Vous vous souvenez de ce film documentaire, "Nanouk l'esquimau"? Je l'avais vu enfant, j'ai aussi lu des livres sur ces peuples du froid, de la fiction et des essais. Alors "Nanouk et moi" de Florence SEYVOS arrivait en terrain conquis.
Thomas a rendez-vous avec le docteur Zblod pour parler de ses cauchemars. Thomas ne sait pas quoi dire, il lui faut faire attention aux mots et avoir confiance. Et puis ses cauchemars se font le jour et dépendent d'un homme inconnu. Nanouk l’esquimau est mort, une phrase au début du documentaire le dit. Thomas est si triste qu'il pourrait se noyer.
Le docteur le prend au sérieux. Ils parlent de leurs conditions de vie, des températures, de la chasse où Nanouk/ L'ours est reconnu. Ils évoquent le désarroi de la famille en deuil de Nanouk. Peu à peu ils égrainent les tristesses, vécues et ressenties et l'adulte l'amène à évacuer le trop plein. Grâce à lui, Thomas va être joyeux, même un peu trop, et trouvera lui aussi son ours.
"Je me suis réfugié contre la cloison et j'ai pleuré avec un chagrin comme je n'en avais jamais connu. Un chagrin dont je ne voyais pas le bout. Je me rappelle avoir pensé que j'étais trop jeune et trop seul pour affronter un tel chagrin. Il était au-dessus de mes forces. Peut-être est-ce la définition du chagrin."
La force de ce petit roman n'est pourtant pas tant l'évocation de ce chasseur qui a vraiment existé, vécu durement et est mort de froid, de fatigue ou de faim très jeune. Ce sont les émotions ressenties par l'enfant, sa sensibilité, son rapport à la mort.
La mise en confiance, la relation d'égal à égal, même si Thomas est un enfant et que le docteur le lui rappelle bien, tout cela aide Thomas a réagir, seul mais accompagné. Les angoisses et l'hypersensibilité sont décrites, posées, dépassées. La tristesse exceptionnelle fait place à la triste normale.
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