dimanche 30 mai 2010

Les émois d'un marchand de café

J'avais préparé cette fiche de préparation à des lectures publiques dans le cadre d'une journée sur le thème du Québec, en 2006. Une amie bibliothécaire avait demandé des volontaires pour lire et préparé de quoi savourer « Les émois d’un marchand de café » de Yves BEAUCHEMIN.
Mr Guillaume TRANCHEMONTAGNE, cinquantenaire divorcé, propriétaire de sa société de vente de café, vit seul dans une grande maison tenue par sa gouvernante. Il travaille avec ses enfants et semble heureux de son parcours.
Le passage à l’hôpital pour une banale opération va remettre en question ce petit « confort ». Mr TRANCHEMONTAGNE commence une réflexion sur lui-même, sur sa vie et décide de réparer les erreurs du passé. Il en espère de la satisfaction et une tranquillité d’esprit qu’il n’a plus.

A la suite d’un concours de circonstance, une jeune femme et son enfant vont profiter de son changement de cap : il va les héberger sans rien demandé en échanges. C’est le début des actions rédemptrices de Mr TRANCHEMONTAGNE : rembourser son ex associé lésé suite à une transaction financière, retrouver et nouer des relations avec sa fille née hors mariage d’une liaison avec une de ses employées, éclaircir ses relations avec son ex-femme et lui affirmer une dernière fois l’affection qu’il lui portait….
Son ami, Raoul MARLEAU, et ses enfants, Antonin, Marie-Louise et Julien, vont chacun à leur manière essayer de le dissuader, ne sachant pas que penser d’un tel revirement de situation. Loin d’être simple, cette envie de faire le bien va exacerber les remords, rancunes et autres petites mesquineries de son entourage. Les nouvelles priorités de Mr TRANCHEMONTAGNE vont le faire passer par une quête de la bonne action et une réflexion sur la nature humaine.
C’est un petit chambardement qui s’opère : des choix professionnels, des relations parentales mises en exergue, de nouvelles relations amoureuses… des doutes sur le bien à faire et à se faire.

Mon avis : une lecture simple, très agréable et une histoire qui nous fait passer par des situations tendres, ironiques, cocasses sans jamais tomber dans une réflexion prétentieuse ou mièvre de la bonne conscience/action. On se laisse aller (avec bonheur) à suivre les changements d’humeur de ce quinquagénaire de plus en plus sympathique.

Plus précisément, la notion du bien est décrite moins sous une vue humanitaire que par son double de doutes, de fragilités… Cela remet en cause la satisfaction normalement indue d’une telle attitude, et plus pernicieux, le regard d’autrui considérant qu’un comportement ouvertement bon ne peut être qu’un symptôme de folie ou de lâcheté ou qu’une entourloupe d’un manipulateur avisé.
C’est tout de même une vision simpliste : qui dans le fond nous fait croire qu’il suffit de réparer ses erreurs même 10 ans après pour se racheter une bonne conduite. L’homme en est devenu sympathique mais ses actes passés ne sont pas pour le moins excusables (ce n’est d’ailleurs pas induit dans le livre).
Un très bon panel de situations père/fils ou fille : de quoi réfléchir sur le rôle du père, la qualité des relations, l’honnêteté dans les rapports. Une approche des rapports humains, entre rapports de force, mesquineries, envies, rancœurs et affection. La place du travail dans l’épanouissement humain.
Suggestions de pages à lire :
Pages 19/20 : Mr TRANCHEMONTAGNE compare sa vie à une toile cirée (des tâches qui ne se voient pas)
Pages 34/35 : une idée de la quarantaine
Pages 144/145 : Mr TRANCHEMONTAGNE découvre que ses enfants l’espionnent et savent qu’il est parti en voyage pour une affaire de très grande importance. Rapport de force au téléphone entre le père et son aîné.

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