"Une moitié de mon cerveau s'adresse à l'autre partie. Elle parle un langage que je ne comprends pas, que je n'ai pas appris.
- C'est peut-être de l'hébreu.
- Peut-être, puisque je ne comprends pas l'hébreu. Et à ce moment-là, tout se déchaine dans mon crâne. Une partie de mon corps prend le relais, et l'autre ne m'appartient plus.
- Je sais, Einstein. Tu es ici pour que cela cesse.
- Mais cela se poursuit.
- Tu n'as pas l'impression de moins souffrir qu'avant? Ou bien tout ce que nous faisons pour toi est-il vain? Il faut le dire, Eduard, si tu te montres ingrat à ce point.
- Il est vrai que je ressens moins les choses qu'avant.
- Cela veut dire que tu es sur la bonne voie, Eduard. Le progrès c'est de moins percevoir la douleur de l'existence. De se montrer insensible aux turbulences. Quinze années passées ici ont fait de toi un autre homme, tu sais. Moi-même j'ai pu le constater.
- J'ai beaucoup grossi.
- On se moque du poids.
- Je parle plus lentement, et parfois, j'ai du mal à exprimer clairement ma pensée.
- Les gens ne séjournent pas au Burghölzli pour penser, Eduard.
- Ceux qui sont là depuis trente ans ne s'expriment presque plus.
- Sont-ils vraiment à plaindre? Ne te sens-tu pas plus en sécurité dans notre monde, que dehors? De nombreuses personnes t'envient, tu sais?"
(extrait de "Le cas Eduard Einstein" de Laurent SEKSIK, source du dessin de la clinique Burghölzli en Suisse où a exercé Carl Gustav JUNG et Eugen BLEULER, premier à introduire les mots schizophrénie et autisme dans le discours psychiatrique. Eduard Einstein y a subi une cure de Sakel, une insulinothérapie et/ou convulsivothérapie, prévue pour diminuer les conséquences de sa schizophrénie)
L'imagination de Seksik peut être adéquate en ce qui concerne les effets d'une 'cure d'insuline'. Il trompe le lecteur pourtant en ce qui concerne le temps qu'Eduard Einstein a séjourné au Burghölzli. Au moment où ce dialogue (fictif) a lieu, ce ne sont pas 15 ans mais même pas quatre ans. Et le livre est basé sur multitude de contrevérités de cette sorte.
RépondreSupprimerBonjour,
SupprimerJe ne me suis pas attardée sur la véracité historique et j'ai toujours une réserve sur la réalité des faits mais il est vrai que j'ai beaucoup d'affection pour les écrits sur ce fil tranchant avec la folie, sur la responsabilité.
Merci de m'avoir alertée en tous cas.