vendredi 31 mai 2013

Du folklore mais pas que...

*source Stacey ROZICH

... et pour vous dire que j'accumule, emmagasine, collectionne presque les superbes images d'illustrations sur Pinterest, ici.

mardi 21 mai 2013

La vie parfaite du Maharadja

Je ne me suis pas laissée facilement impressionnée par ce livre. Il est lumineux, gai et coloré mais je cherchais alors des livres destinés à un lectorat plus âgé. Et pourtant...

© Agnès CATHALA et Julie MERCIER/ Milan jeunesse

"La vie parfait du Maharadja" d'Agnès CATHALA et illustré par Julie MERCIER a beaucoup de charmes.
Le Maharadja vit dans la beauté et le luxe, rien n'est trop beau pour lui et surtout il déteste la laideur, pire l’imperfection. Il ne veut pas se voir dans la glace, ne veut pas poser ses yeux sur ses serviteurs. Il ne veut que du beau. Même dans le choix de ses amis, les plus beaux animaux de la jungle. Seuls un tigre blanc aux magnifiques yeux bleus, un crocodile aux écailles scintillantes et un python le plus souple qui soit ont grâce à ses yeux. Il les invite au palais une fois par semaine et pour profiter de leur compagnie sans danger leur offre repas gargantuesque et musiques. Oui mais le danger est là, chacun peut le mettre en danger, tous peuvent le manger.
Un jour, certains d'entre eux complotent pour goûter au prince.

© Agnès CATHALA et Julie MERCIER/ Milan jeunesse

Alors oui, du texte comme un album pour enfants à partir de 4 ou 5 ans. Une belle histoire. Mais là où la magie opère est dans le rythme du phrasé. Des rimes permettent une ondulation, le conte devient oriental même dans la langue et les mots deviennent envoutants.
La beauté est bien dans celle conventionnelle, des formes, des parures, des matériaux et d'une perfection à l’œil. Bien-sûr aussi la beauté semble bien moindre par rapport aux sentiments humains et à la spontanéité en pleine confiance.
Le travail de Julie MERCIER apporte aussi énormément. Ses illustrations sont des décors pleine page, des formes pures d’aplats colorés sans contours. C'est magnifiquement acidulé et captateur pour les petits auditeurs.

© Agnès CATHALA et Julie MERCIER/ Milan jeunesse

Et moi c'est la dernière double page qui me plait le plus: le sauvage, l'effrayant, l'exotique, le plus beau dans un retournement de situation! Rhhaaa...

Merci à Lily et aux éditions Milan.

jeudi 9 mai 2013

Les plantes ont-elles un zizi?

Il y a comme cela des titres un peu provocateurs... Et grand bien leur fasse! J'aime ces documentaires qui donnent à comprendre des savoirs scientifiques en proposant une ouverture humoristique.

© Jeanne FAILEVIC, Véronique PELLISSIER et Cécile GAMBINI/ Actes Sud junior

"Les plantes ont-elles un zizi et autres questions fondamentales sur les végétaux" de Jeanne FAILEVIC, Véronique PELLISSIER et illustré par Cécile GAMBINI est une autre manière d'évoluer dans la botanique.
Chaque chapitre part d'une question particulière, la réponse est alors déclinée en exemples, schémas et références.
Le sexe des fleurs apparait justement non dans la forme ambigüe de l'arum mais dans leur anatomie d'étamine et de pistil. La fécondation et la naissance d'une graine sont explicitées avec schémas mais aussi dessins de la spécificité des pollens et leur mobilité (anémophile, zoophile). Les plantes ne sont plus alors des formes molles "végétatives" mais de vraies stratèges pour attirer les insectes pollinisateurs, pour flouer ou faire alliance.

© Jeanne FAILEVIC, Véronique PELLISSIER et Cécile GAMBINI/ Actes Sud junior

La chaîne alimentaire réapparait avec les plantes comme productrices de matières organiques. Nous découvrons aussi la photosynthèse, fabrication de sucres grâce à la lumière, d'une manière beaucoup plus attrayante avec les bouches de la plante (stomates), la distinction des sèves, brute ou élaborée, mais aussi les racines qui puisent les nutriments, les symbioses faites avec d'autres organismes pour faciliter l'absorption des nutriments, comme les champignons (micorhize). Les crottes des végétaux amènent aussi un aspect intéressant des déchets, comme la lignine, toxique incrément.
Les plantes se font aussi mobiles, se déplacent, s'enracinent, réagissent à l'environnement. Les plantes n'apparaissent plus, non plus, comme de faibles éléments. Elles sont fortes, de leur évolution, de leur adaptation, de la structure cellulaire rigide mais aussi de leur anatomie ou/et de leur enracinement.
Nous découvrons les adversaires des plantes mais aussi leurs défenses physiques ou chimiques, leur sèves antigels, leurs stratégies pour survivre à l'hiver avec ce détachement des feuilles et le capuchon de liège protecteur.
Nous apprenons leurs moyens de communication, pour résister aux gazelles, pour attirer les pollinisateurs, pour marquer son territoire comme le noyer.
Il est même question de la mort, de morts-vivants et presque d'éternité.

© Jeanne FAILEVIC, Véronique PELLISSIER et Cécile GAMBINI/ Actes Sud junior

Vous l'aurez compris, une foultitude de connaissances est exposée mais rien n'est rébarbatif. La question de début de chapitre, illustrée d'une photographie des incongruités botaniques, amène beaucoup d'illustrations, d'exemples et d'"anecdotes". Et juste après une autre question un peu indiscrète arrive: les plantes font-elles des crottes?
C'est aussi une ouverture vers d'autres savoirs botaniques avec les références données, Linné mais aussi Francis Hallé, et les notes de fin d'ouvrage.

Les illustrations de Cécile GAMBINI sont soit des présentations schématiques presque scientifiques, soit des illustrations plus imagées de relation aux plantes. Elles ne sont peut-être pas particulièrement réalistes, comme dans un guide botanique par exemple, mais les plantes sont tout à fait reconnaissables et ne sont ainsi que des points de focalisation.
Le parti-pris de proposer une réflexion anthropomorphique n'est pas là pour dénaturer le contenu. De nombreuses coupes montrent la structure interne des végétaux, les mots latins des espèces mais aussi les noms particuliers des phénomènes présentés sont ici inscrits et même mis en avant par une pagination et une mise en gras. Tout est fait pour être le plus clair possible mais aussi le plus amusant.
Paris réussi... et dire qu'il sera question de botanique au programme de 6ième, avec cette insipidité possible des contenus: là, nous serons prêts!

lundi 6 mai 2013

Le pays de Jade (ou un peu de l'Atlas d'Orbae... avant le Secret)

Je n'ai pas encore acheté "Le secret d'Orbae" de François PLACE et pourtant je suis tentée... j'aime beaucoup les propositions de cet écrivain. J'avais un doute aussi: est-ce la réédition de son "Atlas des géographes d'Orbae", une suite, un extrait? Je suis encore dans le doute. En attendant, et parce que je n'ai pas encore parlé de cet atlas, en voici un extrait qui avait été publié seul...
L'atlas est en fait le résultat de 26 présentations de monde, de pays, de cultures. A chaque lettre une histoire et une géographie. Le livre est en fait constitué de 3 tomes: "Du pays des Amazones aux îles Indigo", "Du pays de Jade à l'île Qinookta" et " De la Rivière Rouge au pays des Zizotls". "Le pays de Jade" correspond donc à la géographie du "J". Je n'ai que les deux derniers pour l'instant.

© François PLACE/ Casterman

L’Empereur du pays de Jade est en séjour dans son pavillon d'été et, une nouvelle fois, la pluie l'indispose. Les astrologues responsables du choix des régions ensoleillées ont failli et se retrouvent punis. Le troisième astrologue de la cour, Han Tao, le plus jeune, est dépêché pour trouver la raison de leurs erreurs et ainsi sauver sa tête et celles de ses anciens maitres.
Il part dans les contrées du pays de Jade aidé d'un domestique. Ils parcourent la forêt des pins rouges et se font guider par les moines Boules de feu, passent le Col des cinq grimaces et ainsi découvrent peu à peu ce qui est arrivé.

Le voyage dans ce pays aux traits infiniment asiatiques est très plaisant. Nous pouvons y retrouver certains codes, vestimentaires, d'autorité des dignitaires mais aussi culturelles (le thé juste dans une illustration... pour que vous l'imaginiez mieux j'ai dû faire un zoom, vous comprendrez au "chapitre illustration", mais aussi des lettrés avec ce vieux peintre potentiellement influencé par le Moine Citrouille amère).

© François PLACE/ Casterman

Dans cette quête, presque une enquête, Han Tao le jeune astrologue agit avec raison, sans dispersion ni précipitation. En cela il est serein comme un disciple des spiritualités asiatiques mais aussi concentré et montre les relations que les hommes ont avec la nature et l'harmonie à préserver.
Et bien-sûr la fonction de "Chercheur de soleil", lecteur du vol des oiseaux-soleil, est une pure merveille.

Comme toujours les illustrations de François PLACE sont à l'encre et rehaussées de couleur. Il y a une sorte d'influence asiatique concernant le choix de ses pages entières: ce sont à chaque fois des paysages, magnifique tableau ancrant le récit dans une flore et une géologie, où les personnages sont tout petits et sans réel expression faciale. J'y retrouve aussi des influences des peintres botanistes ou explorateurs, gageant sur l'ensemble et presque une réalité du rendu.

© François PLACE/ Casterman

François PLACE a toujours le pouvoir de nous faire voyager, ici comme dans d'autres propositions, nous suivons par l'histoire les traces d'une civilisation. J'aime ce côté spatiogène ("Les récits d’espace créeraient les espaces dans lesquels se meuvent les protagonistes et les personnages secondaires. Les récits seraient donc spatiogènes si l’on me permet ce néologisme bâti à partir du nom latin spatius/étendue, espace et du mot latin et grec genesis / naissance, formation [...] hypothèse intéressante, théorisée par Michel de Certeau" extrait du blog Les territoires de l'album, proposition écrite autour des géographes d'Orbae). Il créé ainsi une aventure, un voyage et une exploration presque scientifique (un peu d'ethnologie fictive et de botanique ou zoologie par exemple).
Magique!

N'hésitez pas à acquérir l'atlas, comme de petites nouvelles d'aventure... en attendant le secret. Et à relire "Les derniers géants" qui, depuis, a reçu un prix.

dimanche 5 mai 2013

Archéologie, une histoire sans fin

J'avais tout de suite craqué pour ce magnifique documentaire. "Archéologie, une histoire sans fin" d'Anne Rose de FONTAINIEU et illustré par Aurore CALLIAS est extrêmement bien fichu. Il offre une entrée dans la découverte archéologique de certaines civilisations de la préhistoire à nos jours. Mais ce n'est pas là une succession de savoirs mais plus une exploration à la suite des hommes. Le livre comporte deux parties: l'une apporte quelques pierres angulaires aux découvertes sous forme de récits et l'autre fonctionne comme un dictionnaire d'archéologie bien fourni.

© Anne Rose de FONTAINIEU et Aurore CALLIAS/ Gallimard jeunesse

Après une histoire sommaire des sciences, sources de récoltes et de classifications, dont l'archéologie est inclue, l'auteure présente les différentes méthodes d'archéologie pure: expérimentale où les spécialistes redécouvrent in situ le fonctionnement, ethno-archéologique examinant les découvertes à l'aune des cultures, survivantes actuellement et utilisant les même techniques, et préventive pour permettre le maximum de récoltes avant l'utilisation urbaine des sols par exemple.

Chapitre après chapitre, les découvertes sont resituées dans l'espace et le temps des civilisations mais aussi des fouilles. A chaque civilisation présentée, le parti-pris est de ne suivre qu'une ou deux fouilles représentatives et de montrer les avancées perpétuelles sur nos théories contemporaines. Et parfois les intellectuels sont aussi cités, comme Agatha Christie pour son livre situé en Mésopotamie.
La préhistoire est très présente et semble plus complète ici, en terme de découvertes, que les autres civilisations abordées. C'est le seul chapitre qui semble exhaustif et montre en quoi de nouvelles réflexions intellectuelles font suite aux os d'hominidés trouvés, réduisant la portée de la religion chrétienne (et du Déluge) et remettant perpétuellement en cause l'évolution de l'homme.
La Mésopotamie est abordée avec le site d'Ur, les civilisations de l'Indus et son écriture encore à déchiffrer, l'Egypte et quelques tombeaux, les mythes grecs et Troie, l'archéologie celte, Rome et ses jumeaux, la Perse, certaines découvertes précolombiennes, les Vikings et un exemple en Afrique australe avec le "Grand Zimbabwe".
Autant vous dire qu'une présentation rendant honneur à cette première partie est impossible.

© Anne Rose de FONTAINIEU et Aurore CALLIAS/ Gallimard jeunesse

La seconde partie comporte ainsi le nom des spécialistes qui ont participé aux découvertes, le nom de certains monuments, de personnages historiques ou légendaires dont font références les restes matériels des civilisations perdues, des éléments historiques ou géographiques.
Un seul regret ici: j'aurais adoré des illustrations encore là, des schémas de construction, des portraits etc... mais ce n'est qu'un tout petit bémol par rapport à cette somme de travail et pour l'auteure et pour l'illustratrice. Et je dois dire que cette seconde partie est à lire en piochant ou, souvent, pour compléter une approche plus poussée d'autres découvertes.

Avec cet imposant savoir, le livre propose aussi une mappemonde des découvertes pour les situer mais aussi des frises chronologiques par continent pour se repérer dans le temps et en rapport aux autres civilisations.
L'intérêt est aussi qu'il montre que les découvertes ne sont pas qu'anciennes, qu'elles vont encore se succéder dans l'avenir et, qu'à chaque fois, elles remettent en cause nos savoirs sur le passé de l'homme.

© Anne Rose de FONTAINIEU et Aurore CALLIAS/ Gallimard jeunesse

Le travail d'Aurore CALLIAS donne encore plus d'attrait au livre. Avec des photos de carnets par exemple, elle ponctue l'écrit par des portraits et des présentations de fouilles, entre schémas et mises en situation. Les illustrations colorées ne sont pas dénuées d'humour, le récit est ainsi incarné et répond aussi aux très nombreux focus sur les légendes par exemple ou les détails mis en avant.

Je reparlerais sûrement d ce merveilleux livre, ici ou en l'exploitant avec le loupiot de la maison sur mon blog principal.

Invisible mais vrai

Très bonne nouvelle, certains albums de Rémi COURGEON sont republiés sont un format tout petit, souple et peu onéreux. Il ne faut pas s'en priver. Dans cette collection "mini-albums" de Mango jeunesse, il y a pour l'instant trois de ses livres. Je commencerais pas "Invisible mais vrai" mais dans tous, la pâte de l'auteur/illustrateur est là, une très forte sensibilité.

© Rémi COURGEON / Mango jeunesse

Émile est le fils d'une professeur de piano. Mais il ne pense qu'à devenir "l'homme invisible", héros  littéraire, et n'a que faire des espoirs de sa mère. Un jour, l'accordeur de piano est appelé. Émile rencontre alors Monsieur Fressinet, aveugle de naissance.
Pour l'un, le garçon est invisible, pour l'autre, les couleurs le sont. Commence une amitié et une découverte des sens.

© Rémi COURGEON / Mango jeunesse

Je peux toujours faire confiance en l'auteur pour nous parler de thèmes pourtant peu simples. Ici l'amitié nait entre l'enfant et l'adulte grâce à une déficience visuelle mais aussi à un rêve d'enfant. Mais outre la découverte des moyens pour appréhender la vie chez les aveugles, braille ou auditeur, mais aussi l'utilisation extrême des autres sens, c'est le partage d'une émotion qui rend le livre vivifiant.
Les couleurs ne sont rien pour Mr Fressinet, rien comme la vue pour des genoux. Le garçon cherche alors des moments, des situations, des expériences sensitives à même d'appréhender les couleurs. Et son ami lui répond et partage sa manière de vivre la couleur, en musique.
La notion d'invisibilité, de transparence mais aussi de visibilité de phénomènes juste sensibles est aussi très incarnée.

© Rémi COURGEON / Mango jeunesse

Rémi COURGEON marque encore là un livre dans la droite file des rêves de garçon tout en finesse et délicatesse... et c'est encore plus flagrant avec "La colo", je vous en parle bientôt, en attendant n'hésitez pas à lire ses autres propositions sans oublier "Brindille" plus féminin pépite 2012 du Salon du livre jeunesse, dont je vous parlerais, aussi, plus tard.

vendredi 3 mai 2013

Comment ça marche? Machines et engins

Dans la lignée d'une curiosité sur le monde et d'une volonté de pratique, expériences à faire, manipulations, ce documentaire "Comment ça marche ? Machines et engins" de Nick ARNOLD et illustré par Allan SANDERS est une réussite.


Dans ce livre/kit, l'enfant trouve des pièces et des schémas de construction de plusieurs mécanismes explicitant le fonctionnement de machines plus complexes (plan incliné, levier, roue, poulie, engrenages, crémaillère, bielle et manivelle, cliquet et came)

Tout est très bien fait, l'attrait de la construction et de la manipulation et le livre. La grille, les pièces, le processus de construction, l'explication et la chronologie des inventions sont de très bonnes propositions pour entrer dans la mécanique. Les feuillets explicatifs des engins permettent (avec l'aide d'un adulte pour les plus jeunes mais en autonomie pour les 7/8 ans) de construire très rapidement le modèle.
Après la manipulation, les exemples concrets, la petite histoire de l'invention englobent bien cette première approche de la physique dynamique, surtout que les schémas du mouvement des engins amène la réflexion.

Peintures pressées, Un musée imaginiare

"Les histoires pressées" de Bernard FRIOT ont 25 ans! Cela fait plus d'un an que le lutin de la maison les réclame en lecture (auditeur), l'original comme deux de ses suites et je n'en ai pas parlé ici. Mais quel retard, comment l'expliquer? Je ne sais pas... l’œuvre de FRIOT fait partie de nos références le soir, toujours avec Lilo aussi, comme d'autres et rien ici sur ce média. Pour me faire pardonner et parce que vous pourrez ainsi savourer la belle écriture de cet homme, je vous conseille "Peintures pressées, Un musée imaginaire".

© Bernard FRIOT/ Milan Jeunesse

Je n'ai pas tardé longtemps avant de fondre sur cette proposition. Ce petit livre offre des histoires prenant axe sur une œuvre d'art.
Apollon vous parle de son métier et c'est jouissif. Dans un musée, une fillette ne comprend pas le concept de la mort et celui de garder les pinceaux d'un peintre, qui pourrait toujours avoir envie de peindre, même mort, non?! Le cœur de Lili qui bat vous fera frémir. Un homme partira d'un café sans sa main, en laissant une autre sur la table. Une enfant malade est sereine. La vue des enfers. La rencontre de l'autre pour plus de bonheur ou de malheur. Les films d'horreur ou le sacrifice dans l'art.

© Bernard FRIOT/ Milan Jeunesse

Chaque récit vous étonnera et le passage de l'un à l'autre aussi... humour, sueur froide, drôlerie, poésie presque naïve et émotion. Bernard FRIOT montre encore là qu'il est le maitre dans les courtes histoires. Mais attention, les portions de vie ne sont pas toujours gaies. Il ne faut pas croire que le sieur FRIOT ne choisisse que la beauté et le conte, cela peut aussi être cruel et déstabilisant, comme certaines œuvres d'art. L'amour, la mort, le regard d'autrui, l'horreur, le fantastique et surréalisme.
Il n'est pas ici question d'histoire de l'art, ni même de proposer une lecture d'une œuvre. Nous nous laissons porter par un imaginaire qui nous pousse à regarder l’œuvre d'art, à nouveau et totalement différemment. Des détails apparaissent, un sourire au coin des lèvres, une tendresse dans une main posée sur l'épaule. Un mystère sur un visage, une forme abstraite prendre corps comme un personnage.

Maintenant les œuvres d'arts ne sont pas dépourvues de réalité: l'artiste, le titre, la date et une préface un sens chronologique des œuvres proposées.

jeudi 2 mai 2013

Le loup sous le lit ou quand une petite fille sait ce que les adultes ne savent plus

J'aime les loups, j'aime cette part de sauvagerie, d'inconnu, de cauchemar aussi sur fond de nuit noire ou de pleine lune. J'avais ainsi acheté "Le loup sous le lit ou quand une petite fille sait ce que les adultes ne savent plus" de Stéphane SERVANT et illustré par Benoit MOREL dès sa parution et l'avais lu dans la foulée. Alors pourquoi attendre pour en parler. Peut-être justement pour que le charme du loup opère encore, peut-être pour ne pas limiter la portée du livre, aussi.

© Stéphane SERVANT et Benoit MOREL/ Oskar

Derrière l'école un loup est blotti apeuré. Elle va tenter le réconforter. Puis se comprenant, ils vont faire découvrir l'un à l'autre les beautés de leur monde, la forêt et la ville. Mais tout n'est pas beau dans ce monde d'adultes. Les oiseaux de la volière ont été libérés: un loup, une jeune fille avec un masque de loup? Dans le doute, les adultes s'arment pour combattre le loup.

© Stéphane SERVANT et Benoit MOREL/ Oskar

Bien-sûr il est question d'amitié et de tolérance, une écharpe montre l'attachement, le lien, entre le loup et elle, entre elle et la forêt. La force est dans cet amour avec l'esprit sauvage, le loup. Il apparait dans toute ses impulsions. Mais je trouve que le plus beau est cet amour de la liberté, de l'instant présent.
"Quand j'étais fatiguée, le loup m'apprenait les taches de soleil, la langue secrète des arbres, la saveur de la boue, les morsures du froid et la douceur du ventre des crapauds."

© Stéphane SERVANT et Benoit MOREL/ Oskar

Le loup et la petite fille étaient libres, spontanés, près de la nature et de leur rêve. L'enfant a grandi mais il lui reste son loup, l'esprit libre.

Bien-sûr le choix du rouge et du noir pour les illustrations de Benoit MOREL est magnifique, salvateur presque comme les couleurs de la passion et du sang. Mais nous sommes loin du chaperon rouge. C'est vrai: ce loup n'est pas celui des contes.
"C'était le premier loup que je rencontrais. Je veux dire: pas un loup de dessin animé ou de conte de fées.
Non, c'était un loup pour de vrai: dents jaunes, grands yeux, oreilles  pointues et queue touffue."