mercredi 16 septembre 2015

Le grand match

© Fred BERNARD et Jean-François MARTIN/ Albin michel jeunesse

Un album illustré sur un match de rugby, bouais. Mais "Le grand match" de Fred BERNARD et illustré par Jean-François MARTIN est une virée beaucoup plus intense qu'une simple confrontation entre deux équipes. Et tout de suite cela se sent. Il y a cette ambiance des ruelles, désertes. Et puis ces drapeaux avec un symbole bien proche d'une croix gammée.

© Fred BERNARD et Jean-François MARTIN/ Albin michel jeunesse

L’Équipe Nationale rencontre les Aigles Frères. La première n'est plus tout à fait celle d'origine: les juifs, les noirs, les homosexuels, les opposants au Guide ont déjà été éliminés. La seconde doit vaincre, pour l'honneur du gouvernement Fanultra en place. Mais rien ne se passe comme prévu. Volodia nous en parle, il y était, il a joué.
Portée par la foule, par la population, par ceux qui ont dû s'exiler pour survivre, l'équipe de Volodia suit son meneur, Eugenio, un jardinier passionné. Contre toutes attentes, au risque de leur vie, ils décident de gagner ce match, de résister.
Ils donnent tout. Leur arrêt de mort est au bout. A moins qu'il y ai un miracle.

La sueur, le sang, la hargne. Le match, les matchs se suivent. Les points adversaires et les leurs aussi. Combien de temps seront-ils épargnés? Les rugbymens se révoltent contre le fanatisme en place, avec leur moyen, le sport. Mais que peut faire une équipe? Changer le slogan pour se démarquer? Gagner? Et puis ce ne sont pas des professionnels.
"Dans les vestiaires, Eugenio sait d'un regard nous encourager et trouve les mots justes. [...] Poser nos mains sur son bonsaï encore, comme un talisman...
"Cet arbre est petit, mais il a la force des géants." Le temps de me faire la réflexion que, au moins, aucun homme ne peut être pendu à ses branches et je remets mon protège-dents avec la furieuse intention d'aplatir du fanultra et des ballons!"

© Fred BERNARD et Jean-François MARTIN/ Albin michel jeunesse

L'album est puissant, emporté par la dynamique des matchs, des courses, des coups, des ballons aplatis. Le rythme est juste avec comme un vrai journal, pour reprendre de plus belle. Le tout est puissant de résistance, de faiblesse et de force, de peur et d'espoir. Nous en sortons hors d'haleine.
Je retrouve aussi avec énormément de plaisir les illustrations de Jean-François MARTIN. Encore des couleurs sépia, porteuse d'une certaine réminiscence de temps lourds du passé (que du passé?!). Il apporte aussi énormément de force dans ces corps en mouvement, en déséquilibre et bousculés, choqués, écrasés, face à ceux lisses et immobiles des hommes de pouvoir. Le mouvement est pourtant en marche, dans le stade, dans les tribunes et sur les trottoirs.


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