Mettre la main sur une proposition de la collection Trimestre des éditions Oskar est toujours une belle expérience. Un des seuls que je n'ai pas. A chaque fois, les titres sont à rallonge. A chaque fois, c'est une petite soupape de sensations.
© Jo HOESTLANDT et Andrée PRIGENT/ Oskar
"Le bébé tombé du train (ou quand l'amour d'une mère est plus fort que tout)" de Jo HOESTLANDT et illustré par Andrée PRIGENT est un court album proposant un texte fort et une illustration très stylisée - parti-pris de la collection. Comme à chaque fois il faut patienter pour comprendre la seconde partie du titre. Ici la maman est absente... ou presque.
Anatole a 60 ans, est solitaire, grincheux et aigri. De sa vie, nous ne savons pas grand chose sauf qu'il ne rencontre jamais personne, n'ouvre sa porte à personne, n'a besoin de personne, ne rend service à personne. Son monde est sa maison sans grand chose à l'intérieur, son jardin avec le potager nécessaire et une ligne comme un mur, le chemin de fer. Des trains passent mais cela n'intéresse pas Anatole. D'ailleurs rien ne l'intéresse.
© Jo HOESTLANDT et Andrée PRIGENT/ Oskar
Et puis il le prend pour un déplacement de crapaud, ce mouvement dans le potager. C'est un bébé qui rampe. Il appartient bien à quelqu'un mais dans ses yeux, une lueur brille, une étoile "comme s'il le reconnaissait". Anatole le garde, et "tout ce que jusqu'ici, il faisait pour lui tout seul, il le fit pour deux. Et cela changeait considérablement les choses." Il prends soin du bébé, qui grandit, lui nomme les choses quand c'est en fait l'enfant qui lui apprend à les regarder. Leur monde est cette maison, ce jardin/monde.
Il y a ce lien, cet attachement, cette responsabilité. "Alors ce regard d'enfant, posé sur lui comme un papillon sur une fleur, c'était un sentiment étrange pour le vieil homme, étrange vraiment... Presque intimidant..." Et puis l'ouverture au monde. La mère revient et l'histoire s'éclaire différemment, dans un grand ensemble.
Les illustration en noir, blanc et jaune, laissent beaucoup de place au texte. Elles apportent aussi leur part de poésie, tableau du concrêt, figuratif et pourtant tournant vers l'abstrait et le symbolisme (couleur et chemin formé).
© Jo HOESTLANDT et Andrée PRIGENT/ Oskar
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