lundi 20 janvier 2014

Où va-t-on quand on disparaît ?

L'auteure Isabel Minhos MARTINS, dont les livres étaient au début destinés pour de très jeunes enfants, nous offre depuis quelques années de petites pépites pour tous les âges.

© Isabel MINHOS MARTINS et Madalena MATOSO/ Éditions Notari

"Où va-t-on quand on disparaît?" illustré par Madalena MATOSO parle de changements. L'eau s'évapore et monte au ciel, les nuages sont comme des fantômes et reviendront en pluie, les chaussettes restent toujours perdues une par ici, l'autre par là dans des endroits incroyables. Les doubles pages nous parlent du soleil, de son départ qui n'en est pas un mais bien 1 petit tour et puis revient, ou des roches qui, elles aussi, disparaissent.
Ce sont des leçons de chose avec en soi une belle poésie. Mais bien plus que cela, la mort est le sujet principal de ce livre. Elle est intrinsèque à la vie, pour tous, même pour les choses les plus pérennes dans son caractère de disparition. Elle ne se manifeste ou ne se comprend pas de la même manière, ne se vit pas non plus pareil en fonction de la situation. Ce manque, cette petite mort, est aussi celui de l'autre partit, ailleurs, sans soi mais pas forcément décédé.
Le propos est délicat, parle de religion sans jamais les indiquer. Ce sont des "idées" qui amènent à croire que nous allons tous quelque part, revenons, partons loin au paradis ou ailleurs, restons fantômes.
Il est question de cette absence de l'autre, où va-t-il?, mais aussi de ce manque à celui qui reste.
"Si on disparait sans que personne ne s'en rende compte, on ne disparait pas vraiment: pour que quelque chose disparaisse, il faut que quelqu'un l'ait d'abord vu et s'aperçoive ensuite de son absence.
Pour disparaitre, il faut toujours être deux." Avec l'absence il y a la solitude, marquée par les illustrations, et beaucoup de questions, si difficiles, sans réponse... comme une pelote de laine à démêler... quelque fois l’opération est possible avec de la patience, d'autre fois, il ne reste que soi, qu'un "écho". 

© Isabel MINHOS MARTINS et Madalena MATOSO/ Éditions Notari

Les illustrations assez géométriques pour certaines apportent un côté labyrinthique au propos, même si une ligne noire nous aide à trouver le chemin, vers l'après. Ce sont des pelotes de laine, des tables dont la perspective ne s'arrêtent pas, des branches d'arbres qui n'en finissent pas. Ce sont aussi des personnages en attente.

© Isabel MINHOS MARTINS et Madalena MATOSO/ Éditions Notari

Il y a des disparitions d'enfants sous la table pour nous faire sourire, des hommes transis avec leurs bouquets de fleurs ne voyant pas arriver l'être tendre, il y a des plages qui se créent là parce que leur sable est parti de là-bas mais il y a aussi le plus douloureux et ce livre permet d'en parler. Le livre est loin d'être triste pourtant.

© Isabel MINHOS MARTINS et Madalena MATOSO/ Éditions Notari

Et même dans le propos, nous partirons oui, mais en s'imaginant danser.
"Nous pouvons aller dormir ou danser. Ou danser pendant que nous dormons.
C'est mieux que rien...
Le rien est un endroit trop vide pour que quelqu'un puisse s'y trouver. Et si tout le monde finissait par y aller, il cesserait rapidement d'être le rien. (Et on ne peut pas lui faire une chose pareille.)"

Livre sacrément recommandable! Merci aux éditions Notari, continuez vos propositions touchent toujours juste!

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