mercredi 29 décembre 2010

Tifortou et Touforti

© Anne BOZELLEC/ Être

"Tifortou et Touforti" d'Anne BOZELLEC est un petit livre sans parole, une invitation à sortir la nappe jaune, la grande théière blanche, les tasses anglaises et d'inviter tous ses amis.

© Anne BOZELLEC/ Être

Le livre s'ouvre des deux côtés et invite à la même table des enfants, des adultes, des artistes, des brocanteurs, des statues, des personnages fictifs, des monstres ou des animaux "incarnés". Des atmosphères pleines de détails vous laissent libre de votre invitation mais aussi vous proposent des tablées: une plume, une épluchure, un ustensile, un emplacement inadéquat, une expression qui trouve son explication.© Anne BOZELLEC/ Être

A chaque visionnage, les pages offrent d'autres histoires, juste une rencontre par page ouverte, une association, des références littéraires, cinématographiques, mythologiques. Mais aussi de superbes invitations à découvrir des civilisations ou d'entrer dans un univers, un pays... une petite étoile dans l'œil pour un couple en porcelaine au bleu de Deft.

lundi 27 décembre 2010

Carnets de nature

Une collection apporte une mine de détails et d'émerveillement dans nos rencontres avec la nature. En balade, à la maison, elle nous permet d'identifier facilement, de trouver les indices rapidement et de jouer au détective avec les plus jeunes découvreurs: ce sont les "Carnets de nature" des éditions Milan jeunesse.

Personnellement nous en avons quelques uns déjà usités, je vous parle des trois autres en notre possession dès que nous les ouvrirons plus avant.
A chaque début, un mode d’emploi pour connaitre le nom et sa taille, l’ordre auquel la faune ou flore appartient, sa localisation géographique, ses traits caractéristiques, son régime alimentaire et son comportement typique, la période de l’année où elle est présente. Après une vraie classification est proposée avec des schémas de nomenclature, puis au fil des pages des thématiques proposent des ouvertures faciles pour les plus jeunes.

" Oiseaux des jardins" de Valérie TRACQUI et illustré par Jean GROSSON
De quoi identifier un oiseau par sa silhouette, sa taille, sa tête, sa queue, son bec, ses ailes, ses pattes et son mode de déplacement ou caractéristique. Nous avons ouvert, regardé, inspecté... les mésanges du jardin.

Nous avons exploré le milieu marin ici.
« Petites bêtes du bord de mer » de Léon ROGEZ et illustré par Anne EYDOUX

Il permet de connaitre les restes organiques ou minéraux. De quoi rendre à leur premier propriétaire toutes les« coquilles de bernard-l’hermite » : triton ou bigorneau jaune, entre autres...

« Oiseaux du bord de mer » de Jean ROCHE et illustré par Jean GROSSON

Celui-là nous permet une vraie inspection in situ par les comportements caractéristiques mis en avant : voix criardes,
coureurs des plages etc… La distinction du plumage d’été ou d’hiver ou sexué permet aussi une rapide reconnaissance.

Que dire de plus. Ces livres offrent une réelle possibilité d'identifier la nature, d'y trouver des repères et pour l'observer avec un ou deux détails sur la faune et la flore mais aussi et surtout la resituer parmi les autres.

mardi 21 décembre 2010

L'histoire secrète du père Noël

La période de Noël est là, alors toujours dans une recherche de livre adapté au jeune lectorat, j'ai choisi de continuer dans la veine d'un auteur tout juste découvert pour son superbe livre "Pierre Noël" illustré par Emre ORHUN en ouvrant "L'histoire secrète du père Noël" de Vincent CUVELLIER et illustré par Sébastien MOURRAIN.

© Vincent CUVELLIER et Sébastien MOURRAIN/ Milan jeunesse

Léon est en prison depuis 10 ans pour un crime mineur: un vol de pain. Afin de combler son ennui et de contrôler ses nerfs, il sculpte et modèle de la terre glaise pour en faire de petits animaux des bois. Mais il ne tient plus, il s'évade en chapardant le manteau rouge du garde.

© Vincent CUVELLIER et Sébastien MOURRAIN/ Milan jeunesse

Dans sa fuite, il trouve refuge auprès d'un petit curé du nom de Mirabelle. Accueilli avec chaleur et générosité, il va pourtant encore voler mais ce vol lui ouvrira les portes d'un trésor caché.

© Vincent CUVELLIER et Sébastien MOURRAIN/ Milan jeunesse

Là encore il s'agit de la magie derrière les apparences. Cette période d'avant les cadeaux est présentée avec réalisme mais aussi poésie: de la chaleur, une soirée en famille, un feu de bois et des chaussettes mouillées et surtout des rêves. Cette veillée est aussi resituée religieusement juste en allusion, c'était avant la présence du père Noël. Avec ce dernier, une autre veillée se prépare, aussi simple et pourtant beaucoup plus lumineuse que celles de maintenant.
Le cadeau est là aussi un symbole bien plus qu'un jouet, c'est une fabrication. C'est aussi dans ce don, ce don aux plus démunis (autant les enfants que les autres, adultes), un pardon, une deuxième chance, une véritable attention (et une notion de véritable faute). J'ai aimé aussi ce cri, ce chant, cette envie de liberté d'un Léon en prison et la place encore ici importante du rire, offerte et rendu.

Les illustrations de Sébastien MOURRAIN sont magnifiques, elles rendent l'agressivité de ce Léon (et des autres) et aussi son changement de physionomie... Et la neige est tellement poudreuse, le manteau et la barbe tellement longs.

Ce livre est vraiment une très belle proposition pour les plus jeunes, pour leur conserver l'émerveillement en préparant au plus merveilleux des partages, celui des gens comme eux.

jeudi 16 décembre 2010

Je n'en parlerais peut-être pas #3

... juste une photo des lectures de la semaine, juste au cas-où, pour en parler, pour ne pas en parler, pour se rappeler, pour continuer... (rajout du 24/01/2011: parce que par manque de temps j'en parlerais mal, parce que j'attends, trop...)

"La vie extraordinaire des gens ordinaires" de Fabrice COLIN
"La sexualité" Grandir autrement n°
"La longue marche d'homo sapiens" de Gilles MACAGNO
La Hulotte n°

mardi 14 décembre 2010

Gustave Flaubert, un vieux garçon... A 20 ans: l'aventure de leur jeunesse

Qu'est-ce que j'ai lu de FLAUBERT? Les livres imposés par le collège et le lycée bien-sûr, ceux que je devais résumer ou décortiquer, dont je devais reconnaitre le style. Autant dire que cela n'était pas une approche que j'aimais de la littérature (même si, au demeurant, cela apporte une finesse que j'aimerais exploiter à l'heure actuelle dans certaines lectures). Cette collection, "à 20 ans: l'aventure de leur jeunesse" des éditions Au Diable Vauvert, apporte une fraîcheur sur cette littérature un peu "poussiéreuse".

Je n'y ai pas lu de fiches de lectures pour les livres: "L'éducation sentimentale" "Madame Bovary", "Salammbô" ou "Trois contes" (ceux que j'ai lu de lui). Non... ou plutôt si, des filigranes psychologiques amenant à l'acte d'écriture dédits livres. Mais le plus important, la vraie gageure et oh combien réussie, est de nous proposer l'écrivain dans sa fougue d'avant l'écriture, d'avant cet aboutissement artistique. Les 20 ans, la jeunesse et cet état où l'art peut encore être un passe-temps, une passion et ne se veut pas forcément présenté, accessible au public.
Il s'agit là d'une biographie vivante. Elle donne des points clefs de la vie de l'artiste sur ses débuts, les réseaux et les ambitions (ou manque) et propose vraiment une immersion savoureuse, apte à accrocher le jeune lectorat, le lectorat intrigué et le plus ardu. Les informations se veulent très pointues sans qu'elles ne paraissent être listées. Et ce passage entre l'enfant parmi les autres et ce qu'il devient offre de multiples envies de lectures.

Alors ce Flaubert? Il est l'homme un peu trop gros, un peu amorphe et un peu cloitré chez lui à écrire. Et il est tout autre. Jeune, c'est un homme athlétique, charmant et beau, plein d'humour à l'indépendance d'esprit très prononcée.

Gustave est doté d'une intelligence fine, indépendante, mise au service de l'humour, d'une certaine impertinence ou rébellion : l'invention du personnage collectif, "le Garçon", mais dont le cerveau est bien lui, dénonce les idées reçues et les assimilations intellectuelles simples; mais aussi cette prise de parole pour le groupe des élèves contre un professeur de philosophie.
C'est aussi un homme d'intensité. Il souhaite une intensité en amitié et en amour. Dans le premier cas, il sera servi et connaitra des rapports exclusifs avec ses amis, dont Maxime DUCAMP. Ces relations le porteront mais aussi le condamneront à une certaine forme de dépendance. La place des hommes est importante, son père lui apporte l'envie d'aller jusqu'au bout mais aussi son penchant pour le macabre et le pessimisme, son professeur d'histoire l'envie d'écrire et d'être reconnu, les amis offrent la protection et l'émulation. En amour, c'est plutôt la douche froide: une envie, un désir, une attente pleine d'émerveillement qui ne sera qu'un passage à l'acte insatisfaisant, lassant. Les femmes semblent destinées à montrer leur petitesse, il en reste repus mais plus encore écœuré jusqu'à la fin de sa vie. Son sens de l'aventure n'apparait pas tant dans ses voyages réels, dont nous avons le contexte des "Voyages aux Pyrénées et en Corse" dans ce livre, que dans son admiration d'un banditisme d'honneur, d'une manière d'être au monde (relayée dans ses écrits de jeunesse, sorte de Mousquetaires ou Don Quichotte) ainsi qu'une admiration pour les paysages.
Et nous suivons surtout ce jeune homme dans sa vocation d'écrivain. Il a toujours écrit. Ses œuvres de jeunesse sont nombreuses, il s'est beaucoup inspiré de ses lectures (RABELAIS, SADE, SPINOZA, MONTAIGNE, Edgar QUINET, Victor HUGO, CERVANTES). Puis de cet acte d'écrire pour tout de suite être lu, comme dans sa revue fondée à 13 ans "Art et Progrès", il s'échine à une écriture plus lente pour contrecarrer la facilité où sa méthode de travail transparait (beaucoup de documentations, de lectures sur tous les sujets et une force de travail impressionnante). D'une envie d'écrire du théâtre pour la gloire, il écrit plus tard pour l'art.
Gustave Flaubert apparait multiple mais bien plus encore Louis-Paul ASTRAUD nous montre en quoi il était le Flaubert connu et son anti-Flaubert, enthousiaste et drôle ou abattu, isolé et triste, une sorte d'attaque d'apoplexie miniature et deux drames finiront de construire le Flaubert écrivain connu des générations suivantes.

N'hésitez pas à lire plus en détails sur la collection: Kevin, Lily et Sistoeurs et sur Flaubert en particulier ici et .

lundi 13 décembre 2010

Pierre Noël

Devenant maman, je cherche cette impression, cette sensation de plénitude, de solidarité, de partage, d'accueil, que symbolisent les fêtes de fin d'année. Je cherche aussi de quoi apporter une touche de cette magie dans les livres pour enfants (et grands), un livre un peu "magique" donc. J'en ai trouvé quelques uns, à suivre dans la catégorie Noël. En voici un autre, pile de saison, non?!

© Vincent CUVELLIER et Emre ORHUN/ Sarbacane

"Pierre Noël" de Vincent CUVELLIER et illustré par Emre ORHUN est un livre merveilleux. J'avais cette impression première d'un livre pour les enfants à partir de 7 ans, les illustrations étant très fouillées avec des détails adultes comme dans une bande dessinée indépendante, même voire un peu militante, et puis les textes rassemblés en une page compacte. Ce serait vraiment dommage de ne pas commencer à leur lire cet album grand format bien plus tôt. Bon, il y a tout de même un postulat: l'auteur parle de faux et de vrai Pères Noël, il nous faut donc en tant que parent être à l'aise avec cette réflexion! Entre autres tressautements de conscience...

© Vincent CUVELLIER et Emre ORHUN/ Sarbacane

Tout est blanc (neige) et plein de couleurs (jaune, bleu, vert et du rouge, partout, partout)... c'est Noël ce soir. Oui mais le rouge le plus attendu, celui du Père Noël, est absent: pas de manteau parce que pas de Père Noël. Les chefs des magasins vont alors en recruter, des mille et des cents, des messieurs tout-le-monde, sans emploi, qui seront là aux magasins pour les enfants, sous réserve d'achats parentaux de cadeaux et de bonbons. Bah oui, rien n'est gratuit!
Mais dans la rue, la magie n'est pas là, Benjamin, un jeune garçon, n'est pas dupe. Plein de Pères Noël ne veut pas dire plus d'enchantement et puis il y a comme un malaise. Est-ce que le vrai ne veut plus venir, est-ce qu'il a eu un problème? Noël ne peut se faire sans lui, Benjamin va partir à la recherche du vrai, de l'unique Père Noël. Mais comment faire? Dans l'annuaire, il a un Pierre NOEL, cela ne peut être que lui.
Monsieur Pierre NOEL est un homme solitaire, très renfermé, au quotidien millimétré, programmé et sans saveur. Rien à voir avec le vrai Père Noël, il est si différent mais pourtant le garçon trouve de multiples preuves minuscules. Alors quand il va venir le chercher c'est toute une atmosphère de magie qui réapparait.

© Vincent CUVELLIER et Emre ORHUN/ Sarbacane

Autant le début du propos est sérieux, de société, qu'il nous remet dans un contexte adulte, critique (et pertinent) avec une belle mise en abime des fêtes marketing, autant passées les premières pages l'histoire offre des merveilles, pas mièvres, lucides, mais aussi très enchanteresses.
Un changement d'esprit, un moment merveilleux, "selon la légende, on entendit alors un drôle de bruit (...), comme un léger, oh tout léger craquement, le même que celui qu'on entend quand on pose son pied sur la fine croute de neige du matin..." Un retour du partage, de l'amour, de l'attention, de la vraie présence même en cas d'absence. L'auteur nous livre cette magie: celle de l'émerveillement, de l'imaginaire. Trouver dans le quotidien cette trace de folie, cette envie de se dépasser, de se mouvoir, d'aller de l'avant, de partager, de donner gratuitement, de donner beaucoup plus qu'un objet: ici c'est l'imaginaire à son début, c'est une invitation à un émerveillement personnel, unique.
Il y a aussi la valeur des hommes, des démunis, Benjamin en est peut-être un, et le partage premier, le plus important, le plus souverain: le sourire.

Les illustrations d'Emre ORHUN sont fortes et presque "adultes". On y retrouve en effet comme un peu de Thomas OTT mais aussi de ces illustrateurs américains à la carte à graver, entre caricatures et critiques de société. Les expressions sont grinçantes, les détails très "industrieux" et merchandisés. Mais l'après est brillant, toujours dans ces couleurs très foncées, dessinées sur fond marrons, les bleus même pastels y prennent une texture sombre, pendant du rouge presque organique.
Pas d'imagier d'un Noël conventionnel donc, pas d'enchantement dans le dessin de froufrous attendus. Les illustrations accompagnent cette tension, cette matière aux rêves. Mais oui, cela marche, cela apporte une densité dans les émerveillements d'enfant redécouverts par l'adulte. C'est un Noël, en effet, presque adulte... ou comment retrouver cette magie dans l'atmosphère pesante de la vie.

Je ne sais plus que dire, pour vous donner envie, pour ne pas vous faire fuir... N'hésitez pas à l'ouvrir, à lire la première page mais aussi les deux ou trois autres...

dimanche 12 décembre 2010

Thomas L'Aristoloche et l'affaire des bleus


J'ai commencé par le tome 3 de cette série fictive et botanique. Les livres peuvent se lire séparément m'a-t-on indiqué. C'est un peu vrai. Dans "Thomas L'Aristoloche et l'affaire des bleus" de Guillemette RESPLANDY-TAÏ et illustré par Clotilde PERRIN, nous suivons donc Thomas, un collégien, épris de botanique, qui va aider à solutionner des affaires. Ici des "attentats" artistiques ont eu lieu dans des musées français: à côté d'œuvres de peintres reconnus, des toiles bleues signées par le collectif CJAEM (Collectif de jeunes artistes encore méconnus). L'enquête est en cours et la police fait appel à un botaniste reconnu le Professeur Potard lui-même secondé par le jeune collégien et son meilleur ami Gaspard.

En effet, sur la toile rajoutée, le bleu vient d'un pigment naturel de moins en moins usité. Les enfants partent alors à la recherche des coupables et des informations sur toutes les couleurs naturelles utilisées pour pigmenter ou teindre. Les investigations les poussent à aller dans des jardins botaniques, aux musées mais aussi au match de foot, à la recherche d'une belle demoiselle Garance... une immersion artistique, botanique dans les couleurs, dans les utilisations prédéfinies. De la botanique à chaque coin de page mais pas trop sérieuse, si ce n'est le carnet botanique et l'herbier en fin d'histoire.
L'enquête amène vraiment dans l'univers d'un collégien malgré les apparences: les communications modernes, les dangers, les amitiés et amours.
Ainsi ce livre assume et réussit son pari de lier une histoire avec une documentation aboutie sur les plantes. Une écriture fluide, une belle immersion dans l'univers d'un petit futé. Et aussi des envies d'aller regarder les bleus de KLEIN ou "La danse inachevée" de MATISSE mais aussi Séraphine ou de lire les étiquettes sur les produits du supermarché avec tous ses E (colorants alimentaires, naturels ou artificiels). Le livre offre vraiment ce côté expert avec ce lexique botanique, cet herbier des plantes tinctoriales ou cette liste des colorants alimentaires ou encore les propositions de sorties ou de lectures sur le thème.
Et puis j'ai aimé ce début de réflexion sur ce qui est interdit, en art, comme ailleurs: un attentat artistique, un vandalisme, ou ce qui fait une ouvre d'art.

Quelques illustrations de Clotilde PERRIN ponctuent les chapitres et offre une dose d'humour, l'herbier lui est l'œuvre de Guillemette RESPLANDY-TAÏ, chercheuse en pharmacie et botanique.

J'adore les couleurs et j'ai une vraie admiration pour leur utilisation et leur symbole, c'est aussi pourquoi j'avais entamé par le tome 3! Si vous voulez devenir l'ami de Thomas l'Aristoloche et vous initier à la botanique de manière amusante, n'hésitez pas à suivre son blog avec de nombreuses devinettes de plantes, légumes etc...
Et si le sujet des couleurs naturelles vous intéresse je ne peux que vous convier à la lecture d'un livre pour adulte, sur l'origine des pigments et des teintures, leurs utilisations et les coutumes colorées des peuples avec « Couleurs, pigments et teintures dans les mains des peuples » de Anne VARICHON. Je reprends quelques impressions colorées dans ma catégorie "L'homme coloré.

Floddertje

*source illustration de Fiep WESTENDORP extraite d'un livre d'Annie M.G.SCHMIDT

dimanche 5 décembre 2010

Salon du livre jeunesse de Montreuil

Ce fut une journée chargée, éreintante... moins pour nous que pour les auteurs en dédicace mais tout de même. Journée plein de belles rencontres mais qui nous a mises à l'épreuve: fatigue, faim... et quelques déceptions.

Un grand merci à ces auteurs/éditeur qui ont donné de leur temps et échangé avec nous.
Mélanie RUTTEN, si généreuse en échanges, avec ses animaux si attachants que l'on retrouve personnages principaux ou secondaires dans ses livres... automne avec "Mitsu un jour parfait" et hiver avec "Öko un thé en hiver" dont je n'ai pas encore parlé mais que vous pouvez retrouvez ici chez Lily et là chez Gaëlle. Une sensibilité à fleur de peau, de l'émotion dans chaque livre, gageons que les deux autres tomes saisonniers nous offrent à leur tour autant de bonheur. Ce sont des livres jeunesse qui ne perdent pas à la lecture adulte, des livres jeunesse qui ne perdent pas à la relecture... un seul mot: foncez!
Fabrice COLIN (oui oui), abondant dans cette joie du partage, de la découverte, de l'échange, livres ou musique. Une très belle rencontre donnant encore plus envie de se pencher sur les dernières propositions de lectures offertes: des nouvelles autour du "Petit prince" de Saint-Exupéry, son dernier livre "La vie extraordinaire des gens ordinaires" ou de fureter vers un autre ovni "Comme les fantômes"... entre autres
Clément LEFEVRE et son "Voleur d'enfants" si fantastique: quel beau parti-pris graphique... cette texture, ces couleurs, cette atmosphère!
Cécile ROUMIGUIERE qui nous accompagne dans les lectures du soir... Kalaman est là dans "Le secret du soir". Mais c'est aussi dans une lecture plus personnelle: les blues cerises, formidable traviail de 4 auteurs autour d'une histoire en toile d'araignée, Lily parle ici de la genèse ou le très précieux "L'enfant silence"
Bruno GIBERT que je découvre, pour continuer à le suivre dans "L'histoire du cochon renifleur de sommeil", une prose et des illustrations savoureuses.
Et puis rencontre à nouveau avec l'homme des éditions "Être". Monsieur, quel partage, quelle envie de se délecter des livres que vous avez choisis, choyés, offerts à la lecture. Quel plaisir de vous voir jubiler en nous provoquant une autre découverte ! Ma lecture de "Tous ses petits canards" de Christian DUDA et Julia FRIESE aura toujours le halo de vos yeux pétillants. Rappelez-vous, les éditions Être ferment au 31 décembre, courrez, grimpez, escaladez, foncez: leurs livres vont disparaitre...

Des achats restreints par manque de moyen et non d'envie: "Tous ses petits canards" de Christian DUDA et Julia FRIESE et "La vie extraordinaire des gens ordinaires" de Fabrice COLIN donc, "Où est maman?" de Gerda DENDOOVEN et "Tifortou et Touforti" de Anne BOZELLEC (éditions Être), "Rouge Bala" de Cécile ROUMIGUIERE et illustré par Justine BRAX et "Le dernier des Mohicans" de CATMALOU et CROMWELL.

Et puis quelques frustrations: j'ai été vexée et suis devenue agressive et même très peu tolérante suite à quelques désagréments. Une dédicace annulée après une très très (très) longue attente, un chapeau très chaud perdu en cours de route et surtout une politique de Salon du livre d'un mercantilisme assez insupportable.
Passons sur les détails comme peu de collations possibles, comme les pertes... ou même ce cher Monsieur L donnant pourtant du cœur à l'ouvrage l'après-midi mais absent remarqué le matin.
La grande frustration reste la politique officiellement présente dans le salon et sur quelques stands d'éditeurs: vous ne pouvez pas venir dédicacer votre livre préféré (et d'actualité récente, voire brûlante), les stands veulent être rémunérés de leur investissement, il vous faut acheter un ouvrage pour oser montrer votre exemplaire maison chéri, lu et relu, de votre auteur favori.
L'explication: certains stands sont tenus par des libraires et non par les éditeurs eux-même, alors même si vous avez l'ouvrage de Mr X entre vos mains, bien acheté, bien nouveau, les libraires n'acceptent pas votre présence dans la file.
Allez on va dire que c'était une anecdote et non un consensus! Restons serein(e) et préparons la contre-attaque: oui aux dédicaces des auteurs qui nous touchent, nous interpellent (et pas juste pour cumuler le nombre ou les trophées), oui aux dédicaces sur nos exemplaires maison, achetés quelques mois auparavant mais d'actualité... il n'y a pas de raison de laisser nos ouvrages blancs de partage si telle est notre envie!

Et puis un dernier clin d'œil de ma lectrice d'"Une page lue chaque soir", qui s'est invitée sur quelques petites cartes. Journée partagée, avec passion et amitié, avec Lily et ses livres (So many books), en attente de son billet donc...


jeudi 2 décembre 2010

La confession de Saint Augustin

J'aime beaucoup cette nouvelle maison d'édition "Les petits Platons" pour ce qu'elle offre à lire de la philosophie aux enfants et de manière ludique. Chaque livre nous emmène dans le quotidien et la réflexion d'un philosophe ou homme de sagesse et nous suivons, et la genèse de sa réflexion et sa transmission pour en faire un début d'"école".

© Jean-Paul MONGIN et Marion JEANNEROT/ Les petits platons

"La confession de Saint-Augustin" de Jean-Paul MONGIN et illustré par Marion JEANNEROT est une proposition adaptée des "Confessions" de Saint-Augustin. Saint-Augustin parle à la première personne. Nous le suivons dans un monologue à l'attention de Dieu.
De son enfance, où il était paresseux et cherchait l'amitié et la complicité en imitant les travers de ses compagnons, il nous entraine dans les méandres de sa vie de jeune adulte. Aux prises avec des désirs, c'est un homme jouisseur, l'amour qu'il cherche vient maintenant des femmes. Augustin décrit ses ambitions, sa profession de menteur institutionnel, son parcours d'enseignant de Carthage à Milan en passant par Rome, aux prises avec la réalité, les jeux du cirque, la mort et sa recherche de beauté. Sa vie affective apparait aussi là comme un travers, une faille, entre l'amant et le mari.© Jean-Paul MONGIN et Marion JEANNEROT/ Les petits platons

Entre les écrits de Cicéron sur l'amour de la sagesse, philosophie, et l'embrigadement au manichéisme religieux (et pas seulement la pensée simpliste), puis les errements spirituels, l'étude de la bible avec l'évêque Ambroise, cet homme livre les étapes du changement dans sa recherche spirituelle. Recherche de faits, de personnes incarnantes, de preuves, recherche de Dieu à l'extérieur.
La connaissance de Dieu arrive pas à pas, une lumière intérieure, créative et divine. La réflexion est là, son application en suivant les préceptes de Saint-Paul arrive. D'une vie commune, avec des envies, des actes de jouisseur, Augustin passe à une vocation pour Dieu. et à une vie à son service.

© Jean-Paul MONGIN et Marion JEANNEROT/ Les petits platons

Le livre destiné aux enfants de 9 à 14 ans offre une biographie vivante et une lecture entre les lignes d'une œuvre majeure. Elle inclue les proches du personnage principal et laisse à voir un cheminement spirituel. De plus la réflexion philosophique apparait à sa source, avec les multiples facettes qui l'ont construite. De quoi se forger un esprit critique en se posant les questions de base et non seulement en jaugeant une pensée entière. "La confession de Saint Augustin" offre aussi une idée du manichéisme et une approche de la foi.
Épatant! Mais il ne faudrait toutefois pas croire qu'il s'agisse là que d'une histoire fictive et simplifiée... elle demande relecture(s).

Merci à Babelio, aux éditions "Les petits platons" et à Jean-Paul MONGIN particulièrement. Ici vous trouverez un autre billet bien complet.

L'histoire du cochon renifleur de sommeil et autres fables

"L'histoire du cochon renifleur de sommeil et autres fables" écrit et illustré par Bruno GIBERT propose 7 histoires pleines d'humour et de pertinence.

© Bruno GIBERT/ Autrement jeunesse

Un garçon, Sylvestre, n'a pas sommeil. Son père est persuadée du contraire, il va chercher le cochon renifleur de sommeil pour le convaincre. Une oie n'a pas un superbe nom et en souffre et cherche réconfort auprès d'autres animaux aux noms désagréable. Une cruche offerte en cadeau à petit coq, une cruche si anodine qu'elle va en devenir importante. Un lapin muet devenu écrivain d'entendre la faune de toute la basse-cour et de la ferme depuis des années. Une petite fille offre des funérailles à toutes les petites bêtes du jardin... et de la cuisine. Une poule rouspéteuse, qui n'aime aucune saison, arrive à apprécier une sortie avec son ami le dindon. Un renard chapeauté attire une très naïve cane hors de la basse-cour par coquetterie.

© Bruno GIBERT/ Autrement jeunesse

Il y a une pâte GIBERT, chaque petit conte est raffiné, précis et décalé. Il joue avec les idées reçues, les contes de notre culture et les convenances. Une erreur de langage par ici. Des défauts assez humains incarnés dans des poule, coq ou renard, par là, un vocabulaire des cris encore. Une philosophie de vie, de respect,de partage, qui n'a pas plus sa place à certains autres moments. Bruno GIBERT tord les codes et nous en rions beaucoup. Ce sont de petites manies enfantines (mais pas que) ici illustrées, de quoi se réjouir en famille.
Ses illustrations en aplats de couleurs et beaucoup de noir continuent dans le décalage et serrvent aussi bien le texte.
© Bruno GIBERT/ Autrement jeunesse