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mardi 21 mai 2013

La vie parfaite du Maharadja

Je ne me suis pas laissée facilement impressionnée par ce livre. Il est lumineux, gai et coloré mais je cherchais alors des livres destinés à un lectorat plus âgé. Et pourtant...

© Agnès CATHALA et Julie MERCIER/ Milan jeunesse

"La vie parfait du Maharadja" d'Agnès CATHALA et illustré par Julie MERCIER a beaucoup de charmes.
Le Maharadja vit dans la beauté et le luxe, rien n'est trop beau pour lui et surtout il déteste la laideur, pire l’imperfection. Il ne veut pas se voir dans la glace, ne veut pas poser ses yeux sur ses serviteurs. Il ne veut que du beau. Même dans le choix de ses amis, les plus beaux animaux de la jungle. Seuls un tigre blanc aux magnifiques yeux bleus, un crocodile aux écailles scintillantes et un python le plus souple qui soit ont grâce à ses yeux. Il les invite au palais une fois par semaine et pour profiter de leur compagnie sans danger leur offre repas gargantuesque et musiques. Oui mais le danger est là, chacun peut le mettre en danger, tous peuvent le manger.
Un jour, certains d'entre eux complotent pour goûter au prince.

© Agnès CATHALA et Julie MERCIER/ Milan jeunesse

Alors oui, du texte comme un album pour enfants à partir de 4 ou 5 ans. Une belle histoire. Mais là où la magie opère est dans le rythme du phrasé. Des rimes permettent une ondulation, le conte devient oriental même dans la langue et les mots deviennent envoutants.
La beauté est bien dans celle conventionnelle, des formes, des parures, des matériaux et d'une perfection à l’œil. Bien-sûr aussi la beauté semble bien moindre par rapport aux sentiments humains et à la spontanéité en pleine confiance.
Le travail de Julie MERCIER apporte aussi énormément. Ses illustrations sont des décors pleine page, des formes pures d’aplats colorés sans contours. C'est magnifiquement acidulé et captateur pour les petits auditeurs.

© Agnès CATHALA et Julie MERCIER/ Milan jeunesse

Et moi c'est la dernière double page qui me plait le plus: le sauvage, l'effrayant, l'exotique, le plus beau dans un retournement de situation! Rhhaaa...

Merci à Lily et aux éditions Milan.

mercredi 12 mai 2010

Inuk est amoureux

© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel

"Inuk est amoureux" de Carl NORAC et illustré par Martine BOURRE est arrivé doucement à la maison. Je l'avais déjà regardé et reposé, pensant avoir affaire à une histoire jolie mais simple... et c'est vrai que mes choix de livres jeunesse sont aussi des choix d'adulte.
Et puis j'aime beaucoup ces univers de glace, alors pensant y retrouver comme un conte, je l'ai ramené. Inuk est amoureux de Lucy. Elle a le don de lui parler d'une manière qui le remplit de bonheur, de chaleur. Mais Lucy est née avec un bec de lièvre et la société se rit d'elle. Inuk change de vie et pour rendre la confiance à sa belle, lui prouver sa beauté, va jusqu'à la montrer à la face du monde avec ses sculptures. Quelle belle idée du bonheur comme une vie en adéquation avec ses sentiments.

© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel

Carl NORAC fait encore mon bonheur. Le texte n'est pas simpliste, il est fin, sensible et toujours avec des nuances thématiques. Ici la culture inuit est reprise aussi dans la description de la neige: "Les flocons sont si gros qu'ils font ploc. On dit ici qu'il tombe des peaux de lièvres." L'histoire douce se remplit de ces nuances tactiles, sensibles: l'amour comme de la chaleur dans la tête, l'amour comme une extrapolation de l'avenir, ces mots comme de émerveillement.
Et puis ces sculptures, une approche de tout l'art inuit par un biais, ce biais d'une femme mais aussi des personnages sacrés: Sedna déesse sirène, homme oiseau... Je ne peux aussi qu'approuver à cette vision de la beauté autrement, avec d'autres critères, pas l'esthétique pure mais bien ce que cette personne a avec tous ses qualificatifs (avec de telles lèvres, ses mots semblent plus doux). Mais c'est un peu faux aussi, l'esthétique est là : les formes sculptées de la femme prouvent bien qu'à chaque morphologie, unité corporelle, il suffit de changer son regard pour y découvrir une beauté que l'on redemande.

© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel

Les illustrations de Martine BOURRE sont très belles, de ces teintes bleues, jaunes et blanches comme les miroitements de la lumières sur la neige. Les personnages sont presque flous comme si la luminosité nous imposait de cligner les yeux. Les formes arrondies sont faites de lignes lisses et d'autres pellucheuses de fourrure. C'est une superbe illustratrice du froid et elle le prouve dans "La femme phoque" dont je vous parlerez plus tard. "Je m'inspire souvent des formes lisses et rondes de ces belles sculptures inuit qui expriment si bien l'imbrication du monde des hommes avec celui des animaux." nous dit-elle, c'est réussi!
J'aime aussi ces paysages, eux, plus coupés au couteau, une horizon neigeux presque brumeux et des habitations nettes, brutes.

© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel

Ce livre a aussi un très beau prétexte: un hommage au sculpteur Johnny INUKPUK, amoureux d'une femme au bec de lièvre qui sculpta toutes ces femmes avec cette "difformité".

*source Johnny INUKPUK

18/24

mercredi 5 mai 2010

L'atelier des papillons

©Gioconda BELLI et Wolf ERLBRUCH / Etre

« L’atelier des papillons » de Gioconda BELLI et illustré par Wolf ERLBRUCH est une petite histoire plus complexe qu’elle en a l’air.
« Il y a très longtemps, les papillons n’existaient pas. Comme nombre de plantes et d’animaux, ils attendaient d’être créés. C’était là le travail des Inventeurs de Toutes Choses. Mais le règlement de la Création était formel : ils devaient créer la végétation nouvelle et les bêtes encore inconnues sans jamais mêler la faune et la flore. »
Nous découvrons ainsi le monde des inventeurs, la Vénérable, les Maîtres inventeurs et les différents groupes d’inventeurs orientés vers une spécificité. Rudolfo, jeune inventeur utopiste, veut mêler la beauté dans ces créations et cherche à inventer un « être qui volerait comme un oiseau et serait aussi délicat qu’une fleur ». Avec ses amis, il est attribué à la création des insectes, un département un peu empoussiéré, peu avenant et mal reconnu. Mais Rudolfo est têtu, en plus des autres insectes inventés, il cherche encore et toujours à inventer son œuvre la plus magistral.
Les régions sont si particulières pour que les inventeurs soient en condition pour inventer (le froid pour inventer la fourrure de l’ours polaire). La beauté est toujours là pour inspirer. Les détails de la faune et de la flore prennent ici d’autres significations.

©Gioconda BELLI et Wolf ERLBRUCH / Etre

Il est aussi question de beauté : beauté des choses ou philosophie de vie comme beauté. Rudolfo veut offrir plus de beauté au monde. Les choses créées, une chèvre, un chien, ou les éléments le vent, la foudre, lui prouvent l’éphémère du beau, la beauté dans l’instant. Mais Rudolfo persiste pour inventer même quelque chose d’éphémère mais une beauté pour tous. « Ce que j’aime avec la beauté, c’est qu’elle ne renonce jamais ; voilà pourquoi elle est immortelle ».

©Gioconda BELLI et Wolf ERLBRUCH / Etre

Et puis les illustrations de Wolf ERLBRUCH apportent toujours ces nuances de matières, une manière de mettre le réalisme comme une recréation. J’ai aimé cette faune et flore avec des matières d’humain (papier journal écrit, trame de tissu) et ce sceau asiatique qui apparait sur certaines planches. Le texte étant assez dense, les illustrations ont leur légende pour retrouver l’extrait qu’ils accompagnent.

Livre lu dans le cadre du Challenge Lectures d'école.