mardi 29 janvier 2013

La clé des champs et autres récits imaginaires

Je dois l'avouer, j'ai beaucoup d'affection pour cet auteur, Francis GARNUNG. Ses œuvres sont arrivées chez nous par hasard, puis par partage. J'ai de l'affection pour ce regard coquin (voir au bas du billet) et ces écrits peaufinés comme des pierres précieuses.

© Francis GARNUNG et Anne ADAM/ L'harmattan jeunesse

"La clé des champs et autres récits imaginaires" de Francis GARNUNG et illustré par Anne ADAM est un recueil de contes pour enfants. Mais il ne faut pas s'attendre à des contes "jolis et doux"... il y a du coriace dans cet homme. Les contes sont merveilleux mais pas naïfs, l'enfance a des dons.

La clé des champs:
Anne part en Inde chercher du lait, c'est à 1 km de là. La sorcière l'a repéré, cette jolie enfant aux cheveux blonds. En offrant ses yeux au bouillon, la méchante espère retrouver ses pouvoirs. La spontanéité d'Anne, sa joie de vivre, ses chants et son langage propre ouvrent en plus toutes les portes... elle est la clé des champs.

Rosette et le caillou:
Rosette aime les animaux. Il n'y en a pas, qu'à cela ne tienne, un caillou à la forme d'un papillon peut dans son imaginaire en devenir un. Et c'est ce qu'il fit... un instant.
Mais c'est vrai, le caillou en montant dans les airs devient papillon, plus haut lézard, plus haut rossignol et plus haut encore... jeune garçon. Il pourrait y avoir de l'amour entre eux mais Rosette est imprudente... et colérique. Mais si les rêves pouvaient devenir réalité?

© Francis GARNUNG et Anne ADAM/ L'harmattan jeunesse

Les feux du diamant:
Pierrette joue à faire rebondir la lumière sur un bout de miroir, même chez les voisins. Un éclat l'attire, c'est un diamant. Et si elle allait le voir de plus près, oui, chez les voisins. elle escalade la gouttière et entre par la fenêtre... il est beau, tellement beau. Comment serait-il sur le doigts d'une jeune fille pauvre? Elle l'enfile. Les voisins rentrent chez eux, elle veut partir sans le diamant mais il s’accroche au doigt. Ce n'est pas le diamant le prisonnier mais le doigt. Mais il est beau, elle n'est pas si déçue de le garder. Il brille tant et si bien qu'il illumine au point de rendre invisible Pierrette et de choquer les passants.
Le beau ne l'est plus mais la beauté reste ailleurs.
- un extrait ici-

La proie pour l'ombre:
Un montreur d'ombres est arrivé dans le village de José. C'est un susceptible tyran et José est un jeune brocanteur un peu naïf. Les ombres s'usent vite et puis certaines ont mauvais caractère. José va en faire les frais... son ombre volée pour faire le spectacle, une autre vendue qui veut être le maître.

L'indigestion du Loup:
Loup, de profession loup, a été arrêté par le Commissaire Perrault qui le croit coupable de la mort du petit chaperon rouge et de sa grand-mère. Loup trouve que l'histoire inventée est  merveilleuse mais veut se disculper en parlant de son mal de dents. Un quiproquo envoie l'histoire inventée par Perrault à l'imprimerie mais une reconstitution des faits supposés a lieu.
Des gendarmes aident le loup à refaire les gestes... et Loup croque.

© Francis GARNUNG et Anne ADAM/ L'harmattan jeunesse

Le procès du Loup:
Où la version du Commissaire Perrault et du Loup s'affrontent devant un juré d'animaux, herbivores et carnivores, et d'hommes. Où toutes les légendes et expressions contre les animaux, et surtout le loup, ont droit de cité. Un conte pour enfant, une histoire remaniée pour faire un peu peur mais pas complètement.
- un extrait ici -

Le Voyageur de commerce:
L'auteur est content, il a réussi à  faire vivre dans le même livre tous ses personnages. Ce n'était pas si évident. Ils auraient pu avoir quelque chose à redire. Pour la peine, il les a tous invités chez lui, dans son château en Espagne dont la grandeur et la magnificence n'ont de limite que son imagination.
Mais il est à nouveau déranger par le voyageur de commerce, cet individu veut devenir un personnage de l'auteur. Mais il n'en a pas le gabarit.

***
Les illustrations, peu nombreuses, d'Anne ADAM, sont presque d'un autre temps. A l'encre de chine, elles croquent une vision un peu surannée. Je rêve volontiers de ces contes encore plus illustrés, donnant la pleine mesure à chacun d'entre eux. Ils le méritent.

Francis GARNUNG est un enchanteur de mots. Il joue avec leur sens, leur rimes.
Les récits sont plein de finesse, de poésie et d'humour. Les partis pris des contes sont ici décalés: du beau et du brillant de princesse, de l'amour, des sorcières, des animaux et un loup mais aussi ce petit brin de peur, juste ce qu'il faut pour frissonner, avant que l’auteur ne retourne encore l’histoire.
Les petites filles restent bien-sûr des héroïnes parfaites: espiègles, aventurières, malicieuses, capricieuses et un peu séductrices, cependant moins que celles imaginées par GARNUNG dans ses autres livres, le fabuleux "La pomme rouge" et "Les miroirs et les chaines".
Le loup n'est d'ailleurs pas si méchant... presque un bouc-émissaire de nos peurs, de nos travers, des malices humaines.
Et les personnages centraux sont bien l'imaginaire et la joie de vivre des enfants.

Quelle tristesse que ce livre ai disparu du catalogue de L'harmattan jeunesse (pas du catalogue général, ouf) et que cette édition de 2004 n'ai pas offert la police la plus agréable à ce texte.

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