mercredi 16 mai 2018

A qui est ce squelette?

© Henri CAP, Raphaël MARTIN et Renaud VIGOURT/ Seuil jeunesse

" A qui est ce squelette?" d'Henri CAP, Raphaël MARTIN et illustré par Renaud VIGOURT est un documentaire parlant de zoologie à partir d'un axe ludique: les os.

© Henri CAP, Raphaël MARTIN et Renaud VIGOURT/ Seuil jeunesse

Oui, ça intrigue, ça fait peur, c'est stylisé! Avec un parti-pris très coloré orange fluo, des contours et un texte bleu foncé, le livre se veut enthousiasmant avec des fenêtres à ouvrir, des textes courts mais exigeants.

© Henri CAP, Raphaël MARTIN et Renaud VIGOURT/ Seuil jeunesse

Les particularités des os sont présentés: solidité, couleur, longévité, poids, rôle, exosquelette ou endo. Il y aura des devinettes, rendre un crâne à son possesseur ou tout son squelette.
Et plus encore, l'os est distingué du cartilage (sans nerfs et vaisseaux sanguins contenu dans les oreilles ou les arêtes), des bois de cervidés, des cornes de bovins (ou girafe) et des dents... mais pas forcément des plumes (de calmar!).

© Henri CAP, Raphaël MARTIN et Renaud VIGOURT/ Seuil jeunesse

A travers les doubles pages thématiques, les premiers vertébrés sur terre apparaissent. Suivent des comparaisons: les articulations comme les pattes, les mains. Une question d'assemblage mais aussi de pousses opposables, de plantigrades ou digigrades, de combat moins déséquilibré qu'il n'y parait entre prédateur et proie.
Le documentaire offre ainsi des focus pour entrevoir l'évolution des êtres vivants vertébrés par l'exemple, la comparaison et les similitudes des os.

mardi 15 mai 2018

Le rire d'Epicure

© Yan MARCHAND et Jérémie FISCHER/ Les petits Platons

"Le rire d’Épicure" de Yan MARCHAND et illustré par Jérémie FISCHER provient de la maison d'édition Les petits Platons. C'est toujours un plaisir de la suivre même si je n'en parle pas assez.
Le parti-pris est toujours le même: proposer une biographie sélective d'un philosophe. Sélective car la collection n'est pas encore complète mais aussi car ce n'est pas forcément toute la vie de l'homme (ou de la femme) qui est présenté. Les dates apparaissent sur les rabats de couverture, le texte, lui, se concentre sur ce qui, dans la vie et les actions de cet homme, va l'amener à réfléchir différemment.
Le lectorat cible est la jeunesse, bien avant leur première approche de la philosophie au lycée. Cependant, toutes les propositions ne sont pas aussi accessibles que celle-ci. Est-ce parce qu'elle mêle la philosophie avec des références de mythologie grecque?  Peut-être.

© Yan MARCHAND et Jérémie FISCHER/ Les petits Platons
Épicure passe son enfance baigné par les superstitions maternelles. Mais curieux, lecteur des œuvres philosophiques de la bibliothèque paternelle, il émet des doutes.

          ZEUS
Que se passe-t-il, Apollon? Ton visage est bien sévère!

            APOLLON
Je viens d'entendre la voix du destin: l'heure n'est plus aux disputes ni aux plaisanteries, car notre fin est proche.

             HÉRA
Les Titans reviennent?

             APOLLON
Pire, bien pire: dans l'île de Samos, un mortel vient de naître.

Le couple royal se met à rire à l'unisson des autres dieux. Un mortel! Un petit brin de paille qu'un simple coup de vent suffit à coucher!

              ZEUS
Mon pauvre Apollon, tu auras fait un excès de nectar! Comment un mortel pourrait-il nous menacer?

              APOLLON
Il supprimera la crainte des dieux de toute poitrine humaine."
Yan MARCHAND a la bonne idée de mettre en scène les dieux de l'Olympe pour parler de ce jeune homme. Les dieux se liguent pour prouver leur présence et contredire Épicure au fur et à mesure de son influence sur les autres hommes. Zeus, Poséidon, Arès, Hermès, mais aussi Aphrodite, Peithô, déesse de la persuasion ou Éris, déesse de la discorde envoient les obstacles, douleurs, drames.

Épicure est envoyé au service militaire pour contrecarrer ses premières approches philosophiques mais rien n'y fait. Ni la guerre dans sa ville natale, Samos, et la destruction de sa maison. Ni la famine ou les désastres en mer. En écoutant Nausiphane, philosophe, il s'assume critique et croit que les phénomènes naturels sont des conséquences physiques et non divines. Le principal est la matière, les grains de poussières, les atomes.
Et puis même le trop, le luxe ou les actes ou sentiments de ses proches ne peuvent l'atteindre. Épicure prône le plaisir mais aussi le principe de se satisfaire de ce que nous avons, vivre dans la mesure et ne pas croire en l'offense.

La philosophie apparait comme une réflexion critique sur la foi et les superstitions: les dieux ont été créés pour effrayer. Ils sont dits "bienheureux", si tel est le cas, ils ne connaissent aucun souci donc ne sont pas à même d'arbitrer la vie humaine ou sinon ne sont pas des dieux. Même les aptitudes d’Épicure sont voulues par eux, alors il est libre de penser, ainsi n'a-t-il pas besoin d'eux pour dicter ses actes.

© Yan MARCHAND et Jérémie FISCHER/ Les petits Platons

Le choix iconographique de cette collection est toujours d'offrir des illustrations réalistes au récit mais avec une fantaisie dans la représentations, un début d'abstraction. Jérémie FISCHER joue beaucoup avec la démesure des dieux. L'architecture et les phénomènes naturels forment un tout. Et les hommes, souvent de profils, se manifestent dans leur interactions: encadrées, détourées, ancrées dans les murs. C'est lisible et intriguant.

Merci aux éditions Les petits Platons et à l'opération Masse critique de Babelio. Et je ne peux que vous encourager à vous offrir les coffrets, regroupant 5 titres (plus accessibles si vous souhaitez acquérir toute la collection).
tous les livres sur Babelio.com

vendredi 4 mai 2018

Le Tunnel du Silence - Voyage à Zorgamazoo


""Tais-toi! dit-elle tout bas. Pas un bruit, pas un son!
Et puis au moindre pas surtout fais attention.
On est presque arrivés, mais le dernier morceau...
Pourrait s'avérer le passage le plus costaud.

La carte signale ici une forêt d'aiguillons,
De cornes et d'épines suspendus au plafond.
(Le plan dit "stalactites"... mais moi je me demande:
S'il n'y aurait pas eu un problème de commande...)
Alors, pour avancer sans se faire scalper,
Il faudra de courage et de cran nous armer!
Ces pointes sont fragiles, c'est précisé ici,
Elles se décrocheront au plus infime bruit!
Entendu, Mortimer? Je te fais confiance!
Nous allons traverser... le Tunnel du Silence."

Dans le fameux passage, il n'y avait pas un son...
Mais un drôle d'effet d'insonorisation:
Pas un bruit ne filtrait dans l'étrange corridor...
Le Tunnel du Silence était calme comme la mort.

Alors, à pas de loup, ils avancèrent tout droit,
Un oeil sur le plafond, source de leur effroi.
Ces effrayants piquants, pointus et menaçants,
Ressemblaient à des doigts dans un terrible gant.

La peu gagnait Morty... Il ne scrutait qu'en l'air,
Oubliant de penser à regarder par terre...
Or jonchant le chemin, juste devant ses pieds,
Plusieurs branches de ronces étaient enchevêtrées.

Le malheureux Morty, quelle ne fut sa surprise,
Quand son pied se coinça, jambe et botte comprises.
Il faut lui reconnaître néanmoins cette prouesse:
Il n'émit pas un son en tombant sur les fesses.
Il tomba, en effet, lourdement en arrière...
Mais la chute produisit comme un bruit de tonnerre."
(extrait de "Voyage à Zorgamazoo" de Robert Paul WESTON)

***

Ce roman pour préadolescents est une petite pépite de bonne humeur et d'intelligence.
Katrina, enfant abandonnée à sa nourrice, se rend compte qu'elle sera la victime d'un docteur lobotomisateur. Elle fuit et rencontre Mortimer, un zorg, bête entre un porc, un ours et un chat, munie de petites cornes et d'une cravate. L'une rêve d'intrigue, d'enquête et d'aventure, l'autre de son logis et de sa quiétude.
Par un concours de circonstance fâcheux, enfin pas tant que cela vu la suite, Mortimer gagne à la loterie le gros lot, un cadeau dont il sera le responsable, la cible, la victime: une grande aventure, des plans, une boussole, pour retrouver les zorgs des campagnes disparus depuis peu.
Tous deux partent et vont (re)découvrir un bestiaire fabuleux, des envies, de l’allégresse, de l'émerveillement mais aussi l'ennui, le désespoir, le gris du monde.

Le tout est poétique, en plus d'être en rimes, et surprend à chaque page, par la police, par le narrateur qui interpelle le lecteur mais aussi par ce déluge de vocabulaire rocambolesque, les fantaisies de l'histoire, les soubressauts.
Le roman peut se lire tel quel mais est aussi bonifié par ses références à toute sorte d'autres contes et légendes. Le monde serait plus beau avec des yeux d'enfant, toujours curieux et émerveillé.