"La rue qui ne se traverse pas" d'Henri MEUNIER et illustré par Régis LEJONC est un livre très grand format, comme un gratte-ciel, mais même s'il a du mal à rentrer dans la bibliothèque, faites-lui une place.
© Henri MEUNIER et Régis LEJONC/ Notari
"Elle habitait au cœur de la rue qui ne se traverse pas, fenêtre sur rue. Lui vivait juste en face, fenêtre sur elle." Dans cet urbanisme qui prive les hommes de communication, elle et lui se regardent, ne font presque que cela et rêvent de l'amour.
"Est-il possible de s'aimer pour l'éclat d'un regard?
Est-il possible de s'aimer quand le vide et les rêves vous séparent?"
Sont-ils amoureux? Peut-être. Ce n'est pas le plus important. Les moineaux sont nourris par elle, ils parlent de liberté à lui. Par leur vol d'une fenêtre à l'autre, des rêves d'amour, des rêves de complicité, des rêves de partage.
Il est question de ce sentiment amoureux, de ce frisson qui attire même si l'on ne se connait pas. Mais bien plus que cela, il parle de liberté et de rêve. La ville, agglomérée, sans nature, est vide de sens et de partage. Les rêves des enfants ne sont pas encore cloisonnés, ne répondent pas encore au dictat sociétal. Il leur est impossible de se parler... bah, ils vont faire mieux, s'aimer.... peut-être se retrouver.
Entre les lignes, c'est un peu de tolérance qui se tricote... ne pas se connaître, ne pas se ressembler et pourtant être sûr qu'il a partage possible.
© Henri MEUNIER et Régis LEJONC/ Notari
Les illustrations de Régis LEJONC sont comme ouatées. Des grattes-ciel, une ville grise, noire et marron. Les appartements semblent plus réconfortants mais même si les fenêtres sont grandes ouvertes, les intérieurs restent sombres. La lumière est celle de début et de fin de journée, l'heure de leurs échanges. Les illustrations sont magnifiques, surtout les enfants, surtout leurs sourires timides et leurs rêves.
Et puis un détail, ce livre redonne leurs "ailes" de noblesse aux moineaux, oiseaux ingrats des villes.
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