jeudi 2 janvier 2014

L'écriture alimentée par le matériau de la vie - Zelda et Francis Scott FITZGERALD selon "Alabama song"


"Je savait avant lui. Écrire, je savais avant que lui-même n'ait posé le premier stylo sur le premier feuillet du premier carnet. Écrire, je savais et j'ai alimenté tous ses chefs-d’œuvre, non pas comme muse, non pas comme matière, mais comme nègre involontaire d'un écrivain qui semblait estimer que le contrat de mariage incluait le plagiat de la femme par l'époux. Les shrinks en blouse blanche ont une théorie: j'en veux à Scott parce qu'il s'est servi de moi pour toutes ses héroïnes, qu'il m'a prise pour matériau et m'a volé ma vie. Mais c'est faux, car cette vie était à nous deux, ce matériel nous le partagions. La vérité est qu'il s'est servi de mes propres mots, qu'il a pillé mon journal et mes lettres, qu'il a signé de son nom les articles et les nouvelles que seule j'écrivais. Que voulez-vous que je ressente? Piégée, abusée, dépossédée corps et âme, c'est ainsi que je me vis. Cela ne s'appelle pas être."
(extrait de "Alabama song", de Gilles LEROY, autobiographie fictive de Zelda FITZGERALD, épouse de Francis Scott FITZGERALD, folio)

2 commentaires:

  1. Je ne suis pas sûre d'adopter le point de vue de Gilles Leroy, mais il faudrait que je le lise peut -être un jour :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Lily: oui je le savais. Et encore je ne t'ai pas mis l'extrait pourtant magnifique sur "Tendre est la nuit". Je lirais tes sources et nous en reparlerons encore les années à venir.

      Supprimer