J'avais envie de plonger aussi dans les "mythologies" du monde, la gréco-romaine si riche dont notre culture garde les traces ne retirant
rien à l'intérêt des autres.
Longtemps les occidentaux ont cru que les plus anciennes civilisations mêlant l'écriture, les villes, l'agriculture et la religion se situaient en Mésopotamie ou en Égypte, en oubliant la civilisation de l'Indus. Et pourtant si les conditions climatiques avaient été différentes, les mythologies d'avant l'arrivée des Aryens seraient beaucoup plus considérées.
De ce peuple survit deux épopées, le Ramayana apporte un premier récit et nous adorons suivre la version de Sanjay PATEL. La seconde est transmise de génération en génération, chantée dans son intégralité, le Mahabharata. J'avais choisi de commencer par une version jeunesse, peut-être plus abordable, avant de lire d'autres écrits.
© Samhita ARNI/ Gallimard jeunesse
Je ne vous dirais pas que vous comprendrez tout à la première lecture du "Mahabharata" raconté et illustré par Samhita ARNI. L'auteur des 2 tomes est une enfant. Elle a 8 ans
quand elle dicte à sa grand-mère le premier et 12 ans quand elle écrit
le second. La gamine bien éveillée a appris à lire pour ne plus se
contenter de réciter les histoires lues par ses parents. Elle dévore
alors les bibliothèques à sa disposition, souvent avec les textes
anciens, religieux. Pour ne pas s'ennuyer, elle suit le conseil parental: réinventer un récit. Elle choisit volontairement le plus dur!
L'épopée guerrière est longue et cumule un nombre de personnages importants. Il n'y a pas un héros à suivre mais une multitude de personnages principaux. Les rois ont mis au monde des enfants, d'un côté, cinq frères, les Pandava, de l'autre leurs 100 cousins, la fratrie Kaurava. Ils se combattent pour prendre possession de la région nord-ouest de l'Inde.
Le récit commence avec les unions et les naissances. Tout est alors merveilleux et dramatique. Les dieux, les devoirs, les droits, les envies prédisent la vie. Dès le début, les détails sont d'une richesse d'évocation impressionnante. Du brillant, des saveurs, du luxe, des odeurs mais aussi beaucoup de saletés, de difformités, de laideurs. Des qualités choisies une à une pour les enfants des uns, une masse sanglante informe coupée en 100 et plongée pendant 9 mois dans l'huile pour les autres. Des abandons, des adoptions. Une femme épousant 5 frères.
Puis la nature humaine reprend ses droits. Les cousins se jaugent, s'en veulent, se mettent au défi. Une partie de dés où l'un des frères joue toute sa richesse, ses frères et sa femme. Un exode de 12 ans, un déguisement/travestissement d'une année.
Mais aussi ce destin nécessaire: la guerre. Il est dit qu'il ne restera que très peu de survivants. Tous les rois prennent position, ils sont tous tués en moins de 20 jours. Tête tranchée, corps ouvert. La jeune auteure ne nous épargne rien. La vengeance et l'honneur dictent leur loi. Les divinités et démons sont extrêmement nombreux et à chaque portion de vie, de guerre ou de mort, les miracles sont présents.
Les dessins au feutre ou encre noir de la jeune auteure sont de plus en plus précis, ils ancrent la spontanéité de son récit et marque son intérêt pour les personnages et les costumes. La noirceur n'est pas absente à la guerre bien-sûr.
La version de Samhita ARNI est une suite de très courts chapitres, assez factuels. Il sera intéressant de se pencher sur une autre version pour mieux saisir tous les pans de cette aventure. La nature humaine et les mauvais choix conduisant les hommes (et les divinités), une approche morale, de l'art de gouverner et une spiritualité, doivent apparaitre derrière les cruautés et les éclats fantastiques. A suivre et version à relire. J'attends avec impatience la version de cette enfant, devenue femme, sur le Ramayana vue par Sita, la déesse, l'épopée par les yeux d'une femme, actuellement non traduite.
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