mardi 26 juin 2012

Poser des limites à son enfant et le respecter

Les vacances sont aussi là pour faire plaisir et se faire plaisir. S'offrir un livre qui a du sens, qui apporte, qui soutient, qui construit, qui accompagne... offrir aussi un livre aux parents que nous sommes (et aussi, par extrapolation, pour les enfants que nous avons).
Je lie énormément sur la pédagogie et les apprentissages.
Sur ce média, "Une page lue chaque soir", je n'ai ouvert les pages que de quelques uns, ceux qui m'étaient le plus souvent proposés dans une opération littéraire par exemple. Je ne parlais pas forcément des miens, ou si peu. Sur mon blog principal, "Je Suis Comme Je Suis", je les précise par intermittence, entre les lignes, en proposant mes chemins de traverse dans l'éducation de mon fils. Alors oui, je vais ouvrir les pages de ces livres, mes livres. Ceux qui sont là aussi pour me remettre en question, pour m'avertir de mes actes déviants (cette déviance étant tous les actes, violence, colère, culpabilisation, jugement, qui polluent voir même annulent ce respect que je souhaite pour mon fils).

"Poser des limites à son enfant et le respecter" de Catherine DUMONTEIL-KREMER est un petit livre ressources en parentalité non-violente.
Le postulat est clair: il s'adresse aux parents qui veulent sortir de la problématique de l'obéissance, de l'autorité, des punitions et récompenses et surtout des punitions physiques (fessée). Sachant cela, il ne faut pas croire qu'il parle de laxisme. Bien au contraire, il parle d'adaptations, de communications et de participation active à la vie en famille.

Il propose des astuces et une distinction des règles et limites, négociables ou non, inévitables ou formatrices (de formation ou de formatage ?!) ainsi qu’une adaptation à la croissance de l’enfant.
Les astuces pour poser des limites sont éclairantes:
- sur l’adaptation de son espace aux limites (aménager son lieu de vie, créer un espace sécuritaire)
- sur une autre approche des activités, de son quotidien (proposer des activités stimulantes, donner une activité similaire à celle interdite, celle-ci acceptable, proposer des alternatives, annoncer de quoi la journée va être faite, expliquer ce que vous souhaitez)
- sur une écoute active de ce qu’il est (vérifier que ses besoins de base sont comblés, dont l’attention et le contact physique, s’il n’écoute jamais rien, l’écouter encore plus, le laisser libre d’être ce qu’il est, le laisser expérimenter, même nos sentiments, il pourra proposer sa réponse adaptée)
- sur une distance à l’autorité (l’empêcher d’agir avec force, optimiser la non-violence : une colère est l’expression d’une insatisfaction, investir dans une présence à soi et à lui permettant de retrouver une sérénité, dire stop en plein action pour faire le point, assumer avec lui les conséquences de ces actions sans transformer en punition, faire confiance à ses sensations corporelles, lui laisser faire sa propre expérience, ne pas interférer dans les mécanismes physiologiques et parler de nos sentiments de parents).
Et puis après toutes les autres voies à entrevoir avec des plus grands, des jeux chahus, de l'accueil des émotions.

Le livre fait aussi la part belle à notre "culpabilité" de parent respectueux, ancien enfant  peu respecté, au travail sur soi à faire par les parents mais sans être, justement, culpabilisant. Les propos sont chaleureux, soutenants et la lecture permet, si ce n'est de se décomplexer à la première lecture, de conforter, à la seconde lecture et aux suivantes, une prise de position quelques fois dure à tenir en collectivité: la société n'aime pas forcément l’éducation alternative et respectueuse dans les faits.

vendredi 22 juin 2012

Le vieux qui avait un grain dans la tête

"Le vieux qui avait un grain dans la tête" de Dorothée PIATEK et Oliv' et illustré par Julien TIXIER est un magnifique album très grand format.

© Dorothée PIATEK, Oliv' et Julien TIXIER/ Petit à petit

Près d'un canal dans une ville, une maison cabane s'est construite, un vieux vit là. Il déambule le long du canal tous les jours et récupère des objets tombés dans le fleuve, fait quelque fois griller des saucisses sur une caisse. Il est là, seul, ne parle qu'au cantonnier mais les autres, les habitants du quartier pensent qu'il a un grain dans la tête. Il n'est pas génant mais il n'est pas non plus un modèle pour les enfants, il faudrait peut-être lui demander de partir et nettoyer l'endroit.

Un jour, le vieux au grain dans la tête apprend ce que les habitants pensent de lui. Cette nuit-là, la maison cabane reste allumée. Il va offrir ce qu'il a de meilleur... avant de partir.

© Dorothée PIATEK, Oliv' et Julien TIXIER/ Petit à petit

Le sujet des sans-abris est ici magnifiquement proposé. Il est vrai que le malaise de vivre dans la rue, les raisons, les difficultés, les errements et l'agressivité réciproque entre les sans-abris et les "habitants" ne sont pas visibles là mais la place est laissé au meilleur. Le vieux qui avait un grain dans la tête est excentrique, solitaire, débrouillard (nécessairement ?!) et aussi extrêmement généreux.
Le regard des logés est pourtant là, fait de questions, d'envie de conformité, de retour au travail, de propre mais les enfants, leurs regards et leur curiosité apportent la touche d'humanité.
Ce livre est un partage des richesses humaines: pas en tant qu'argent ou parole mais bien en tant que regards, moments échangés, joie retrouvée. Il n'est pas tant question de ce que les enfants vont lui apporter mais bien de ce qu'il va offrir lui, celui qui n'a plus rien à offrir.

La chaleur humaine offerte ce soir-là, cette musique d'objets inutiles et jetés, laisse place au propre et net le lendemain... le sans-abri, jeté lui-aussi, peut-être, a fait place net.

© Dorothée PIATEK, Oliv' et Julien TIXIER/ Petit à petit

C'est aussi un magnifique ouvrage sur la musicalité, le partage par le rire et la musique.

Les illustrations de Julien TIXIER sont magnifiques. Les couleurs de ses peintures sont denses et les aplats riches. Le clair-obscur bleu est magnifique et le vent extrêmement présent. A chaque page, même si l'histoire se passe au même endroit, le long du fleuve, les prises de vue sont différentes et offrent un paysage, une solitude et une dignité.
Je vous laisse lire un interview de l'illustrateur concernant ce projet là. Son travail est saisissant, je mettrais bien celle de la seconde photo dans un cadre!

jeudi 21 juin 2012

Le Monstrueux livre des Monstres

Le lutin adore les livres pop up et, bien-sûr, les monstres."Le Monstrueux livre des Monstres" de Libby HAMILTON et illustré par Jonny DUDDLE et Aleksei BITSKOFF est arrivé pour satisfaire ces deux envies. Son point fort est l'inventivité des astuces et le design de l'objet.

© Libby HAMILTON, Jonny DUDDLE et Aleksei BITSKOFF/ Quatre fleuves

S'ouvre devant nous le journal de bord du Professeur Thomas Gluon. Il nous aidera à démasquer les monstres, sous leurs déguisements pour passer inaperçu, à les trouver de par le monde ou partout dans une maison malheureusement infestée pour la plus grande joie des petits lecteurs.
Des pages, dégoutantes beurk, s'ouvrent sur leur anatomie ou leurs records. Le reste du livre vous expliquera comment les fuir, vous sauvez, les attraper et s'en débarrasser.
Et la fin vous présentera quelques monstres mythiques, revisités.

© Libby HAMILTON, Jonny DUDDLE et Aleksei BITSKOFF/ Quatre fleuves

Il ne s'agit en fait pas d'un livre vraiment pop up mais il offre de nombreux rabats et découpages de pages thématisés. Les monstres eux sont bien présents, très très nombreux. L'imaginaire des créateurs leur administre des particularités bien écœurantes, parfaites pour harponner les jeunes lecteurs: des croutes, de l'odeur, du caca, de la morve, des poils etc... Tout bien! Et la procédure d'évacuation des monstres en fonction de leur particularité sera un grand moment.

 © Libby HAMILTON, Jonny DUDDLE et Aleksei BITSKOFF/ Quatre fleuves

Voilà: pour de la détente, des détails à toutes les pages, une concentration des loupiots, c'est parfait! Et puis ce livre déjà manger avec une tête pleine de dent avec son œil qui nous suit... il réserve des surprises. Le texte français est de Frédérique FRAISSE, un sacré boulot de traduction, conversion en effet.

Le gentil petit livre rouge

"Le gentil petit livre rouge" de Zhifang TANG est un tout petit livre, petit objet brut et efficace. Il fait partie de ces petits livres vers lesquels vous n’iriez pas forcément mais que l'une de vos libraires préférés vous met entre les mains comme une merveille d'édition. Et c'est vrai qu'il est imparable et très "bénéfique".

© Zhifang TANG/ La joie de lire

Ce tout petit album cartonné propose deux courtes histoires.
La première réunie trois amis, un lapin, un canard et un hibou. Chacun a une particularité physique: Lapin a des oreilles lui permettant de mieux entendre que les autres mais aussi d'entendre tout le temps, la nuit y compris. Il n'arrive pas à dormir. Hibou voit très bien la nuit mais la nuit est aussi faite de peurs d'angoisse et vivre dans celles des autres n'est plus supportable. Canard parle trop et les autres n'en peuvent plus... ils vont chacun croire en une solution miracle, la chirurgie esthétique. Grâce à elle, plus d'oreilles trop longues, plus de gros yeux très sensibles, plus de bec caquetant toujours.
La seconde nous parle du roi Ours, heureux et confiant. Il pense bien gouverner, être respecté et se trouve très content d'être soutenu par Chien et Renard. Mais les oreilles de lapin semblent être merveilleuses et Lapin s'en sépare. Parfait roi Ours se les greffe à la place des siennes et c'est le début de la désillusion... Ours entend maintenant tout ce que l'on dit sur lui.

Les histoires sont courtes, incisives, écrites au scalpel (c'est le cas de le dire). Chaque animal espère beaucoup de ce changement physique, espère devenir soit plus commun, soit plus compétent et n'en arrive qu'à une désillusion totale.
A travers les pages, le regard des autres, la vie en communauté apparaissent froidement dans ce "découpage de soi". Mais est-ce que la réponse physique apporte plus de bonheur?

© Zhifang TANG/ La joie de lire

En plus, les gravures, une petite par page, sont brutes, stylées et ne laissent que peu de place à une autre forme de poésie. Le rouge est là, pas lors de la chirurgie mais avant là où les animaux sont blessés. Cela va droit au but mais sans images chocs ou réalistes. Et c'est peut-être ce que l'on demande à ce genre de livre!
"Car on ne peut pas ignorer ce que l'on sait."

mardi 19 juin 2012

L'Odyssée d'Ulysse

La mythologie est assez difficile à appréhender pour les enfants. Une des manières possibles de les y inviter est de choisir des illustrations qu'ils aiment.

 © Catherine MORY et Johann BODIN/ Larousse

Ainsi "L'Odyssée d'Ulysse" de Catherine MORY et illustré par Johann BODIN a été choisi pour la représentation des créatures mythiques par le lutin de la maison. Ce livre apporte l'histoire d'Ulysse lors de son retour vers Ithaque. Le cyclope, Circée, Ulysse en mendiant etc. Toutes les étapes sont ici retracées par grands chapitres, comme un mini-roman.

© Catherine MORY et Johann BODIN/ Larousse

L'inventivité est justement d'avoir caché ces textes dans des fenêtres à ouvrir. En effet, l'écrit est presque invisible et seules quelques petites encoches se posent sur le paysage. Il s'agit de véritables peintures en clair-obscur et l'enfant peut imaginer la scène comme dans un film. Malgré les créatures fantastiques, les images sont en effet presque plus réalistes.

© Catherine MORY et Johann BODIN/ Larousse

Ce livre peut en effet être lu par deux tranches d'âge différents. Ainsi le narrateur peut aussi bien être différent du "lecteur", l'enfant pouvant s'immerger totalement dans les illustrations.
Les plus petits spectateurs des grands combats d'Ulysse et pouvant presque passer d'une page à l'autre sans réelle chronologie. Les plus grands plus accrochés à l'histoire prenant le livre du début à la fin et profitant aussi des petits focus étymologique ou d'actualité dont les défis d'Ulysse peuvent être les illustrations initiales.
J'aime par exemple beaucoup l'immortalité de Tithon qui ne resta pas jeune mais se recroquevilla tellement en s’asséchant qu'il devint cigale.

mercredi 13 juin 2012

Journal secret du Petit poucet

 © Philippe LECHERMEIER et Rébecca DAUTREMER/ Gautier Languereau

"Journal secret du Petit poucet" écrit par Philippe LECHERMEIER et illustré par Rébecca DAUTREMER est une version superbe du conte retranscrit par Charles PERRAULT.

Petit Poucet note tous les jours les événements de la journée, enfin presque. Grâce à sa voisine Mme Marigoult qui sait tout, il y ajoute aussi la fête des Saints qui souvent donnent une couleur à l'humeur de la journée.
Bien-sûr entre les pages nous y retrouvons le conte... des parents qui abandonnent dans la forêt leurs enfants, une fratrie de 7 garçons. Le petit dernier, Petit Poucet pas plus grand qu'un pouce, a été témoin des préparatifs macabres et trouve la solution pour rentrer à la maison. Des petits cailloux et la seconde fois des petites miettes de pain. Mais le pain est mangé, les enfants vraiment perdus en forêt.
Ils trouveront tout de même une chaumière accueillante, habité par un ogre, sa femme et ses sept filles et aussi possesseur des Bottes de 7 lieux.

Petit Poucet est inventif, intelligent, il ponctue son quotidien de petits soupçons de poésie mais aussi des dessins. Des détails marquants la misère, les conditions de vie,la ville et la forêt dangereuses. Il est aussi plein d'humour et de tendresse.
Il reste le héros de l'histoire et en plus de celle déjà explicite, ici, l'auteur lui offre encore plus de profondeur: un petit frère moqué mais pas seul, un petit meneur aux idées rocambolesques et pleine de saveurs.
Les frères prennent de la texture, ils ont un nom, une particularité et apportent avec les garnements voisins une atmosphère d'enfants, batailleurs, renifleurs mais force en puissance.
Les comportements, les batailles, les moqueries, les amourettes et le manque d'hygiène de certains, amènent aussi une lecture de l'enfance et d'autres légendes (par certains prénoms).
Les méchants sont ici différents: à deux parents abandonneurs potentiels, ici seule une marâtre aux manigances autoritaires, Popotte. Le papa est victime aussi et l'image dans les rêves de la vraie maman, partie trop tôt, apporte la chaleur humaine et familiale que le conte d'origine n'a pas.
L'ogre est magnifique, encore, et est aussi accompagnée par sa femme, ogresse aussi, et par toutes les terreurs enfantines.
© Philippe LECHERMEIER et Rébecca DAUTREMER/ Gautier Languereau

Mais le grand personnage est bien la Grande Privation. Cet état de faim, de misère. Petit Poucet en parle tous les jours, dans les menus (soupe aux cailloux blancs, soupe au mou) mais aussi dans les rêves de goinfrerie. Les cauchemars sont aussi des manques de repas.
Les méchants n'en prennent pas vraiment pour leur grade

Le travail de Rébecca DAUTREMER est impressionnant. Près de 200 pages sont illustrées, d’annotations en marge, de découpages, de peintures, d’écritures, de collages, de déchirures.
Les croquis de Petit Poucet sont accompagnés par les grandes pages illustrant l'histoire, les personnages...
© Philippe LECHERMEIER et Rébecca DAUTREMER/ Gautier Languereau

L'humour du texte est ici amplifié par ces imageries de nourriture et de non-sens. Les détails sont fabuleux, très précis au style photographique pour le réel. Des croquis aussi très détaillés sur des machines, des éléments importants comme le corset de Popote, les Bottes de 7 lieux, apportent un côté presque scientifique à l'histoire et les cartes, les plans amplifient cette impression de grande aventure. Il reste cependant des pages ouatées, magnifiques de douceur, pour les moments de liberté, d'attente. Et les personnages sont magnifiques, avec bien-sûr une mise en avant de la beauté du Petit Poucet et de Maricrotte, la petite voisine...


Rébecca Dautremer - Journal Secret du Petit Poucet par Librairie_Mollat

samedi 9 juin 2012

Textes taoïstes: Lie Tseu, Yang Chu: Le Jardin du plaisir


"Textes taoïstes: Lie Tseu, Yang Chu: le Jardin du plaisir" est un petit recueil de textes anciens présentant la Voie du Tao. Ils constituent une base documentaire des fondements du Tao et viennent expliquer la seconde phase de développement de ce courant spirituel chinois; la première originelle étant ponctuée par les écrits de Lao Tseu (peut-être juste premier intervenant dans l'écriture et pas le fondateur); la seconde de développement et la dernière de dégénérescence.

Le texte est constitué de petites histoires métaphoriques. Le contenu spirituel est assez complexe. J'imagine qu'il faut revenir sur le texte plusieurs fois pour bien saisir cette philosophie. Mais l'intérêt du livre est pourtant conséquent même à la première lecture. Ne serait-ce que dans l'introduction distinguant le chrétien et le taoïste, le premier croyant en une présence suprême, le second en une impersonnalité de la Nature, évolution, création...

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Dans les écrits de Lie Tseu (Lie Zi), "Textes taoïstes":
La cosmogonie présentée est pour moi la plus ardue à comprendre. L'idée de circularité, de cycle, est bien présente avec la mort comme un état de repos, de sommeil, quand la vie est réveil. La vie se doit d'être comprise avec la mort, inclue. L'acte de vie est aussi un vol de ce que la Nature nous octroie.

Les actes ne sont bons pas forcément par abstinence des désirs, ni par leur aspect sensitif mais parce qu'ils viennent  de la voie intérieure. Lie Tseu propose pourtant des vies douloureuses, éprouvantes comme si elles étaient seules capables de laisser libre l'esprit, de ne pas l’accaparer. En ôtant la résistance et la réserve, l'esprit serait alors calme et permettrait d'accomplir des actes physiquement impossibles (voler, passer un mur du feu etc...) ou d'apprivoiser des animaux sauvages. Un esprit livré à lui-même, libre, non forcé, non ciblé vers un objectif même de valeur, arriverait à cette "étherréalisation" du corps...

*source Lie Tseu chevauchant le vent

Cette compréhension des besoins, des causes des colères permettrait de ne pas faire acte de résistance et d'être satisfait. Les animaux et les humains seraient ainsi équivalents en esprit et compréhension.

La Voie du Tao serait plus que l'acte de ne pas faire de mal par peur, plus que de ne pas avoir envie de faire mal mais bien un désir amical de faire le bien. Les sensations et les rêves égarent. Et encore cet aspect d'une vie pas forcément magique: mieux vaut une vie dans la souffrance ou dans une certaine amnésie dû à une infirmité pour acquérir ou garder un esprit sans agitation. Les efforts ne prédisposent pas à une destinée favorable.

La sagesse est aussi plus à entrevoir dans les comportements, les qualités intrinsèques étant plus inexprimables. Aucune règle n'est là pour suivre le Tao, le bon et le mal sont présents et temporels, le seul point à suivre et de laisser aller son esprit naturellement.

De belles réflexions sont proposées sur l'acte humain malveillant à ne pas tant réprimé mais de mettre en avant la sagesse, d'élever la population; ainsi que le soupçon qui déforme la réalité.

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Les écrits de Yang Chu, "Le Jardin du plaisir" offrent une vision de la sagesse de la vie beaucoup plus fraiche et gaie.

La vie se doit, pour lui, d'être vécue sans anxiété, sans examen, mais dans sa temporalité, vivre le moment présent, en jouir avant de mourir. La mort n'est plus un repos mais un état, le même pour tous, égalisateur.
La sagesse n'est pas là une recherche vaniteuse, une célébrité possible, car sinon cela annihilerait le bien dans l'acte. La sagesse serait plus une satisfaction sensorielle, une réponse aux besoin, sans aucune prise en compte de rituels ni d'idées de survivance ou de postérité. La sagesse serait une non-recherche car le temps passé à celle-ci serait réduit à celui de la vraie présence.

Cette apposition de deux courants de la spiritualité taoïste est la bienvenue, elle offre cet ascétisme presque connu et aussi un rapport beaucoup plus "hédoniste". De quoi ne pas limiter l'apport de celle-ci.

Livre lu dans le cadre de Masse critique de Babélio que je remercie, ainsi que les éditions Myoho. Le retard étant dû à un texte court mais dense et non à un désintérêt.

jeudi 7 juin 2012

Ce que mes yeux ont vu

 © Giovanna ZOBOLI et Guido SCARABOTTOLO/ Notari

"Ce que mes yeux ont vu , mon catalogue du monde" de Giovanna ZOBOLI et illustré par Guido SCARABOTTOLO est un magnifique catalogue illustré. Mais un catalogue particulier. Ici pas tant d'exhaustivité d'objets, de thématiques forcés. Il est question là d'impressions, de sensations, de situations improbables, de bizarreries. Peu de texte si ce n'est le titre de l'étagère imaginaire.
Ici la place est faite pour l'enfant, pour les pensées abstraites des "et si le monde...". Le catalogue est fait d'impressions visuelles sur ce qui ne peut être vu. " Le titre de l'original italien est "Choses que je ne vois pas par ma fenêtre": il parodie et fait allusion au thème classique donné à l'école pour faire écrire les petits enfants: "Ce que je vois par ma fenêtre"." (extrait des éditions Notari)

L'idée est belle mais c'est encore plus la poésie des propositions qui donne son cachet à l'album.

Une atmosphère des objets: démodés, oubliés, volés, inutilisables, de trop. Une profusion, une utilité limitée. Des chaises boiteuses où la logique se perd pour offrir une instabilité, une usure, une étrangeté. Des immeubles jamais construits offrent les détails d'une façade, l'humour d'un bonjour et une temporalité. Des objets oubliés cherchant à se faire retrouver.
D'autres pages offrent encore plus dans le sensitif, les émotions, les non-dits, les pas encore exprimables... des mots jamais prononcés, des cœurs instables mais aussi des pensées cachées où la pensée n'est que peu envisageable si ce n'est dans les improbables rencontres.

© Giovanna ZOBOLI et Guido SCARABOTTOLO/ Notari

Des relations étranges aussi où les hommes sont multiples mais interchangeables par manque de communication.
Une société bouleversée avec des routes, des ponts, des moyens de transports... abscons. Une idée aussi de la culture, des livres, des tableaux, des références...

Les illustrations de Guido SCARABOTTOLO apportent un visuel sans pour autant limiter l'imaginaire. Les images sont claires, limpides, repérables et laissent ainsi les "étiquettes" avec tout leur impact.

Merci aux éditions Notari pour cette lecture.

Les noter là... pour espérer en reparler sous peu

Quelques livres se sont succédés sur ses 6 mois. Des essais en relectures, des albums jeunesse et puis des nouveaux. Je n'en ai pas parlé, pas encore. J'essaye pourtant de finaliser mes billets en brouillon parce que même imparfaits, même bancals et courts, ils m'apportent quelque chose.
Parce que oui, il est question de crédibilité. Je n'en ai aucune. Je n'ai pas fait d'études littéraires, je ne suis pas critique, je n'ai même pas de culture littéraire.
Mais c'est aussi un plus, parfois. Ma naïveté peut aussi être une spontanéité et une fraicheur. Je lis avec juste un vécu, je lis avec d'autres références et pas forcément celles attendues. Je lis avec fougue sans arrière pensée, je lis par envie et non contrainte.
Il est d'ailleurs difficile de billetter des livres. Parce que je les choisis aussi sur une certaine sensibilité, j'ai envie de les partager, de rendre compte de cette subjectivité et de la valeur, à défendre, du propos. Quand je démarre une lecture avec l'envie d'en parler, elle est ralentie, presque déjà analytique. Je me retrouve alors avec des lectures et des brouillons, auxquels il faut rajouter relecture pour en parler convenablement.


Alors voilà, une petite liste de ceux que j'aimerais présenter, mieux un autre jour.

- "Brise Glace" de Jean-Philippe BLONDEL. Cet auteur m'émeut à chaque fois. La douleur est latente, la sensibilité à fleur de peau et ce désenchantement adolescent me rappelle bien des choses. J'en parle enfin
- "Oh, boy!" de Marie-Aude MURAIL. Une autre proposition de cette auteure jeunesse qui parle si bien des troubles de l'adolescence. Je l'avais connue avec les "Blue cerise" et suivie avec délectation dans "Miss Charity". Ici elle livre le combat d'une fratrie orpheline pour rester ensemble.
- "Un bonheur parfait" de James SALTER. Vraie révélation dans cette peinture des adultes en latence dans leur vie... il faut que je vous en parle. Je le relis et...
- "Une enfance australienne" de Sonya HARTNETT. L'enfance dans tous ses méandres et cette sensibilité accrue.
- "Les tétins de Sainte Agathe" de Giuseppina TORREGROSSA. Hymne aux femmes, à la Sicile, à la sensualité. Parcours familial et féminin à travers une société, les hommes et la maladie. Magique!
- "Le garçon talisman" de Florence AUBRY. Roman jeunesse sur la peur, la différence, la sensibilité.
- "Jenna Fox" de Mary E.PEARSON. Ce qui fait l'unicité de quelqu'un, son intégrité et son authenticité. Belle proposition ado.
- "Les ignorants" d'Etienne DAVODEAU. Bande dessinée initiatique sur le travail, la passion, la vie et les amitiés entre la vigne et l'univers des bandes dessinées. La lecture donne envie de déguster les rouges et les blancs, et même d'aller couverts jusqu’au nez antre les pieds pour la taille des lianes, et pousse à se refaire une culture de la bande-dessinée.

Je n'ai pas mis les albums jeunesse et les essais et tous ceux que j'ai déjà prêtés... (et demain je remarquerais que j'en ai oublié un, ou deux... ou plus).

mercredi 6 juin 2012

La princesse grenouille


*source Gennadij SPIRIN

Quel conte russe a bercé votre enfance? moi point de grenouille mais un oiseau... de feu.

Mais cette illustration offrant les texture et les couleurs adorées m'aurait donné envie d'en savoir plus sur ce batracien.
De la broderie au fil d'or, des tissus chauds et pourtant doux, des bouleaux et une lumière d'automne...

mardi 5 juin 2012

L'histoire de la vie: Avant la naissance, Naître, Grandir, Etre grand, Vivre ensemble

La collection "L'histoire de la vie, mes premières découvertes" de Sylvaine PEYROLS apporte toujours ce que je cherche. Je n'ai pas tous les petits livres mais à chaque fois que je tombe sur l'un d'eux en bibliothèque je suis ravie. Chaque petit livre présente un chapitre de la vie, axée sur l'animal. A chaque fois des pages cartonnées, des transparents et peu de texte, laissant l'image faire son œuvre. Cela étant le texte est précis, clair.

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"Avant la naissance" montre les rituels de séduction animale avant même la procréation. La nécessité quasi obligatoire d'avoir un mâle et une femelle, quelque fois bien différents. Les étapes de séduction passent par les parades mais aussi les combats entre mâles. Jusqu'à la reproduction où les premières cellules apparaissent.

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"Naître" présente les ovipares et les vivipares soit les petits au sortir de leur mère (dans l’œuf ou dans le ventre). C'est aussi l'état de leur développement à la naissance, sans défense ou déjà presque assez grand pour se débrouiller seul.

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"Grandir" apporte les informations sur la dépendance aux parents pour survivre et les aliments adaptés (lait, bouillie ou nourriture adulte). 


Mais aussi il offre de magnifiques images séquentielles sur la croissance (cycle de vie) et les métamorphoses possibles.

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"Être grand" propose ce qui fait d'un petit animal un grand en devenir. L'imitation des adultes, les jeux pour les premiers apprentissages et les premières approches du groupe, les modes de communication à décrypter et à adopter, les déplacements (marcher, courir, voler, nager, sauter, bondir, planer, galoper, plonger, grimper, trotter),



se nourrir et reconnaitre la nourriture (herbivore, insectivore, frugivore, carnivore, piscivore, omnivore, granivore, nectarivore, pollinivore, hématophage), prendre soin de soi, savoir se défendre, devenir autonome.

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"Vivre ensemble" rappelle les méthodes d'appartenance à une famille: les types de reconnaissance pour permettre la survie entre le petit indépendant et l'adulte autonome.


Ce sont de magnifiques propositions pédagogiques. Seulement ils sont souvent introuvables.

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Heureusement "L'histoire de la vie, les animaux" de Sylvaine PEYROLS (toujours) est là en grand format. Il n'y a pas de transparents et les pages sont très fournies. Vous ne retrouverez pas non plus toutes les images mais la plupart des dessins sont là et surtout les schémas et les séquentiels dont je me sers très souvent pour expliquer à mon fils, comme vous pouvez le suivre ici et (avec les images en question).