Les 12 essais d'insolitude, extrait du "Dos de la langue" de Jacques REBOTIER:
et à voix haute s'il vous plait ! ... pour adultes, pour enfants... pour réfléchir, pour se divertir, pour s'éveiller, pour les apprentissages de vie...
dimanche 30 mai 2010
Dos de la langue: 12 essais d'insolitude
Les 12 essais d'insolitude, extrait du "Dos de la langue" de Jacques REBOTIER:
Blanche forcée
L’avant avec ses amis où règne le désir (et le plaisir) en maître. Ses rapports avec son ex compagne, France, et sa fille Una…
Leur rencontre par l’intermédiaire de Mina, une amie commune, leurs premiers jeux érotiques, à trois (quatre…).
Les rapports troubles avec la famille de Blanche (sa mère, ses sœurs, le père, Charles décédé)… et tous les secrets réels ou fantasmés.
Les allées et venues géographiques, entre la rue St-Denis à Montréal (chambre de Job J), la rue St-Pierre à Joliette, la maison de Mattavinie. L’importance de la mer, des bateaux et la recherche des baleines (de « Ventre-de-souffre » comme quête fantastique) dans le méandre de leur relation. L’alcool comme un élément de leur relation.
L’héritage communicationnel venu du père de Job J, Jérémie j, et surtout du grand-père Job J (Jobin), vieux marin, mort d’un cancer.
Job J, en partant dans une quête de compréhension, nous distille pêle-mêle tous les moments de passion, contenus et précurseurs, de ses 3 années passées avec Blanche.
« J’essaie pauvrement de sauver les meubles, en fichant mes rapports avec Blanche comme j’ai toujours fait avec les baleines pour m’y retrouver "
Mon avis : récit à la première personne, fouillé, très haut en couleurs mais aussi quelque fois très alambiqué. Style déroutant, fait (je le suppose) de patois québécois.
J’ai été très touchée par cette écriture très imagée :« Blanche toute mollusque contre moi », « il y a du loup-garou dans le passé » et très « intellectuelle » (voire intellectualisante) : la première lecture (anecdotique) entraînant une seconde sur la description des rapports humains, de ses passions et de ses malentendus.
Il nous ai conté une histoire glauque, quoique sensuel…le récit pêche à mon avis par le rapport omniprésent du désir sexuel, ce qui laisse une impression en demi-teinte.
Fascination pour le corps et la relation sexuée (tous les actes) : j’ai été quelque peu déroutée par la quantité et la sensualité des descriptions. Elles n’arrivent pas à être obscènes (quoique ! par leur répétition et pour certaines) mais elles sont tout de même trop présentes, comme une architecture même de la relation affective (était-ce nécessaire d’en faire une névrose ?).
Le sentiment amoureux y est décortiqué: être « existant » pour l’autre (nécessaire comme « une pincée de tabac au vieux serpent de mer »), le rapport au corps, la communication (et ses silences) et le décryptage de la fin d’une relation.
Suggestions de pages à lire :
Les trois premiers § de la page 11 comme une présentation du couple
Pages 65-66 : « De l’ignorance….petite île » au sujet de leur rencontre
Pages 113-114 : ….le piège de la tente bleue s’étant refermée sur elle » pour avoir une idée des caractères de Job J et de Blanche
Les émois d'un marchand de café
Le passage à l’hôpital pour une banale opération va remettre en question ce petit « confort ». Mr TRANCHEMONTAGNE commence une réflexion sur lui-même, sur sa vie et décide de réparer les erreurs du passé. Il en espère de la satisfaction et une tranquillité d’esprit qu’il n’a plus.
A la suite d’un concours de circonstance, une jeune femme et son enfant vont profiter de son changement de cap : il va les héberger sans rien demandé en échanges. C’est le début des actions rédemptrices de Mr TRANCHEMONTAGNE : rembourser son ex associé lésé suite à une transaction financière, retrouver et nouer des relations avec sa fille née hors mariage d’une liaison avec une de ses employées, éclaircir ses relations avec son ex-femme et lui affirmer une dernière fois l’affection qu’il lui portait….
Son ami, Raoul MARLEAU, et ses enfants, Antonin, Marie-Louise et Julien, vont chacun à leur manière essayer de le dissuader, ne sachant pas que penser d’un tel revirement de situation. Loin d’être simple, cette envie de faire le bien va exacerber les remords, rancunes et autres petites mesquineries de son entourage. Les nouvelles priorités de Mr TRANCHEMONTAGNE vont le faire passer par une quête de la bonne action et une réflexion sur la nature humaine.
C’est un petit chambardement qui s’opère : des choix professionnels, des relations parentales mises en exergue, de nouvelles relations amoureuses… des doutes sur le bien à faire et à se faire.
Mon avis : une lecture simple, très agréable et une histoire qui nous fait passer par des situations tendres, ironiques, cocasses sans jamais tomber dans une réflexion prétentieuse ou mièvre de la bonne conscience/action. On se laisse aller (avec bonheur) à suivre les changements d’humeur de ce quinquagénaire de plus en plus sympathique.
Plus précisément, la notion du bien est décrite moins sous une vue humanitaire que par son double de doutes, de fragilités… Cela remet en cause la satisfaction normalement indue d’une telle attitude, et plus pernicieux, le regard d’autrui considérant qu’un comportement ouvertement bon ne peut être qu’un symptôme de folie ou de lâcheté ou qu’une entourloupe d’un manipulateur avisé.
C’est tout de même une vision simpliste : qui dans le fond nous fait croire qu’il suffit de réparer ses erreurs même 10 ans après pour se racheter une bonne conduite. L’homme en est devenu sympathique mais ses actes passés ne sont pas pour le moins excusables (ce n’est d’ailleurs pas induit dans le livre).
Un très bon panel de situations père/fils ou fille : de quoi réfléchir sur le rôle du père, la qualité des relations, l’honnêteté dans les rapports. Une approche des rapports humains, entre rapports de force, mesquineries, envies, rancœurs et affection. La place du travail dans l’épanouissement humain.
Suggestions de pages à lire :
Pages 19/20 : Mr TRANCHEMONTAGNE compare sa vie à une toile cirée (des tâches qui ne se voient pas)
Pages 34/35 : une idée de la quarantaine
Pages 144/145 : Mr TRANCHEMONTAGNE découvre que ses enfants l’espionnent et savent qu’il est parti en voyage pour une affaire de très grande importance. Rapport de force au téléphone entre le père et son aîné.
Fiches de lecture, de pré-lecture publique
J'ai toujours écrit sur le livre. J'avais un temps noté les citations, qui perdaient leur sens sorties de leur contexte si littéraire, si "charnel" de la lecture. J'ai aidé aussi des bibliothécaires dans les préparations aux thèmes à promouvoir, en préparation à des lectures publiques... les deux billets qui suivent viennent de cette période, lecture à voix haute de littérature québécoise en 2006. Et puis, souvent, je choisis un livre en lisant l'avis des libraires ou bibliothécaires (quand ils ne se contentent pas d'un "super" ou "très belle lecture").
jeudi 20 mai 2010
Le petit prince
- Je ne te quitterai pas.
- J'aurais l'air d'avoir mal... j'aurais un peu l'air de mourir. C'est comme ça. Ne viens pas voir ça, ce n'est pas la peine.
- Je ne te quitterai pas.
Mais il est soucieux.
- Je te dis ça... c'est à cause du serpent. Il ne faut pas qu'il te morde... Les serpents, c'est méchant. Ça peut mordre pour le plaisir...
- Je ne te quitterai pas.
Mais quelque chose le rassura:
- C'est vrai qu'ils n'ont plus de venin pour la seconde morsure...
Cette nuit-là je ne le vis pas se mettre en route. Il s'était évadé sans bruit. Quand je réussis à le rejoindre il marchait décidé, d'un pas rapide. Il me dit seulement:
- Ah! tu es là...
Et il me prit par la main. Mais il se tourmenta encore:
- Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J'aurais l'air d'être mort et ce ne sera pas vrai...
Moi je me taisais.
- Tu comprends. C'est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-là. C'est trop lourd.
Moi je me taisais.
- Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée: ce n'est pas triste les vieilles écorces...
Moi je me taisais.
Il se découragea un peu. Mais il fit encore un effort:
- Ce sera gentil, tu sais. Moi aussi je regarderai les étoiles. Toutes les étoiles seront des puits avec une poulie rouillée. Toutes les étoiles me verseront à boire...
Moi je me taisais.
- Ce sera tellement amusant! Tu auras cinq cents millions de grelots, j'aurais cint cents millions de fontaines...
Et il se tut aussi, parce qu'il pleurait...
- C'est là. Laisse-moi faire un pas tout seul.
Et il s'assit parce qu'il avait peur.
Il dit encore:
- Tu sais... ma fleur... j'en suis responsable! Et elle est tellement faible! Et elle est tellement naïve. Elle a quatre épines de rien du tout pour la protéger contre le monde...
Moi je m'assis parce que je ne pouvais plus me tenir debout. Il dit:
- Voilà... C'est tout...
Il hésita encore un peu, puis il se releva. Il fit un pas. Moi je ne pouvais pas bouger.
Il n'y eut rien qu'un éclair jaune près de sa cheville. Il demeura un instant immobile. Il ne cria pas. Il tomba doucement comme tombe un arbre. Çà ne fit même pas de bruit, à cause du sable."
(extrait "Le petit prince" d'Antoine SAINT-EXUPERY)
Fais (- toi rire, - pas le singe, -pas le clown, -toi peur, -ci fais pas ça)
© Christian GUIBBAUD/ Milan jeunesse
Les graphismes simples et ludiques apportent aussi leur touche de fraicheur et les provocations adorées (nous sommes empuantis par l'effluve d'un putois, rouge de voir des fesses d'un macaque, en sursaut de se faire arroser...).
"Fais-toi rire" met l'accent sur l'effet comique des situations, il lui faire faire rire, être surpris, faire des grimaces, changer les animaux.
"Fais-toi peur" parle des petites frayeurs, des sursauts et montre les méchants (ogre, loup, sorcière, fantôme) sous un jour différent. Il lui est demandé aussi de faire peur.
© Christian GUIBBAUD/ Milan jeunesse
© Christian GUIBBAUD/ Milan jeunesse
"Fais pas le clown" reprend beaucoup de référence et lui demande de réciter quelques phrases pour déclencher le changement.
"Fais ci fais pas ça" joue sur les contraires, une action implique un changement.
© Christian GUIBBAUD/ Milan jeunesse
mercredi 19 mai 2010
Monsieur Hippopotame
mardi 18 mai 2010
Petit lapin stupide
© Edward VAN DE VENDEL et Gerda DENDOOVEN/ Être
Vieux lapin va mal et Grand lapin ne veut plus répondre aux questions de petit lapin, alors oust, il le met dehors.
"Petit lapin doit la fermer.
Plus une seule question.
Pas maintenant!
Ce n'est tout de même pas difficile, a dit Grand lapin.
Petit lapin peut rester mais en silence."
© Edward VAN DE VENDEL et Gerda DENDOOVEN/ Être
Le livre est fort, puissant, prenant, poétique mais pas tout doux, il est même philosophique. Certains lecteurs sensibles pourraient être touchés, je pense surtout par l'idée de pouvoir mourir d'avoir eu trop d'enfants. Mais ce serait dommage de passer à côté de ce livre, à l'opposé de certains autres que je peux aussi aimer, plus provocants, jouant avec un petit côté glauque, ici rien de très choquant au fond: la mort peut y être attendue, douce ou juste réelle. Comme chaque lecture sur ce thème, la lecture accompagnée peut offrir une multitude de superbes moments et de belles réflexions.
Grand lapin forçait Petit lapin stupide a se taire, à garder en lui ses questions sur la mort. Grâce aux rencontre faites hors du terrier Petit lapin stupide a pu recevoir des réponses franches et peut maintenant accompagner la mort de Vieux lapin... comme une compréhension sommaire qui aide au deuil. Edward VAN DE VENDEL est vraiment un auteur à suivre. Je l'avais découvert avec "Un million de papillons". Je ne peux que confirmer sa manière de parler aux enfants sans ambages, avec justesse et poésie. Je suis aussi devenue une fan de son "super gloupi", j'en reparlerais bien sûr.
L'avis du matricule des anges vous donnera encore plus envie de courir l'acheter.
lundi 17 mai 2010
vendredi 14 mai 2010
Ma maman à nous
C'est vrai que ce n'est pas par actualité des fêtes que je me suis ruée sur ce livre. La fête des mères approche et ce livre répond tout à fait à la demande. Mais c'est pour me procurer les livres des éditions Être (qui ferment, je vous l'indiquais là), que je l'ai vraiment regardé.
"Ma maman à nous" de Gerda DENDOOVEN est une très belle proposition.
Un petit garçon facétieux nous présente sa maman. Loin de la consensuelle jolie, douce et organisée maman des contes, ici la maman est dans la spontanéité, la joie et non l'apparence.
Elle n'a peur de rien, se joue des facéties de son fils et du papa, s'acharne à bricoler, porte "ses" hommes pour les convier à prendre l'air et marcher. Ce n'est pas du doux, du moelleux, c'est de la passion, la joie d'être ensemble, la "rage" de vivre.
"Elle rêve de sauvage, de féroce. Alors, je grogne des Grrr, des Rouaaaarrrh, des Crrrrr. Effrayée, elle se cache en bousculant tout et hurle: VOILA LA BÊTE QUE J'AIME LE PLUS!"
© Gerda DENDOOVEN/ Être
Elle n'est ni la plus belle ni la plus douce "Ma maman est grande et douce et chaude", même si c'est sur sa forte poitrine que le garçon se sent le plus en sécurité... il imagine aussi ce qu'elle peut bien faire la nuit quand lui et son papa dorment. Il souhaite lui faire plaisir mais qu'est-ce donc que les fleurs de la passion? Sont-elles roses ? Ou sont-elles les baisers qu'elle envoie à son papa ? © Gerda DENDOOVEN/ Être
Autant dire que je m'y retrouve assez (il est aussi question de thé ;)) et que les mamans ont une corpulence si proche de la mienne, un peu de néerlandais et de (ré)confort : pas la plus belle et échangeable... juste un jour ou deux !).
© Gerda DENDOOVEN/ Être
Mais ce n'est pas pour cela que le livre est bien. Les illustrations me plaisent (même si au début j'étais sur la réserve), c'est ce texte, cette prise de position, plus brute sur la parentalité, qui a eu mon aval le plus complet (au point de commander les autres livres de cette auteure). Une sorte de versant à "Max et les Maximonstres" de Maurice SENDAK : une maman mangeant son enfant, aimant les sauvages etc...
"J’ai conscience que ce n’est pas un livre pour enfants mais surtout un livre pour les mamans. J’ai fait ce livre car ce n’est pas évident d’être une maman." nous dit Gerda DENDOOVEN dans ce long interview fabuleux aux livres au trésor. Oui mais c'est si authentique que les enfants seraient bien à même de le lire.
19/24
jeudi 13 mai 2010
mercredi 12 mai 2010
Billy Brouillard, le don de trouble vue
Vous ne connaissez pas encore ce garçon, allez, vous êtes sûr!
Le voilà...
Pub Billy Brouillard animation b&c from B&C on Vimeo.
dans cette première histoire là et je vous parle de la suite très vite, oui, oui, promis.Edition "Être" en train de mourir et envie de promouvoir la littérature jeunesse "engagée"
Au Salon du livre de Paris 2010, j'avais acheté certains livres des éditions Être... avec admiration, j'avais rencontré et écouté l'éditeur me parler avec fougue et passion de ses livres. Je vous recommande "L'atelier des papillons" par exemple et tous les livres de cette maison d'éditions, j'en billeterais d'autres sous cette catégorie Être.
C’était l’anagramme de mon ancienne maison d’édition
Le Sourire qui mord
Invité à débattre sur le thème « Résister, à quel prix ? » lors de la journée professionnelle organisée le 7 mai 2010 par la Fête du Livre de Villeurbanne, j’ai d’emblée, à la demande de Gérard Picot qui venait de l’apprendre, annoncé publiquement l’arrêt prochain des éditions Être.
Éditer depuis plus de trente-cinq ans, sans capital, des albums jeunesse singuliers plutôt exigeants a toujours relevé de l’aventure. Et sans le soutien attentif de nombre des partenaires de la chaîne du livre, les lois du marché auraient eu raison plus tôt de cet équilibrisme.
En des temps qui ne sont faciles que pour quelques nantis, qu’un léger fléchissement de la vigilance professionnelle puisse nous être fatal a pourtant suscité l’émotion. J’ai été très touché, sur place et depuis, par les nombreux encouragements à tenir et par l’engagement de ceux qui ne pouvaient se résoudre à ce que la présence de nos livres dans le paysage éditorial aux côtés des lecteurs jeunes et moins jeunes, ne soit pas assurée. Que faire ?
Je ne peux que vous inciter, les uns et les autres, à vous précipiter dans vos librairies préférées pour vous procurer les albums d’Être éditions pendant qu’il en est encore temps. Si une vague d’achats ne garantit peut-être pas la poursuite de l’activité, elle assurera un destin à des livres qui considèrent les enfants comme des lecteurs à part entière méritant des points de vue non altérés sur le monde. Qu’ils puissent encore, ces albums, susciter de libres interprétations et la résistance à l’ordre des choses, je nous le souhaite. Et nous le devons aussi aux créateurs qui ont partagé le risque de ces aventures littéraires et humaines....
« Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience » écrit René Char.
Et je n’ai pas sommeil…
Christian Bruel
10 mai 2010
contact@etre-editions.com
Être éditions
56, rue Ramus
75020 Paris
http://www.etre-editions.com/
Rejoignez le groupe de soutien à Christian Bruel sur facebook :
http://www.facebook.com/group.php?gid=120683554618391&v=wall "
via la boite à thé
Achetez de la littérature jeunesse, ne vous arrêtez pas aux grandes lois du marché et de la publicité!
Inuk est amoureux
Et puis j'aime beaucoup ces univers de glace, alors pensant y retrouver comme un conte, je l'ai ramené. Inuk est amoureux de Lucy. Elle a le don de lui parler d'une manière qui le remplit de bonheur, de chaleur. Mais Lucy est née avec un bec de lièvre et la société se rit d'elle. Inuk change de vie et pour rendre la confiance à sa belle, lui prouver sa beauté, va jusqu'à la montrer à la face du monde avec ses sculptures. Quelle belle idée du bonheur comme une vie en adéquation avec ses sentiments.
© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel
Et puis ces sculptures, une approche de tout l'art inuit par un biais, ce biais d'une femme mais aussi des personnages sacrés: Sedna déesse sirène, homme oiseau... Je ne peux aussi qu'approuver à cette vision de la beauté autrement, avec d'autres critères, pas l'esthétique pure mais bien ce que cette personne a avec tous ses qualificatifs (avec de telles lèvres, ses mots semblent plus doux). Mais c'est un peu faux aussi, l'esthétique est là : les formes sculptées de la femme prouvent bien qu'à chaque morphologie, unité corporelle, il suffit de changer son regard pour y découvrir une beauté que l'on redemande.
© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel
J'aime aussi ces paysages, eux, plus coupés au couteau, une horizon neigeux presque brumeux et des habitations nettes, brutes.
© Carl NORAC et Martine BOURRE/ Pastel
*source Johnny INUKPUK
18/24
lundi 10 mai 2010
vendredi 7 mai 2010
Eco, La Malédiction des Shackelbott (tome 1)
Avec l’impression que m’avait laissée « Billy brouillard », je voulais continuer à aller dans la sensibilité de l’auteur BIANCO. Encore là, il nous offre avec son compère un livre qui sort des sentiers battus. Pas de mièvrerie, un propos très sérieux sous un petit conte en plusieurs parties.
© Jérémie ALMANZA et Guillaume BIANCO/ Soleil
Eco s’ennuie, son environnement semble inadapté à ses désirs de petite fille. Il est « trop propre, trop froid, trop bruyant, trop organisé. Aucun dessous de table obscur où se réfugier pour jouer, aucun angle poussiéreux où se cacher pour épier… » Aucune activité ne lui est proposée jusqu’au jour où, son père trop occupé, lui demande d’aller livrer 3 poupées magnifiques, création des Schackelbott, au Ministre. Seulement elle ne choisit pas le même parcours que prévu avec son chauffeur et rencontre sur le chemin une vieille dame et son enfant, mendiante en haillon. Eco stupéfaite de cette misère financière et humaine va leur offrir les poupées. La vieille femme lui donne en échange 4 amulettes, des babioles supposées avoir des pouvoirs infinis. Eco est aussi persuadée d’avoir affaire à la femme du magicien des nuages, sorte de sorcière déguisée pour se rendre compte de ce qui se passe sur ces terres. Son geste va être l’élément brutal, le début du drame annoncé.© Jérémie ALMANZA et Guillaume BIANCO/ Soleil
La malédiction s’opère, Eco se transforme. Mais seule, éperdument « emmurée dans ce cocon de soie, calfeutré tout au creux de ce petit monde », elle va trouver réconfort auprès de ces « doudous » de tissus, devenus miraculeusement vivants. Il y a Esope et 1 bulbe de cactus comme rein, Socrate et un cocon de ver à soie comme estomac, Epictète et un morceau de silex comme cœur et Diogène et une petite noix comme cerveau.
J'aime aussi beaucoup cette réflexion sur l'éducation, l'offrande matérielle contre la présence et l'attention. Trop d'organisation, trop de maîtrise, pas de communication, pas de partage. Et ce n’est que le tome 1, qui finit sur une voie fantastique quand nous pouvons y voir toutes les réflexions sur la vie.
Allez donc lire le billet de Lily, qui vous donnera, à coup sûr, envie
jeudi 6 mai 2010
Le sculpteur de femmes
Là, Tianshi se remet en cause : n’est ce qu’une affaire de religion ? Est-ce vraiment pour que son père, celui qui ne suit pas les croyances de ce « prêtre aux yeux bleus de la compagnie de Jésus », trouve la voie après la mort? Et que cache donc cette mère continuellement absente et autoritaire ?
« L’oiseau de Kunlun tend le cou
Les magnolias se fanent
Personne ne viendra au printemps
Il n’a pris que quelques pétales dans son bec. »
Ce conte qui pourrait paraître glauque est définitivement très poétique. Lisa Bresner nous parle d’amour conjugal et filial, de compromis amoureux, de mensonges ou de silence encore pire que des mensonges. Elle nous parle du plein et du vide, en sculpture comme ailleurs…
« Pourquoi n’avons-nous jamais appris à sculpter ? Est-ce que l’argile, les rochers, le marbre renferment des fantômes que nous ne devons pas réveiller ? La forme reste invisible à l’œil. Elle est blottie au plus profond du moindre caillou, si l’on casse le caillou pour trouver une forme, il ne reste que les éclats de caillou et la forme est brisée. Le vent et la pluie nous servent de burin et d’alliage. Chaque saison sculpte de nouveaux arbres, des fleurs différentes et des montagnes autres. Le temps se charge de les sauver. »
*source sculpture Catherine OLIVO
Lily offre un beau billet tout aussi mystérieux. Ne vous laissez pas aller aux idées noires qui pourraient échappées de mes lignes, des siennes et de la vidéo, faite par l’auteure elle-même pour accompagner/sublimer ce petit conte (présente chez Lily), et lisez le donc pour y voir tout le reste ! A certains moments, j'ai même cru qu'elle nous parlait de la Reine-Mère d'Occident Xiwangmu...
Lisa Bresner ne peut pas être réduite à ce roman, suivez donc le lien
Ne t'inquiète pas pour moi
Il se lit en un clin d’œil, des clins d’œil dans une vie.
Entre les mots, la thérapie, les astuces alimentaires, le courage, la féminité… le don de vie professionnel et le don d’une vie à sa fille.
Un très beau petit livre sur l’amour filial et les moments qui restent d’une relation. De quoi prendre courage et confiance en soi.
Le billet de Lily vous donnera encore plus envie. Merci encore Lily pour cette lecture.
mercredi 5 mai 2010
Les corbeaux de Pearblossom
Mr et Mme Corbeau vivent sur les branches d'un arbre. Voisin caché vit un serpent qui profite des sorties quotidiennes de Mme Corbeau à l'épicerie pour manger l'oeuf pondu du jour. Mme Corbeau s'en rend compte par hasard.
« Monstre ! s’exclama-t-elle. Que faites-vous là ?
- Je prends mon petit-déjeuner, rétorqua le serpent la bouche plein, avant de regagner son trou. »
© Aldous HUXLEY et Beatrice ALEMAGNA/ Folio Benjamin
© Aldous HUXLEY et Beatrice ALEMAGNA/ Folio Benjamin
17/24
Ici l'avis d'Eolune
un autre avis plus complet sur la forme et le contexte
L'atelier des papillons
« Il y a très longtemps, les papillons n’existaient pas. Comme nombre de plantes et d’animaux, ils attendaient d’être créés. C’était là le travail des Inventeurs de Toutes Choses. Mais le règlement de la Création était formel : ils devaient créer la végétation nouvelle et les bêtes encore inconnues sans jamais mêler la faune et la flore. »
Les régions sont si particulières pour que les inventeurs soient en condition pour inventer (le froid pour inventer la fourrure de l’ours polaire). La beauté est toujours là pour inspirer. Les détails de la faune et de la flore prennent ici d’autres significations.
©Gioconda BELLI et Wolf ERLBRUCH / Etre
©Gioconda BELLI et Wolf ERLBRUCH / Etre
Livre lu dans le cadre du Challenge Lectures d'école.