mercredi 6 novembre 2013

Les mésaventures du gourou Paramarta

Souvent quand nous parlons de sage, nous pensons à une intelligence rare, posée. Nous pourrions croire que le gourou de ce conte tamoul en est un digne représentant. En fait, "Les mésaventures du gourou Paramarta" de Viramamunivar, traduit par Françoise DE VALENCE et illustré par Lydia GAUDIN CHAKRABARTY nous présente un vieil homme bien plus "pétillant", pas malin pour un sou (ou roupie encore moins une pagode). Un livre jeunesse avec une philosophie aussi pour les adultes!
 
© Viramamunivar et Lydia GAUDIN CHAKRABARTY/ Chandeigne

Paramarta est un gourou indien, il tient bien un mata, pensionnat où le suivent 5 disciples, mais son quotidien est ponctué de petits problèmes qu'il va s'évertuer à résoudre à sa manière. Traverser une rivière en prenant compte de l'humeur de l'onde, acquérir un cheval, payer des taxes etc.
Autant dire que chaque difficulté à la base va donner une péripétie d'anecdotes et de bétises. Oui, les pensionnaires, et même leur maître, ne brillent pas par leur sagacité ou leur discernement: ils se comptent sans penser à prendre dans le calcul la personne qui compte, ils achètent un œuf de cheval et quand celui-ci s'écrase au sol ne se rendent même pas compte de leur erreur mais imaginent bien une explication.
Le groupe part de mata en mata et de villages en villages pour mendier et devient ainsi la risée des habitants, les victimes des malhonnêtes et les protégés des braves gens, quoique après une belle petite moquerie. Ce conte en petites histoires est délectable et plein d'humour. Bien-sûr les disciples sont plutôt benêts, d'ailleurs leur nom les prédestine : Nigaud, Bêta, Nunuche, Zozo et Nouille. Chaque situation et personne rencontrée va souligner leur sottise.

© Viramamunivar et Lydia GAUDIN CHAKRABARTY/ Chandeigne

Il est alors question d'une forme d'intelligence, celle du commun ou des leçons de chose (ovipare ou vivipare mais aussi quelques notions communes de physique ou des cela va de soi comme de ramasser ce qui tombe au sol mais pas tout, tout de même, le turban mais sans le crottin de cheval, les vêtements listés mais aussi le brahmane).
Mais les disciples montrent bien là de l'attention, de la tendresse et les rapports humains prennent une place importante. La sottise oui, la malhonnêteté, la méchanceté et l'avarice, mais aussi l'étonnement, la moquerie douce et la compassion pour ce sage et ses disciples.
A travers le conte, la société indienne apparait aussi dans la mendicité, le système de caste avec les brahmanes, le rapport au travail, au respect de l'autorité (au sein d'un couple par exemple) mais aussi les croyances et les prophéties.

© Viramamunivar et Lydia GAUDIN CHAKRABARTY/ Chandeigne

Les illustrations apportent un exotisme et une forme de spiritualité avec ces lignes circonvolantes et les éléments aérés. J'aime aussi ce Paramarta aux grandes oreilles et les yeux écarquillés des disciples et de ceux qui écoutent leurs aventures.

Ce livre jeunesse est ainsi une belle lecture et entre les lignes une relecture de nos qualités, nos défauts et de ce qu'est peut-être la vraie intelligence, celle des rapports humains entre autre.

Merci à l'opération Masse critique de Babélio et aux éditions Chandeigne.

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