"Naturellement je m'étais dit qu'il serait agréable que l'apparence de Bénédicte Ombredanne soit à la mesure de son intensité intellectuelle, je m'étais dit que son regard aurait sur moi un effet dévastateur si en plus d'exprimer la ferveur que je trouvais dans ses lettres il était environné d'un visage à mon goût, j'ai pu me dire que cette jeune femme déterminée par la lecture de mon roman à inventer chaque jour sa propre vie serait une interlocutrice à la séduction démoniaque, en effet, si de surcroît son corps me ravissait. Il m'aurait plu qu'il en soit ainsi, je l'avoue, mais je n'y croyais pas, quelque chose dans la contenance de ces deux lettres me persuadait qu'elles avaient été écrites par une jeune femme accoutumée à être perçue comme ordinaire, j'avais la conviction que tout passait chez elle par une intensité principalement intérieure: les regards de la vie quotidienne devaient glisser sur sa personne sans la remarquer, ni soupçonner la richesse de ce qui se passait dans sa tête."
(extrait de "L'amour et les forêts" d'Eric REINHARDT, folio; photographie d'Ernest VOLLER)
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