"- Tes ancêtres ont domptés un dragon. Elles ont marqué son âme à jamais. Mais, si l'animal a rejoint notre Terre, il a tout oublié. Tu n'as aucune chance de chevaucher en unité si ta monture ne se souvient pas de toi, de ton sang, précisa-t-il en exhibant le flacon qui pendait autour de son cou.
[...]
Ce dragon-ci était plus grand que les autres, plus élancé aussi. Tous arboraient la même apparence translucide, fantomatique, et la même couleur noirâtre, mais tous aussi étaient différents. Certains étaient à peine plus grand qu'un homme. D'autres atteignaient cinquante pieds. La forme de leurs gueules variait également. Les pattes étaient plus ou moins arquées, robustes et courtes, petites et griffues. Les ailes portaient de fines membranes ou bien étaient cartilagineuses. Les queues étaient fourchues, divisées, ressemblant à des serpents. Les épines dorsales: couvertes de piquants ou lisses comme du marbre.
Tous uniques.
Tous magnifiques, endormis, irréels.
Le temps passait. Le temps ne passait pas. Je frôlais les carcasses alanguies. Aurais-je avancé la main que je n'aurais rien ressenti. Ces bêtes étaient des fantômes, des songes superbes - songes de guerre et de voyages sans fin, mais des songes tout de même.
Et puis...
Ce museau. Ces moustaches fines. Ce corps replié, ces pattes.
Je frémis.
Celui-ci avait les yeux entrouverts. Il semblait... Non, c'était absurde.
Il semblait sourire."
(extrait de "La Malédiction d'Old Haven" de Fabrice COLIN, édition Albin Michel, dont je parle là; peinture de Jean-Baptiste MONGE)
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