samedi 26 septembre 2009

Le gourmet solitaire

« Le gourmet solitaire » de Jiro TANIGUCHI et Masayuki KUSUMI est une BD sans action apparente, nous suivons un homme d’affaires, célibataire la plupart du temps, qui, à la moindre occasion, entre dans les restaurants de quartier…il aime la gastronomie de tous les jours.



« Il faut un sacré courage pour entrer la première fois dans un restaurant inconnu, quand on y pense. Et je ne parle pas d’entrer dans un de ces restaurants hyper chic dans un pavillon traditionnel aux murs passés au brou, ni dans un de ces restaurants français qui vous refusent l’entrée si vous n’êtes pas en smoking-cravate.
Non, je veux parler d’entrer dans un de ces restos tout ce qu’il y a de plus banal. Enfin, « banal »…Les tenanciers n’apprécieraient sans doute pas qu’on traite leur établissement de « banal », mais je veux dire un de ces petits bistrots comme il y en a partout avec un plat du jour tel foie de porc à l’ail à la poêle à 680 yens, salade de tofu froid inclus, ou une de ces gargotes de soupe de nouilles ramen plus demi-portion de riz cantonnais à 600 yens. Ce genre d’endroit devant lequel, la première fois, vous vous posez la question : « Entrerai-je ? N’entrerai-je pas ? »
(…)
Provoquer une certaine appréhension, en fait, c’est le premier critère pour qu’un restaurant soit « bon ». Un restaurant doit conserver une part d’ombre, des recoins peu clairs, une atmosphère plus ou moins tendue, une aura mystérieuse et sombre. Même dans un bistrot sans prétention, il faut que les clients restent suffisamment sur leurs gardes pour qu’en cas de mauvaise cuite ce ne soit pas là qu’ils aillent se sentir mal, se battent ou fassent du grabuge. Une sorte de système de contrôle automatique de l’inconscient des clients.
Cela fait dix ans que je prends plaisir à rechercher les bons bistrots et les bons restos, ceux qui me plaisent à titre personnel, pas parce qu’on en parle dans les magazines ou à la télé. Quand j’en découvre un, vite je veux parler de ce plaisir, même si je sais très bien que ce plaisir est aussi lié à cette appréhension qu’il m’a fallu affronter, en frissonnant. Je veux le recommander à tout le monde..et je ne veux en parler à personne. Ce sentiment, est-ce que vous croyez que ces abrutis qui vont faire la queue devant un restaurant parce qu’un guide gastronomique en a parlé peuvent le comprendre ? »



Si vous êtes de ceux-là et que la cuisine japonaise (un peu familial) vous tente, n’hésitez plus. Vous en aurez l’eau à la bouche…



Unagi-don (bol d’anguilles grillées sur riz)



" Oeuf de saumon à la sauce de soja, marinés à la sauce de soja, les oeufs de saumon bien gros, belle quantité. Pousse de ginembre rose. Navet. Algues nori des rochers: ce sont des nori cuites à la sauje de soja, là encore c'est copieux. Peau de tofu crue à la kyôtoïte: fourrée à la ciboulette, servie avec une sauce "ponzu" vinaigre et agrume sauvage. Le riz a l'air un peu lourd. Bol d'anguille grillée sur du riz (servi vec un bouillon clair au foie de poisson et légumes confits au sel): tronçon d'anguille plutôt court, joli aspect glacé, bien gonflé."


Manjû (petit gâteau cuit à la vapeur)

Shumai (bouchée vapeur à la viande)


Mamekan (haricots noirs sucrés en gelée)


"Les haricots noirs: bruns, à gros grains, appétissants et vraiment fondants. Sauce au miel noir mais sans goût entêtant, plus léger; doux sans être trop sucré. La gelée: translucide avec effet moiré."



Bol de riz garni "à la ENOSHIMA"

"Turbo cornu cuit dans sa coquille. Pré-découpé sans assaisonnement. Légumes confits au sel: deu légumes différents; aucun commentaire particulier. A vue de nez ça a l'air d'être un bol de riz "oyako" (avec poulet et oeuf) dans un bol très évasé, beaucoup de lamelles d'algue "nori "et peu de riz. Soupe miso au crabe: une moitié de crabe trempé dans la soupe. Ca fait de l'effet mais le miso est plutôt fade."



Je ne peux qu’encourager Lu Fanni à continuer sur sa lancée et nous proposer encore d’autres « gourmande solitaire », le 1 et le 2 .

Il ne faut pas oublier que dans ce manga, en suivant ce solitaire, nous déambulons dans le Japon populaire, nous nous mêlons à la foule et le voyage culinaire en devient aussi sociologique. Vous pouvez lire le billet très bien fait de Pollanno ici .

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