mercredi 6 août 2014

Les Enfants de Dynmouth

William TREVOR avec "Les Enfants de Dynmouth" nous amène dans un charmant village. Nous suivons le quotidien de certains, c'est doux et lent et pourtant.


L'auteur irlandais suit en particulier un gringalet adolescent: Timothy Gedge. Celui-ci épie les habitudes de chacun et parle à tous. Il est un peu laissé pour compte par sa famille alors chacun tente d'être poli.
Et puis une fête doit avoir lieu, elle est le moment idéal pour que ceux qui ont la fibre artistique montent sur scène. Cette année, Timothy veut présenter son spectacle, c'est sûr tous vont adorer, il sera repéré et changera de vie.
Mais voilà, Timothy, blond habillé de jaune délavé, a l'humour glauque. Même pas un humour noir et un cynisme d'un jeune mal dans sa peau. Non, non, il est sûr de lui, insistant et demande à chacun quelque chose. Il déambule et s'offre le luxe d'ouvrir toutes les portes de cette petite ville accueillante. Sous un discours apparemment très gentil, il y a des allusions. Le malaise grandit. Il ne semble pas juste désoeuvré et impertinent, il semble pervers. Mais est-ce que ses révélations sont vraies?
"La vérité ne cessait de ressurgir, telle une mauvaise herbe dans un jardin. Vous aviez beau la repousser dans les limbes de votre esprit, elle se glissait, rampait et, à votre vive exaspération, refaisait surface. En fait, ce malheureux garçon avait, d'une façon ou d'une autre, fourré son nez dans un jardin secret, une zone strictement interdite."

A chaque entrevue avec un habitant, le doute s'insinue. Où est donc la perversion? Dans ce gamin paumé? Dans les gestes de ces villageois pourtant bien sous tous rapports? Dans le silence qui recouvre tout? Est-ce que Timothy est le seul à vouloir désamorcer les pires secrets?
"Il sembla aux enfants qu'il disait tout ce qui lui passait par la tête. Son cerveau ressemblait à une poubelle, débordant de toutes sortes d'ordures que sa bouche finissait par vomir."
 
L'auteur manœuvre à la perfection et nous entraine dans la solitude, les secrets, les petites et grandes failles humaines ou la psychologie noire venue de nulle part et qui, pourtant, aurait pu ne pas être avec toutes les portes ouvertes et les soutiens présents. C'est aussi la zone de résistance qui lâche: la tension monte et la peur d'une fin tragique nous tenaille. Mais le pire est peut-être dans la bonté humaine.

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