samedi 26 juillet 2014

Une douce obscurité

Patrick GALE nous offre avec "Une douce obscurité" un roman de famille, de secrets et d'amour. Eliza vivote avec sa fille adoptive, Dido depuis sa rupture avec son mari Gyles. Elle a perdu le goût pour l'amour mais aussi pour les défis, seule Dido, sa nièce qu'elle a accueilli à la mort de sa soeur, semble surnager. A 9 ans, la gamine est autonome et gère le quotidien de sa tante.
Gyles vit avec sa compagne Julia. Mais l'amour pour Eliza et Dido prend beaucoup de place. Surtout qu'elle est maligne, la fillette. Et semble tenir son monde et son beau-père veut lui aussi une part dans l'avenir de la petite.
A la mort de la grand-mère maternelle de Dido, Eliza et elle partent en Cornouailles dans la maison familiale puis dans la caravane de Kitty, encore plus loin. Avec le départ de la mère et de sa fille, les destins se croisent à nouveau, les amours se filent et se défilent, les angoisses retrouvent un nom.

La musique est entre toutes les lignes: la voix atypique de castra de Gyles, les notes oubliées des madrygales des Cornouailles, les chorales. Elle fait le lien avec les origines, les affinités affectives et les relations de communauté.
Dido est le catalyseur de tout ce petit monde, non attendue, née de père inconnue, trop petite à la mort de sa mère, elle a une maturité déconcertante. L'enfance n'est plus alors synonyme d'insouciance, l'enfant déloge les ambiguïtés des amours filiales et même si elle tétanise les adultes, la fillette leur donne aussi du courage.
Patrick GALE offre ainsi des parcours de vie, des étapes nécessaires, sidérantes, des prises de conscience de femmes et d'hommes isolés. Tout cela dans la douce obscurité de la campagne anglaise.


lundi 21 juillet 2014

"J'arrive pas à t'imaginer ici." - Une douce obscurité

"[...]
- Moi non plus, lui révéla Eliza.
- T'étais heureuse?
- Pas vraiment. Je veux dire, je n'étais pas malheureuse. Mamy ne nous a jamais maltraitées ni fait de mal. Et elle devait plutôt bien gagner sa vie en tant que professeur, parce qu'on n'a jamais eu faim. C'est juste que je rêvais toujours de grandir pour pouvoir m'en aller. Certaines personnes semblent avoir eu une enfance tellement merveilleuse qu'elles passent ensuite toute leur vie à la regretter. Pour d'autres, ce n'est qu'une étape nécessaire, comme la varicelle ou... une sorte d'état larvaire. Et la plupart du temps, mamy n'était pas très gaie, alors... Bref, elle n'était pas douée pour rendre la vie amusante."
(extrait de "Uner douce obscurité" de Patrick GALE, éditions Belfond, 10/18)

dimanche 20 juillet 2014

Quelques lectures estivales

Voici celles qui sont venues dans la valise... comme d'habitude, d'autres les accompagneront et je vous parlerai de certaines... deux romans pour adolescents puis de la lecture adulte...


- la saison 1 "Eté mutant, Le cas Jack Spark" de Victor DIXEN dont je vous parlais là, je lirais sûrement le tome 2 pendant ces vacances
- "Méto, la maison" d'Yves GREVET
- "Une douce obscurité" de Patrick GALE
- "Villa avec piscine" de Herman KOCH, son dîner m'avait tellement scotchée... lire ici un extrait
- "Manifeste hédoniste" de Michel ONFRAY (j'ai toujours un livre de cet auteur dans mes bagages et pourtant pour l'instant je grapille juste quelques pages)
- et sous la croute de faux cuir noir de ma liseuse une bonne vingtaine de livres en cas d'insomnie (page rétroéclairée de bon aloi).

vendredi 18 juillet 2014

Le cas Jack Spark, Eté mutant

Certaines séries vous font cet effet-là: impossible de s'arrêter en route! Dans le genre, "La voix du couteau" de Patrick NESS avait marqué mes grandes vacances l'année dernière. Victor DIXEN commence bien celles-ci avec "Le cas Jack Spark" une aventure grandiose dans le fantastique.


Jack est un adolescent insomniaque. Ses parents l'obligent cet été à ne pas partir chez son grand-père et profiter des vacances avec les belles pâtisseries que ce dernier prépare mais à suivre un stage au camp Redrock chez le Docteur Krampus. Ce dernier remet dans le droit chemin des adolescents à problèmes: cleptomanes, hyperactifs, bagarreurs etc...
Mais le camp de redressement est un enfer. Du travail forcé, un régime alimentaire peu savoureux et sans sel et une thérapie avec baquet obligatoire. Un bain sans eau qui laisse les pensionnaires épuisés.
Mais sur Jack l'effet est encore différent: le baquet le revigore, la cuisine sans sel lui va à merveille, il passe entre des barreaux de fer, il pompe l'énergie des autres.
En découvrant la vraie nature de ses hôtes, Jack découvre qui il est: du jeune homme à l'adulte et de l'humain au mutant. La famille Krampus est une vieille famille de fés. Oui les fés ne sont pas que des femmes. Il n'est plus alors question de sortir de cet été en bon état mais de survivre.

Ce premier tome, "Été mutant", est une très belle entrée en matière.
L'immense point fort est bien-sûr cette race de fé. Elle est intégrée dans une histoire, un contexte et même une approche scientifique. Les fés ont un quelque chose des vampires: elles ne supportent pas le soleil et se gavent de flux vital (comme un berlingot). Jack se découvre ainsi avec émerveillement et dégoût et expérimente tout de suite les responsabilités qui lui incombent.
Grâce aux sens exacerbés de Jack et aux autres pensionnaires en mode survie, c'est aussi l'adolescence, ses tourments et sa sensualité qui apparaissent.
Le tout est intense, rapide, fantastique et plein de rebondissements! Pourvu que la librairie du coin est le tome 2!


jeudi 17 juillet 2014

Berlingot - Le cas Jack Spark

"Ma dernière vision, avant de quitter la salle emmené par Buffalo, est une vision d'horreur. Au moment où la Fée dépose un baiser de ses lèvres glossées sur la joue de Ross, je vois celle-ci se creuser tels les berlingots de lait concentré que me donnait Mum pour mon goûter quand j'étais petit, et que je m'amusais à aspirer sans reprendre mon souffle."
(extrait de "Le cas Jack Spark, tome 1 Été mutant" de Victor DIXEN, dont je parle là; détail image, source)

mercredi 9 juillet 2014

L'Oizochat

J'aime le travail de Rémi COURGEON. "L'Oizochat", son dernier album, n'est pas forcément mon préféré mais il correspond tout à fait à celui qui permet de rentrer dans son univers.

© Rémi COURGEON/ Mango jeunesse

Il est tombé un jour dans cette forêt de Cécédille, du ciel. Oui l'Oizochat est comme un oiseau ou presque. En fait, les habitants de la forêt ne savent pas qui il est, l'étrange animal ne parle pas leur langue. Des ailes, dont une blessée, comme les volatiles mais un minois de chat. Que faire de lui? Qui va le considérer comme de sa communauté? Les habitants demandent l'aide du sage grand-duc mais rien n'y fait, il sera juste toléré et pour faire parti du groupe, exploité et nourri de ce qui reste. Il chante pourtant de manière si envoutante mais les habitants trouvent plus judicieux de ne pas tenter le comprendre.
L'Oizochat n'est pas heureux. Il tente de fuir. Mais un jour, une vache devient son amie. Elle parle sa langue, elle le réconforte. L'amitié est belle et redonne du baume au cœur de l'Oizochat, qui a enfin pu dire son nom. Mais un jour la vache est partie. L'Oizochat est à nouveau seul.

"Épuisé par l'effort, il se posa en catastrophe aux pieds d'une belle grosse vache. LOizochat jura dans sa langue:
- Kratchoup! Kokoï! Novik katapo!
- Kiritcho mataki? Tchoup grotzi moï! lui répondit la vache.
Elle parlait oizochat avec un charmant accent italien."
© Rémi COURGEON/ Mango jeunesse

L'album parle de l'étranger, de cet autre qui ne nous ressemble pas tout à fait, avec du poil ou des plumes, volant ou terrien. Même s'il tente de communiquer, le plus facile est de ne pas faire d'effort.
Il y a bien la vache mais elle connaissait la langue.
L'isolement, l'amitié ou l'amour dépendrait de cette connaissance ou de cette sensibilité à la différence. Non?! Oui?! L'espoir est là, un premier plus accessible aux jeunes lecteurs donne un happy end, le second nous propose de nous mettre dans la peau plumée d'un petit corbillot curieux, attentif.

© Rémi COURGEON/ Mango jeunesse

Rémi COURGEON peut traiter d'un thème souvent abordé par d'autres mais vous êtes sûr que ce ne sera jamais pareil. C'est sensible, plein de sagesse et ouvert à une lecture plus réfléchie, pour les plus grands.

dimanche 6 juillet 2014

Les bêtes qui crachent, qui collent, qui croquent à la mer

"Dame nature" augmente ses propositions toujours avec énormément de plaisir. Je ne vous parlerais pas des nouvelles sorties (fossiles, biscornues, géologiques) mais d'une ancienne à relire ou à emmener avec vous pendant les vacances à la mer. Vous pouvez y aller les yeux fermer... enfin pas trop avec ces bestioles là, elles sont...

© Jean-Batiste de PANAFIEU, Amandine LABARRE, Benoît PERROUD et Lucie RIOLAND/ Gulfstream

"Les bêtes qui crachent, qui collent, qui croquent à la mer" de Jean-Batiste de PANAFIEU, illustré par Amandine LABARRE, Benoît PERROUD et Lucie RIOLAND est une étude zoologique pleine d'humour. L'auteur, dans cette collection, propose de mettre en avant une caractéristique sensorielle et amusante de quelques bestioles triées sur le volet.
Une double page présente l'animal avec quelques indications scientifiques puis nous révèlent son intérêt à mettre en avant sa spécificité, l'utilisation que nous pouvons en faire (avec humour) et des anecdotes à même d'ancrer les choses. Il va sans dire que le nom ne restera pas forcément en tête mais les aspects peu ragoutants si.

© Jean-Batiste de PANAFIEU, Amandine LABARRE, Benoît PERROUD et Lucie RIOLAND/ Gulfstream

Les piquants, les morsures, les pinces, les brûlures, les crachas, les glus, sont ainsi présentées comme appâts, mode de locomotion, moyen de se cacher des prédateurs. Le discours est scientifique mais ne parle que d'un tout petit aspect donc pas lourd et le reste est dans les us et coutumes farfelues.
L'arénicole comme mets de choix pour les vampires. La baudroie et sa canne à pêche portable. La mariage de la murène et de la vipère.

"Cet étrange poisson [la lamproie] ne possède pas de nageoires à l'avant du corps. Sa colonne vertébrale cartilagineuse est dépourvue d'arêtes. Autre particularité, elle n'a pas de mâchoires: sa bouche est un simple orifice. La lamproie n'est pas un véritable poisson, mais un vertébré très primitif."
© Jean-Batiste de PANAFIEU, Amandine LABARRE, Benoît PERROUD et Lucie RIOLAND/ Gulfstream
 
© Jean-Batiste de PANAFIEU, Amandine LABARRE, Benoît PERROUD et Lucie RIOLAND/ Gulfstream

Les illustrateurs s'allient pour offrir des représentations presque scientifiques puis des scénettes ou des pages de chapitrage très stylisées. Parfait compromis!

Ce documentaire est un pêle-mêle où nous pouvons piocher gaiement. Par chapitre ou même juste pour un animal. Le texte est court et le propos très imagé et plein d'humour permet vraiment de le lire sans avoir peur d'un jargon scientifique difficile à appréhender.
Parfait pour s'amuser doucement tout en retenant une ou deux choses.


L'Histoire de la France en BD

Je voyais beaucoup de jeunes lecteurs avec cette BD dans les mains. Une BD avec un apport historique, cela pouvait être tentant. Surtout avec ce nouveau format peu cher et tout petit: au lieu de trois tomes, comptez-en six.

© Dominique JOLY et illustré par Bruno HEITZ/ École des loisirs


"L'Histoire de la France en BD, de la préhistoire à la Gaule celtique" de Dominique JOLY et illustré par Bruno HEITZ permet en un minimum de pages d'avoir devant les yeux les principaux éléments de chaque période.
Un grand-père a ses petits enfants chez lui pour les vacances: il est bavard et adore l'Histoire, ils ont oublié leurs jeux vidéo. Et l'Histoire se déroule. Les premiers hommes apparaissent avec leur caractéristique (habitat, alimentation, vêtement et art) mais aussi les particularités françaises des découvertes sur notre territoire. Puis l'affrontement des celtes et des romains est bien expliqué, sans oublié une référence à "Astérix et Obélix". Les premiers échanges, le melting pot, les invasions sont présentés.

© Dominique JOLY et illustré par Bruno HEITZ/ École des loisirs

Les illustrations de Bruno HEITZ allient une sorte de droite lignée BD belge avec une simplicité du trait, sans trop de détail et plus une vue en général.

 © Dominique JOLY et illustré par Bruno HEITZ/ École des loisirs

Tout est clair: les dates à retenir, les personnages importants, une idée des us et coutumes. Mais c'est presque trop factuel, un exposé sans passion. Si vous souhaitez un résumé assez scolaire, bien fait et précis, et juste cela, cette proposition est parfaite.

samedi 5 juillet 2014

Au temps de Christophe Colomb

L'histoire est une matière passionnante mais être capable de souplesse en chronologie est une gageur. La collection "Que se passe-t-il dans le monde?" aux éditions Flammarion propose aux jeunes lecteurs de suivre un moment fort de l’histoire et ce qui se passe ailleurs sur le globe.

© Thierry DELAHAYE et Marie de MONTI/ Flammarion

"Au temps de Christophe Colomb" de Thierry DELAHAYE et Marie de MONTI nous présente plus de 100 ans de faits entourant la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb, soit la période de 1415 à 1533.
En proposant la découverte du monde, essentiellement par les Espagnols et les Portugais, nous découvrons la représentation que se font ceux qui écrivent l'histoire: une nouvelle géographie mais aussi d'autres rapports aux autres nations et aux richesses.
D'autres faits marquent les empires, chinois, ottoman, inca ou africain et ne laissent pas de côté les ethnies plus fragiles.

© Thierry DELAHAYE et Marie de MONTI/ Flammarion

Des personnages du monde culturel ou lettré se retrouvent dans leur contexte, comme Leonard de Vincy, Comte Dracula, Gutenberg, ainsi que des architectures, des mets locaux (épices, chocolat), des métiers.

© Thierry DELAHAYE et Marie de MONTI/ Flammarion

C'est une idée de la Renaissance en Occident et, ce que nous connaissons moins, quelques étapes clefs de l'histoire de l'Orient ou de l'Afrique. Les présentations sont courtes et mettent en évidence les noms ou les points clefs. Les anecdotes sont à même d'harponner les jeunes lecteurs, avec assez d'exotisme, de découvertes, d'aventures, de merveilles et de brutalité.

© Thierry DELAHAYE et Marie de MONTI/ Flammarion

Les plus sont aussi cette planisphère présentant le lieu de l'évènement, un glossaire sur le côté ou à la fin et ces languettes de dates.
Les illustrations sont très belles, colorées et avenantes et donnent un cachet supplémentaire au documentaire.