enfin si.

© Isabelle ARSENAULT et Fanny BRITT/ La pastèque

Et le roman l'a déstabilise, comme la vie, comme les nouveaux partages, le changement de regard et d'attitude, d'elle et des autres. Les couleurs reviennent, comme une amitié, une pousse qui grimpe et se propage.

Au fait, pourquoi un renard? peut-être parce qu'il était déjà là... tout près.


mardi 14 avril 2015

Figues molles - Astérix en Corse

... juste pour le plaisir, une note des lectures du soir, du classique non?!
... et pour sourire de connivence avec M.


"- Le premier, c'est sûrement un nouveau.
- Il me fait penser à Salamix, celui qui est tombé du châtaigner sur la tête.
- Il paraît qu'après il s'est engagé chez les romains.
- Il était devenu tellement bête qu'avant de lui faire comprendre quelque chose, on avait le temps de tuer son âne à coups de figues molles."

(extrait d'"Astérix en Corse", texte de René GOSCINNY et dessin d'Albert UDERZO (of course); Hachette)

dimanche 12 avril 2015

Les cheveux de Léontine

Vous pouvez retrouver "Les cheveux de Léontine" de Rémi COURGEON dans son album recueil dont je vous parlais là, en plus de cet album cartonné grand format.

© Rémi COURGEON/ Nathan

Une enfant porte un prénom qu'elle n'aime pas, "Léontine la honte", et se cache derrière ses cheveux. Noirs, ils sont magnifiques mais pourquoi donc les garder aussi longs et quel visage cache-t-elle derrière? Elle doit justement en avoir honte, c'est sûr!

© Rémi COURGEON/ Nathan

Mais Léontine les garde car elle les tient de son père mort et reste derrière parce que trop timide. "Ce rideau séparait Léontine des autres. Cela les agaçait et parfois les rendait méchants." Chahutée, elle tombe et se fait rattraper par... ses cheveux. Ils ont une vie propre. Ils lui apportent liberté et force et frémissent quand la garçon chanteur de la classe d'à côté passe près d'elle.

© Rémi COURGEON/ Nathan

Rémi COURGEON nous offre là une ode à la liberté d'être soi. Bousculés par les autres, les enfants sensibles apprennent à s'assumer et à vivre pleinement. Cela donne de la poésie dans le comportement et dans les frémissements des premières émotions.

vendredi 10 avril 2015

Une pousse de bonheur - NonNonBâ

©  Shigeru MIZUKI / Cornélius (se lit de droite à gauche)

"- Tu sais, Shigeru, même dans le malheur, je crois qu'une pousse de bonheur peut apparaître.
- Tu crois vraiment?
- Avoir décidé quoi faire de sa vie, c'est peut-être déjà le bonheur. Pense un peu à tous ceux qui vivent inutilement au jour le jour, sans savoir pourquoi."

(extrait de "NonNonBâ" de Shigeru MIZUKI, éditions Cornélius, dont je parle là)

jeudi 9 avril 2015

Nos compagnons

*Quentin BLAKE, dessin extrait du livre de l'exposition à galerie Martine Gossieaux, 2014

pour une fois seul, sans son compère Roald DAHL, vers une version coquine des plages...
Merci A.

mercredi 8 avril 2015

NonNonBâ

Je me plonge volontiers dans des bandes dessinées ou romans graphiques autobiographiques. Il y a souvent du contenu. "NonNonBâ" n'était pourtant pas une lecture où je comptais y retrouver une vraie vie et pourtant Shigeru MIZUKI nous parle de lui enfant dans ce japon rural.

©  Shigeru MIZUKI / Cornélius

NonNonBâ est la grand-mère paternelle. Femme d'un moine bouddhiste vivant de la générosité des habitants, elle devient veuve et d'une extrême pauvreté. Elle est accueillie chez son fils et en échange du gite et du couvert, pour ne pas manquer de respect à cette vieille dame, s'occupera de la maison et des trois fils, dont Shige-san l'auteur.
Shige-san appartient à une bande de gamins. Des bagarres, des prises de pouvoir se succèdent avec des défis surhumains. Mais c'est aussi un garçon émotif et rêveur: il dessine tout le temps et est très impressionnable. Par ses relations aux copains, aux frères mais aussi aux petites voisines, Shige-san grandit.

©  Shigeru MIZUKI / Cornélius

"NonNonBâ" présente l'enfance du môme. Ses occupations, ses émotions et ses prises de position. D'un trouillard, il devient courageux. D'un garçon pour qui la présence des filles rend faible, il devient leur confident et ami. La différence sexuelle, mais aussi une certaine séduction et puis une compréhension de l'autorité et de la place des femmes dans la société.
Ce très gros manga apporte une vue du Japon très particulière. Le parti-pris éditorial de garder les onomatopées en japonais (avec traduction en dessous) et de nous livrer un index approfondi, offre une impression d'authenticité. La société se voit dans ses rapports de force, dans sa bienveillance aux pauvres mais aussi cette charité ordonnée, contre service. La ruralité mais aussi le rapport aux religions, aux système éducatif, aux nouvelles technologies, aux traditions, aux apports d'autres nations et à la culture se vivent avec des yeux d'enfants. Le père échange sa vie bien rangée contre une autre offerte à la distribution de la culture cinématographique de son pays.
Et puis il y a NonNonBâ. Cette vieille femme, prieuse, offre ses prières contre obole, ses services contre gite. Elle est l'âme de cette enfance. La part de tradition et de folie. Elle est l'incarnation de la mythologie japonaise: elle croit dans l'existence des yokaï, ces esprits de la nature ou des situations. Tout le récit est alors parsemé de rencontres fantastiques et impressionnantes. Shige-san se pétrifie, apprend à les reconnaitre, à les dissuader de le perturber ou les dessine.

©  Shigeru MIZUKI / Cornélius

Le tout donne un manga jubilatoire, plein d'humour et de fantaisie mais qui ne laisse pas les belles réflexions de côté... par exemple l'émotion due au deuil d'une des amies du héros: le voyage dans le dix mille milliardième monde.

©  Shigeru MIZUKI / Cornélius

Le trait est vif et très stylisé: l'auteur se dessine en garçon grassouillet, il prend plaisir à un détail des architectures et des intérieurs (beaucoup de scène aux bains baquets, du peut-être à la présence du yokaï Akaname, "Lèche-crasse") et nous montre tout son pouvoir de sensationnel dans les esprits dessinés. Et après quelques pages un peu déconcertée par cette vieille femme ridée et toujours grimaçante, je confirme: je l'adore!

©  Shigeru MIZUKI / Cornélius

J'avais envie de le lire depuis très longtemps sans même connaître l'auteur, sans même savoir qu'il était question des yokaï. Et pourtant nous nous sommes penchés sur eux, amateurs que nous sommes de dessins animés japonais et de leur mythologie. Les êtres de la nature... dans la forêt de Miyori, dans les bois de la princesse Mononoké (ou autre Miyazaki), dans l'eau avec le kappa Coo.
Et puis c'est faux: je connaissais l'auteur par ses illustrations d'un dictionnaire des yokaï où nous pouvons les voir... même leur intérieur.


*le kappa selon Shigeru MIZUKI

mardi 7 avril 2015

Le ciel d'Anna

Stian HOLE est un illustrateur déconcertant. Il m'a fallu lire son premier album entièrement pour découvrir que cette sensation assez désagréable devenait une immersion surréaliste dans un univers d'enfant. Avec sa série sur ce garçon bien sympathique qu'est Garman, je suis devenue addicte.

© Stian HOLE/ Albin Michel Jeunesse

"Le ciel d'Anna" laisse encore plus la place aux illustration, le texte étant moins présent. Anna n'est pas pressée de suivre son père. Elle est là, la tête ailleurs à regarder le monde autour d'elle, à imaginer et à rêver. Lui est prêt, en costume, les fleurs aux bras et puis la cloche sonne dans l'église au bout du fjord.

© Stian HOLE/ Albin Michel Jeunesse

Anna parle à son père, de ces impressions, de ce qui lui murmurait sa mère. C'est l'absente. Anna propose une évasion surréaliste à son père... dans l'eau, dans le ciel, dans la multitude de la faune et flore réelles et imaginaires. Sa maman a rejoint les invisibles. Anna découvre leur contrée. Mais où est-elle? Dans le jardin de Dieu ou à prendre le thé avec des êtres disparus... le monsieur aux timbres de la rue de Garman peut-être mais aussi Picasso ou Elvis.

© Stian HOLE/ Albin Michel Jeunesse

Avec énormément de poésie, Stian HOLE offre un regard d'enfant sur le deuil, sur les premiers moments de manque et d’absence de l'être aimé. L'enfant a la tête ailleurs et les illustrations montrent bien son imaginaire onirique mais c'est aussi ce rapport d'après la mort qui apparait.

© Stian HOLE/ Albin Michel Jeunesse

La religion apparait ici dans l'après mort, le ciel: un espace et des occupations d'invisibles. Mais aussi les préoccupations de Dieu, ses yeux partout, ses correspondances avec les hommes, sa capacité à refaire le monde peut-être.


lundi 6 avril 2015

Zimbo

*Joanna CONCEJO

... avec toujours cette poésie, ce surréalisme...
"Zimbo" de Arturo ABAD semble une magnifique histoire.

dimanche 5 avril 2015

J'aime pas les clowns

Une nouveauté que nous devons à Vincent CUVELLIER avec aux crayons Rémi COURGEON, deux que j'aime suivre séparément, cela ne se refuse pas.

© Vincent CUVELLIER et Rémi COURGEON/ Gallimard jeunesse

"J'aime pas les clowns" fait partie d'une œuvre plus complète sur la Seconde Guerre Mondiale. Il n'est pourtant pas besoin de lire les deux premières propositions de Vincent CUVELLIER, "L'histoire de Clara" et "Je suis un papillon", pour savourer celle-ci.
Une grand-mère traine son petit-fils au cirque pour voir un spectacle de clowns. Mais il n'aime pas les clowns. La grand-mère ne les aimait pas non plus. Mais celui-là est un bon, un bon clown.
Pourquoi donc a-t-elle changé d'avis? C'est arrivé une soirée d'été, à la fin de la guerre. "La guerre? On l'avait perdue. On l'avait même perdue plusieurs fois. Je sais pas qui a eu l'idée... ma mère, j'imagine... je me souviens de sa voix douce, elle m'a dit, viens, ce soir, on va au cirque, y aura des clowns... ça m'avait surprise, je me souviens que ça m'avait surprise... je pensais que les clowns aussi avaient perdu la guerre."



© Vincent CUVELLIER et Rémi COURGEON/ Gallimard jeunesse

A travers cette sortie, nous suivons cette grand-mère enfant dans Berlin. Des fleurs jaunes, de belles chevelures, une sortie dehors même le soir. Un cirque d'après guerre, des animaux blessés comme les hommes. Ces clowns font rire toute l'assemblée sauf elle. Et puis elle aurait pu aller sur la piste et c'était presque drôle avec l'autre petite fille. Après le spectacle, la maman sort en direction des roulottes. La petite aux tresses avait un peu peur mais elle n'était pas bien maligne... comme son petit-fils.

© Vincent CUVELLIER et Rémi COURGEON/ Gallimard jeunesse

Vincent CUVELLIER nous offre une vue de la vie d'après-guerre des vaincus et plus particulièrement des enfants. Des privations, des pères partis en guerre et pas forcément revenus. A travers quelques détails l'enfance apparait dans sa candeur mais aussi l'ambiguïté de ses sentiments.
Le rire aussi est une ligne directrice. Rire de des clowns "... leur pif, leurs pieds, leurs fleurs en plastoc". Ce lâcher-prise après de grands chamboulements, cette impulsion salvatrice qui pourtant n'est pas toujours accessible à certains enfants. Rire cela s'apprend, se réapprend.
Et bien-sûr Rémi COURGEON propose de magnifiques illustrations aux teintes orangées et sépia. Des scènes dans la pénombre, des ombres bien présentes.
Il s'agit d'une toute petite porte ouverte mais avec pudeur le voile se lève sur cette période.