"C'est jamais facile de vivre avec celui qui n'est plus là. C'est comme des braises qui brûlent tout au fond (et Béchir pose sa main sur son ventre). Des braises qui réchauffent et qui brûlent à la fois. On ne peut pas les éteindre parce qu'elles sont à l'intérieur de soi. Parce qu'elles font partie de soi. Et c'est comme si elles vous consumaient à chaque instant, à petit feu. Elles vous réveillent la nuit et elles vous font courir à travers le monde, comme un dément. Dans ces moments-là, on ferait n'importe quoi et on donnerait tout pour éteindre la brûlure. Et pourtant, certains soirs, elles vous réchauffent, elles vous rassurent et vous donnent la force d'avancer à travers la nuit. Comme une étoile. Ça devient la plus belle lumière qui soit. Tu vois, Frédéric, c'est pour ça qu'il ne faut pas chercher à éteindre ce feu. Parce qu'il peut devenir ton guide. Alors il faut prendre soin de l'entretenir en faisant toujours attention à ne pas se brûler. C'est le plus difficile. Et je sais que tu peux y arriver."
(extrait de "Guadalquivir" de Stéphane SERVANT, Scripto Gallimard; source photographie "At home" de Saul LEITER)
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