lundi 19 août 2013

L'histoire des douze travaux d'Hercule

Voici notre seconde version des douze travaux d'Hercule, le premier était un album très divertissant, celui-ci est plutôt un mini-roman. "L'histoire des douze travaux d'Hercule" de Jacqueline VALLON et illustré par Maurice POMMIER est un petit livre au contenu très riche.

© Jacqueline VALLON et Maurice POMMIER/ Folio

Il est moins aisé de lire ce format-ci qui ne fait pas la part belle au chapitre et désoriente quelque fois avec ses illustrations sur la même page que le texte. Pourtant, il faut entrer et suivre le destin d'Hercule.
Hercule est un des fils de Zeus, destiné par la volonté paternelle à être la force sur terre capable de détruire les monstres ravageant les récoltes et les humains. Le principal dieu est fort en stratagèmes pour séduire des mortelles comme se métamorphoser en taureau, cygne ou pluie d'or et déclencher ainsi la fureur de sa femme légitime, la déesse Héra.
Alcide, premier nom d'Hercule, en naissant ne devient pas l'héritier du trône d'Argos, Héra avait déjà comploté. Mais Alcide grandit, se fit connaitre pour ses exploits et même épousa la fille du roi de Thèbes, Mégara. Héra rageant lui inflige une folie passagère et il tue sa femme et ses enfants. Apollon, dieu purificateur des crimes, par la pythie, lui astreint 12 ans au service du roi d'Argos, son cousin, et lui donne le nom d'Héraclès, "la gloire d'Héra" ou Hercule pour les romains. Équipé par les dieux, Hercule part effectuer ses douze travaux.
La vie d'Hercule ne s'arrête pas là, il se remariera et sera tué par la malice d'un centaure et enfin devenir dieu.

© Jacqueline VALLON et Maurice POMMIER/ Folio

Jacqueline VALLON, ancienne enseignante de français et de littérature, aujourd'hui spécialiste en écrits jeunesse sur les religions, offre là une belle mise en perspective.
La mythologie est présentée comme une croyance des grecs dans l'Antiquité pour une multitude de dieux et surtout Zeus, frère ou père de beaucoup d'entre eux. La généalogie des monstres créatures est aussi lisible: le Lion de Nemé est le frère du Sphinx de Thèbes, le chien à plusieurs tête gardien du troupeau de Gérion étant leur père et le frère de l'Hydre de Lerne et de Cerbère.
Avec ces multiples combats apparaissent aussi les constellations (le crabe accompagnant l'Hydre de Lerne ou la lion) et une meilleure vision géographique comme cet au-delà de l'océan qu'est l'île d'Erythie, pour atteindre laquelle, Hercule élèvera ses colonnes (rocher de Gibraltar et de Ceuta).
Et où je comprend mieux que le Taureau de Crête apparaissent ici et aussi en duel contre Thésée.

© Jacqueline VALLON et Maurice POMMIER/ Folio

Les illustrations de Maurice POMMIER, très stylisées, sont un très bel accompagnement à la richesse du propos mais peuvent laisser les plus jeunes sur leur faim (ce sont des silhouettes colorées et les créatures même très détaillées font alors moins peur). Elles plairont par contre aux plus grands ou aux (re)lectures de la mythologie pour leur aspect synthétique.

samedi 17 août 2013

Collection de jardins peints

"A l'époque de [James] Cuninghame [au XVIIIe siècle], voyager en Chine était un peu plus facile pour les étrangers que cela ne devait le devenir plus tard: lors de sa première visite, il avait eu la bonne fortune de passer plusieurs mois dans le port d'Amoy. Là, il avait découvert que les peintres chinois étaient exceptionnellement doués pour la description réaliste des plantes, fleurs et arbres: une chance pour lui car, en ce temps-là, personne ne pouvait espérer rapporter par la mer de la Chine en Europe des spécimens vivants; l'ambition des collectionneurs était plutôt d'amasser des provisions de graines et d'assembler des "jardins secs". Auxquels Cuninghame avait ajouté un autre genre de collection, le "jardin peint": il était rentré en Angleterre avec plus de mille tableaux. Ces illustrations avaient suscité beaucoup d'admiration tout en soulevant une bonne dose de scepticisme - à des yeux habitués à la flore européenne, il avait paru plus plausible, sinon impossible, que des fleurs d'une si extravagante beauté puissent exister. Certains soutenaient que des fleurs peintes étaient l'équivalent botanique des phénix, licornes et autres créatures mythiques. Bien entendu, ils se trompaient: en temps voulu, le monde entier verrait que la collection de Cunighame avait contenu les images des plus célèbres fleurs que l'on recevrait de Chine - hortensias, chrysanthèmes, prunus, pivoines, les premières roses remontantes, l'iris panaché, d’innombrables gardénias, primevères, lys, hostas, glycines, asters et azalées."
(extrait de "Un fleuve de fumée", Amitav GHOSH)

mardi 13 août 2013

Moby Dick

Il y a quelques temps déjà que je passe devant cet album. J'attendais de pouvoir le lire au lutin pour (re)découvrir ce classique. Nous en sommes sortis émerveillés. "Moby Dick" d'après Herman MELVILLE, adapté par Fouca DABLI et illustré par Jame's PRUNIER est une magnifique proposition!

© Herman MELVILLE, Fouca DABLI et Jame's PRUNIER/ Milan jeunesse

Ismaël est un homme solitaire. Il est si triste parfois qu'il se croit prêt à mordre. Il lui faut reprendre la mer en tant que matelot et retrouver la rigueur de cette vie réglée. Cette fois-ci il veut embarquer sur un baleinier. Les baleines le fascinent, il a tout lu sur elles, et ces monstres tout droit sortis des abîmes sont synonymes de danger et d'aventure. Il doit rejoindre Nantucket, l'île sur laquelle accostent les baleiniers. Mais il est arrivé trop tard et doit passé une nuit à l'auberge et partager son lit avec un harponneur, celui qui deviendra son inséparable ami, Queequeg. Ce prince d'une des îles du Pacifique, tatoué du visage et du corps, embarque avec lui sur le baleinier du Capitaine Achab, Le Péquod. Et la chasse commence. Mais loin de partir pour des raisons commerciales, ce bateau-ci instrumente une vengeance, entre le capitaine et un monstre blanc peut-être imaginaire, la baleine Moby Dick.
"Une terrible cicatrice sort de ses cheveux gris, continue sur sa joue, son cou, pour disparaitre sous ses vêtements. Certains prétendent même qu'elle continue jusqu'à ses pieds! On dirait un chêne qui a gardé, de la cime aux racines, la trace impitoyable de la foudre. Le capitaine se tient très droit, planté sur sa jambe artificielle taillée dans l'ivoire de cachalot. Il a fait percer sur le pont quelques trous dans lesquels il peut la caler, et là, le regard hautain constamment fixé vers l'avant, sur l'océan infini, il semble défier l'invisible ennemi."
Tous les jours passent à la poursuite de Moby Dick. Et un jour elle est là. Elle est immense, forte et rusée, par certains côtés, elle est aussi en chasse jusqu'à la fin.

© Herman MELVILLE, Fouca DABLI et Jame's PRUNIER/ Milan jeunesse

L'album présente ce duel entre Achab et Moby Dick, ce combat sur plusieurs jours, d'attente, de poursuite, de rixes et de pertes. Il nous tient en haleine et la forme blanche devient espérée et redoutée. Le livre est assez court pourtant, il permet de ne pas perdre le jeune lectorat dans une attente trop forte.

© Herman MELVILLE, Fouca DABLI et Jame's PRUNIER/ Milan jeunesse

Le contenu fait aussi la part belle au bateau, à sa fonction explicitée, à l'équipage. La chasse, le dépeçage de la baleine est présentée avec tout ce que l'on récupère d'elle. L'homme est le gagnant dans ces morts-là.
Le texte est bien-sûr une adaptation mais cette mise en perspective de certains côtés de la bible apparait tout de même: Le Rachel, un autre baleinier rencontré par Le Péquod, est en quête de ses enfants perdus, Ismaël le nomade et une idée de ce léviathan monstrueux.

© Herman MELVILLE, Fouca DABLI et Jame's PRUNIER/ Milan jeunesse

Le livre met aussi en valeur les magnifiques peintures de Jame's PRUNIER. Et bien qu'il s'agisse d'une adaptation, cet album est une pépite à s'offrir comme le texte intégral et ce, justement, pour l'atmosphère visuelle.
Jame's PRUNIER a su rendre la brume, le vent, le froid et cet air glacial des pôles où vit Moby Dick. Les paysages rappellent l'influence hollandaise par la lumière, l'impression de solitude et d'immensité avec de très beaux plans du port et des bateaux. Tout en détail, presque en authenticité, et en flou.
Ses personnages sont aussi caractéristiques, campés, burinés et le visage sculptés à la serpe.
 
© Herman MELVILLE, Fouca DABLI et Jame's PRUNIER/ Milan jeunesse

Et que dire de ses plans, de cette atmosphère cinématographique... premier plan sur le labeur des rameurs, second sur le duel avec Moby Dick, silhouette blanche de la baleine en plongée du mât du Péquod etc....
Magnifique!!!!!

© Herman MELVILLE, Fouca DABLI et Jame's PRUNIER/ Milan jeunesse

Et j'aime aussi les pages de garde avec ces illustrations comme dans un carnet de bord: le Péquod représenté, les baleines types et leur métrage, les différents harpons et même le parcours du baleinier sur la carte.

Rajout du 23/05/2014: il a été réédité avec une nouvelle couverture! 

samedi 10 août 2013

Manolo, le charnego murcien


"En fait, ce furent là les seuls jouets de son enfance, des jouets qu'il ne devait jamais casser ni mettre au rebut. Il grandit en beauté et en intelligence, avec une disposition rare pour le mensonge et la tendresse. [...] De son contact quotidien avec la faim il lui resta une lueur animale dans les yeux et une façon particulière de pencher la tête que seuls les imbéciles prenaient pour de la soumission. Très vite, il connut la vérité la plus arrogante et la plus utile de la misère: qu'il n'est pas possible de s'en délivrer sans risquer sa vie. Ainsi, dès son enfance, il eut besoin de mensonge autant que de pain, autant que de l'air qu'il respirait. Il avait la vilaine habitude de cracher souvent; cependant, si on l'observait attentivement, on remarquait dans sa façon de faire (les yeux fixant soudain un point de l'horizon, un complet désintérêt pour son jet de salive et pour l'endroit où il atterrissait, une intime et secrète impatience dans le regard) cette résolution ferme et irrévocable, fille de la rage, qui souvent fige le visage des paysans sur le point d'émigrer et de certains jeunes provinciaux qui ont pris la décision de s'enfuir un jour vers les grandes villes."
(extrait de "Teresa l'après-midi" de Juan MARSE)

mercredi 7 août 2013

Les douze travaux d'Hercule

Les grands classiques sont toujours de nos lectures et les exploits d'Hercule/ Héraclès ont aussi le pouvoir de subjuguer les petits mecs aimant les superhéros et les monstres ou créatures.

© Anne JONAS et Frédéric PILLOT/ Milan jeunesse

"Les douze travaux d'Hercule" adapté par Anne JONAS et illustré par Frédéric PILLOT répond parfaitement à une envie d'aventure tout en présentant quelques trames des stratagèmes des dieux.
Hercule est né des passions de Jupiter pour une mortelle. Ce n'est pas la première fois que le dieu est infidèle envers sa femme la déesse Junon. Mais cette naissance va déclencher chez elle une haine farouche. Elle ne veut pas d'Hercule sur le trône qui lui reviendrait de droit, aucun problème elle permet l'enfantement d'un cousin qui, né avant terme, lui ravira la fonction. Cela ne lui suffit pas, elle veut sa mort. Mais même enfant Hercule sait déjouer les pièges et tue ainsi deux serpents venimeux de son berceau bouclier. Jupiter renforcera encore sa force de demi-dieu en l'allaitant aux seins même de Junon pendant son sommeil.
Hercule vit, devient un enfant surhumain par sa force, apprend avec de nombreux professeurs tous les savoirs mais déjà son agressivité est latente. Sa rage se déclenche une fois, l'exilant encore enfant dans les montagnes. Elle se déclenche une seconde fois déclenchant une guerre et la mort de son père adoptif, Amphitryon.
Mais Hercule s'assagit, tombe amoureux, devient père lui même et découvre la sérénité. Cela ne plait pas à Junon, qui ne pouvant l'atteindre sur sa force ou son intelligence, va déclencher chez lui la folie. Il tuera ses propres enfants. Et pour expier son crime, demandera le conseil des dieux, découvrira son auguste engeance et devra offrir huit ans de sa vie à son cousin né grâce à Junon. Et celui-ci conseillé par la haineuse déesse imposera alors douze travaux au surhomme.
Des combats contre des créatures dévastatrices (Lion de Némé, Hydre de Lerne, Juments de Diomède, Géryon, Cerbèrs, les oiseaux du lac stymphale, le Taureau de Crête) mais aussi des défis contre les dieux (la biche aux sabots d'airain, les pommes du Jardin des Hespérides) ou des stratagèmes (la ceinture d'Hypollité, reine des Amazones, les écuries d'Augias, le sanglier).

©Anne JONAS et Frédéric PILLOT/ Milan jeunesse

Les travaux d'Hercule sont ici très bien présentés: chapitres courts mais détails intenses sur la cruauté des combats ou des créatures, le lecteur en redemandera.
Bien-sûr la majorité du récit s'intéresse à ces défis mais le caractère bouillant du héros est bien présent et les choix des dieux sur son destin aussi.

©Anne JONAS et Frédéric PILLOT/ Milan jeunesse

C'est une belle première approche du mythe avec de très belles illustrations dans le style héroic fantasy classique de Frédéric PILLOT. Elles mettent en avant la musculature, la rage mais aussi les textures des créatures et beaucoup beaucoup d'atmosphère: un clair-obscur, des nuages, de la poussière, de la brume tout cela grâce à l'ajout de pastel.

©Anne JONAS et Frédéric PILLOT/ Milan jeunesse

Nous avons été déstabilisés par l'utilisation des noms de dieux en latin, habitués que nous sommes aux noms grecs mais cela n'a pas d'importance pour le divertissement et rien ne nous empêche de créer la fiche reprenant les deux: Hercule/ Héraclès, Jupiter/ Zeus ou Junon/ Héra par exemple.

lundi 5 août 2013

Pense pas bête

"Pense pas bête" de Gwénaëlle BOULET et Anne-Sophie CHILARD, illustré par Pascal LEMAITRE est une petite mine d'or. Ce livre fluo reprend les pages du même nom éditées dans le petit magazine Astrapi. Bien-sûr j'adore et peu étonnant j'y retrouve les réponses ouvertes et toutes les voies possibles des livres Philoz'enafnts dont je vous parlerais dans ce média de manière plus détaillée : normal le conseiller philosophique n'est autre que l'auteur de ces derniers, Oscar BRENIFIER. -Rajout du 11/04/2014: attention le titre et la couverture ont changé, il s'agit maintenant de "Les grandes questions philo des 7-11 ans, Pense pas bête tome 1".

© Gwénaëlle BOULET, Anne-Sophie CHILARD et Pascal LEMAITRE/ Bayard jeunesse

Il reprend en 4 pages plusieurs thèmes abordés dans des ateliers avec des enfants de 7 ans et plus. C'est quoi la honte? C'est beau ou c'est pas beau? Est-ce grave de se tromper? Pourquoi veut-on toujours plus? Trente notions sont ainsi mises en scène. Les possibilités de réponses avec des exemples concrets apportent une réflexion quelque fois elle-même rediscutée. Le texte est très très clair, il n'est pas simpliste, reprend toutes les nuances de réponses et amènent même à certaines conceptualisations. Le propos met en avant une mise en situation immédiate superbement illustrée par de petits personnages. Le concept, la réflexion, le dialogue répondent aussi à un code couleur, permettant de bien suivre.

© Gwénaëlle BOULET, Anne-Sophie CHILARD et Pascal LEMAITRE/ Bayard jeunesse
Le livre est vivant dans sa lecture et même se veut par moment interactif: le jeune lecteur a le choix des réponses, peut aussi la créer.

© Gwénaëlle BOULET, Anne-Sophie CHILARD et Pascal LEMAITRE/ Bayard jeunesse

Pourquoi les parents font-il des enfants? Est-ce grave de se tromper? Pourquoi y a-t-il des chefs? Faut-il toujours obéir? De nombreuses questions amènent aussi concrètement une réflexion sur la vie même des enfants: elles expliquent les règles, les lois, l'autorité naturelle des adultes mais aussi leur permet d'être critique sur leur outre-passements, les dérives de ce que l'adulte leur demande. Le propos présente aussi les erreurs des grands. Sans minimiser les fautes de tous, les réflexions attribuent une explication et un début de dialogue.

© Gwénaëlle BOULET, Anne-Sophie CHILARD et Pascal LEMAITRE/ Bayard jeunesse

D'autres questions amènent vers des réflexions plus scientifiques, spirituelles ou morales: l'homme pas tout-à-fait un animal parmi les autres, la place de la vie sur Terre, la place de Dieu, les sentiments et leurs manifestations (jalousie, amour, orgueil etc...).

Tout n'est pas, pour moi, de la même qualité. Certains thèmes sont succinctement abordés mais cela est peut-être juste le rendu des discussions réelles menées avec les enfants. La réflexion est lancée, les concepts presque abordés. Une valeur sûre!

samedi 3 août 2013

Dans la valise, il y avait en lectures adulte


.... des romans:
Herman KOCH, "Le dîner" sur la responsabilité, la fratrie, l'agressivité et les bords de la folie... un extrait est ici
Patrick NESS, "La voix du couteau, le chaos en marche 1", romans ado frissonnant et extraordinaire dont j'espère vous parler bientôt.
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en cours:
Juan MARSE, "Teresa l'après-midi", sensualité aventurière
Katrina KITTLE, "Le garçon d'à côté"
Amitav GHOSH, "Un fleuve de fumée", tome 2 faisant suite à "Un océan de pavots"

... des magazines et un essai:
Sharon SALZBERG, "Apprentissage de la méditation, comment vivre dans la plénitude"
Cerveau et psycho, "Le bonheur"
Philosophie, "Les mythes grecs, pourquoi on y échappe pas"

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J'écris sous peu...