lundi 26 janvier 2015

Venise n'est pas trop loin

Pourquoi donc parler d'un livre que nous ne pouvons plus trouver (sauf en occasion) à cause de la fermeture de sa maison d'édition. Être n'est plus. Parce que certains livres abordent des thèmes d'une manière sensible et osée. Et en espérant que ce titre sera repris par une autre maison d'édition...

© Christian BRUEL, Anne GALLAND et Anne BOZELLEC/ Être

"Venise n'est pas trop loin" de Christian BRUEL, illustré par Anne BOZELLEC et avec les photographies d'Anne GALLAND nous embarque dans un voyage, un séjour que s'offrent une mère et sa fille. Des retrouvailles entre les deux, elles ont laissé les hommes, père et frère, elles déambulent avec une sorte de rituel, entre complicité et liberté, et savourent ensemble ou seule les charmes de la ville.

© Christian BRUEL, Anne GALLAND et Anne BOZELLEC/ Être

Venise est magnifiée, ses quartiers (Cannaregio), ses musées (avec les œuvres de Giorgione ou de Carpaccio), le café italien, les restaurants, ses vaporetto (i?), ses odeurs (de lait caillé dans les escaliers de l'immeuble), "le duvet d'algues peigné, cette pierre grenue sous la paume, le bleu d'une barque qui n'en finit pas de mettre un mur à vif."

© Christian BRUEL, Anne GALLAND et Anne BOZELLEC/ Être

La mère et la fille investissent la ville. Des emploi du temps programmés, ensemble, puis des espaces libres.
Et cette année, la fille a plus de liberté, les frontières de son univers de découvertes s'est agrandit. Sa mère lui fait confiance, c'est une grande maintenant 13 ans, bientôt 15! (voir extrait) Et cette fois-ci, l'enfant veut retrouver ces rassemblements secrets. Elle est attiré par le jeu.
Pourtant elle est intelligente, pourtant elle sent le danger. Mais c'est plus fort qu'elle, le jeu des adultes est si tentant, elle est si proche de cet âge.

© Christian BRUEL, Anne GALLAND et Anne BOZELLEC/ Être

Et elle perd, elle a réussi à décaler l'heure du gage. Elle a cherché mais ce qu'elle risque de trouver l'épouvante. Mais rien ne peut lui arriver, elle est si spéciale, elle lui parlera. 
"Faire l'innocente. Ne rien comprendre. Elle reviendra demain. Juré! Il sourit comme un loup."

Cet album offre les premiers pas de la perte d’innocence, la prise de risque. C'est aussi la marque des premiers émois, des premières peurs de ce que peuvent envisager les adultes. Pourtant sa mère, aussi, profite de ce temps hors du temps à Venise. Les rencontres, les partages, les émotions.
Les illustrations d'Anne BOZELLEC et les photographies d'Anne GALLAND apportent ce sublime mêlé avec le mystère et le trouble. L’architecture de Venise est superbe: d'alignement de maisons, de bord de lagune, de devantures colorées. Puis cette enfant, souvent en noir et blanc, fille enfant mais aussi espiègle, ses errements en ville et ses crayonnés au café. Les individus sont eux soit des ombres soit très colorés, indéfinis ou une photo sans flou.

C'est beau, juste. Elle a pris le temps de grandir cette enfant et le livre est un beau prétexte à la vie. Et puis Venise n'est pas trop loin...


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