dimanche 22 janvier 2012

L'épouvante l'émerveillement


"L'épouvante l'émerveillement " de Béatrix BECK et illustré par Gaël DAVRINCHE est un court roman d'une fraîcheur mordante. Nous suivons les dialogues d'une enfant entre ses 2 mois et ses 13 ans, ceux intérieurs et ceux qu'elle, Paméla, aura avec sa mère Palmyre et sa grand-mère maternelle Paloma.

De cette voix intérieure puis pleine de questions se délie l'enfance. Les premiers mois de vie avec cette prise de conscience, ce soi corps, besoins, mère à soi comme partie intégrante, deviennent des maîtrises, des développements... mains, paroles. Et puis il y a ce rapport au monde, à soi et aux autres.
Paméla se questionne sur la vie et la mort. Le contexte de la guerre d'Algérie, les bombes, enfant... La mort comme disparition mais aussi l'état de squelette, les os comme sujet de discussions, de réflexions.

"Dessine des gens, s'il te plait"

"Non, ça va pas. Tu leur fais des nez trop petits. Tu vois, il faut leur faire des nez comme ça.
- Tu leur fais des nez qui prennent toute la figure.
- Oui.
- Pourquoi?
- Parce que c'est des dessins.
- Tu pourrais aussi bien faire des dessins avec des petits nez.
- Je peux faire grand, alors je fais grand.
- Mais pourquoi des grands nez plutôt que des grands yeux ou des grandes oreilles, par exemple?
- Si on fait des grands yeux, il reste pas assez de place pour les nez.
- Tu n'aimes pas les petits nez?
- Non. Les monsieurs en os, ils ont plus de nez."

*Gaël DAVRINCHE (texte de béatrix BECK/ Le chemin de fer)

C'est aussi la vie, les pensées construites et destructrices (l'antisémitisme), la non-maîtrise des enfants sur leurs peurs et angoisse ou la religion.
Les questions sont pertinentes, les réponses intelligentes et les rebondissements de la réflexion de l'enfant offre une vivacité salvatrice.
L'amour filial se lit aussi dans tous ses dialogues de femme/fille. Ces relations de manque, d'envie, de positionnement offrent là de très beaux échanges, de la matrice vers la matrice aussi.

Les aquarelles de Gaël DAVRINCHE apportent une touche onirique, entre dessins et gribouillages enfantins et illustrations déjantées du texte avec une vision d'adulte.
Le style de Béatrix BECK est extrêmement vivant et ce roman est une entrée dans la tête d'une enfant mais bien plus dans les fulgurances des premiers questionnements, l'intuition et le rôle des parents, des "répondants". Indispensable!

2 commentaires:

  1. J'avais beaucoup aimé aussi ; il est sur mon étagère des "préférés". Le billet et sur mon premier blog que je n'ai pas conservé...

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  2. cc: oh oui j'ai vu tes mini-billets. Mais mince pour le premier blog, c'est tout de même dommage pour nous de ne pas profiter de tous tes billets.

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