mardi 2 octobre 2012

L'homme qui court

"L'homme qui court" de Michaël Gerard BAUER est une belle proposition.


Joseph est un garçon réservé, timide et transi de peur. Autour de lui des femmes, sa mère, la voisine pipelette, Madame Mossop, qui a un avis sur tout, l'autre voisine mystérieuse (les parents Leyton sont morts dans un accident, restent dans la maison les frère et sœur maintenant adultes et seuls)... les hommes sont assez absents: le père parti travailler très loin, le commerçant comme un réconfort clownesque. Joseph se débat entre solitude et cauchemars dont 'un est cette course poursuite, cette attaque, de l'homme qui court.

Sa voisine Caroline Leyton, un jour, lui propose des travaux de jardin et, pour son travail scolaire, de dessiner le portrait de son frère, Tom. Mais Tom est ce cinquantenaire cloîtré dans la maison familiale, il est mystérieux, invisible et peut-être dangereux, sûrement d'ailleurs, il est revenu se terrer dans cette maison, il avait été professeur, il a été renvoyé, il ne sort plus... Dangereux!
Sauf que, par défi, pour ne plus être considéré comme un peureux, pour "devenir un homme" fort comme le veut son père, Joseph va accepter.

Cette rencontre entre le bourru et l'enfant se délie au fil des pages. Du silence, des croquis, des regards puis de la curiosité pour l'intérieur de boites à chaussure... des œufs de vers à soie.
Ils ont l'air desséché, vide... et comme par volonté ils vont revenir à la vie. L'homme y croit et Joseph croit qu'il y a quelque secret derrière l'homme.

Et à travers les mots, ce sont les affres de la vie, les douleurs, les drames qui balafrent les corps. Tom se livre en offrant des bribes, en s'ouvrant de ses peurs, il revient cassé de la guerre du Vietnam. Joseph évoque ses souffrances... et cet homme qui court, affolé, dégingandé.

La métamorphose des vers à soie en magnifiques papillons enfermés à vie à l'intérieur d'une boite est un prétexte à la métamorphose des hommes: l'enfermé et sec Tom, l'enfant Jospeh... et pourquoi pas l'homme qui court au devant du paradis ou en fuyant l'enfer.
Le cycle de vie et les métamorphoses de l'homme suivant le court de sa vie sont ici magnifiquement retranscrits par les mots, les silences mais aussi le cycle de vie des vers à soi, les dessins de Maurits Cornelis ESCHER ou de Lynd Ward (ou la monstruosité humaine) mais aussi par les poèmes, de Douglas STEWART "Les vers à soie" et de John MILTON issu du "paradis perdu".
Faut-il donc croire aux miracles? Faut-il avoir la foi en dieu, en l'homme?

Merci à Anaïs et au Divan Jeunesse
Rajout du 10/06/2013: poème de Douglas STEWART sur les vers à soie, extrait du livre.

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