samedi 27 juillet 2013

L'encyclo à malices nature

L'été est parfait pour se détendre en pleine nature. Il y a les adeptes de la farniente, de la plage, et ceux qui crapahutent avec dénivelé ou non. Et puis tout peut nous émerveiller. "L'encyclo à malices nature" de Hélène et Robert PINCE, illustré par Laurent AUDOUIN et Élodie BALANDRAS est tout indiqué pour suivre nos promenades à l'air libre.

 © Hélène et Robert PINCE, Laurent AUDOUIN et Élodie BALANDRAS /Petite plume de carotte

Par chapitre réservé à un type de nature, de petits focus interpellent les lecteurs, offrent des aides pour distinguer la faune et la flore, proposent des astuces de campement, des recettes de cuisine, de l'art ou artisanat, des installations pour être plus écologiques et de nombreuses expériences ou petits bricolages pour mieux comprendre la nature ou juste s'amuser par exemple de très nombreux terrariums ou aquariums à préparer pour découvrir l'écosystème.
"Montagnes et vallées" présente le paysage, les étages de montagne, la composition des flocons, une étude sur les étoiles, comment découvrir leur chaleur par leur couleur, mais aussi les dangers de la montagne et les aménagements à préparer pour les randonnées. Ce sont des astuces, comme les inuits, mais aussi des indices d'observation pour distinguer les bouquetins et les chamois (et leurs empreintes), le sapin et l'épicéa, pour savoir le temps qu'il va faire, pour se rappeler du mensonge de la lune (C elle décroit, D elle croit) mais aussi la dureté des minéraux.
"Torrents et rivières" apprend à pêcher en fabricant son matériel, apprend à connaître les habitants du fond ou de la surface (loutre et castor). Il permet aussi de se faire un idée de la pollution et quelques astuces pour faire à petits pas un geste.

 © Hélène et Robert PINCE, Laurent AUDOUIN et Élodie BALANDRAS /Petite plume de carotte

"Lacs et étangs" continue l'observation des eaux avec là aussi de la pêche, des observations d'insectes ou de batraciens.

  © Hélène et Robert PINCE, Laurent AUDOUIN et Élodie BALANDRAS /Petite plume de carotte

"Bois et forêts" se tournent vers les arbres, le chêne, le charme et le hêtre (avec une magnifique phrase mnémotechnique pour différencier les feuilles), le campement nature (couchage, "les feuillées" ou petit coin, les cuissons, des recettes, les plantes toxiques mais aussi des astuces pour le feu ou garder au sec des allumettes). Ainsi qu'observer les rapaces, rongeurs, insectes piqueurs et leur venin thermolabile.
"Champs et prairies" met l'accent sur la haie et la petite faune et flore, distinguer une couleuvre d'une vipère, continuer la fabrication d'appeaux, observer au mieux les papillons ou les coccinelles en élevage temporaire. 
"Villes et jardins" propose de nombreuses fabrications pour permettre aux animaux et insectes de se sentir encore mieux et plus près de nous.

 © Hélène et Robert PINCE, Laurent AUDOUIN et Élodie BALANDRAS /Petite plume de carotte

"Mers et rivages" parle du vent, des marées, des laisses de mer, de pêche à marée basse.

Le livre fourmille comme effectivement une petite encyclopédie. Ce n'est pas un carnet d'observations, ni un manuel de campement, ni un livre d'expériences mais il propose de très nombreux petits points éclectiques faciles à lire et pouvant apporter une saveur particulière aux vacances, comme les bons mots d'un grand-père du cru.
Il n'y a pas là de discours écologique moralisateur, il s'agit plutôt d'astuces et de petites observations et installations permettant de se rendre compte.

mardi 23 juillet 2013

Bon, eh bien nous avons résolu ce problème, pas vrai mon chéri?

"J'ai pensé à la fois où Michel avait donné un coup de pied dans un ballon qui avait briser une vitre de la devanture d'un magasin de vélos, il avait huit ans à l'époque. Nous étions allés voir ensemble le propriétaire du magasin pour lui proposer un dédommagement. Mais le propriétaire ne s'en était pas contenté. Il avait explosé, se lançant dans une tirade contre "tous ces sales petits cons" qui jour après jour jouaient au football devant sa boutique et envoyaient "exprès" le ballon contre les vitres. Tôt ou tard, un ballon allait forcément passer à travers, avait-il dit, c'était réglé comme du papier à musique. "Et c'est exactement ce que veulent ces petits voyous", avait-il ajouté.
Je tenais Michel par la main tandis que nous écoutions le marchand de vélos. Mon fils de huit ans avait baissé les yeux et regardait par terre, l'air contrit, tout en me serrant parfois les doigts.

Cette combinaison d'éléments, le marchand de vélos aigri qui classait Michel parmi les voyous et mon fils qui adoptait si ostensiblement une attitude coupable, m'a fait sauter le pas.
"Mais bon sang, tu vas finir par la fermer?" ai-je lancé.
Le marchand de vélos, derrière son comptoir, a manifestement cru, dans un premier temps, avoir mal compris. "Que dites-vous? a-t-il demandé.
- Tu m'as parfaitement entendu, connard. Je suis venu ici avec mon fils pour te proposer de l'argent pour ta saloperie de vitre, pas pour écouter tes discours aigris sur les enfants qui jouent au football. Qu'est-ce que ça peut faire, abruti, un ballon dans une vitre? Cela ne te donne en aucun cas le droit de traiter un garçon de huit ans de voyou. Je suis venu ici pour te verser un dédommagement, mais manifestement je ne vais rien payer. Tu te démerdes pour trouver l'argent.
- Monsieur, je ne vais pas vous laisser m'insulter, a-t-il dit, en s'apprêtant à sortir de derrière son comptoir. Ce sont ces vauriens qui ont cassé ma vitre, pas moi."
Tout contre le comptoir était posée une pompe à vélo, un modèle droit classique; la pompe à proprement parler était vissée par en dessous à une planchette en bois. Je me suis penché et j'ai pris la pompe.
"Vous feriez mieux de rester là ou vous êtes, ai-je dit calmement. Il ne s'agit pour l'instant que d'une vitre."
Quelque chose dans ma voix, je m'en souviens encore, a d'abord incité le marchand de vélos à s'immobiliser, puis à reculer d'un pas, revenant ainsi derrière son comptoir. J'avais effectivement employé un ton extraordinairement calme. Je n'étais pas à bout, la main avec laquelle je tenais la pompe n'était pas agitée par le moindre tremblement. Le marchand de vélos s'était adressé à moi en m'appelant monsieur, et j'en avais peut-être les apparences, mais je n'étais pas un monsieur.
"Allons, allons, a-t-il dit. Nous n'allons pas nous mettre à faire des bêtises, pas vrai?"
J'ai senti la main de Michel autour de mes doigts. Il les a serrés à nouveau, plus fort que les autres fois. J'ai serré sa main à mon tour.
"Combien coûte ce carreau?"
Il a cligné des yeux. "Je suis assuré, a-t-il dit. C'est juste que...
Ce n'est pas ce que j'ai demandé. J'ai demandé combien il coûte.
- Cent... cent cinquante florins. Deux cents en tout, avec le coût de la main-d'oeuvre, et le reste."
Pour sortir les billets de la poche de mon pantalon, j'ai dû lâcher la main de Michel. J'ai posé deux billets de cent florins sur le comptoir.
"Voilà. C'est pour cette raison que je suis venu. Pas pour écouter tes conneries malsaines sur des enfants qui jouent au football."
J'ai reposé la pompe à vélo à sa place. Je me sentais fatigué. Et j'éprouvais du regret. Le même sentiment de regret que l'on ressent quand on rate une balle de tennis: on veut faire un smash, mais on frappe de toutes ses forces à côtés, le bras qui teint la raquette ne rencontre pas de résistance et fauche l'air inutilement.
Je l'ai su à ce moment-là, et je le sais encore, que je trouvais dommage que le marchand de vélos se soit si vite contenu. Je pense que je me serais senti bien moins fatigué si j'avais pu utiliser la pompe à vélos."
(extrait, "Le dîner" de Herman KOCH, Belfond, 10-18)

dimanche 14 juillet 2013

Nage ou coule


"Le colonel Hugh pensait que la meilleure manière d'élever un enfant était de le laisser couler ou s'en tirer par lui-même. Littéralement, dans le cas de mon père: pour lui apprendre à nager, ses parents le jetèrent dans un lac. Pour je ne sais quelle raison, les miens avaient décidé que la méthode d'éducation du "nage-ou-coule" était aussi indiquée pour leurs propres enfants. On ne nous imposa donc aucune règle, ni à ma sœur ni à moi; ils voulaient qu'on apprenne les choses à la dure, en les faisant. Bien-sûr, aujourd'hui, tout le monde sait que c'est une idée insensée et mauvaise. Les enfants ont besoin que des adultes édictent des lois. Trop de règles, ça n'est pas bon, mais trop peu, c'est une autre paire de manches. Si les gamins ne peuvent pas être des gamins, ils deviennent de petits adultes durant leur enfance, puis de grands enfants à l'âge adulte. C'est le monde à l'envers."
(extrait de "Tais-toi ou meurs" de Mark Oliver EVERETT, 13e note éditions)

Pour tuer un souvenir

*magnifique polaroid de Lortnoc impossible à déchirer, lui....

"Tu as la photo entre les mains et tu trouves trop artificiel le paysage aux couleurs polaroïd. Trop bleue la mer, trop transparent le ciel, trop incendié cet horizon, trop de brillance dans les regards des deux personnages qui s’enlacent au mépris du vent, vêtus de pull-overs semblables.
Tu regardes dehors et la seule chose que tu vois c’est le reflet que la vitre te renvoie comme une gifle, parce qu’il fait nuit et qu’à cette heure les fenêtres se transforment en miroirs qui renvoient la solitude, les intérieurs accablants, les maisons comme la tienne, maisons vides, maisons avec café sans sucre le matin, café rapide et la voiture qui ne démarre pas et les minutes qui passent, maisons où tu découvres le matin des signes de déprime qui te signalent à cor et à cri que tu es en train de perdre la grande bataille.
La photo reste dans tes mains. Elle était dans un tiroir que tu n’avais pas ouvert depuis des mois, mais elle est aujourd’hui dans tes mains et tu sens que le moment est venu d’assassiner ces souvenirs anciens.
Alors tu dois prendre la photo comme un parallélépipède parfaitement horizontal et, c’est le plus important, devant une de ces fenêtres qui semblent reprocher à la pièce sa lumière blafarde.
Ce n’est pas toi qui déchireras la photo. C’est quelqu’un d’autre, quelqu’un de plus courageux, ou de plus impersonnel, un autre je-tu qui flotte dans le vide derrière les vitres.
Tu verras cette personne faire un mouvement de crabe avec les doigts, ses mains s’écarter de chaque côté et chacune emporter un morceau presque semblable de la photographie. Puis cette même personne rassemblera les morceaux et refera le même geste une, deux, trois fois, plus si elle l’estime nécessaire, jusqu’à ce qu’inexplicablement tu sentes la fatigue dans tes doigts.
Par la vitre, tu verras tomber des flocons de neige trop gros pour être graciles et violeurs des lois de la gravitation. Ils tombent vite et, quand tu regarderas le tapis, tes yeux verront les vestiges mutilés d’un souvenir dont rien ne peut plus être sauvé."
(extrait de "Rendez-vous d’amour dans un pays en guerre", Luis SEPULVEDA)

samedi 13 juillet 2013

Eliott et Nestor, l'heure du matin

Il y a des lectures de saison, même dans la littérature jeunesse. Oui des saisons au cœur du texte mais aussi des fenêtres restées ouvertes sur le vent, les feuilles, les fleurs, des pieds dehors, des balades.
Mélanie RUTTEN, dans sa première histoire (en 4 temps), nous amène au cœur des amitiés et ceux dans les entrelacs des 4 saisons. Quand la nature me revient en tête, ce sont aussi ses livres que j'ai envie de relire.

© Mélanie RUTTEN/ Memo

"Eliott et Nestor, l'heure du matin" est le troisième volet inauguré par "Mitsu un jour parfait", suivi de "Öko un thé en hiver". A la fête de l'été, la tombola n'a fait que des gagnants. Eliott l'éléphant a gagné des jumelles et Nestor, qui n'est pas là comme d'habitude, a gagné une enveloppe. Eliott lui amène: Nestor a gagné un voyage en montagne.
Le lendemain, voici les deux amis sur le départ. L'un, plutôt asocial, reste confiné à un timing, récolte des souvenirs et ne se laisse pas aller. L'autre, spontané et beaucoup plus enthousiaste, s'exclame, montre ses sentiments. Ils vont ensemble de par les chemins et pourtant ils ne s'intéressent pas aux mêmes choses et puis viens l'accident.

© Mélanie RUTTEN/ Memo

Comme à chaque fois avec Mélanie RUTTEN les héros se faufilent entre les tomes, l'un après l'autre prenant le devant de la scène. L'amitié entre Nestor et Eliott est ici le principal thème. Deux caractères que tout sépare et pourtant une présence à l'autre. Dans cette aventure, ils vont encore se découvrir. C'est aussi une dispute, une de celles qui pourrait tout détruire et pourtant. Les émotions sont ici liées avec de petits détails, de beaux cadeaux spontanés.
Là encore, la saison offre ses merveilles. L'été est chaud, étouffant, la lecture nous fait presque sentir les moustiques nous frôler les oreilles mais aussi adorer ces nuits étoilées. La nuit, les étoiles, l'univers dans lequel nous sommes tous petits.

© Mélanie RUTTEN/ Memo

Encore une merveille donc... allez promis, je vous parle du dernier volet assez vite!

jeudi 4 juillet 2013

Le chat et le soleil

"Le chat et le soleil

Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.

Voilà pourquoi, le soir
Quand le chat se réveille,
J'aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil."

Maurice CARÊME
(et Elora, ses yeux me manquent dans la nuit)