mercredi 12 mai 2010

Inuk est amoureux

© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel

"Inuk est amoureux" de Carl NORAC et illustré par Martine BOURRE est arrivé doucement à la maison. Je l'avais déjà regardé et reposé, pensant avoir affaire à une histoire jolie mais simple... et c'est vrai que mes choix de livres jeunesse sont aussi des choix d'adulte.
Et puis j'aime beaucoup ces univers de glace, alors pensant y retrouver comme un conte, je l'ai ramené. Inuk est amoureux de Lucy. Elle a le don de lui parler d'une manière qui le remplit de bonheur, de chaleur. Mais Lucy est née avec un bec de lièvre et la société se rit d'elle. Inuk change de vie et pour rendre la confiance à sa belle, lui prouver sa beauté, va jusqu'à la montrer à la face du monde avec ses sculptures. Quelle belle idée du bonheur comme une vie en adéquation avec ses sentiments.

© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel

Carl NORAC fait encore mon bonheur. Le texte n'est pas simpliste, il est fin, sensible et toujours avec des nuances thématiques. Ici la culture inuit est reprise aussi dans la description de la neige: "Les flocons sont si gros qu'ils font ploc. On dit ici qu'il tombe des peaux de lièvres." L'histoire douce se remplit de ces nuances tactiles, sensibles: l'amour comme de la chaleur dans la tête, l'amour comme une extrapolation de l'avenir, ces mots comme de émerveillement.
Et puis ces sculptures, une approche de tout l'art inuit par un biais, ce biais d'une femme mais aussi des personnages sacrés: Sedna déesse sirène, homme oiseau... Je ne peux aussi qu'approuver à cette vision de la beauté autrement, avec d'autres critères, pas l'esthétique pure mais bien ce que cette personne a avec tous ses qualificatifs (avec de telles lèvres, ses mots semblent plus doux). Mais c'est un peu faux aussi, l'esthétique est là : les formes sculptées de la femme prouvent bien qu'à chaque morphologie, unité corporelle, il suffit de changer son regard pour y découvrir une beauté que l'on redemande.

© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel

Les illustrations de Martine BOURRE sont très belles, de ces teintes bleues, jaunes et blanches comme les miroitements de la lumières sur la neige. Les personnages sont presque flous comme si la luminosité nous imposait de cligner les yeux. Les formes arrondies sont faites de lignes lisses et d'autres pellucheuses de fourrure. C'est une superbe illustratrice du froid et elle le prouve dans "La femme phoque" dont je vous parlerez plus tard. "Je m'inspire souvent des formes lisses et rondes de ces belles sculptures inuit qui expriment si bien l'imbrication du monde des hommes avec celui des animaux." nous dit-elle, c'est réussi!
J'aime aussi ces paysages, eux, plus coupés au couteau, une horizon neigeux presque brumeux et des habitations nettes, brutes.

© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel

Ce livre a aussi un très beau prétexte: un hommage au sculpteur Johnny INUKPUK, amoureux d'une femme au bec de lièvre qui sculpta toutes ces femmes avec cette "difformité".

*source Johnny INUKPUK

18/24

2 commentaires:

  1. Encore un très beau livre, j'en parle un peu voir trop rapidement, l'attention n'est pas la même que toi dans l'analyse. J'aime beaucoup l'illustration et le texte ne font qu'un, c'est superbe.
    Ce livre est nouveau dans ma bibliothèque scolaire, il se peut que je mette en place une thématique grand nord, je ne sais pas trop encore voir.
    En tout cas j'aime beaucoup Carl Norac. Un excellent auteur jeunesse, très fin dans son approche.

    RépondreSupprimer
  2. Malice: oui oui j'adore Carl NORAC et j'avais en préparation d'autres billets sur lui pour le mettre en avant dans le nuage d'auteurs/illustrateurs... parce qu'il apporte vraiment une touche. Pour ta thématique grand froid, j'ai aussi 2 autres références, "Apoutsiak le petit flocon de neige" de Paul-Emile VICTOR vraiment très bien fait (tu connais?) et "la femme phoque" sur aussi les mythologies inuits...

    RépondreSupprimer