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lundi 6 avril 2015

Zimbo

*Joanna CONCEJO

... avec toujours cette poésie, ce surréalisme...
"Zimbo" de Arturo ABAD semble une magnifique histoire.

lundi 9 mars 2015

Un pas à la fois

En ouvrant le dernier album illustré par Joanna CONCEJO, j'avais envie de reprendre ces anciens, suivre aussi son fil poétique, surréaliste, déconcertant souvent.

© Nicole Blanche MEZZADONNA et Joanna CONCEJO/ Notari

Dans "Un pas à la fois" de Nicole Blanche MEZZADONNA, l'illustratrice offre ainsi une seconde lecture, quadrillée, raisonnée, comptable mais aussi pleine d'une poésie auquel le personnage ne succombe pas encore.
Julot vit dans l'appartement de sa tante décédée. Il compte bien suivre ses directives même après sa mort. Toute sa vie est réglée. Entre tocs mais aussi raisonnements sur la meilleure utilisation du cerveau, du corps, l'optimisation des déplacements, l'homme à la tête de chien se réveille et suit son quotidien agencé au pas près.

© Nicole Blanche MEZZADONNA et Joanna CONCEJO/ Notari

Ses choix sont définis par d'autres, le chien de sa sœur validant l’habillement, la tante la permanence d'un habitat sans modification possible, la mère sa manière d'être poli et réservé ou encore sa nièce amenant les rapports familiaux.
La volonté de Julot semble choisir le développement personnel à chaque instant mais sans joie, sans saveur. Il y a bien ses oiseaux, sur le tapis, dans les illustrations de Joanna CONCEJO, le vélo ou ce petit jouet tricoté. Un jour, une maille se défait et c'est le début du changement.

© Nicole Blanche MEZZADONNA et Joanna CONCEJO/ Notari

Nicole Blanche MEZZADONNA offre là un album aux nombreuses lectures. Les plus jeunes lecteurs seront peut-être un peu déboussolés par cet homme chien et son comportement. Mais au fur et à mesure, ce sont de nombreux points de vue philosophiques et psychologiques qui prennent sens. Une rigidité de la vie se délite peu à peu. Même peut-être une forme de handicap, au moins une autre façon d'être au monde.
Joanna CONCEJO a ainsi tout le loisir d'offrir à son personnage des imageries pleines de détails, de quadrillage, de méticulosité feuillue. Ces feuilles de ficus qui prennent tant de place dans les appartements, qu'il faut mettre dans les escaliers, partie commune de l'immeuble, et qu'il faut hypnotiser pour les tailler.


lundi 2 mars 2015

Le Petit Chaperon rouge

Mais bien-sur tout le monde connait le petit Chaperon rouge. Cette enfant partie seule dans la forêt pour amener des victuailles à sa grand-mère là-bas. Oui, cette petite innocente rencontre le méchant loup qui ne pense qu'à la manger.
Oui tout le monde connait l'histoire, enfin d'histoire il y en a plusieurs. De quel conte parlons-nous? De celui de Charles PERRAULT ou de celui des frères GRIMM?

© Charles PERRAULT, Jacob et Wilhelm GRIMM, Joanna CONCEJO/ Notari

Ce "oui bien-sûr!" devient juste une accroche que l'album de Joanna CONCEJO défile encore. Elle fait le choix de séparer les deux versions, l'une après l'autre, et pourtant ses illustrations se font suite, continuent une même trame.
Charles PERRAULT offre la belle enfant à dévorer sans punir le loup. Les frères GRIMM, eux, emportent la petite et sa grand-mère mais les font revivre après engloutissement grâce au chasseur. Ces deux versions d'un conte oral présentent une petite fille, assez grande pour partir de l'autre côté du village, à travers les méandres d'une forêt immense, sombre et merveilleuse. L'enfant se dévoile presque grâce à son habit de femme, le chaperon: au masculin d'ailleurs, pas la petite chaperonne rouge. Rouge, véritable point de mire dans une forêt, véritable ligne directrice.

© Charles PERRAULT, Jacob et Wilhelm GRIMM, Joanna CONCEJO/ Notari

Joanna CONCEJO laisse parler les textes mais nous convie à bien plus que la moralité du danger. Un loup en veut à la vie de la mère-grand et de l'enfant. Mais la poésie des illustrations offre une toute autre lecture, ce jeu entre eux deux. Ils se cherchent, jouent à se faire peur un peu, beaucoup. Il y a comme une complicité, une initiation au danger. Le loup tire le fil rouge, le ruban des cheveux, la piste des empreintes, le sillage des odeurs et lie, délie, enroule et tire à nouveau.

© Charles PERRAULT, Jacob et Wilhelm GRIMM, Joanna CONCEJO/ Notari

En prenant le partie de la deuxième version, l'illustratrice apporte aussi une autre approche, celle de la vie, du chasseur sauveur mais aussi de ces femmes qui se sont fait flouées une fois et pas deux. Le chaperon rouge parle encore avec le loup mais l'attend avec astuce. La vieille femme et la jeune qui rentre dans l'âge adulte se partagent une sorte de féminité dégourdie.

© Charles PERRAULT, Jacob et Wilhelm GRIMM, Joanna CONCEJO/ Notari

Mais les illustrations sont encore plus troubles, avec grand délice. Nous sommes tour à tour, elle, l'enfant, puis nous sommes loup. Et puis ils sont plusieurs, toujours tapis dans la forêt. Et dire qu'elle en rêve aussi, qu'elle se joue aussi de lui...

Quel bonheur de redécouvrir ces contes dans les textes d'origine, après celle orale avec l'habit de fer blanc. Puis, quel plaisir de retrouver ce loup dangereux, cruel ou aguicheur, par exemple avec Fabrice GARNUNG ou encore un autre loup.

lundi 10 juin 2013

Une étoile dans le noir

Je voulais en parler il y a déjà quelques mois. Je voulais aller vite parce qu'il s'agit d'un petit trésor et puis je n'ai pas su quoi écrire. Je n'en parlerais peut-être pas mieux maintenant, tant pis, ce sera à vous de découvrir à quel point le livre va loin.

© Lucia TUMIATI et Joanna CONCEJO/ Editions Notari

"Une étoile dans le noir" de Lucia TUMIATI et illustré par Joanna CONCEJO est un livre jeunesse sans en être un. Il en a le format, presque les illustrations (encore que) mais le texte est dense, profond et les mots ont une sagesse.

Le narrateur, un jeune berger s'occupant des chèvres de la famille, nous parle de sa rencontre avec un autre enfant. Un garçon solitaire, avec des frères, vivant dans le même coin mais laissant perplexe, déstabilisant. Mais au fond, c'est un garçon comme lui, non?! Et bien non! Cet enfant semble un peu sot, plus lent, plus "distrait" à moins que ce soit dû à des préoccupations, une gravité d'adulte dans un corps d'enfant.
"Ce garçon qui parle comme un petit vieux me ferait presque rire, si ce n'étaient ces larmes qui lui coulent soudain et me laissent sans voix.
"Salut, je dois partir".
Il ne me répond pas. Il reste sous l'arbre à regarder dans le lointain."

A travers le quotidien du narrateur et ses discussions avec l'autre, un décalage devient flagrant. Les gestes du quotidien n'ont plus cette spontanéité du présent mais semblent juste une étape.
L'injustice de l'enfance, l'obéissance dû aux parents, le rôle parental sont ici sortis de leur résonance singulière pour prendre une autre plus universelle. La temporalité ne semble plus la même. Les actes n'ont plus les mêmes conséquences.

 © Lucia TUMIATI et Joanna CONCEJO/ Editions Notari

Le narrateur est juif, heureux de l'être, de fêter, de suivre les enseignements des rabbins. Il aimerait tout de même un décloisonnement mais son ami, lui, remet même en question l’œuvre de Dieu, parle de la loi juive, la respecte, mais semble vouloir la comprendre et évaluer ses erreurs, ses lacunes, les manquements de l'éducateur religieux.

La rencontre des deux enfants est un choc, une prise de conscience mutuelle.
Le narrateur est insouciant, juste dans l'instant et ces fragilités, situations ou frustrations. L'autre garçon semble responsable de plus que de lui, il est soucieux, sérieux. Il réfléchit à la justice, à la culpabilité, aux victimes et aux autres, au don, à l'amour exempt de souffrance, à l'obéissance attendu des enfants, au cycle de la vie, aux multiples vérités et au chemin guidé par les étoiles.
En observant la vie d'un enfant, l'autre garçon avance dans sa réflexion. Le narrateur lui semble être ici comme un garde fou, il est le témoin du désespoir de son ami et arrive, tant bien que mal, juste une fois à le faire devenir un enfant, juste un enfant, le temps d'un déguisement.
Le narrateur est témoin des fulgurances que son ami a sur l'avenir, d'une certaine omniscience mais aussi de ses premières paroles de sagesse voire même de ses premiers "miracles". Il entrevoit aussi le sacrifice, de Marie sa mère épouvantée, désespérée devant cet acte attendu du Père, de ce fils, conscient de la souffrance et du sacrifice qu'il endurera plus tard...

"Je repense à ses quelques mots et j'essaie de comprendre ce qu'ils voulaient dire vraiment, mais j'ai peur de trop bien comprendre, et donc de grandir trop vite."

© Lucia TUMIATI et Joanna CONCEJO/ Editions Notari

Le travail de Joanna CONCEJO est celui d'un impressionniste, ce sont des gestes, des détails,  des instants. Ils ne peuvent être que cela et plus encore comme le début d'une réflexion personnelle. Ces petits papiers collés avec les dessins monochromes ne sont juste que des pauses, avant de reprendre.
***
Bien-sûr il s'agit d'une enfance particulière, celle d'un homme destiné à être l'étoile dans le noir de beaucoup d'autres, vous l'aurez compris.

Merci infiniment aux éditions Notari pour votre confiance.

jeudi 31 mai 2012

Les cygnes sauvages

Les illustrations m'avaient attirées (bien-sûr) mais la police utilisée pour le texte, elle, éloignée. Alors il m'a fallu du temps pour entrer dans la lecture... en fait, il m'a fallu relire ce conte d'ANDERSEN dans un autre format: un recueil de poche.

© Hans Christian ANDERSEN et Joanna CONCEJO/ Notari

Ce serait pourtant dommage de ne pas fondre à cette lecture, "Les cygnes sauvages" de Hans Christian ANDERSEN et illustré par Joanna CONCEJO. D'une part, parce que c'est un classique et qu'à travers cette contextualisation d'un autre temps il est aussi question de la moralité à travers les contes. D'autre part, car le texte n'est pas expurgé offrant ainsi une superbe mise en scène.

Elisa est princesse. Son père, veuf, reprend femme et cette belle-mère veut éloigner les enfants de son nouvel époux. La fille ira dans une maison de fermiers dans la forêt et les fils, les 11, deviendront par malédiction des cygnes sauvages obligés à s'exiler pour vivre.
La princesse a vécu seule dans la forêt, avec juste la nature pour s'émouvoir et se divertir. Elle ne continue à vivre que dans le souvenir de ses frères, de leurs moments de joie et de partage. Mais Elisa a grandit et, à ses 15 ans, veut revoir son père. Mais la marâtre, envieuse de cette enfant transformée en beauté, reprend ces sortilèges: 3 crapauds aux sortilèges l'enlaidissant, l'abêtissant et la rendant méchante. Mais Elisa transforme les sortilèges par sa dévotion pieuse et sa grande bonté.

Les retrouvailles avec le père ne se feront pas, elle s'enfuit... méconnaissable et se retrouve seule en pleine forêt, à la recherche de ses frères, qu'elle imagine à cheval. Ils se retrouveront la nuit... Mais les frères ne peuvent pas se libérer de leur condition, Elisa va s'affairer avec religion, altruisme et sacrifice.


© Hans Christian ANDERSEN et Joanna CONCEJO/ Notari

Le conte d'ANDERSEN est beau même si les personnages sont stéréotypés et que l’héroïne ne me parle pas. Il est question d'une moralité qui a vieilli. Il me semble froid et même la chaleur de la fratrie, encore moins l'amour superficiel du "prince charmant", ne me touchent pas.
Et pourtant, et oui, pourtant, ce livre est magnifique. Parce que Joanna CONCEJO offre là les images de la solitude, de la détresse et de l'isolement. Le texte n'est plus pour moi qu'une illustration de ce qu'elle nous offre. Une héroïne qui s'oublie, se perd dans le paysage. Les orties, les plumes de cygnes, les détails de la nature offre une trame de réflexions, de cette rêverie de l'enfant aux affres de la responsabilité adulte, seule encore mais différemment.

© Hans Christian ANDERSEN et Joanna CONCEJO/ Notari


La traduction, de l'album aux éditions Notari, est de David SOLDI, celle des édictions Le Livre de poche, "Contes", est de Marc AUCHET.
Et cela a son importance.

vendredi 9 décembre 2011

Salon du livre jeunesse Montreuil 2011

Juste avant le week-end, se remémorer celui qui vient de se passer.

Un dimanche en sortant du métro suivre la cohue... se dire que les marches pour entrer ce n'est pas l'idéal, se trouver heureuses de ne pas être sous la pluie.
Être agréablement surprise d'arriver juste à côté de l'Atelier du poisson soluble sans oser, bien-sûr leur dire le bien que je pense de leurs éditions.

S'arrêter pourtant aux éditions Le Pommier et malgré la lassitude de l'"hôtesse" s'arrêter, regarder, expliquer... se laisser aller à entamer une autre collection, celle de la philosophie, par un titre prometteur "Aimer" de Michel PUECH et illustré par Nathanaël MIKLES. Oser même une dédicace de ce dessinateur aussi intimidé que moi.
Continuer la collection des minipommes avec "A la chasse aux insectes" de Luc PASSERA et illustré par Edwige de LASSUS.

(oui oui il y a certains livres que j'ai déjà à la maison... mais)

Se mettre dans des files d'attente pour des écrivains que je ne connais pas, pour l'accompagner, elle, aux dédicaces.
Retrouver Mélanie RUTTEN, sa gentillesse, sa timidité... lui dire encore quel bien cela fait de suivre son histoire, attendre impatiemment son quatrième volet et racheter pour la peine le troisième, "Eliott et Nestor, l'heure du matin", déjà à la maison pourtant... juste pour le plaisir d'être en sa compagnie encore un peu.

Parler avec le monsieur des éditions Notari si accueillant, enthousiaste et généreux. Exprimer toute la joie de découvrir les albums italiens, en acheter un pour ce même enthousiasme, "La rue qui ne se traverse pas" de Henri MEUNIER et illustré par Régis LEJONC.
Lui parler de Joanna CONCEJO et en profiter pour rencontrer l'illustratrice dans le stand d'à côté aux éditions OQO. Racheter un album déjà adoré, illustré par elle, "La maison où tu n'arrives jamais" de Paloma SANCHEZ IBARZABAL, juste pour le prétexte de lui communiquer un peu de mon bonheur à la suivre d'une maison d'éditions à l'autre.

Se dire que les dos ont tenu, quoique... que manger un sandwich avec un mince filet d'air frais était tout de même bien... qu'il y avait beaucoup, beaucoup de monde... de quoi espérer encore pour ce secteur du livre. En être même ravies, ravie même de faire des doublons, ravie à l'idée d'offrir les autres.
Et rentrer épuisées. Et heureuse de cette journée passée avec elle, de cette amitié par les livres, à travers et bien au delà.

Rajout du 06/12/2012: un an plus trad, je vous parle enfin de "La rue qui en se traverse pas" ici et oui j'avais aussi parlé de "La maison où tu n'arrives jamais" .

vendredi 9 septembre 2011

La maison où tu n'arrives jamais

La participation de Joanna CONCEJO à un livre est souvent (toujours?) gage de sensibilité.
Celle qui m'a donné envie de continuer mes pérégrinations dans son univers, Cristiana, a offert de très beaux billets sur cette illustratrice : n'hésitez pas à lire le magnifique interview sur son blog La boite à thé (blog à recommander).

© Paloma SANCHEZ IBARZABAL et Joanna CONCEJO/ OQO éditions

"La maison où tu n'arrives jamais" de Paloma SANCHEZ IBARZABAL et illustré par Joanna CONCEJO est un petit bijou.
L'enfant est perdu dans la nuit et ne retrouve pas sa maison. Il déambule dans un univers onirique, pieds nus chaussette (oui, oui). Il cherche sa maison dans une forêt, les arbres feuilles deviennent des feuilles mortes dans le vent. Poussé par des voix encourageantes, toujours différentes, l'enfant avance dans son rêve, cherche son chez lui.

© Paloma SANCHEZ IBARZABAL et Joanna CONCEJO/ OQO éditions

La perte de repères est ici flagrante. Il erre dans des univers en état d’apesanteur, où les éléments s'entrechoquent. Le milieu aérien et marin côtoient le sol. Le monde animal change de proportions. Le mobilier, les tasses de thé, un dragon, des poissons pochoirs comme des éléments de paysage.

La peur du noir est transmise par cette perte temporaire de la vue, les yeux masqués par des ailes de papillons de nuit, la tête devenue source de sensations félines. Les végétaux se font forêt, prison. Le bruit des klaxons de voiture, des mouettes, du vent ponctuent la nuit. Le bruissement des papillons deviennent preuve de présence fantomatiques.
L'angoisse est aussi dans la perception du monde et du temps: la fin du monde, le début, une journée, le néant, la solitude.
Mais ce n'est pas un cauchemar, les sensations de chute, de fuite, sont amoindries par la présence d'éléments magiques, comme un dragon, une grande ourse constellation aux allures de peluche aux yeux brillants, repère dans la nuit. La lune amortit comme un gros ballon, une étoile se fait aide. Et surtout, il y a ces voix qui poussent l'enfant à continuer le rêve, la recherche, à ne pas se laisser aller au malaise.

© Paloma SANCHEZ IBARZABAL et Joanna CONCEJO/ OQO éditions

Et puis aussi, restent des traces d'un chez-lui dans toutes les pages. Un chat est le point d'accroche de l'enfant, son pelage est monde en soi, sa présence est observatrice mais aussi réconfortante.

Nous émergeons de ce voyage dans le mystérieux des rêves avec apaisement. Le texte poétique et encourageant accompagne les images déstabilisantes. Les illustrations montrent, elles, l'imbrication du réel et de l'onirique. Un très beau livre pour se détendre avant de sombrer dans les bras de Morphée.

samedi 2 avril 2011

Fumée

© Anton FORTES et Joanna CONCEJO/ OQO

"Fumée" d'Anton FORTES et illustré par Joanna CONCEJO est un album fort. Il ne se lit pas facilement, pas en raison d'un contenu flou ou pompeux, non, non rien de cela: mais bien par le sujet, les camps de concentration. Mais si les drames de l'Histoire ne vous font pas fuir de suite, que vous envisagez de les présenter à vos enfants, n'hésitez pas à lire ce livre, il est subtile, pertinent, difficile, très profond mais il permet d'accéder à cette part de l'histoire d'une manière extrêmement sensible.

Le texte est fort et marque la trame du drame. Ce sont des mots d'enfant, de ce fils qui a suivi ses parents en camp de concentration. Entre les lignes, ce sont tous les efforts d'une maman pour cacher le pire, pour préserver la vie, pour garder l'espoir.
Les détails de la détention (de juifs et de gitans) arrivent: l'alimentation où les pommes de terre ont presque plus de présence que les personnes, les médecins dont il faut se méfier, les conditions de vie, les échanges, les "travaux" et ces absences, ces disparitions.
"Nous dormons enlacés, serrés par les autres."

© Anton FORTES et Joanna CONCEJO/ OQO

Les illustrations de Joanna CONCEJO apportent énormément au livre. Ces croquis au crayon de papier apportent le côté éphémère des vies. Certaines ombres ne sont que des esquisses, en rouge, rose ou bleu. La végétation apparait aussi, comme une survivance de l'espoir, un pétale par-ci, un pissenlit là... même un cauchemar de dragon vert comme la verdure autour, le jardin d'avant.
Les habits sont plus marqués que les visages, les horreurs sont symbolisées et les "bourreaux" apparaissent comme des oiseaux de proies: au dessus, voyant tout.
"Je ne pleure jamais, parce que le bébé qui pleurnichait la nuit fut emmené, et sa mère n'arrête pas de cirer; et moi, je ne veux pas que maman crie."

© Anton FORTES et Joanna CONCEJO/ OQO

Le livre est bien-sûr magnifique, effrayant et permet de mettre en avant une part d'ombre de l'Histoire. A chaque parent d'expliciter doucement, au fur et à mesure, chaque détail. Pour que chaque vie ne soit pas juste une ligne, pour remettre des visages. Merci infiniment à Cristiana de La Boite à Thé de m'avoir susurrer ce titre.

© Anton FORTES et Joanna CONCEJO/ OQO

"A tous ceux qui ne se soumettent jamais à la vérité des vainqueurs."

vendredi 9 avril 2010

Au clair de la nuit

©Janine TEISSON et Joanna CONCEJO/ Motus

"Au clair de la nuit" de Janine TEISSON et Joanna CONCEJO est de ces livres que vous achetez en étant sûr d'être comblée mais sans savoir que la lecture serait aussi douce.

©Janine TEISSON et Joanna CONCEJO/ Motus

Je pensais avoir affaire à une série d'anecdotes enfantines autour de l'astre lunaire. Il s'agit, en fait, de poésies en prose sur notre rapport imagé à la lune, à cette part d'interprétation de présence nocturne. La lune est personnifiée, forme ronde ou croissant, ou encore petite fille. La lune apparait comme un être mystérieux, complice des amoureux, des enfants. Elle offre cette part de rêves, cette part d'introspection ou de timidité enfantine.
Le livre est magnifique de petits détails sur l'enfance, sur les métaphores et sur la rêverie. Le papier épais et les illustrations participent à la beauté de l'objet.

©Janine TEISSON et Joanna CONCEJO/ Motus

Les illustrations de Joanna CONCEJO sont magnifiques. Croquis en noir et blanc, comme dans la pénombre, ils mettent en scène des enfants. De minuscules détails ponctuent les scénettes et offrent une poésie supplémentaire.

©Janine TEISSON et Joanna CONCEJO/ Motus

"On dit que la lune est pleine.
Mais pleine de quoi?"