lundi 25 janvier 2016

Come prima

Offert à l'homme parce que construit comme un film italien des années 50 ou 60, dévoré personnellement parce que "Pourquoi j'ai tué Pierre" d'Olivier Ka et de cet illustrateur
m'avait scotchée!
© Alfred/ Delcourt

Giovanni a enfin retrouvé son frère Fabio, en France, à la sortie d'un match de boxe où ce dernier a fait pale figure. Il veut le ramener en Italie pour enterrer leur père. Fabio, c'est le grand frère, adulé ado pour sa force, son caractère. Il est parti tôt d'Italie, dès qu'il a pu, laissant derrière lui les amis, la famille.
Le malaise est là, latent. Il y a de la rage entre les deux frères et elle s'insinue dans tous leurs gestes, leurs paroles, leurs bagarres mais aussi la manière de conduire, de répondre au téléphone, d’accepter l'hospitalité. Ils reviennent dans le pays de leur enfance et Fabio ne sait pas à quoi s'attendre. Il est parti en mauvais terme, il est parti en fuyant, en trahissant peut-être. Est-ce que les amis lui en voudront? Et puis de toutes façons, il est parti parce qu'il le fallait, parce qu'il en rêvait. C'est le seul à avoir assumer de vivre une grande aventure. Le seul avec du cran, non? Giovanni reproche à demi-mots, en silence. Ce grand frère n'a conscience de rien. Il est parti sans lui. Il a du prendre la place de celui qui a des responsabilités.

© Alfred/ Delcourt

Ce road movie est lent, sinueux. Il nous entraine dans les paysages de campagne, dans la France profonde puis dans les lumières et senteurs d'Italie. La grande Histoire et les souvenirs ponctuent le texte avec des images plus franches et colorées, en aplats. Les souvenirs de qui? Nous y entrevoyons le rôle de ce grand frère, l'envie de partir et une ombre fasciste. Et puis les deux frères se jaugent, encore.

© Alfred/ Delcourt

Cette magnifique bande dessinée parle la culpabilité d'être passé à côté de sa vie. Elle rappelle les choix faits, les négligences et les non-dits. Il y a l'ombre d'un père aimant puis désespéré. Les deux frères et deux femmes. Le lecteur est porté par l'atmosphère, les mises en scène avec des "presque" monologues entre les draps. Un hôte, un auto-stoppeur ou un chien et voici les sentiments qui remontent à la surface. Ceux de Fabio bien-sûr mais aussi ceux de Giovanni. Quelles sont leurs raisons, leur fuite? Que pouvons-nous attendre d'un retour vers le passé?

© Alfred/ Delcourt



1 commentaire:

  1. Ce roman graphique est une merveille, c'est un très chouette cadeau ! Si tu ne l'as pas encore découvert et que tu apprécies Alfred, il y a aussi "Je mourrai pas gibier" tiré d'un roman "pour ados", mais plutôt sombre

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