samedi 7 juillet 2012

Karoo

"Karoo" de Steve TESICH nous amène au cœur d'une descente intimiste aux enfers.


Saul Karoo a 50 ans, une femme dont il "divorce depuis déjà quelques années" et qui n'en reste pas moins la seule relation au foyer, là où l'homme revient après son travail.
Il est réparateur de scenarii de films. Écrivaillon il se serait bien vu écrivain mais est trop lucide sur ses capacités, alors il reprend la trame des autres, mutile ici, rajoute là, met dans chaque originalité une touche de conformisme et de succès assuré. Jusqu'à présent, cela lui va. Pas tant parce qu'il aime ce métier mais bien par mollesse.

Et puis lui vient cette maladie, non non, pas l'alcoolisme dont il est victime depuis des années, pas non plus ce début de gras autour de la taille: il n'a plus aucun symptôme de l'ivresse. Plus d'état second, plus de prétexte à la maladresse ni d'amnésie le lendemain.
Saul, le lucide, le clairvoyant, voit sa vie défiler et regarde ses relations se désagréger par sa faute.
Alors oui, il y a bien cette assurance santé à changer, cette "annulation" santé de sa personne. Et surtout, son fils, le seul et unique, Billy. Ce fils adoptif qu'il aime par dessus tout lui demande de l'attention, de la présence, de l'intimité, afin d'enfin pouvoir s'engager de son côté. Et puis il y a ce film, cette cassette dans la pochette jaune. Cette fois-ci c'est un chef d’œuvre, et pourtant Saul va le dénaturer.
Mais pourquoi?

Saul est un personnage antipathique et pourtant nous le suivons avec passion. Au fil des pages, il décortique sa vie, ses faiblesses, ses angoisses et ses choix. Mais justement. La perte d'ébriété est le début de ce malaise. A chaque instant, il est le maître de ses actions, il est comme un acteur de son scénario. A chaque pas, il se croit en phase de rédemption et chaque pas est au final un de plus vers la sortie de route.
Il s'éloignait de toute intimité avec ses proches. Il les aime, à foi en la famille et pourtant les proximités ne lui plaisent que s'il peut y donner un sens en étant en représentation, devant public. Et pourtant il va chercher à se faire pardonner, à réinventer une vie de famille. Lui le clairvoyant, va enfin prendre plaisir, avoir des émotions. Mais ses actes s'accumulent et ne lui laissent que peu de chance.

"S'ils pensent qu'ils ont été trahis, là, qu'ils attendent seulement de grandir un peu et qu'ils commencent à se trahir eux-même. Les choses commencent vraiment à mal tourner quand vous n'avez plus que vous-même à renverser pour que votre vie s'améliore."

Par manque de temps, je ne peux qu'écrire mal sur ce superbe livre. Je rajouterais peut-être des éléments à ce billet. En attendant je vous invite à lire d'autres avis très argumentés:
celui de Lily mais aussi celui-ci et celui-là.

Livre lu dans le cadre de Masse critique de Babelio, merci aux éditions Monsieur Toussaint Louverture.
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