dimanche 30 mai 2010

Blanche forcée

Dans le cadre de lectures publiques sur le thème de la littérature québécoise, en 2006, j'avais lu aussi de Victor-Lévy BEAULIEU, « Blanche forcée ».

Job J Jobin, (surnom autoproclamé dès le début, le même que son grand père), océanographe en cours d’examens, se retrace les moments de vie de son couple formé avec Blanche, disquaire à Joliette. Job J cherche à comprendre quand et pourquoi sa relation a commencé à décliner.
L’avant avec ses amis où règne le désir (et le plaisir) en maître. Ses rapports avec son ex compagne, France, et sa fille Una…
Leur rencontre par l’intermédiaire de Mina, une amie commune, leurs premiers jeux érotiques, à trois (quatre…).
Les rapports troubles avec la famille de Blanche (sa mère, ses sœurs, le père, Charles décédé)… et tous les secrets réels ou fantasmés.
Les allées et venues géographiques, entre la rue St-Denis à Montréal (chambre de Job J), la rue St-Pierre à Joliette, la maison de Mattavinie. L’importance de la mer, des bateaux et la recherche des baleines (de « Ventre-de-souffre » comme quête fantastique) dans le méandre de leur relation. L’alcool comme un élément de leur relation.
L’héritage communicationnel venu du père de Job J, Jérémie j, et surtout du grand-père Job J (Jobin), vieux marin, mort d’un cancer.

Job J, en partant dans une quête de compréhension, nous distille pêle-mêle tous les moments de passion, contenus et précurseurs, de ses 3 années passées avec Blanche.
« J’essaie pauvrement de sauver les meubles, en fichant mes rapports avec Blanche comme j’ai toujours fait avec les baleines pour m’y retrouver "

Mon avis : récit à la première personne, fouillé, très haut en couleurs mais aussi quelque fois très alambiqué. Style déroutant, fait (je le suppose) de patois québécois.
J’ai été très touchée par cette écriture très imagée :« Blanche toute mollusque contre moi », « il y a du loup-garou dans le passé » et très « intellectuelle » (voire intellectualisante) : la première lecture (anecdotique) entraînant une seconde sur la description des rapports humains, de ses passions et de ses malentendus.
Il nous ai conté une histoire glauque, quoique sensuel…le récit pêche à mon avis par le rapport omniprésent du désir sexuel, ce qui laisse une impression en demi-teinte.

Fascination pour le corps et la relation sexuée (tous les actes) : j’ai été quelque peu déroutée par la quantité et la sensualité des descriptions. Elles n’arrivent pas à être obscènes (quoique ! par leur répétition et pour certaines) mais elles sont tout de même trop présentes, comme une architecture même de la relation affective (était-ce nécessaire d’en faire une névrose ?).
Le sentiment amoureux y est décortiqué: être « existant » pour l’autre (nécessaire comme « une pincée de tabac au vieux serpent de mer »), le rapport au corps, la communication (et ses silences) et le décryptage de la fin d’une relation.

Suggestions de pages à lire :
Les trois premiers § de la page 11 comme une présentation du couple
Pages 65-66 : « De l’ignorance….petite île » au sujet de leur rencontre
Pages 113-114 : ….le piège de la tente bleue s’étant refermée sur elle » pour avoir une idée des caractères de Job J et de Blanche
Pages 166-167 : moments de bonheur et malentendus

2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas du tout, mais ce que tu en dis m'intrigue beaucoup !
    Je note je note :)

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  2. Lily: j'avais aimé. C'est dommage que je n'ai pu garder que cela de ma lecture ;)

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