"A ces moments-là Marya jouissait de son anonymat; elle se sentait invisible. Elle murmurait des réponses, donnait des conseils, le consolait, l'approuvait, sympathisait avec lui. Alors il ne la voyait pas - il ne la jugeait pas. Elle n'avait pas besoin d'être brillante, vive, impitoyable, de jouer un rôle comme au cinéma, elle pouvait se détendre dans ses bras, se laisser embrasser, caresser, l'écouter poursuivre des discussions éternelles avec les autres - son père, ses amis - par son intermédiaire."
"Les murs étaient ornés de dessins au fusain qu'elle avait faits, des croquis de personnages imaginaires et quelques autoportraits; quand elle était trop tendue ou excitée pour dormir après des heures d'étude ou après un examen, elle prenait un crayon et dessinait ce qui lui passait par la tête - les doigts animés d'une énergie étrange, sporadique. Les murs lui renvoyaient le reflet austère de son propre visage. Les pommettes marquées, les yeux noirs, les sourcils touffus... Elle s’enlaidissait volontairement; c'était une consolation, une forme de vanité inversée. Qui est-ce? demanda une fois l'une des filles de l'étage. Un homme? Une femme?"
(extraits de "Marya, une vie" de Joyce Carol OATES)
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