La démarche d’offrir à un lectorat plus jeune de petites biographies me plait énormément, cela permet de simplifier, un peu, et de d'ouvrir sur une lecture et une attention plus aboutie.
L'art a une place importante à la maison, parce que certains membres sont artistes et parce que des livres d'art sont là, s'ouvrent, se feuillettent souvent. Ici Sohee KIM, journaliste coréenne, propose de dévoiler une vie d'artiste atypique, celle du peintre chinois Chu Ta (Zhu Da), autrement nommé Bada Shanren.
© Sohee KIM et Pierre CORNUEL/ Grasset jeunesse
Dans "Chu Ta et Ta'o, le peintre et l'oiseau", l'oiseau né de l'encre et du pinceau de Chu Ta, Ta'o, nous parle de la vie de son créateur.
Chu Ta est un jeune prince prodige. Il enthousiasme ses proches par ses peintures. Ses peintures semblent prendre vie. Comme tout bon prince, il se marie et aurait pu devenir empereur Ming si les Mandchous n'avaient pas envahis la Chine. Une suite de drames le pousse à se cloîtré, dans le silence, puis dans un monastère bouddhiste où il a été soigné.
Commence une période de méditation et de spiritualité. Son maître, Hung-min, l'exhorte à s'exprimer... ce sera par l'encre et la peinture. Puis Chu Ta part du monastère pour en construire un autre, taoïste, le Nuage vert. Il y peindra encore et encore.
Puis Chu Ta retourne dans son village natal. Il se fait appeler autrement, se comporte comme un fou en sautant, criant avec allégresse et en buvant de l'alcool. Ses contemporains redécouvrent son art, veulent l'exploiter. Il déjoue les enjeux financiers pour offrir son amitié et repart vivre seul.
© Sohee KIM et Pierre CORNUEL/ Grasset jeunesse
L'intérêt d'un tel livre jeunesse est de nous présenter un artiste mais encore plus une manière d'être à l'acte créatif.
L'art est ici aussi la résultante d'une éducation culturelle. Chu Ta a profité de l'enseignement des princes, une éducation poussée de lettrés: calligraphie, poésie, peinture. La pratique de l'encre et les réflexions sur la nature sont très importantes. D'ailleurs plusieurs pages montrent la ritualisation de l'acte de peindre: un bâton d'encre frotté dans un bassin de pierre, une grande feuille, une respiration, l'utilisation des nuances d'encre mais aussi du vide sur la page.
Même si Chu Ta était déjà talentueux, son art s'est peaufiné avec le travail et la méditation. Sous la tutelle de son maître spirituel au monastère, Hung-min, il contraint sa pratique par de l'effort et du travail et s'apaise: "Il lui donne un pinceau très grand, très long et très épais: "Tiens-le
de sorte que seule la pointe soit en contact avec le sol. Ensuite, peins
un grand cercle d'un seul trait."" Puis il dessine chaque jour.
La vie de cet artiste est aussi une belle mise en valeur de l'art : art comme passion, méditation, produit financier. Et puis grâce à cette vie, la spiritualité asiatique apparait dans tout son retrait, sa contemplation mais aussi son introspection. La quête de l'essentiel est ici aussi présentée en filigrane, une voie spirituelle entre bouddhisme et taoïsme.
© Sohee KIM et Pierre CORNUEL/ Grasset jeunesse
Pierre CORNUEL propose là de très belles pages reprenant le travail de l'encre. Ses tableaux n'ont pas le caractère essentiel du mouvement chinois mais illustrent bien le propos. L'inspiration est bien là et le travail sur les végétaux apportent une très belle ouverture aux lavis chinois.
De quoi regarder encore mieux, après lecture, mon livre sur les oeuvres de cet artiste "Ba Da Shanren le Peintre-Moine (Les Cent Maîtres de la peinture chinoise) " de XIAO Yanyi, prêté en ce moment à une amatrice éclairée...
*source Chu Ta
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