Mais bien-sur tout le monde connait le petit Chaperon rouge. Cette enfant partie seule dans la forêt pour amener des victuailles à sa grand-mère là-bas. Oui, cette petite innocente rencontre le méchant loup qui ne pense qu'à la manger.
Oui tout le monde connait l'histoire, enfin d'histoire il y en a plusieurs. De quel conte parlons-nous? De celui de Charles PERRAULT ou de celui des frères GRIMM?
© Charles PERRAULT, Jacob et Wilhelm GRIMM, Joanna CONCEJO/ Notari
Ce "oui bien-sûr!" devient juste une accroche que l'album de Joanna CONCEJO défile encore. Elle fait le choix de séparer les deux versions, l'une après l'autre, et pourtant ses illustrations se font suite, continuent une même trame.
Charles PERRAULT offre la belle enfant à dévorer sans punir le loup. Les frères GRIMM, eux, emportent la petite et sa grand-mère mais les font revivre après engloutissement grâce au chasseur. Ces deux versions d'un conte oral présentent une petite fille, assez grande pour partir de l'autre côté du village, à travers les méandres d'une forêt immense, sombre et merveilleuse. L'enfant se dévoile presque grâce à son habit de femme, le chaperon: au masculin d'ailleurs, pas la petite chaperonne rouge. Rouge, véritable point de mire dans une forêt, véritable ligne directrice.
© Charles PERRAULT, Jacob et Wilhelm GRIMM, Joanna CONCEJO/ Notari
Joanna CONCEJO laisse parler les textes mais nous convie à bien plus que la moralité du danger. Un loup en veut à la vie de la mère-grand et de l'enfant. Mais la poésie des illustrations offre une toute autre lecture, ce jeu entre eux deux. Ils se cherchent, jouent à se faire peur un peu, beaucoup. Il y a comme une complicité, une initiation au danger. Le loup tire le fil rouge, le ruban des cheveux, la piste des empreintes, le sillage des odeurs et lie, délie, enroule et tire à nouveau.
© Charles PERRAULT, Jacob et Wilhelm GRIMM, Joanna CONCEJO/ Notari
En prenant le partie de la deuxième version, l'illustratrice apporte aussi une autre approche, celle de la vie, du chasseur sauveur mais aussi de ces femmes qui se sont fait flouées une fois et pas deux. Le chaperon rouge parle encore avec le loup mais l'attend avec astuce. La vieille femme et la jeune qui rentre dans l'âge adulte se partagent une sorte de féminité dégourdie.
© Charles PERRAULT, Jacob et Wilhelm GRIMM, Joanna CONCEJO/ Notari
Mais les illustrations sont encore plus troubles, avec grand délice. Nous sommes tour à tour, elle, l'enfant, puis nous sommes loup. Et puis ils sont plusieurs, toujours tapis dans la forêt. Et dire qu'elle en rêve aussi, qu'elle se joue aussi de lui...
Quel bonheur de redécouvrir ces contes dans les textes d'origine, après celle orale avec l'habit de fer blanc. Puis, quel plaisir de retrouver ce loup dangereux, cruel ou aguicheur, par exemple avec Fabrice GARNUNG ou encore un autre loup.
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