mardi 29 juin 2010

Le bizarre incident du chien pendant la nuit


« Tous les autres enfants de mon école sont idiots. Normalement, je ne devrais pas dire qu’ils sont idiots, pourtant, ils le sont. On doit dire qu’ils ont des difficultés d’apprentissage ou que ce sont des enfants déficients. Mais c’est idiot, parce que tout le monde a des difficultés d’apprentissage et que c’est difficile d’apprendre le français ou de comprendre la Relativité. Et puis tout le monde a des déficiences, comme Père qui a toujours sur lui un petit paquet d’édulcorant artificiel pour arrêter de grossir, ou Mme Peters qui a un Sonotone beige, ou Siobhan qui a des lunettes dont les verres sont si épais qu’elles vous donnent mal à la tête quand on les lui emprunte. Pourtant, on ne dit pas d’eux qu’ils sont Déficients, même s’ils ont des déficiences.
Siobhan dit que nous devons utiliser ces mots-là parce que avant on appelait les enfants qui sont comme ceux de l’école des tarés, des débiles ou des mongols et que ce sont de vilains mots. Mais c’est idiot aussi parce que, des fois, quand ils nous voient descendre du bus, les enfants de l’école qui est au bout de la rue nous crient : « Ouh, les déficients. » Moi, je n’y fais pas attention, parce que je n’écoute pas ce que disent les autres. »
(extrait de "Le bizarre incident du chien pendant la nuit" de Mark HADDON)

4 commentaires:

  1. Merci pour ton commentaire sur mon blog... Oui, cet enfant est tellement merveilleux ! Mais tous ne sont-ils pas ainsi ?

    RépondreSupprimer
  2. Tinusia: et j'aime beaucoup cette étude des termes que l'on emploie pour parler d'eux!

    RépondreSupprimer
  3. Très bon choix d'extrait, Vanessa !
    Dans le groupe de Matthieu et à son école, les enfants parlent de "difficultés" et pas nécessairement de difficultés d'apprentissage, mais de difficultés tout court. "J'ai ou tu as des difficultés" passe très bien. Handicapé, autisme ou trisomie, sont des mots mal vécus, et on le comprend, ils cataloguent, étiquettent...
    Les mots peuvent faire mal, et je ne suis pas sûr que s'ils n'en disent rien, ils "n'encaissent" pas à chaque fois qu'ils les entendent (j'ai entendu, une jeune adulte trisomique, dire combien, à trente ans, ce mot lui faisait peur, Matthieu refuse le terme de handicapé, et d'autisme).

    RépondreSupprimer
  4. Lily: une "difficulté", c'est bien vu. J'ai pour ma part assez utilisé (abusé) du mot "différent" mais là aussi la réalité est multiple, nous sommes tous uniques et différents... c'est vraiment un sujet si riche et complexe.

    RépondreSupprimer