vendredi 8 janvier 2010

Le canard, la mort et la tulipe


J’aime ces livres « pour enfants » qui parlent de thème fort et offrent une autre perspective, un regard si ce n’est neuf tout du moins poétique et stimulant. La mort est un sujet qui m’interpelle et que j’aime retrouver.
Quand j’avais parlé du « Kimono blanc » et de « La visite de la petite mort », je savais déjà que le livre dont j’ai envie de vous parler était une merveille.


« Le canard, la mort et la tulipe » de Wolf ERLBRUCH est de ces livres qui vous poussent à suivre un auteur. Envoutant !


Il est question de ce canard qui un jour découvre que la mort le suit. Mais depuis quand ? Est-ce son tour de mourir ? La mort apparait comme un personnage squelettique mais pas désagréable. Le canard et la mort deviennent amis, ils se baignent ensemble ou grimpent à l’arbre. Ils sont l’un pour l’autre attentifs, à la surprise de cette mort peu habituée à être réchauffée.



J’aime beaucoup cet album pour cette vision de la mort, pas glauque, pas mièvre, un peu taquine, qui remet les choses en place : elle sait parler de l’acte de mourir « Elle parlait si facilement du sujet » et rappelle les lois de la vie. C’est la vie qui se charge des accidents, la mort, elle, annonce juste le déclic. Aux questions du canard, elle ne répond presque pas par des mots, lui laisse ses illusions, paradis, enfer, solitude. Oui bien-sur l’étang sera seul ou plutôt ils n’existeront plus l’un pour l’autre. En fait, son attitude moqueuse en dit plus.
Le graphisme est magnifique, ERLBRUCH donne vie à sa mort : un crâne, presque mutique si ce n’était la ligne du sourire et du contentement. Mais est-ce que la mort peut parcourir autant de temps avec chaque préposé. Pas si sûr, elle est presque triste quand le moment est venu. Le canard par son attitude corporelle marque nos différentes appréhensions de l’acte de mourir : un étonnement, un dégoût ou une réticence, une reconnaissance, un partage, un laisser-aller.


Cette histoire amène le sujet, délicat mais si fondateur d’une sagesse de vie : celle d’appréhender la mort comme une autre forme de vie, comme toujours là comme notre ombre, avec son présent: une tulipe. Sylvie nous offrait une très belle approche de cet apprivoisement là .

2 commentaires:

  1. Je n'arrive pas à apprivoiser ce thème...pourtant l'approche semble très poétique,symbolique et pleine d'espoir...Une autre façon de voir la mort,à la manière de Sogyal Rimpoché...

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  2. Mirontaine: ce sujet est abordable (et pourtant je ne l'ai pas encore fait avec Yael de 3 ans) je pense seulement si nos maux ne dépassent pas les mots à l'instant de la lecture.. c'est un sujet si délicat et que pourtant j'aimerais aborder le plus rapidement possible, au cas où mais surtout parce que pendant de la vie même. Mais je comprends aisément ta "mise à l'écart" si sensible... mais si un jour tu souhaites un support d'émotions, ce livre est un bijou avec celui de Kitty CROWTHER.
    Je ne connais pas encore la sagesse de Sogyal Rinpoché, je note pour mes prochains cheminements, merci de ton partage, retenu et pourtant si présent.

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